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suite des impressions que vous receviez depuis long-tems de ceux, que vous dites être vos véritables amis; ils peuvent l'être en effet, et je souhaite de tout mon cœur qu'ils vous procurent tous les avantages que vous en attendez; agrément, fortune, considération, etc. etc. Que feriez-vous de moi, aujourd'hui, de quelle utilité pourrois-je vous être? Ma présence ne vous seroit point agréable, elle ne serviroit qu'à vous rappeler les premiers tems de notre connoissance, les années qui l'ont suivie, et tout cela n'est bon qu'à oublier. Cependant, si par la suite vous veniez à vous en souvenir avec plaisir, et que ce souvenir produisît en vous quelque remords, quelque regret, je ne me pique point d'une fermeté austère et sauvage, je ne suis point insensible, je démêle assez bien la vérité; un retour sincère pourroit me toucher, et réveiller en moi le goût et la tendresse que j'ai eus pour vous; mais en attendant, Mademoiselle, restons comme nous sommes, et contentez-vous des souhaits que je fais pour votre bonheur.

LETTRES

DE

LA MARQUISE DU DEFFAND

A

MONSIEUR WALPOLE.

LETTRE I.

Samedi, 19 Avril, 17661. ·

J'AI été bien surprise hier, en recevant votre lettre: je ne m'y attendois pas: mais je vois l'on peut tout attendre de vous.

que

Je commence par vous assurer de ma prudence; je ne soupçonne aucun motif désobligeant

() Mr. Walpole had left Paris on the 17th April, two days before the date of this letter, after a stay of seven months, having arrived there on the 14th of the preceding September.

à la recommendation que vous m'en faites: personne ne sera au fait de notre correspondance, et je suivrai exactement tout ce que vous me prescrirez. J'ai déja commencé par dissimuler mon chagrin, et excepté le Président 2 et Mad. de Jonsac3, à qui il a bien fallu que je parlasse de vous, je n'ai pas articulé votre nom. Avec tout autre qu'avec vous, je sentirois une sorte de répugnance à faire une pareille protestation; mais vous êtes le meilleur des hommes, et plein de si bonnes intentions, qu'aucune de vos actions, qu'aucune de vos paroles, ne peuvent jamais m'être suspectes. Si vous m'aviez fait plutôt l'aveu de ce que vous pensez pour moi, j'aurois été plus calme, et par conséquent plus réservée. Le désir d'obtenir et de pénétrer, si l'on obtient, donne une activité qui rend imprudente : voilà mon histoire avec vous: joignez à cela que mon age, et que la confiance que j'ai de ne pas passer pour folle, doit donner naturellement la sécurité d'être à l'abri du ridicule. Tout est dit sur cet article; et comme personne ne

(2) The Président Henault, author of the Abrégichronologique of the History of France, and some other works,

(3) His niece, who lived with him.

nous entend, je veux être à mon aise, et vous dire qu'on ne peut aimer plus tendrement que je vous aime, que je crois que l'on est récom pensé tôt ou tard suivant ses mérites, et comme je crois avoir le cœur tendre et sincère, j'en recueille le prix à la fin de ma vie. Je ne veux point me laisser aller à vous dire tours ce que je pense, malgré le contentement que vous me donnez; ce bonheur est accompagné de tristesse, parcequ'il est impossible que votre absence ne soit bien longue. Je veux donc éviter ce qui rendroit cette lettre une élégie; je vous prie sculement de me tenir parole, de m'écrire avec la plus grande confiance, ct d'être persuadé que je suis plus à vous qu'à noi-même. Je vous rendrai compte de mon côté de tout ce qui me regarde, et je caus rai avec vous comme si nous étions tête-à-tête au coin du feu.

4

Mes excuses d'aller à Montmorency + ont été trés bien reçues, et peut-être irai-je lundi. Mon rhume n'a point eu de suite; ce n'a été qu'une fonte. Je soupai hier chez le Président 3 avec

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(+) The country seat of the Maréchal Duc de Luxembourg.

(5) Henault, which name is always to be under

Mad. de Mirepoix, Mr. et Mad. de Caraman',

stood throughout these letters, when the title of Président is used without any further designation.

(6) La Maréchale Duchesse de Mirepoix was sister to the Prince de Beauvau. Mr. Walpole gives the following character of her in a letter to Mr. Gray, vol. 5. p. 364, of the 4to. edit. of Lord Orford's works:

"Mad. de Mirepoix's understanding is excellent, "of the useful kind, and can be so when she pleases, "of the agreeable kind. Her manner is cold, but

very civil; and she conceals even the blood of "Lorrain, without ever forgetting it. Nobody in "France knows the world better, and nobody is personally so well with the King. She is false, "artful, and insinuating beyond measure, when it is "her interest, but indolent and a coward. She ne"ver had any passion but gaming, and always loses "For ever paying court, the sole produce of a life of art is to get money from the King, to carry

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on a course of paying debts or contracting new "ones, which she discharges as fast as she is able. "She advertised devotion, to get made Dame du "Palais to the Queen, and the very next day this "Princess of Lorrain was seen riding backwards "with Mad. de Pompadour in the latter's coach. "When the King was stabbed, and heartily "frightened, the Duchess took panic too, and con

sulted d'Argenson, whether she had not best "make off in time. He hated her, and said by all " means-Madame de Mirepoix advised her to stay. "The King recovered, and la Maréchale inherited " a part of the mistress's credit."

(7) Madame de Caraman was sister to the Prince de Chimay, and maternal niece to Mad. de Mirepoix.

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