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gleterre, que je pourrois peut-être vous être de quelque utilité, et qu'à elle je lui serois d'une grande ressource. Je me trouverois très heu

reux, Monsieur, si je pouvois espérer de vous être bon à quelque chose; je ne tarderois pas un moment à partir; je puis vous assurer que cela est très vrai et très sincère.

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Je puis vous répondre, Monsieur, que s'il existe de véritables amis, vous pouvez vous vanter que vous avez trouvé une amie en Madame, comme il y a bien peu d'exemples. Tirez la d'inquiétude le plus souvent qu'il sera possible: si vous voyiez comme moi l'état où elle est, elle vous feroit pitié; cela l'empêche de dormir et l'échauffe beaucoup.

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Je porte une très grande application à la langue angloise pour être en état de traduire vos lettres, mais je prévois que ce ne pourra être que dans quatre ou cinq mois; mais, Monsieur, je le répète, ne vous donnez pas la peine d'écrire vous même; un de vos gens écrira le bulletin en anglais, et mon maitre, qui est tous les jours ici à l'heure que le facteur apporte les lettres, le traduira sur le champ.

Je vous demande mille pardons, Monsieur, de la liberté que je prends, mais j'ai cru qu'il étoit de mon devoir de vous informer de l'inquiétude

où est Madame de votre santé ; cela me donne oc casion, Monsieur, de vous remercier des bontés que vous daignez avoir pour moi. Je vous supplie d'être persuadé de mon attachement et de mon respect.

WIART.

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LETTRE XIII.

Mardi, 30 Septembre, 1766, à 4 heures du matin, écrite de ma propre main avant la lettre que j'attends par le courier d'aujour d'hui.

Non, non, vous ne m'abandonnerez point; si j'avois fait des fautes, vous me les pardonneriez, et je n'en ai fait aucune, si ce n'est en pensée; car pour en parole ou en action, je vous défie de m'en reprocher aucune. Vous m'avez écrit, me direz-vous, des lettres portugaises, des élégics de Mad. de la Suze ; je vous avois interdit l'amitie, et vous osez en avoir; vous osez me l'avouer je suis malade, et voilà que la tête vous tourne; vous poussez l'extravagance jusqu'à désirer d'avoir de mes nouvelles deux fois la semaine : il est vrai que vous vous contentiez que ce fussent de simples bulletins en anglois, et avant que d'avoir reçu mes réponses sur cette

demande, vous avez le front, la hardiesse et l'indécence de songer à envoyer Wiart à Londres pour être votre résident. Miséricorde! que serois-je devenu ? j'aurois été un héros de roman, un personnage de comédie, et quelle en seroit l'heroine ?—avez vous tout dit, mon Tuteur?-écoutez moi à mon tour.

J'ai voulu vous envoyer Wiart; ce projet n'étoit qu'une idée nullement extraordinaire dans les circonstances où je l'aurois exécuté ; j'aurois eu la même pensée pour feu mon pauvre ami Formont, s'il avoit été bien malade à Rouen, et qu'il n'eut eu personne pour me donner de ses nouvelles; voilà votre plus grand grief, ah! un autre qui selon moi est bien pis, c'est l'ennui de mes lettres ; vous y trouvez la fadeur, l'entortillé de tous nos plus fastidieux romans; peut être avez vous raison, et c'est sur cela que je m'avoue coupable. Je peux parler de l'amitié trop longtems, trop souvent, trop longuement, mais, mon Tuteur, c'est que je suis un pauvre génie ; ma tête ne contient point plusieurs idées, une seule la remplit. Je trouve que j'écris fort mal, et quand on me dit le contraire, qu'on me veut louer, je dirois à ces gens là, vous ne vous y connoissez pas, vous n'avez point lu

les lettres de Sévigné, de Voltaire, et de mon Tuteur. Par exemple celle du 22, où vous me traitez avec une férocité sarmate, est écrite à ravir:―mais venons à nos affaires; voilà le procès rapporté ; soyez juge et partie, et je vous promets d'exécuter votre sentence: prescrivez moi exactement la conduite que vous voulez que je tienne; vous ne pouvez rien sur més pensées, parcequ'elles ne dépendent pas de moi, mais pour tout le reste vous en serez absolument le maitre.

J'intercéde votre sainte1, je la prie d'appaiser votre colère; elle vous dira qu'elle a eu des sentimens aussi criminels que moi, qu'elle n'en étoit pas moins honnête personne; elle vous rendra votre bon sens, et vous fera voir clair comme le jour qu'une femmede soixante et dix ans, quand elle n'a donné aucune marque de folie ni de démence, n'est point soupçonable de sentimens ridicules, et n'est point indigne qu'on ait de l'estime et de l'amitié pour elle. Mais finissons, mon cher Tuteur; oublions le passé; ne parlons plus que de balivernes, laissons à tout jamais les amours, amitié et amourettes ; ne nous aimons point, mais

intéressons nous toujours l'un à l'autre sans nous écarter jamais de vos principes; je les veux toujours suivre et respecter sans les comprendre; vous serez content, mon Tuteur, soyez en sur, et vous me rendrez parfaitement contente și vous ne me donnez point d'inquiétude sur votre santé, et si vous ne vous fâchez plus contre moi au point de m'appeller Madame; ce mot gèle tous mes sens; que je sois toujours votre Petite; jamais titre n'a si bien convenu à personne, car je suis bien petite en effet.

Ne frémissez point quand vous songez à votre retour à Paris; souvenez vous que je ne vous y ai causé nul embaras, que j'ai reçu avec plaisir et reconnoissance les soins que vous m'avez rendus, mais que je n'en exigeois aucun. On s'est mocqué de nous, dites vous, mais ici on se mocque de tout, et l'on n'y *pense pas l'instant d'après.

Il me reste à vous faire faire une petite observation pour vous engager à être un peu plus doux et plus indulgent; ce sont mes malheurs, mon grand age, et je puis ajouter aujourd'hui, mes in'firmités; s'il étoit en votre pouvoir de m'aider à supporter mon état, d'en adoucir l'amertume, vous y refuseriez vous? et ne tiendroit-il qu'à la première caillette maligne ou jalouse, de

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