صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

lettre de Mr. Hume remplie de plantes, de fureurs contre Jean Jacques: il va faire, ditil, un pamphlet pour instruire le public de toutes ses atrocités; je n'ai encore vu personne qui ait lu cette lettre, mais on dit que Mr. d'Alembert l'a lue: il en court des extraits par tout Paris: Milord Holderness avoit reçu une lettre de sa femme le même ordinaire qui lui mandoit avoir donné à diner la veille à Mr. Hume, et elle ne lui mande point qu'il lui ait dit un mot de Jean Jacques; vous ne m'en dites rien non plus; tout cela me paroit incompréhensible. Donnez moi, je vous prie, tous les éclaircissemens possibles sur cette affaire, et une fois pour toutes, ne craignez de moi aucune indiscrétion; je pousse la réserve sur tout ce qui me vient de vous jusqu'à la plus grande puérilité. Je garderois vos secrets si vous me jugicz digne de m'en confier, et je vous sauverai du ridicule de l'intimité d'une liaison qui pourroit nuire à votre considération, et vous

(4) Of this lamentable quarrel between Rousseau and Mr. Hume, which Marmontel tells us the Baron d'Olbach had always prophesied would take place, Mr. Walpole left behind him a detailed account, which is published in the 4th vol. of the quarto

edition of his works.

faire éprouver des froideurs de l'Idole et de ses adhérens.

LETTRE XI.

Paris, 24 Septembre, 1766.

J'AVOIS résolu de ne vous point écrire ; non pas que vous soyez mal avec moi; tout au contraire, mais par la crainte que ce ne soit une fatigue dans l'état de foiblesse où vous êtes de recevoir des lettres; vous aurez tout au plus celle de la lire, car je prétends bien non seulement vous dispenser d'y répondre, mais je vous demande en grace de n'y point penser. Je vous crois très malade, et le récit que vous m'avez fait de votre état me donne beaucoup d'inquiétude', et à tel point que vous ne pouvez, sans manquer à l'amitié, ne me pas donner de vos nouvelles deux fois la semaine, comme je vous en ai prié dans ma dernière

() Mr. Walpole was suffering under a severé attack of the gout.

3

[ocr errors]

lettré. Je ne veux pas un seul mot de votre main, mais je voùs aurai une vraie obligation de dicter en anglois un bulletin très circonstancié et très véridique de votre situation du moment. Je crois vous avoir mandé que Wiart apprenoit l'anglois; j'ai eu la précaution de fixer l'heure de ses leçons à celle où le facteur apporte les lettres, pour que celles que je recevrai de vous en anglois puissent être traduites sur le champ. Consentez donc, mon tuteur, à m'envoyer régulièrement des bulletins deux fois la semaine ; je ne doute pas que la poste de Bath à Londres ne soit régulière; Mr. de Guerchy me l'a assuré; si vous restez aux eaux tout le mois de Novembre, lui et sa femme vous iront rendre visite. Je voudrois bien être de la partie, mais savez vous ce que <je désirerois ? ce seroit d'être un vieillard à la place d'une vieille; j'irois, je vous jure, à Bath pour vous tenir compagnie et vous soigner; je suis très persuadée, et même je n'en puis douter, que vous ne méritez pas tout ce que je pense pour vous, mais qu'y faire? ce n'est ni votre faute ni la mienne; nous devons mutuellement, moi vous épargner les reproches, et vous m'épargner les réprimandes.

J'ai peur que vos médecins ne soient détes

tables: je les crois pires que les nôtres; les uns et les autres peuveut être des empoisonneurs, mais leurs poisons sont différens; les nôtres sont lents, et les vôtres prompts et violents. Donner à un homme comme vous, aussi foible, aussi maigre, pour le guérir de la goutte, des drogues chaudes, et le mettre à l'usage du vin, cela me paroit comme un coup de pistolet dans la tête pour guérir de la migraine. J'attends beaucoup des eaux de Bath, mais je ne ferai pas une goutte de bon sang que je n'aie reçu un bulletin en anglois tel que je vous le demande. Ajoutez à ce bulletin un aveu franc et délibéré de l'effet que vous font mes lettres; si elles vous ennuyent, si elles vous fatiguent; rien ne peut me déplaire, rien ne peut me fâcher que votre mauvaise santé. Adieu; vous ne vous souciez guères de nos nouvelles ; ni moi non plus en vérité.

Monsieur,

LETTRE XII.

Paris, Mercredi, 24 Septembre, 1766

J'OSE vous supplier très humblement de vouloir bien ordonner à un de vos gens de mettre à la poste deux fois la semaine le bulletin de l'état de votre santé ; je ne puis vous dire à quel point Madame en est inquiéte. Je prends la liberté de vous mander ceci à son insu, parceque je sais qu'elle est dans la résolution de ne vous point écrire pour ne vous pas mettre dans le cas de lui faire réponse; ce qui vous fatigueroit beaucoup dans l'état de foiblesse où vous êtes; mais, Monsieur, je vous demande en grace de faire mettre un petit bulletin en anglois deux fois la semaine; j'ai actuellement un maitre d'anglois qui vient me donner leçons tous les jours, et qui traduira ce que vous aurez la bonté de faire mander : ne vous donnez point la peine, Monsieur, d'écrire vous même.

Je ne puis vous exprimer l'inquiétude où est Madame de votre état; elle me dit à tout moment qu'il faudroit que je partisse pour l'an

« السابقةمتابعة »