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viennent aujourd'hui de l'Ile Adam; le Prince, sa belle-fille (11) et l'Idole partiront le 20 de Juin pour les eaux de Pongues, où ils resteront tout le mois de Juillet; et la cour partira le 7 de Juillet pour Compiègne où elle restera jusqu'au 29 Août. Vous ne me parlez point de vos Patagons que la gazette dit être arrivés en Angle

terre.

LETTRE XXX.

Paris, Samedi, 6 Juin, 1767, à 3 heures, après midi.

VOTRE lettre du 30 et du 2 que je reçois dans le moment, n'a pour ainsi dire point interrompu la lecture que je fais depuis cinq ou six jours, elle m'en a semblé la continuation; ce sont les Lettres de Pline; je me proposois de vous en beaucoup parler, mais je les laisse là, aimant bien mieux parler de la vôtre. Je suis cependant bien peu en état aujourd'hui d'écrire et de penser ; mon âme, toute immortelle qu'elle

(11) The Comtesse de la Marche, a Princess of Modena, married to the only son of the Prince de Conti.

est, est terriblement soumise à son enveloppe, et j'aurois bien du penchant à ne l'en pas distinguer; mais je n'ai sur cela aucun système et j'approuve extrêmement votre opinion, vos réflexions et les conséquences que vous en tirez(1); ce sujet entrera dans nos conversations. Soyez bien sûr que tout ce que vous pourrez me conter m'intéressera; vous serez plutôt fatiguê de mes questions que je ne le serai de vos histoires : osez-vous craindre de mettre ma patience à bout après les épreuves où vous l'avez mise; Pouvez-vous ignorer? mais... je me tais.

Soyez certain que je n'ai point l'intention de vous picoter ni de vous faire aucun reproche, il y a trop de malentendu entre nous, et rien n'est plus nécessaire pour constater à tout jamais notre amitié, que de nous entretenir avec la plus parfaite confiance; vous valez mille fois mieux que moi, et loin que je prétende m'hu

(1) Mr. Walpole had thus expressed himself" Je "crois une vie future; Dieu a tant fait de bon et de beau "qu'on devroit se fier à lui sur le reste. Il ne faut "avoir le dessein de l'offenser. La vertu doit lui plaire; "donc il faut être vertueux: mais notre nature ne com

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porte pas la perfection; Dieu ne demandera donc pas "une perfection qui n'est pas naturelle. Voilà ma croyance; elle est fort simple et forte courte. Je "crains peu, parce que je ne sers pas un tyran."

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milier par cet aveu, ma vanité y trouve son compte, parce que tout de suite je crois que je suis la seule personne digne de vous avoir pour ami et d'être la vôtre. Je vous dirai toutes vos vérités, c'est-à-dire tout ce que je pense de vous ; vous me rendrez la pareille, et nous ne nous tromperons ni l'un ni l'autre. Votre âme est plus ferme que la mienne, mais la mienne est moins variable que la vôtre; mais c'est assez parler de notre valeur intrinsèque.

Vous me demandez mon mot de St. Denis, cela est bien plat à raconter, mais vous le voulez.

M. le Cardinal de Polignac, beau diseur, grand conteur, et d'une excessive crédulité, parloit de St. Denis et disoit que quand il eut la tête coupée, il la prit et la porta entre ses mains, tout le monde sait cela; mais tout le monde ne sait pas qu'ayant été martyrisé sur la montagne de Montmartre, il porta sa tête de Montmartre à St. Denis, ce qui fait l'espace de deux grandes lieues..... Ah! lui dis-je, Monseigneur, je croirois que dans une telle situation il n'y a que le premier pas qui coûte.

Cela est conté à faire horreur, je ne sais rien faire de commande, et je suis bien loin dans ce

LETTRE XXXI.

Paris, Dimanche, 5 Juillet, 1767, à 10 heures du matin.

Vous n'étiez pas dans la plus agréable disposition le 29 et le 30, qui sont les dates de votre dernière lettre; ce n'est pas que je m'en plaigne, elle est froidement honnête et vous ne m'y grondez plus, ainsi je n'ai rien à dire; mais je voudrois savoir si je suis enfin parvenue à vous contenter, et si je suis parfaitement corrigée de tout ce qui vous déplaisoit; ce qui me fait craindre que cela ne soit pas c'est que je crois entrevoir que votre séjour ici vous inquiète, et que la complaisance qui vous y amène vous coûte beaucoup; mais, mon Tuteur, songez au plaisir que vous me ferez, quelle sera ma reconnoissance; je ne vous dirai point combien cette visite m'est nécessaire, vous jugerez par vous-même si je vous en ai imposé sur rien, et si vous pourrez jamais vous repentir des marques d'amitié que vous m'avez données. Vous faites une récapitulation des personnes que vous pourFez voir, vous n'aurez d'embarras que le choix, et le choix sera extrêmement libre. Vous avez beau me dire que vous ne viendrez ici que pour moi,

je ne m'en souviendrai que pour vous en être obligée et non pas pour exiger de vous de me voir un quart-d'heure de plus qu'il ne vous conviendra; vous vivrez avec mes connoissances si cela vous convient, avec les Rochefort (1), Maurepas (2) et d'Egmont (3) si cela vous est plus agréable; enfin je resterai tranquille dans ma cellule; vous m'y viendrez trouver quand vous voudrez, et jamais vous n'entendrez ni plaintes, ni reproches, ni raisonnemens, ni sentimens, ni romans; nous dirons un jour le diable de la jeunesse, le lendemain nous trouverons qu'il n'y a qu'elle d'aimable; mais je persisterai toujours

(1) Of the Comtesse de Rochefort née Brancas, Mr. Walpole gives the following account in a letter to Mr. Gray; after mentioning other French Ladies, he says:

"Madame de Rochefort is different from all the rest. "Her understanding is just and delicate, with a finesse "of wit, that is the result of reflexion. Her manner is "soft and feminine, and though a savante, without any "declared pretentions. She is the decent friend of Mr. "de Nivernois. For you must not believe a syllable of "whet you read in their novels. It requires the greatest

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curiosity, or the greatest habitude to discover the small"est connexion between the sexes here. No familiarity

but under the veil of friendship is permitted; and "Love's dictionary is as much prohibited, as at first sight, "one should think his ritual was".

"Mr. de Nivernois lives in a circle of dependant admirers, "and Mad. de Rochefort is high priestess for a small "salary of credit."

(2) The Comte de Maurepas, the Ex-minister.

(3) The Comtesse d'Egmont, daughter to the Duc de

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