à M. Stackieff, & que ce miniftre fit communiquer fur le champ par fon fecrétaire-interprête, aux commiffaires nommés par la Porte. Dès le lendemain il y eut une longue conférence dans laquelle le miniftre ruffe propofa à la commiflion ottomane de reconnoître l'élection de SahibGueray. On dit que ces propofitions ont été dreffées par le kan lui-même, & qu'elles font de nature à terminer les différends qui fubfiftent entre ce prince & la Porte. Ce qui pourroit faire croire qu'elles ont été accueillies, c'eft qu'on doit y répondre par le même paquebot qui fera renvoyé inceffamment. Si M. de Stackieff parvient ainfi à établir une correfpondance directe entre la Porte & Sahib - Gueray, c'est un préjugé favorable à la continuation de la paix. Mais comme on a vu plus d'une fois rompre des négociations plus avancées que celle-ci, on continue de fe préparer à tout événement. On doit former un camp fur les bords de la mer-noire.

Haffan pacha, grand amiral, qui a été dange reufement malade, commence à se rétablir. On a cru d'abord qu'il étoit attaqué de la pefte; mais les médecins affurent que ce n'étoit qu'une violente fciatique. Le grand-feigneur a paru trèstouché de la fituation du capitan-pacha, dont la perte auroit été très-sensible à la Porte dans les circonftances actuelles.

La mere du fultan Méhémet, fils du feu empereur Mustapha, & héritier préfomptif du trô ne ottoman, eft morte au vieux ferrail.

Izel effendi, dont on a annoncé la difgrace, s'eft noyé en allant à Lemnos, lieu de fon exil; comme on ne rapporte aucune circonftance de cet accident, on foupçonne qu'il y avoit des ordres fecrets pour aider Izel à fe jetter dans la mer.

Les effets de la pefte s'affoiblissent dans le faubourg de Pera; mais elle exerce fes ravages dans plufieurs quartiers de cette capitale.

On apprend que le 22 Novembre dernier, on aeffuyé fur les côtes de Larneca un ouragan furieux qui a déraciné quantité d'arbres, abattu plufieurs maifons, & comblé de terre les puits & les fontaines qui fourniffoient de l'eau à la ville de Nicofie. En attendant qu'on puiffe les rétablir dans leur premier état, Abdul-Baky aga, gouverneur-général, a employé 500 hommes à faigner la petite riviere de Pédia, qui paffe à un quart de lieue de cette capitale, & dont il a fait conduire les eaux par un canal qui en fournit affez pour les habitans & les beftiaux.

-Extrait d'une lettre d'Alep, le 16 Mars 1778.

Le 4 de ce mois, les marchés manquant abfolument de pain, le peuple s'eft révolté & a conduit au férail le cadi & le muphti, de crainte qu'ils ne s'échappaffent. Diverfes affemblées fe font tenues en présence du pacha, à la fuite defquelles ce vifir a fait annoncer qu'on alloit prendre les arrangemens néceffaires pour remédier à la famine; mais elle continue toujours, ces prétendus arrangemens n'ayant pas amené dans les marchés la cinquieme partie du pain néceffaire pour la fubfiftance des habitans. Aujourd'hui, l'on a arrêté quelques riches poffeffeurs de terres, accufés d'avoir caché des bleds dans des villages à eux appartenans & fitués aux environs de cette ville. La Porte, informée de notre calamité, vient de donner les ordres les plus féveres pour découvrir & vendre au profit du fifc tous les bleds qui feroient cachés, & même pour févir contre les auteurs & fauteurs de ces malverfations.

On apprend de Damas qu'on attend à Bagdad des ambaffadeurs de Kerim-Kan pour traiter de la paix avec Abdulah, pacha de cette ville. Il eft bien à defirer qu'elle fe conclue pour l'avantage du commerce de toutes les villes de la Syrie,

RUSSIE.

PETERSBOURG (le a Mai. ) L'impératrice a permis au prince Alexandre Boriffowits de Kurakin, gentilhomme de fa chambre & premier procureur du fénat, de porter l'ordre de Danebrog, dont les marques lui ont été envoyées par le roi de Danemarck.

SUEDE.

STOCKHOLM (le Juin.) Le 23 du mois. dernier, les régimens des gardes à pied, des dragons légers & des gardes de la reine douairiere fe rendirent dans la plaine de Ladugard & y entrerent dans le camp qui leur avoit été tracé, ils étoient conduits par le roi, qui, en fortant de la ville, fut falué de 120 coups de canon. Ces régimens font déjà habillés fuivant l'ancien coffume.

Le 24, à 2 heures après minuit, le feu prit à une brailerie d'eau-de-vie. Le roi y accourut du château d'Ulrichfthal, & les fecours furent fi promptement adminiftrés que les flammes ne purent fe communiquer à aucun autre édifice; à 4 heures le feu étoit éteint.

DANEMARCK.

COPENHAGUE ( le 5 Juin. ) Le roi a nommé chevalier de l'ordre de Danebrog M. de Luttichau, confeiller d'état, M. Fabritzius, contreamiral chef du Holm, le chambellan de Kaas, qui aura l'infpection des chantiers & des équipages de la flotte; cette derniere place étoit vacante par la mort du chambellan de Waltersdorff.

Le prince Ferdinand de Brunfwiek arriva le 30 du mois dernier en cette capitale, où il reçu l'accueil le plus diftingué du roi & de la reine mere, à qui il fut préfenté le foir.

- Le 31, au matin, les régimens d'infanterie qui compofent cette garnifon, en fortirent pour entrer dans le camp tracé près du château royal de Friderichsberg; ils furent fuivis l'après-midi par la cavalerie, qui défila devant le prince Ferdinand de Brunswick. On affure ici que ce prince entre au service de cette cour en qualité de généraliffime des troupes danoifes & norvégien

nes.

La fociété économique vient d'annoncer que le roi avoit affigné divers prix affez confidérables, pour récompenfer la meilleure culture du chanvre & du lin.

POLOGNE.

WARSOVIE (le 3 Juin.) Le confeil perma nent s'occupe fans relâche de la rédaction des projets qui lui ont été préfentés, & qu'il juge dignes d'être acceptés par la diete, dont la convocation n'eft pas éloignée. On ignore fi elle'fera tenue fous une confédération, fuivant le vœu d'une partie de la nation, & cette queftion ne fera décidée qu'aux diétines qui la précéderont. Un des principaux objets des délibérations de cette affemblée nationale concernera les abbayes & les monafteres de tous les ordres, dans lesquels on fe propofe de faire des changemens confidérables. Ce projet, qui a tranfpiré depuis quelque tems, caufe de grands mouvemens parmi les abbés & fupérieurs des différens ordres ; ils vont employer tout leur crédit pour le faire rejetter, ou au moins pour en empêcher l'entiere exécution.

La voix publique défigne le prince Antoine Sulkowski pour maréchal de la diete prochaine; plufieurs magnats & gentilshommes furtout de la Lithuanie, ont déjà fait retenir des logemens ici.

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"Les tribunaux de relation font affemblés depuis le 9 du mois dernier; ils ne mettent aucune interruption dans leurs féances.

Il y a déjà quelque tems qu'il avoit été queftion d'envoyer des ambaffadeurs dans quelques cours où la république n'eft pas dans l'ufage d'en entretenir ; ce projet fe renouvelle, & l'on affure qu'il va s'effectuer.

Indépendamment des recrues que la cour de Vienne fait lever dans la Gallicie, il a été enjoint aux habitans de cette province de fournir une grande quantité de chevaux; on y forme auffi en divers endroits des dépôts de provisions qui feront transportés plus loin.

Depuis le tems qu'on dit que les Ruffes fe renforcent de jour en jour fur nos frontieres ils doivent y être très-nombreux actuellement. Ils ont tiré un cordon dont les différens carps ont entr'eux une communication facile, & peuvent, par conféquent, fe fecourir mutuellement au befoin.

On a déjà parlé de la réquifition faite par M. Blanchot, résident de la cour de Berlin, pour le paffage d'un corps de troupes pruffiennes dans la Grande-Pologne. Voici la note qu'il remit à ce fujet au miniftre.

Des préparatifs immenfes qui fe font fur les frontieres de la Siléfie, mettent S. M. le roi de Pruffe dans la néceffité de faire marcher vers cette province la plus grande partie de fes troupes, qui ont été réparties jufqu'ici dans le royaume de Pruffe. Ces troupes, qui fe font raffemblées près de Graudentz, & qui forment un corps de 21 bataillons & de 30 efcadrons avec 6 bataillons de garnifon, fe font déjà mifes en marche vers l'endroit de leur deftination; & comme il leur eft impoffible d'y arriver affez tôt fans paffer par le territoi re polonois, le fouffigné a reçu un exprès de fa cour avec ordre de prier S. M. & la république de Pologne non-feulement d'accorder à ces troupes le paffage libre par la Pologne, mais auffi de leur fournir, contre des quittances, les fourrages dont elles pourroient avoir bes