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Paris, le Champs de Mars peut-être, où ils avaient refu-é de tirer sur nous.

L'Assemblée vota des remercîments solennels à M. le marquis de Bouillé, lui donnant le commandement de l'armée du Nord. Et Louis XVI eut comme il le dit lui-même, de cette affligeante, mais nécessaire affaire, une extrême satisfaction.

Cette décision de l'Assemblée fut mal reçue des patriotes, cette lettre du roi produisit un mauvais effet dans le peuple.

- Aujourd'hui, dit Loustalot à propos des récom penses accordées à Bouillé, aujourd'hui l'Assemblée nationale lui vote des remercîments, et la cour lui donne le commandement de l'armée destinée à protéger les frontière de l'Allemagne! O liberté! ô Constitution, qu'allez-vous devenir entre les mains de votre plus cruel ennemi?

Puis à propos de la lettre du roi, qui a une extrême satisfaction de cette affligeante, mais nécessaire affaire:

-Oh! s'écrie-t-il, ce n'est pas là le mot d'Auguste, quand, au récit du sang versé, il se battait la tête aux murs, et disait :

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Varus, rends-moi mes légions!

Quinze jours après on lisait dans les Révolutions de Prud'homme, dont Loustalot était le principal rédacteur :

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M. Loustalot notre ami, et l'un de nos plus estimables collaborateurs, vient de terminer sa carrière, et a été enlevé à la patrie et aux lettres, à l'âge de vingt-huit ans, emportant les regrets de tous les véritables amis de la liberté.

Peut-être demandera-t-on quel rapport cette mort

LE DRAME,

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de Loustalot peut avoir avec l'affaire de Nancy? Ces mots prononcés sur sa tombe nous le diront :

Ombre chère à tous les cœurs patriotes, en quittant cette vallée de misère pour te rendre dans le sein de l'Éternel, va dire à nos frères des régiments du Roi et de Châteauvieux, qu'il leur reste encore ici-bas des amis qui pleurent sur leur sort et que leur sang sera vengé.

Loustalot était mort le cœur brisé, l'affaire de Nancy venait de rendre suspectes les deux forces nées de la Révolution et qui par conséquent devaient soutenir la Révolution :

La garde nationale et les municipalités.

La garde nationale avait marché sous les ordres de Bouillé.

La municipalité de Nancy s'était mise sous sa protection.

Dès lors le roi douta de la force de la Révolution. Nous allons voir le résultat de ses doutes dans le chapitre prochain.

Mais d'abord consignons un fait : c'est qu'à la nouvelle de cette malheureuse affaire de Nancy, plus de quarante mille citoyens coururent aux Tuileries et à l'Assemblée nationale, demandant d'un seul et même cri le renvoi des ministres.

Les ministres avaient dès cette époque la bonne habitude de faire la sourde oreille à de pareils cris. M. de Necker seul les entendit, et las d'une longue administration sans résultats satisfaisants, attristé de voir cette immense popularité qui avait fait faire une Révolution en sa faveur, envolée en moins de 48 mois, il partit le 4 septembre sans rendre ses comptes, mais laissant pour caution de sa gérance

deux millions prêtés par lui au trésor, sa maison et son mobilier qui valaient un autre million.

Maintenant veut-on voir où en était la popularité de M. de Necker un an après la prise de la Bastille?

Tout alla bien jusqu'à Arcis-sur-Aube : arrivé là, il avait fait halte et se reposait dans la maison de la poste en attendant que l'on changeât ses chevaux; tout à coup des hommes armés entrent dans sa chambre et lui demandent ses passe-ports.

Il en avait trois et un billet particulier du roi.

Il les fit voir à la municipalité et au directoire qui les trouvèrent en règle.

Mais là, aussi, la municipalité et le directoire n'étaient pas toujours les maîtres, la volonté populaire l'emporta, et M. de Necker et ses gens sont conduits à travers une haie de fusiliers à une auberge qu'on leur assigne.

Là, M. de Necker comprend qu'il est prisonnier, il demande à écrire à l'Assemblée nationale. La demande est accordée à la condition qu'aucun de ses gens ne portera la lettre, mais qu'elle sera portée par deux citoyens de la ville.

M. de Necker écrivit et les deux messagers partirent.

L'Assemblée décida que M. de Necker avait le droit de continuer sa route, ce qui ne l'empêcha pas d'être arrêté de nouveau à Vesoul.

Là, c'est pis encore qu'à Arcis-sur-Aube, le peuple entoure la voiture, coupe les traits des chevaux, et fait entendre les plus effrayantes menaces.

Cependant là, comme à Arcis-sur-Aube le passeport de l'Assemblée nationale finit par lui ouvrir le chemin.

Le soir, les gens de sa suite furent pendant cinq heures entre la vie et la mort.

Ce fut ainsi que s'éteignit cet astre, que s'effaça cette destinée; il retourna à Genève plus pauvre qu'il n'en était venu, nous laissant mieux que ses deux millions du trésor, mieux que sa maison, mieux que son mobilier, nous laissant sa fille, un des grands hommes de notre époque.

SOMMAIRE. Le roi. Lettre au roi d'Espagne.

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- La question religieuse.

L'évêque de Clermont.

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Le

M. Veto.

Le comte de

Traités avec les autres puissances.

L'Assemblée. Acceptation du roi. Le serment en séance publique. Les refus. Lutte des prêtres.

Leur influence.

Le maire Leperdit.

dames. M. de Narbonne.

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Fuite de MesLa Chronique de Paris.

Lettre du roi. Discussion dans l'Assemblée.

-

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En octobre il sort de son irrésolution habituelle et fait deux démarches décisives.

Il écrit au roi d'Espagne et lui envoie d'avance ́sa protestation contre tout ce qu'il pourrait être forcé de sanctionner.

Puis il s'arrête à un projet de fuite, que lui présente à nouveau l'évêque de Pamiers, qui obtient du roi plein pouvoir pour M. de Breteuil de traiter avec les puissances étrangères.

On devait s'entendre de cette fuite avec M. de Bouillé.

M. de Bouillé venait de faire ses preuves, et l'on se fiait à lui.

Ce qui tourmentait le roi, ce qui le tourmenta toujours, ce qui fut cause de sa fuite au 21 juin, de sa chute au 10 août, ce fut non pas la question politique, mais la question religieuse.

Louis XVI fit serment à la Constitution et ne voulut pas ratifier le décret contre les prêtres assermentés.

Aussi ne cessa-t-on d'appeler le roi Sire, que pour l'appeler M. Veto.

En juillet, le roi avait consulté l'évêque de Clermont, s'informant à lui pour savoir s'il pouvait, sans mettre son âme en péril, sanctionner la constitution du clergé.

Vers la fin du mois d'août, il avait envoyé quelqu'un à Rome pour faire la même question au pape. Le pape craignait fort que l'on ne réunît à la France son comtat d'Avignon qui était non-seulement un bon revenu, mais qui était en outre un pied posé au milieu de la Provence, c'est-à-dire sur la terre la plus catholique de toutes les terres que possédait la fille aînée de l'Église.

Aussi le pape ne répondit-il rien de bien positifet se contenta-t-il de blâmer vivement les actes de l'Assemblée nationale.

Pour un homme qui ne demandait pas mieux que de comprendre à demi-mot, c'était une réponse plus que suffisante.

Il s'agissait de préparer l'Europe à cette résistance du roi, à la volonté de son peuple et à la fuite que

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