صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

des baionnettes, toutes les mains se cherchent, se

serrent.

Il y a là un demi-million d'hommes: en ce moment pas un ne refuserait de mourir pour le roi qui vient de jurer la Constitution.

O roi! de ton côté, la main sur le cœur, es-tu prêt à mourir pour ton peuple!

A ce spectacle, une lueur fauve passa dans les beaux yeux de la reine.

Voyez-vous la magicienne? s'écrie le comte de Virieu, député de la noblesse du Dauphiné, en la montrant du doigt.

De toute cette grande époque de la Révolution, un seul monument est resté :

Le Champ de Mars!

Ces grands niveleurs qui, pendant six ans, ont été à l'œuvre, n'ont rien bâti de visible. Leur monument à eux devait grandir tout seul et dans l'avenir.

Le Champ de Mars seul est visible; souvenir gigantesque de ce que peuvent, lorsqu'ils sont réunis, les bras et le cœur d'un peuple.

SOMMAIRE.

[ocr errors]

- Fuite de Necker. M. de Montmorin. Nouveau ministère. Affaire de Nancy. L'étatmajor et les soldats. L'augmentation de solde. M. de Bouillé.- Réclamations des soldats. -Elles sont Les bourgeois. Les querelles. - Les ren1 Le maître d'armes. — JUDAS. Emigration.

justes.

contres.

[ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors]
[blocks in formation]
[ocr errors]

Les officiers prisonniers.

Lafayette. Craintes

[ocr errors]

des soldats. Le voyage. L'arrestation. - Bailly. MM.de Malsaigne et Cérisier. -Rumeurs publiques. Événements. M. de Bouillé. - Le jeune Désille. - Le supplice. Conduite de l'Assemblée

La défaite.

[blocks in formation]

1

Route de Necker.

Passons par-dessus les événements secondaires, et parmi ces événements secondaires, chose étrange, nous rangeons la retraite ou plutôt la fuite de M. de Necker.

M. de Necker, dont la retraite a fait une révolution en 1789, il y a un an à peine; M. de Necker, que tout un peuple a redemandé à grands cris, M. de Necker s'est usé, annihilé, perdu au milieu des grands événements qui se succèdent tous les jours; le banquier, l'agioleur, l'homme de bourse est resté, mais l'homme politique a disparu.

Il donne sa démission, et sa démission est reçue avec froideur par l'Assemblée, avec insouciance par le public, avec joie par le parti patriote et par le parti de la cour.

De tout son ministère, un seul ministre reste debout M. de Montmorin.

M. de la Luzerne est remplacé par Fleuriau.
M. Champion de Cède, par Duport du Tertre.
M. de Latour du Pin, par Duportail.

M. de Saint-Priest, par Delenare.

Arrêtons-nous un instant à l'affaire de Nancy et aux troubles du Midi.

Ils ont leur signification.
Voici l'affaire de Nancy :

Nous avons dit quelque part que les officiers de l'armée absorbaient quarante-quatre millions, et l'armée entière quarante-deux; étrange répartition, comme on voit.

En février, l'Assemblée s'aperçut de cette injustice, et, timide encore, se contenta d'augmenter la solde du soldat de quelques deniers.

En mai, les soldats n'avaient rien reçu encore de cette augmentation.

En effet, on l'avait fait passer dans une prétendue amélioration du pain : les soldats avaient mangé le pain et ne s'étaient pas aperçus de l'amélioration.

Les soldats crièrent qu'ils étaient volés; il y avait longtemps qu'ils s'en apercevaient, seulement c'était la première fois qu'ils osaient le dire tout haut.

Voyant qu'on ne s'inquiétait point de leurs réclamations, les soldats, dit M. de Bouillé, retenez bien ce nom que nous avons déjà écrit une ou deux fois, et qui va grandir en fatale célébrité, les soldats, dit M. de Bouillé, formèrent des comités, choisirent des députés qui réclamèrent auprès de leurs supérieurs, d'abord avec assez de modération, des refenues qui avaient été faites. Leurs réclamations étaient justes, on y fit droit.

M. de Bouillé n'est pas partial en pareille matière, on peut donc croire M. de Bouillé. Les soldats récla– mèrent donc: du moment où les soldats réclamaient, ils accusaient, et qui accusaient-ils? leurs officiers. Nancy fut le principal théâtre de cet étrange procès, où la ville était juge.

Naturellement amis du soldat, les bourgeois don

nèrent raison au soldat contre l'officier, qui les vexe, avec ses plumets flottants, qui les étourdit avec ses éperons, et qui se fait des maîtresses avec ses femmes et ses filles.

Les officiers trouvèrent mauvais qu'on voulût leur contester ce qu'ils regardaient comme d'impérissables priviléges.

Ils cherchèrent querelle aux bourgeois, ne négligeant aucune occasion d'insulter ou de battre. Les soldats, à leur tour, prirent parti pour leurs amis les bourgeois.

Les officiers ne pouvaient tirer l'épée contre leurs soldats, mais il y avait de par la ville et dans les environs des maîtres d'armes qui pouvaient mettre les drôles à la raison.

A Metz, par exemple, il y en eut un qui, payé par les officiers, déguisé par eux tantôt en bourgeois, tantôt en garde national, amassait chaque soir deux ou trois querelles, qu'il rendait le lendemain: trois ou quatre soldats furent tués ou blessés dans ces duels inégaux. Et cependant, tout homme portant uniforme était forcé de demander satisfaction de l'insulte reçue, ou il y avait le lendemain les railleries du corps de garde, pires que la mort.

Heureusement les soldats reconnurent le piége, ils prirent le spadassin et le forcèrent d'avouer sa mis

sion.

Ils pouvaient le tuer à leur tour, les représailles eussent été justes. Ils se contentèrent de lui attacher les mains derrière le dos et de le promener par la ville avec un bonnet de papier sur lequel était écrit le nom Judas.

Puis ils le conduisirent hors des portes et le là

chèrent dans les champs, en l'invitant à aller se faire pendre où bon lui semblerait.

Les officiers dénoncés émigrèrent et s'engagèrent dans les troupes que l'Autriche dirigeait sur le Brabant.

L'empereur Léopold, sur ces entrefaites, avait demandé le passage pour une armée autrichienne qui allait soumettre les Pays-Bas.

Il y avait un antécédent; Charles-Quint n'avait-il pas demandé passage à François Ier pour le même motif, et François ler ne lui avait-il pas accordé ce passage?

Il était vrai que c'était le passage d'un homme et non d'une armée.

Louis XVI ne vit point la différence ou la vit trop, il accorda le passage à l'armée autrichienne.

De là, comme on le comprend bien, grande fermentation dans tous les départements de l'est et du nord. Les Autrichiens, entrés à Mézières ou à Givet, en sortiraient-ils une fois entrés.

N'était-ce pas le cas de dire à l'oreille du roi la fable de la Lice et de sa Compagne, du bon la Fontaine.

Le roi fit le sourd; heureusement l'Assemblée avait l'oreille fine.

Au moment où la population des Ardennes mettait trente mille hommes sur pied pour marcher contre les Autrichiens, si les Autrichiens, sous un prétexte quelconque, entraient en France, l'Assemblée nationale leur refusa le passage.

Les paysans avaient bien raison de ne s'en rapporter qu'à eux, de repousser l'ennemi. L'armée, par la division qui s'était introduite entre les soldats LE DRAME, T. 1.

[ocr errors]
« السابقةمتابعة »