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Deux caricatures sortirent de ces deux décisions. L'une représentait l'enterrement du très-haut, très-puissant et très-magnifique seigneur Clergé, décédé en la salle de l'Assemblée nationale, le jour des morts 1789.

<< Son corps, disait la lettre de faire part, sera porté au trésor royal, en caisse nationale, par MM. de Mirabeau, Thouret, Chapelier et Alexandre de Lameth.

>> Il passera devant la Bourse et la Caisse d'escompte, qui lui jetteront de l'eau bénite »

» L'abbé Sieyès et M. l'abbé Maury suivront le deuil en grandes pleureuses. M. l'abbé de Montesquiou prononcera l'oraison funèbre. Un De profundis sera chanté en faux bourdon par les dames de l'Opéra, revêtues de l'habit de veuve.

Enfin le deuil se rendra chez M. Necker, où les créanciers de l'État seront invités à se trouver.»

Quant à la caricature relative aux parlementaires, elle représentait ceux-ci fuyant dans toutes les directions, et en but à un vent de bise qui leur enlevait leurs perruques.

Il fait un vent à décorner les boeufs, disait un passant.

Enfin, le 9 novembre, le local étant achevé, les députés prirent possession de la salle du manége.

Le lendemain on lisait à tous les coins de rues, l'affiche suivante :

LES CHEVAUX DU MANÉGE.

Le Pétulant.
L'Ombrageux.
La Rusée.

La Cabreuse.

La Nonchalante
La Terrible.
L'Inconstant,
Le Rétif.

Le Mignon.
L'Intrépide.
Le Joyeux.
Le Rhinocéros.
La Somnambule,
L'Impayable.
Le Foudroyant.

L'Heureux.

L'Indocile.

Le Bon.
L'Intraitable.

Le Sûr.

Le Chancelant.

Le Beau.

Le Superbe.
L'Étonnant.

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Le lendemain, un journal annonça la séance en ces

termes :

Les grands comédiens de la salle du manége donneront aujourd'hui le Roi dépouillé, ancienne pièce redemandée.

LE DRAME, T. 1.

2

La seconde pièce sera l'Honnête Criminel, en deux actes et en prose d'états généraux, laquelle vaut bien des vers.

M. de Mirabeau remplira le principal rôle; son confident sera l'étonnant Barnave, jeune homme de la plus grande espérance.

Puis après avoir désigné personnellement les députés, on les plaça par catégories.

Ceux qui siégèrent au côté gauche furent appelés les Bais.

Ceux qui siégèrent au côté droit furent appelés les Noirs.

Ceux qui siégèrent au centre furent appelés les Impartiaux.

SOMMAIRE. Le tribunal du Châtelet.

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Châtelet. · Ordonnance de Louis IX. Le Châtelet tribunal suprême. Les L'appel au Parlement. trois accusés. Augeard et Bezenval acquittés. — Le quatrain de Camille Desmoulins. Le marquis de Favras. Son portrait. Accusation portée contre lui. Ses accusateurs. Monsieur, frère du roi. Sa conduite. La circulaire Barraux. Monsieur à l'hôtel de ville. Son triomphe, Favras devant ses

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juges. Sa contenance. l'exécution.

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L'arrêt.

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Joie dans Paris. Le pourboire.

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Nous avons parlé du Châtelet, érigé en tribunal de

lèse-nation; à peine eut-il son brevet de juge qu'il se mit à la besogne.

Un mot sur l'origine du Châtelet.

Philippe-Auguste était, comme chacun sait, un grand bâtisseur. Il bâtit Notre-Dame, ou à peu près. Il fonda les hôpitaux de la Trinité, de Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas-du-Louvre. Il pava les rues de Paris, dont la puanteur l'empêchait de rester à sa fenêtre.

Enfin, au moment de partir pour la croisade, voulant que les bourgeois ne perdissent pas leur temps pendant qu'il allait si bien employer le sien, il leur ordonna de se mettre incontinent à bâtir une enceinte à leur ville; enceinte dont il donnait lui-même le programme, et qui devait être composée d'une muraille solide garnie de tourelles et de portes.

Cette enceinte fut la troisième qui environna Paris. Comme on le comprend bien, les ingénieurs ne prirent pas juste la mesure de leur capitale. Paris avait grossi assez vite pour faire comprendre qu'un jour il ferait craquer la troisième ceinture, comme il avait fait craquer les deux autres.

On lui tint donc la ceinture lâche, et, dans cette ceinture, on renferma, par précaution pour l'avenir sans doute, une foule de pauvres hameaux et de petits villages destinés à devenir plus tard des portions de ce grand tout.

Ces hameaux et ces villages, tout pauvres qu'ils étaient, avaient leur justice-seigneuriale comme Louis IX avait la sienne.

Car il est bon qu'on sache ceci : c'est que, quand Louis IX rendait justice sous le fameux chêne devenu proverbial, il rendait justice comme seigneur et non comme roi.

Or, toutes ces justices seigneuriales, qui, la plupart du temps, se contredisaient l'une l'autre, enfermées dans la même enceinte, rendirent l'opposition plus sensible et finirent par se heurter si singulièrement, qu'elles mirent une grande confusion dans cette étrange capitale.

Cette confusion Louis IX.

nécessitait l'intervention de

Aussi Louis IX ordonna-t-il que toutes les causes jugées par ces petites justices seigneuriales seraient portées par voie d'appel devant son Châtelet de Paris, dont la juridiction se trouva ainsi toute-puissante, chargée qu'elle était de juger en dernier ressort.

Le Châtelet demeura ainsi le tribunal suprême jusqu'à l'heure où le Parlement, devenu sédentaire, connut à son tour, par voie d'appel, des causes jugées au Châtelet.

Mais le 2 novembre 1789, l'Assemblée nationale, ayant, comme nous venons de le dire, suspendu le Parlement, le Châtelet reprit non-seulement son ancienne importance, mais encore une importance nouvelle, chargé qu'il était de connaître non-seulement de tous les crimes qui lui avaient été soumis jusquelà, mais encore du crime de lèse-nation.

Or, pour le moment, trois hommes étaient accusés de ce crime :

Le fermier général Augeard,

Le baron de Bezenval,

Et le marquis de Favras.

Le Châtelet débutait aristocratiquement, comme on voit.

Le fermier général était accusé d'avoir fourni à la cour des fonds avec lesquels la camarilla de la reine

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