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Seulement, l'Assemblée nationale chargea son comité de Constitution de lui présenter le projet d'une loi sur l'émigration.

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Sa déconvenue.

- M. de Villequier. Les six cents.-M. de Gouvion.

- Le roi.

--

Les conjurés. Mirabeau à la tribune. Les six billets. Le départ du roi. Mirabeau à l'Assemblée. Ce qui tue Mirabeau. Plaudite, cives.

Auguste.

Mirabeau songe à mourir.

Le 28 février suivant fut signalé par deux événements de la plus haute importance:

Ce que l'on appela la conspiration des chevaliers du poignard, aux Tuileries,

Et la discussion de la loi sur l'émigration à l'Assemblée nationale.

Comme cette discussion devait nécessairement attirer à elle une grande partie de l'intérêt public, la journée du 28 fut choisie par le roi pour une tentative de fuite.

Il s'agissait seulement de faire entrer cinq ou six cents conjurés au château et d'attirer l'attention de Lafayette et la présence de la garde nationale sur un autre point.

On choisit Vincennes.

Vincennes, donjon royal, prison d'Etat, rivale de la Bastille, fut présentée au peuple du faubourg comme une relique du despotisme qui n'avait pas le droit de rester debout, quand sa sœur la Bastille était rasée.

En conséquence, une troupe. de douze ou quinze cents hommes se transporta à Vincennes le 28 février, et montant sur la plate-forme, commença de démolir le donjon. Sur les deux heures de l'aprèsmidi, elle en avait déjà fini avec les parapets, lorsqu'on s'avisa enfin de battre la générale.

Trois ou quatre mille personnes remplissaient les cours; la garde nationale de la localité n'avait point reçu d'ordre, et, d'ailleurs, n'était point en force. Le général Lafayette, prévenu, arriva avec des détachements de cavalerie et d'infanterie.

Le général arrivait assez inquiet, et il fallait une aussi grave circonstance pour lui faire quitter les Tuileries. Le matin même on avait arrêté, sortant de chez le roi, un individu qu'on avait trouvé muni d'un poignard.

Cet individu avait été conduit au comité de la section des Feuillants, où le maire l'avait interrogé : là il avait déclaré que les temps de trouble dans lesquels on vivait, forçant souvent l'homme le plus inoffensif de repousser la force par la force, il était armé pour sa défense personnelle et pour sa propre sûreté.

Réclamé par des personnes connues et qui même appartenaient au château, l'inconnu avait été remis en liberté.

C'est au reste un chevalier de Saint-Louis, il se nomme M. Décourt Latombelle.

Néanmoins cet événement avait éveillé quelques inquiétudes; la garde descendante ne voulut pas quitter les Tuileries, et obtint de M. Lafayette de rester avec la garde montante.

Ce fut sur ces entrefaites que le général reçut la nouvelle de l'expédition de Vincennes, et se rendit au donjon.

Une partie des troupes commandées par le général y était déjà arrivée, et s'y tenait en bataille.

Seulement il y avait dissidence, beaucoup trouvaient que les citoyens qui démolissaient le château étaient tout aussi bien dans leur droit que ceux qui avaient démoli la Bastille, et ils disaient tout haut qu'ils trouvaient fort étonnant que ce qui avait été permis hier ne le fût pas aujourd'hui.

Mais à la voix de Lafayette les beaux parleurs se taisent, et ceux qui sont hors des rangs reprennent leur place.

Seulement Lafayette ne peut agir qu'en vertu d'un ordre du maire, et le maire est d'avis, à ce qu'il paraît, que le peuple a le droit de démolir le donjon.

Lafayette alors s'avançant vers fe fonctionnaire public:

Monsieur, lui dit-il, en qualité de commandant de la garde nationale, je suis venu ici pour prendre vos ordres, et j'y obéirai; mais je vous avertis que si vous manquez de fermeté, je vous préviens que si vous ne faites pas respecter la loi, demain je vous dénonce à l'Assemblée nationale.

L'injonction était précise, le maire donna l'ordre de faire cesser la démolition, et d'arrêter les démolis

seurs.

Aussitôt le général ordonne à la cavalerie d'entrer sabre en main dans les cours.

Le peuple crie: A bas les sabres.

Une partie des cavaliers les remet au fourreau, mais le reste jure de ne les y remettre que lorsqu'ils auront servi, et tombe sur la foule, qui en quelques minutes est dispersée.

Soixante démolisseurs sont aux mains de la garde nationale.

Les autres s'enfuient et rentrent au faubourg SaintAntoine qu'ils essaient de soulever, sous prétexte de délivrer les prisonniers.

Mais comme le mouvement était un mouvement arrangé, et par conséquent n'avait pas grande racine dans la population, il souleva tout juste assez de monde pour que l'on vînt dire à Lafayette qu'il y avait quelque danger pour lui à traverser le faubourg avec les prisonniers.

C'était une raison pour que le général prît la résolution de le suivre dans toute sa longueur; il forma une forte colonne, plaça les prisonniers au centre, et fit marcher une avant-garde avec du canon.

Le trajet se fit comme il l'avait prévu, sans résistance sérieuse. Deux hommes seulement s'étant écartés, l'un fut blessé d'un coup de pistolet, l'autre reçut trois coups de pierre.

On gagna toujours dans le même ordre l'hôtel de ville, puis la Conciergerie où les prisonniers furent déposés.

Lafayette triomphant, moitié hué, moitié applaudi, comme il arrive aux popularités flottantes, était loin de se douter qu'il avait été dupe d'une fausse attaque, lorsqu'en revenant aux Tuileries, il trouva tout en fermentation.

Sur les trois heures, le château, sans qu'on sût

comment, s'était empli de gens inconnus, ces gens étaient entrés à l'insu de la garde nationale, par une porte qu'avait ouverte M. de Villequier, premier gentilhomme de la chambre.

Ils étaient six cents, disait-on, et étaient tous armés de cannes à épée et de poignards.

Mais déjà M. de Gouvion, aide de camp du général, avait pris ses mesures, il était monté chez le roi pour lui dire ce qui se passait.

Le roi fit semblant de tout ignorer, et s'informa de ce que désiraient ces quatre cents personnes.

M. de Villequier répondit au roi que sa noblesse, inquiète de l'événement de Vincennes, s'était en båte rendue aux Tuileries pour le défendre en cas de besoin.

Le roi alors désapprouva fort le zèle indiscret de ces messieurs, et déclara qu'il se croyait en pleine sûreté au milieu de la garde nationale.

La garde nationale, enchantée de cette déclaration du roi, commença par s'emparer de toutes les issues, et opéra le désarmement.

Lafayette arriva comme elle était occupée à cette besogne; parmi les conjurés, Lafayette reconnut MM. d'Agoust, d'Espremesnil, de Sauvigny, de Fonteille, de Labourdonnaie, de Lillers, de Fanget, de Douville; et dès lors sa conviction fut acquise. Aucun du reste ne fit résistance; épées et poignards, tout fut déposé sur le tapis, après quoi chacun se retira en liberté.

Mais il fallait un exemple, et ne pouvant s'en prendre au roi, M. de Lafayette s'en prit à M. de Villequier; il marcha droit à lui, et avec cet air qui n'appartenait qu'à lui et que nous lui avons encore

connu :

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