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& ce

Montbarrey a fait délivrer gratuitement à Louis Jeannet fon congé, & Rofe a reçu de la part de M. le directeur général des finances, un bil. let du dernier emprunt, ouvert en for ne de loterie (1200 liv. ). A l'occafion de ce dernier préfent, les personnes fenfées de ce pays-ci ont fait une réflexion qui me femble fort jufte. Ce bienfait, par fa nature, ne laiffe, pour ainfi dire, aucun vuide dans la caifle royale, pendant il donne à Rofe l'efpoir d'une chance qui peut lui procurer une grande fortune. Quelque favorable que puiffe lui être le fort, ne craignez jamais rien pour elle, Meffieurs la fimplicité de fes mœurs ne changera jamais: Rofe eft auffi fage, auffi raisonnable qu'elle eft belle & courageufe; & ce que fes bienfaiteurs font pour elle, lui preferit d'avance l'usage qu'el le feroit des richeffes ».

« Je n'oublierai point devous dire, Meffieurs. que les 400 liv. que M. l'intendant de Caen avoit deftinées à payer le congé de Louis Jeannet, ont été comptées en efpece aux futurs époux, & que la ville a été autorisée à y joindre 200 liv. ».

'Des obftacles aufi difficiles à prévoir qu'à expliquer ont empêché M. le Barbier le jeune, peintre, de délivrer à fes foufcripteurs, au terme fixé par fon Profpedus, l'eftampe intitulée: Bienfaifance du roi, & qui repréfente S. M. au milieu des feigneurs de fa cour, daignant honorer Bouffard, pilote de Dieppe, du titre de Brave homme, & le combler de bienfaits. Cette eftampe, gravée de la maniere la plus agréable par M. le Vaffeur de l'académie royale de peinture, & faite pour tranfmettre à la poftérité la bienfaifance du meilleur des rois, a été propofée par foufcription l'année dernieare, par M. le Barbier le jeune. Il a renonC

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cé (comme on l'a déjà dit) au bénéfice, pour qu'il foit partagé en deux parts égales diftribuées, Pune, à titre de récompenfe, par fomme de 300 liv., à tous matelors françois des vailleaux corfaires qui auront fait des actions d'éclat; & l'autre aux veuves chargées d'enfans de ceux qui feront morts en combattant contre les ennemis de l'état de la maniere la plus valeureufe, & auxquelles il fera auffi délivré la fomme de sco. liv. L'auteur de cette foufcription ofe efpérer d'une nation noble, fenfible & généreufe le zele & l'empreffement qui doivent en faire le fuccès. Elle fe délivre aux foufcripteurs, en Fapportant la quittance, chez M. le Barbier le jeune, rue de Grammcnt, vis-à-vis de celle de Menars, & chez M. Hamel, notaire rue neuve St. Merry, dépofitaire des fonds de cette foufcription; les perfonnes qui n'auront pas fouf crit, pourront s'y procurer ladite eftampe, qui fera, en ce cas, de 12 liv.

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Le 23 Novembre, les comédiens françois ont donné la premiere représentation de la Réduction de Paris, drame héroïque en 3 actes en profe tiré de la vie de Henri IV, & dont l'auteur a gardé l'anonyme. Le projet de l'affaut de Paris la bonté du roi pour les alliégés font le sujet du premier acte. Dans le 2e.., on envoie un héros à Mayenne, qui défend la ville, afin de lui annoncer une entrevue avec le brave Crillon, qui, pe peut le déterminer à ouvrir les portes au roi de Navarre... Dites de France, lui répond ce hérc s avec un sentiment digne de fa grande ame. H s'en retourne au camp fans avoir rien gagné fur l'efprit de Mayenne, qui compte fur les fecours que l'Espagne lui a promis, & qui arrivent. Au 3e. acte, on fait toutes les difpofitions né ceffaires pour le fiege; on amene le canon, les mortiers, &c., &c. Un Parifien qui a couvé

lé fecret de brifer fes fers & de quitter la ville vient annoncer qu'on doit faire une fortie, & attaquer les troupes du roi; le fignal eft trois coups de canon qu'on entend tout de fuite. Henri IV, pour prévenir cette fortie, commande l'affaut, & au moment où l'on va le donner, on ouvre les portes de Paris. Briffac, accompagné du prévôt des marchands, de tous les principaux officiers & du peuple, vient offrir au roi les clefs de la ville, & demander grace: elle leur est accordée avec les plus grandes marques de bonté & de clémence. La pompe guerriere, le fpectacle des habitans de Paris, les traits héroïques raffemblés dans ce cadre, les noms de Henri de Crillon, de Briffac, de Nevers, &c., &c.,. n'ont pas peu contribué à foutenir cette piece.

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Le 13 de ce mois, l'académie royale de mufique a repréfenté, pour la premiere fois, le Seigneur bienfaifant, compofé de trois actes, intitulés: le Preffoir, l'Incendie, & le Bal. Quoique chacun de ces actes ait fon dénouement, & qu'en ce fens ils puiffent être confidérés comme ifolés, ils tiennent à une action principale. Le feigneur du village de Merfans en Béarn marie fa fille. Attentif au bonheur de fes vaffaux, il veut profiter de cette circonftance pour réunir l'un d'eux avec fon fils, qui s'eft marié fans fon con-fentement, & qui l'a quitté pour demeurer avec: la mere de fa femme, qui avoit befoin de leur fecours. Le jour de la nôce de la fille du feigneur eft celui de l'ouverture du preffoir banal. Ce feigneur y arrive au moment où le travail commence. Il eft accompagné de fa fille, de fon gendre & de Julien, qu'il s'agit de réunir à fom fils. Colin arrive au moment convenu probablement avec le feigneur; il tient fon fils, âgé de 3 ou 4 ans, fe jette aux pieds de fon pere. Le bonhomme Julien attendrife faifit de fon per C

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tit-fils; il demande la mere; elle paroît, & tour eft pardonné. Les villageois cedent aux tranfports de leur joie, & dansent. Pendant cette fête, un orage fe forme; la foudre gronde par intervalles; & à chaque coup de tonnerre, les villageois effrayés reftent dans l'attitude où ils fe trouvent; enfin, la crainte les chaffe; ils fortent pour regagner leur village. L'orage s'accroît, & fert de tranfition au fecond acte. Alors la fcene change, & repréfente le village. La maifon de Julien, couverte de chaume, eft ifolée; les autres habitations font fur une colline. Les vil lageois, que l'on a vu quitter la danse, regagnent leurs demeures avec précipitation; Julien rentre. dans la fienne avec fon fils, fa bru & fon petitfils. Un torrent qui defcend de la hauteur, en vironne cette chaumiere; une partie des villageois fe préfente pour fecourir Julien; le torrent en défend l'entrée; ils paffent un pont pour tenter l'accès par un autre côté; ils difparoiffent ; Porage augmente toujours; la foudre éclate enfin, & tombe fur la chaumiere de Julien; le chaume s'embrafe: la bru tenant fon enfant paroît fur le toît enflammé; elle veut fe jetter du haut du toit; Julien, qui la fuit, l'arrête, & lui montre le torrent; elle demande à cris redoublés qui fauvera fon fils? Le mur s'écroule; elle refte comme fufpendue fur des folives prefqu'entierement ifolées. Colin, qui a trouvé le moyen de fortir par le côté du mur écroulé, monte fur ces débris, & reçoit dans fes bras fa femme & fon fils. Il veut enfuite courir vers fon pere 9 lequel eft ramené par ceux des habitans qui ont volé à fon fecours. Les villageois, qui ne voicnt dens ce moment de défaftre que le bonheur d'avoir fauvé Julien & fes enfans, fe réjouiffent. Au milieu de cette joie commune, le feigneur arriwe avec fa fuite; il raffure Julien fur fes pertes,

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&veur que tous participent à la fête du château. Le troifieme acte eft le bal; la décoration repréfente une falle ornée de luftres. La fille du feigneur fait interrompre la danfe, fur la nouvelle qu'elle a reçue du défaftre arrivé dans le hameau. Les villageois paroiffent, conduits par leur feigneur. Sa fille fait donner à Julien & à fa famille les préfens deftinés pour tous les villageois; elle y joint fa bourfe, en leur obfervant qu'elle hui a été donnée pour fatisfaire fes premiers defirs. Cet afte eft confacré prefqu'en entier aux dan. fes, aux pantomimes & aux chants des coriphées. & des choeurs. Il eft terminé par un festin, quel font admis Julien & fa famille; on chante une ronde, dont le refrein eft répété par le choeur, & la piece finit par un ballet général. qui réunit les feigneurs, leur fuite & les vaffaux. Ce poëme eft de M. Rochon de Chabannes; il préfente des détails très agréables & des fituations touchantes. L'auteur vient de faire dans le 3e. acte quelques légers changemens que le public avoit paru indiquer. Comme cet acte n'étoit, à proprement parler, qu'un ballet, il n'a pas voulu pour la feconde repréfentation, lui laiffer le nom d'Ade: il y a fubftitué celui de Féte au cháteau, qui femble plus convenable. La mufique eft de M. Floquet. Ce jeune compo fiteur donne depuis longtems les plus grandes efpérance. Son chant eft facile; mais on a regretté de n'en pas trouver autant que le sujet paroît le comporter.

Le lendemain, on a joué, pour la premiere fois, fur le théâtre françois, Clémentine & Déformes, drame en 5 actes en profe, par M. Monvel, comédien du roi. Le malheureux Déformes, abandonné de fon pere depuis II ans, eft intendant chez celui de Clémentine, fon amante. La voyant prête à paffer dans les bras d'un autre, il fuit de

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