l'emplacement de l'ancienne église de Ste. ApolTinaire: ils y auront la liberté de se promener dans un préau, & d'y traiter de leurs affaires avec les perfonnes qui pourront venir les y trouver. Cet édit bienfaifant contient plufieurs autres articles dictés également par l'humanité du législateur.

LIVOURNE ( le 3 Décembre. ) Tous les avis de la côte d'Afrique confirment que le roi de Maroc perfifte dans le projet d'affermer à des négocians juifs, non-feulement le port de Salé, mais encore tous ceux qui font au nord de fes états. Les repréfentations que les confuls de toutes les nations ont faites fur un procédé auffi arbitraire, ont été infructueufes, & n'ont opéré jufqu'à préfent aucun changement fur l'efprit du monarque africain.

TURIN( le 2 Décembre.) Le 27 du mois dernier, le roi déclara la promotion fuivante: - deux capitaines généraux, le duc d'Aofte, & le duc de Montferrat; deux généraux pour les départemens de Savoie & de Montferrat, le duc de Génevois & le comte de Maurienne, colonel du régiment de Tarantaife, qu'on hommera dorénavant de Maurienne; 5 géné aux d'infanterie ( le chevalier Robio, l'un d'eux, n'a pas joui longtems de fa nouvelle dignité, il eft mort le 18 Novembre); 3 de cavalerie; 5 hieutenans-généraux de cavalerie, & 5 d'infanterie; 2 majors-généraux de cavalerie, & 13 d'infanterie.

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Le Sr. Antoine-Marie Stagnon, graveur des fceaux du roi, vient de publier un recueil gé néral des habillemens des femmes des états de S. M., en 43 feuilles in-folio, dédié à la priaceffe de Piémont. L'auteur a eu l'honneur de

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le préfenter à toute la famille royale. Ce même graveur va faire paroître inceffamment d'autres eftampes gravées dans un nouveau genre, imitant les deffins les plus finis.

ESPAGNE.

MADRID (le 29 Novembre. ) La gazette de la cour ne donne aucune nouvelle de Cadix, & ce n'eft que par des lettres particulieres que l'on reçoit quelques détails affez incertains de ce qui fe paffe dans ce port.

Avant le départ de l'efcadre françoise, une division de vaiffeaux de cette nation, aux ordres du commandeur de Suffren, qui commandoit le Zélé, étoit allée au-devant d'un convoi anglois, qui avoit été vu dans nos mers; mais cette divifion ne l'a pas rencontré, foit qu'il ait pris le large, foit qu'il ait joint à Lisbonne le convoi de Terre-Neuve, qui y eft encore mouillé.

Les vaiffeaux & navires que le coup de vent du fer. de ce mois avoit empêchés de rentrer à Cadix, étoient reftés à Rota, d'où ils ont rejoint enfuite l'efcadre françoife, lorfqu'elle a appareillé le 7. Il paroît certain que 8 vaiffeaux de ligne efpagnols font incorporés à l'efcadre françoife, qui fe trouve ainfi forte de 45 vaiffeaux : on croit auffi que Don Louis de Cordova, ayant tranfporté fon pavillon à bord d'un autre vaiffeau que la Ste. Trinité, aura mis à la voile pour aller joindre l'efcadre françoife.

Divers avis ne permettent plus de douter que l'efcadre angloife, compofée de 26 vaiffeaux de ligne, & non de 34, comme on l'avoit dit, ne foit ftationnée à la hauteur du cap de Finiftere; quel que foit fon objet, il paroît impoffible qu'elle ne foit pas rencontrée par le comte d'Eftaing, à moins qu'elle ne prenne le large à fon

approche, pour revenir enfuite prendre à Lisbonne le convoi anglois qui y eft retenu, & jetter enfin de nouveaux fecours dans Gibraltar.

On ne feroit donc pas étonné qu'après avoir conduit jufques dans le golfe de Gascogne le convoi deftiné pour les ports de France, le comte d'Estaing revînt avec la plus grande partie de fon efcadre, fe réunir à Don Louis de Cordova, & empêcher les amiraux anglois de remplir le double objet qu'ils paroillent avoir en vue. Ces conjectures prennent de nouvelles forces, quand on penfe que 8 vaiffeaux efpagnols, aux ordres de Don Vincent Doz, réunis à l'efcadre françoise, ont affoibli d'autant celle de Don Louis de Cordova. Il paroit d'ailleurs important de ne pas perdre de vue les nombreux bâtimens anglois retirés dans le Tage, & qui peuvent faifir d'un moment à l'autre l'occafion de ravitailler Gibraltar. Enfin, tant que l'efcadre angloife fera fur nos côtes, on croit qu'il eft eflentiel de ne pas les dégarnir. D'après toutes ces confidérations, les nouvelles de mer font attendues avcc la plus vive impatience ; & l'on ne doute pas que le plan du cabinet ne fe plie aux circonftances, pour faire avorter les deffeins apparens de Pennemi.

Le vaiffeau le Guerrier, commandé par M. du Pavillon, & la frégate la Courageuse, qui étoient reftés à Cadix, pour fe réparer, en ont fait voile le 10 Novembre, afin de joindre l'armée navale françoise, qui, depuis fon départ, a cu le vent favorable.

La frégate la Ste. Madelaine, l'unique vaiffeau qui manquoit de l'efcadre aux ordres du brigadier de l'armée navale Don François de Vera, & qu'on préfumoit avoir pris la route des ifles de Maïorque ou d'Ivica, pour s'y refugier, eft entrée effectivement dans le port de Palma,

avec perte de fon petit mât de. perroquet, de celui de milaine, & ayant effuyé d'autres ava ries dans le combat du 20 Octobre dernier. Elle avoit été féparée de fes conferves par le coup de vent furieux furvenu au moment où elle pours fuivoit un des vaiffeaux ennemis qui fuyoit à toutes voiles, & qu'elle abandonna, de peur de fe perdre fur la côte d'Afrique, à la proximité de laquelle elle fe trouvoit. Cette frégate a eu un homme tué & 5 bleflés en combattant contre les Maures.

La gazette de la cour a publi la lettre fuivante, datée de la Havane, le 6 Septembre.

« Nous apprenons que le préfident de Guati mala ayant eu avis que les Anglois étoient en→ trés dans la riviere de Saint-Juan, & s'étoient emparés du petit fort de ce rom, dans le deffein fans doute de paffer le grand lac de Nicaraga, il avoit pris les mefures les plus effica+ ces pour les en empêcher, mettant des chaînes à l'entrée ou à la communication de la riviere avec ce lac, établiffent des batteries fur Pun & Pautre bord, & tenant tout prêt un corps confidérable de troupes & de milices, pour incom moder l'ennemi, tant du côté de terre que fur la riviere, au moyen de pirogues & d'autres bâtimens, en cas qu'il fe déterminât à forcer l'entrée. Nous fçavons auffi qu'en vertu des ordres donnés antérieurement par la cour, & des me, fures prifes par le vice-roi de Santa-Fé, il fe trouvoit dans le voisinage de Saint-Juan une efcadre compofée de beaucoup de bâtimens de guerre, & d'autres armés par des particuliers, destinés à empêcher l'ennen i de fortir par l'em bouchure de cette riviere, ou d'y faire entrer des renforts, de forte qu'au moyen des difpofitions faites de notre part, & du ravage que les maladies ont occafionné parmi les troupes an

gloifes, on peut efpérer avec fondement qu'il ne s'en retournera pas un feul de tous les foldats anglois qui ont mis le pied dans ce pays, où, pour l'objet qu'on a déjà vu, la nation angloife avoit, au mépris des traités, commencé des hoftilités bien avant la guerre (*) ».

MALAGA (le 10 Novembre.) Le Port Mahon, chebec mahonois, du port de plus de 2 mille quintaux, vient de mouiller ici, après avoir été pris par le chebec le Rofario, & par celui de Mélille. Il conduifoit à Gibraltar du vin, du fromage, de l'huile, des anchois, des olives, du fucre, des liqueurs, des noix, du fuif, du favon, du bois de chauffage, des cuirs & des toiles.

Indépendamment de ce chebec pris dans les Chafarinas, & conduit ici, on apprend de Mé̟lille qu'un autre bâtiment s'eft échoué fur la côte voisine de cette place; que le gouverneur a aufsi-tôt dépêché quelqu'un pour fçavoir de quelle nation il étoit, & qu'on a fçu de fon patron, Jofeph Pons, qu'il étoit Mahonois, char gé de vivres pour Gibraltar, & qu'il avoit été pris par fix barques maures de cette côte d'Afrique, qui conduifoient en conféquence à Mé quinez les prifonniers qu'elles avoient faits.

ALGESIRAS (le 23 Novembre. ) Le Defuif,

(*) Voyez le manifefte publié par l'Espagne lors de la rupture avec l'Angleterre, dans tout le paragraphe Ier, & particulierement ce qui eft dit fur ce qu'au détachement anglois, foutenu par un parti de fauvages,a ataqué, en pleine paix, divers Efpagnols, qui, étant venus pour s'établir fur la riviere Saint-Juan, côte des Mofquites, où ils conftruifirent quelques maifons, & n'étant point du tout fur leurs gardes, furent infultés, & éprodverent toutes fortes de violences.