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contre moi, ne veut pas dire: Je suis innocent des crimes. Cela veut dire seulement: Ces crimes, je ne me les repro

che pas.

C'est que, grâce au milieu dans lequel ils sont élevés ; c'est que, grâce à ce sacre de la légitimité, à cette infaillibilité du droit divin, les rois ne voient pas les crimes, et surtout les crimes politiques, au même point de vue que les autres hommes.

Ainsi, pour Louis XI, la révolte contre son père n'était point un crime; ainsi la guerre impie s'appela-t-elle : la guerre du bien public.

Ainsi, pour Charles IX, la Saint-Barthélemy ne fut pas un crime ce fut une mesure conseillée par le salut ņublic.

Ainsi, aux yeux de Louis XIV, la révocation de l'édit de Nantes ne fut point un crime : ce fut une raison d'È

tat.

Par exemple, ce même Malesherbes qui, à cette heure, venait soutenir et consoler son roi s'acheminant vers l'échafaud, Malesherbes, du temps qu'il était ministre, avait fait tout ce qu'il avait pu pour réhabiliter les protestants.

Eh bien, il avait trouvé dans Louis XVI une profonde répugnance à rapporter ce terrible édit de Nantes, qui avait ensanglanté les dernières années du règne de Louis XIV et ruiné la France.

Non, disait obstinément le roi, non, c'est une loi de l'Etat, une loi de Louis XIV; ne déplaçons pas les bornes

anciennes. Défions-nous des conseils d'une aveugle philanthropie.

- Mais, sire, répondait Malesherbes, ce que Louis XIV jugeait utile à la fin du XVIIe siècle, peut être devenu, nuisible à la fin du xvII. D'ailleurs, sire, ajoutait Malesherbes avec la logique de l'humanité, la politique ne prescrit jamais contre la justice.

Mais, répondit le roi, où est donc l'atteinte portée à la justice? la révocation de l'édit de Nantes, n'était-ce pas le salut de l'État?

Puis encore, et c'est Michelet, ce grand philosophe, qui le premier voit cela et nous le montre, c'est qu'un roi est étranger à son peuple; il le gouverne, mais ne se fond avec lui, ni par ses relations ni par ses alliances; entre son peuple et lui, le roi a ses ministres; non-seulement le peuple n'est pas digne d'être son parent, n'est pas digne d'être son allié, mais encore n'est presque pas digne d'être gouverné directement par lui.

Tandis qu'il en est tout autre chose des souverains étrangers. Bourbons de Naples, Bourbons d'Espagne, Bourbons d'Italie sortaient de la même souche, et étaient cousins; l'empereur d'Autriche était beau-frère; les princes de Savoie étaient alliés. Or, le peuple voulait imposer à son roi des conditions qu'il ne voulait pas suivre; à qui Louis XVI demandait-il secours contre ses sujets révoltés? A ses cousins, à ses beaux-frères, à ses alliés; pour lui, les Espagnols et les Autrichiens, ce n'étaient pas les ennemis de la France; c'étaient des soldats de parents bien

aimés, qui venaient défendre la cause sainte, la cause nattaquable de la royauté.

Voilà comme Louis XVI ne se reprochait pas les crimes que l'on avançait contre lui.

Au reste, ce fut au même point de vue et au nom de sa toute-puissance, qui, plus probablement encore que la puissance royale, émane de Dieu, que le peuple fit le 14 juillet, les 5 et 6 octobre, le 20 juin et le 10 août.

Dans ce moment, il faut le dire, le procès est jugé en faveur du peuple contre la royauté.

XLIX

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Le 26 décembre. Attentions de Cléry pour la reine. La cleí du valet de chambre Cléry. Incident.

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Louis XVI entre à Défense de Desèze. Belle défense à faire, man

Le

quée. - Paroles éloquentes de l'avocat. Sa préoraison. roi prend la parole. Notes et clefs présentées par le président au roi. Le roi se retire dans la salle des conférences.

-

multe dans l'Assemblée.

semblée.

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- Tu

Mouve

ment oratoire de Lanjuinais. Couthon. Hésitation de l'AsHorace et Curiace. - Compétence de la Convention. La Montagne et la Gironde. Robespierre et Vergniaud.

La journée du 26 arriva donc, trouvant le roi préparé à tout, même à la mort.

Dès le matin, Cléry avait fait prévenir la reine de tout ce qui devait se passer, afin que le bruit du tambour et le mouvement des troupes ne l'effrayassent point comme la première fois. Le roi partit à dix heures du matin, sous la surveillance de Santerre, de Chambon et de Chaumette.

Arrivé au tribunal, Louis attendit une heure qu'il lui fût permis d'entrer; la royauté était descendue si bas, qu'elle faisait antichambre une heure chez la nation.

Il est vrai que la nation avait fait pendant neuf cents ans antichambre chez la royauté.

Ce qui retardait l'entrée du roi, c'était une discussion à propos du roi; un membre de la Convention venait d'annoncer à l'Assemblée qu'une clef remise, le 12 août, à Cléry, son valet de chambre, et dont l'accusé avait nié avoir connaissance, était cependant celle qui ouvrait l'armoire de fer des Tuileries.

Cette clef, que Louis ne reconnaissait pas, probablement l'avait-il forgée lui-même?

Quatre autres clefs moins importantes, mais fermant cependant des tiroirs où l'on avait trouvé différentes pièces cotées au procès, étaient jointes à celle-là.

La discussion terminée, le président annonça à l'Assemblée que Louis et ses défenseurs étaient prêts à paraître à la barre,

Louis entra, accompagné de Malesherbes, de Tronchet, de Desèze, de Chambon et de Santerre.

Après le tumulte inséparable d'une pareille apparition, un profond silence s'établit dans l'Assemblée.

- Louis, dit le président, la Convention a décidé que vous seriez définitivement entendu aujourd'hui.

Mon conseil va vous lire ma défense, répondit Louis. Et M. Desèze prit la parole.

Le discours de l'avocat fut un véritable discours d'a

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vocat: ergoteur quand il eût dû être entraînant, logique quand il eût dû être poétique.

Un trône ne se défend pas comme un mur mitoyen, avec des titres, des pièces, des certificats d'arpenteur. Il se défend par de grands appels aux grands sentiments; il se défend par la foi, par l'enthousiasme, par la religion. Certes la royauté n'est pas une déesse, mais c'est une idole, et certains peuples se font écraser par le char qui traîne leur idole.

C'était cependant une belle cause à défendre que celle de ce roi amené à répondre devant son peuple, non-seulement de ses crimes à lui, mais de tous ceux de sa race, des prodigalités de Louis XV, des faiblesses de Louis XIV, des hésitations de Louis XIII; il y avait un beau cortège d'ancêtres à lui faire, à ce roi traîné à la barre nationale, et ses vrais défenseurs étaient Henri IV et saint Louis.

Certes, dans une pareille défense, l'histoire eût été faussée plus d'une fois, plus d'une fois le sophisme eût pris le place du raisonnement; mais quels étaient, à cette époquelà, les hommes assez forts en philosophie historique pour nier ou démentir?

En somme, Desèze s'adressa aux esprits, il fallait attaquer les cœurs; son seul élan un peu élevé, sa seule aspiration supérieure fut celle-ci :

Je cherche parmi vous des juges et ne trouve que des accusateurs.

» Vous voulez prononcer sur le sort de Louis, continua Desèze, et c'est vous qui l'accusez.

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