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prouve que Laporte était brave, et non que Louis XVI fût compatissant.

XIV

M. de Montmorin prévenu de la fuite du roi. — Tout Paris apprend la nouvelle. — • Le roi est parti.

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414 Je suis une honnête fille. » L'assignat de dix francs. Mot de Fréron. M. Romeuf. La fuite convertie en

Trois coups de canon.

enlèvement.

L'Assemblée.

cent mille gardes nationaux.

L'adresse au peuple. - Quatre Proclamation des vérités politi

ques. L'aide de camp arrêté et relâché aussitôt.

Nous avons dit quelles personnes avaient été prévenues à Paris du départ du roi.

Dès la matinée du 21, M. d'André prévient M. de Montmorin, qui voit arriver en même temps Laporte, l'intendant de la liste civile, porteur d'une lettre pour lui, et de la protestation de la garde nationale.

Vers neuf heures, la Fayette apprit la nouvelle, avec tout Paris, au reste.

A sept heures du matin, les personnes de la domesticité, en entrant chez le roi et chez la reine, trouvèrent les appartements vides et les lits intacts. A leurs cris d'étonnement, la garde du palais accourut, et, du dedans, la nouvelle bondit au dehors.

En moins d'une heure, pareille à un nuage de tempête, elle s'était étendue vers tous les points de la France, et assombrissait Paris.

Chacun s'abordait avec ces mots sinistres, du Carrousel aux barrières :

Vous savez? Le roi est parti!

Et alors, les imprécations tombaient sur la Fayette, qui

avait la garde du château.

Les moins malveillants l'accusaient de stupidité; le plus grand nombre, de trahison.

Bientôt le peuple se porta en tumulte aux Tuileries et força les portes des appartements.

Il est vrai que les gardes, tout étourdis de l'événement, ne firent aucune résistance.

Comme nous l'avons vu deux fois depuis, le peuple se vengeait des personnes vivantes sur les objets inanimés. On décrocha un portrait du roi et on le mit en vente à la porte du château.

Une fruitière s'établit dans le lit de la reine et y vendit des cerises.

On voulut coiffer une jeune fille avec un bonnet de Marie-Antoinette; mais elle le foula aux pieds en disant : Je suis une honnête fille.

Puis on entra dans les appartements du dauphin, et on les respecta comme, depuis, on respecta ceux du duc d'Orléans.

Quelque chose de pareil se passait dans tout Paris.

Ces hommes qui ne viennent à la surface de la société que dans les jours terribles, reparaissaient la pique à la main et coiffés du bonnet de laine, qui devint depuis le bonnet rouge.

Santerre, le fameux brasseur du faubourg Saint-Antoine dont on n'avait pas entendu parler depuis les émeutes de juillet, enrôla à lui seul deux mille piques.

On arrachait des boutiques des marchands les portraits du roi, et on les déchirait.

En Grève, on brisait son buste.

Le club des Cordeliers demandait que le nom de roi fût à jamais supprimé, et que l'on proclamât la République.

On affichait sur les murs des Tuileries des placards où l'on promettait un assignat de dix francs en récompense à ceux qui ramèneraient des animaux immondes sortis de leur écurie pendant la nuit.

Enfin, Fréron faisait vendre dans les groupes sa feuille, où l'on disait :

«Il est parti, ce roi imbécile, ce roi parjure! Elle est partie, cette reine scélérate qui réunit la lubricité de Messaline à la soif de sang des Médicis ! »

Et le peuple répétait ces paroles; et l'on respirait avec l'air des atomes de colère, de haine et de mépris.

A dix heures, trois coups de canon proclamèrent officiellement la fuite du roi.

A l'annonce de cette nouvelle, la Fayette comprend que la royauté est à jamais perdue en France, si on laisse au roi la responsabilité tout entière de sa fuite.

Le roi n'aura pas fui, il aura été enlevé par les ennemis du bien public.

C'est ainsi que l'événement sera présenté à l'Assemblée.
En attendant, il faut avoir l'air de poursuivre le roi.
Il appelle M. Romeuf, son aide de camp.

-

Le roi, lui dit-il, est parti par la route de Valenciennes probablement. Courez sur cette route! Il est trop

loin maintenant pour que vous puissiez le rejoindre; mais il faut que nous ayons l'air de faire quelque chose.

L'ordre remis à M. Romeuf, était conçu en ces termes :

M. Romeuf, mon aide de camp, est chargé d'apprendre partout sur sa route que les ennemis de la patrie ont emmené le roi, et d'ordonner à tous les amis du bien public de mettre obstacle à son passage. Je prends sur moi la responsabilité de cet avis.»

Ces mesures étaient prises par la Fayette en présence de l'inséparable Bailly et du vicomte Alexandre de Beauharnais.

Puis on se rend à l'Assemblée.

L'Assemblée est alors officiellement instruite que les ennemis du bien public ont enlevé le roi.

Pendant ce temps, la Fayette, qui comprend que le reste de sa popularité lui échappe, au lieu d'essayer de fuir le danger, va au-devant de lui: il se jette au milieu de ce peuple furieux, et, au milieu de ses cris, de ses menaces, de ses imprécations, il gagne l'Assemblée sans qu'un seul homme ait osé porté la main sur lui.

Ce qu'il y a de plus prudent en France, c'est le courage. Là l'attendait un autre orage.

A sa vue, un député se lève et l'accuse.

Mais Barnave, l'ennemi personnel de la Fayette, l'interrompt.

• L'objet qui doit nous occuper, s'écrie-t-il, est de rattacher la confiance du peuple à qui elle appartient. Il nous faut une force centrale, un seul bras pour agir puisque nous n'avons qu'une tête pour penser. M. de la Fayette,

depuis le commencement de la Révolution, a montré les vues et la conduite d'un bon citoyen. li importe qu'il conserve son crédit sur la nation : il faut de la force à Paris, mais il y faut de la tranquillité. Cette force, ajoute-t-il en se tournant vers la Fayatte, c'est vous qui devez la diriger. »

La Fayette conserve donc son grade de commandant général de la garde nationale, tandis que l'Assemblée retire à elle tous les pouvoirs, s'empare de la dictature et se déclare en permanence.

C'est dans ce moment qu'on apporte à l'Assemblée la lettre du roi laissée aux mains de M. de Laporte.

Le président la prend des mains du messager, et la lit tout haut au milieu du plus morne silence.

Puis l'Assemblée ordonne l'impression de cette pièce et y répond par l'adresse suivante :

a L'ASSEMBLÉE NATIONALE AUX FRANÇAIS.

» Un grand attentat vient de se commettre; l'Assemblée nationale touchait au terme de ses longs travaux, la Constitution était finie, les orages de la Révolution allaient cesser; et les ennemis du bien public ont voulu, par un seul forfait, immoler la nation entière à leur vengeance. Le roi et la famille royale ont été enlevés dans la nuit du 20 au 21 de ce mois.

» Vos représentants triompheront de cet obstacle; ils mesurent l'étendue des devoirs qui leur sont imposés. La liberté publique sera maintenue, les conspirateurs et les esclaves apprendront à connaître l'intrépidité des fonda

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