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PRÉFACE

Il y a quatre ans que j'ai commencé ce recueil maintenant terminé. Je ne savais pas qu'il serait si considérable, je ne prévoyais pas qu'il dût être si complet et qu'il contiendrait mon dernier article dans le dernier numéro de l'Univers. J'avais imaginé que ma vie, intimement liée à cette œuvre, s'achèverait en y travaillant et que l'œuvre me survivrait. Il y a déjà un an que l'œuvre n'est plus qu'un souvenir. A la vérité, mes collaborateurs et moi nous avons toujours eu comme un pressentiment que notre pauvre Univers périrait de mort violente; mais, tout en disant cela, nous nous promettions pour lui de longues destinées. Aujourd'hui, en le regrettant, nous trouvons que le plus beau de sa destinée a été sa mort; j'éprouve ce que je n'aurais pas cru possible, une certaine joie de l'avoir enseveli. Durable honneur de ce journal si

bruyamment et si cruellement contesté tant qu'il a vécu! Les choses étant devenues ce qu'elles sont, le journal devait périr.

par

Comme on le verra plus loin par les deux préfaces de la première série de ces Mélanges, j'ai conçu la pensée de remettre au jour mes articles publiés dans l'Univers, pour servir de témoins au journal et à moi-même contre les allégations passionnées de plusieurs adversaires catholiques, qui nous accusaient de compromettre de deux manières la cause de l'Église : la première, en lui attirant par le despotisme de nos doctrines des ennemis que la dureté de notre langage rendait implacables; la seconde, en l'engageant contre la liberté le soin que nous prenions de l'identifier avec une cause politique purement humaine. Il me sembla que mes articles réfuteraient incontestablement cette double accusation, doublement injuste. Avant que j'eusse achevé de donner mes preuves, l'Univers était supprimé par le gouvernement envers qui l'on prétendait qu'il se montrait complaisant et servile jusqu'à la trahison. Et depuis que l'Univers est supprimé, la polémique ou plutôt l'invective révolutionnaire contre l'Église a pris un caractère peut-être inouï de véhémence et d'iniquité. Les écrivains

d'ailleurs si misérables à qui l'on a laissé cet emploi, ne peuvent se surpasser eux-mêmes qu'en abandonnant la plume pour prendre résolument d'autres armes. Le seul progrès d'une telle manière d'écrire, c'est de lapider.

Dans les rangs où l'on nous donnait, la plupart du temps fort immodérément, des conseils de modération, il y avait des philosophes et des chrétiens, et aussi un tiers parti de chrétiens philosophes dont il a été toujours fort difficile de dire s'ils étaient plus philosophes ou plus chrétiens. Là, du côté des philosophes et des académistes, un grand silence s'est fait. Parmi ces hommes que l'on disait prêts à embrasser le christianisme si nous pouvions cesser de les épouvanter, à peine un seul s'est levé pour défendre l'Église attaquée avec tant de fureur. Ceux du tiers parti, non moins réservés, ont paru décidément plus philosophes que chrétiens. Les vrais chrétiens se sont honorés par quelques efforts trop souvent encore affadis. des superstitions de l'Esprit moderne. Ou ils ont été dédaignés, ou ils ont vu s'animer contre eux, plus furieuse que contre nous-mêmes, meute qu'ils nous reprochaient d'irriter. Mon très-cher collaborateur, M. Eugène Veuillot, en a signalé un notable exemple dans le curieux

la

écrit qui termine ce volume. Rien ne nous justifie mieux, sous tous les rapports, que le langage et l'aventure de l'illustre adversaire qui avait le plus expressément condamné nos polémiques. Nous avions maintes fois annoncé ce résultat. Si la ligne franche de l'Univers n'était pas tenue, disions-nous, ses adversaires catholiques, sous peine de forfaire, seraient contraints de parler comme lui; et nous qui déserterions le poste, à notre tour nous aurions les honneurs de la charité et les responsabilités du silence. C'est à l'abri du zèle de quelquesuns que d'autres récoltent les bénéfices de la modération. Pour le cas où ce mécompte aurait pu déconcerter un peu ceux qui nous ont succédé à l'avant-garde, nous leur offrons les brèves mais solides considérations qui nous reconfortèrent souvent nous-mêmes et contre eux et contre d'autres. C'est le métier des chrétiens d'exciter la fureur des non-chrétiens; ils ne peuvent autrement faire. Que cette fureur atteigne aux derniers excès, nous ne serons jamais plus insultés qu'aucun de ceux qui dans ce monde ont pris en eux-mêmes la résolution de lutter contre l'erreur. Nous ne serons jamais aussi insultés et diffamés que l'Eglise. On ne trouvera rien qui surpasse les outrages aux

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