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L'ALLOCUTION DU SAINT-PÈRE

ET LA LETTRE IMPÉRIALE.

20 JANVIER

La réponse négative du Saint-Père aux conseils de l'empereur Napoléon, qui l'engageait à céder les provinces rebelles, nous semble la meilleure espérance de paix qui ait été donnée au monde depuis les belles et trop rapides illusions de Villafranca.

A travers leurs empressements exagérés et détestables pour les conclusions de la fameuse brochure, les journalistes embrigadés eux-mêmes avaient dit que cette brochure ne formulait qu'une opinion, et non pas une résolution. Les esprits sérieux le savaient d'avance. Il n'y a les hommes d'État de l'école des Mazzini et des Garique baldi qui prennent ces belles résolutions de mettre le feu au monde, pour en améliorer les affaires à leur guise. Dans d'autres positions et avec une autre intelligence, on y regarde à deux fois. Le plan de supprimer le temporel de la Papauté, pour procurer le bonheur de l'Italie et assurer la paix du monde, a été salué par les journaux révolutionnaires avec une complaisance d'inventeurs. M. About s'est offert pour le signer de son sang. Mais dans les régions où l'on raisonne, ce plan, sans perdre le caractère qui le rend recommandable aux journaux révolutionnai

res, a aussi paru frivole. Là-dessus, de toutes parts, les chrétiens les moins zélés ont eu des objections et même des émotions toutes semblables à celles des fidèles et des prêtres; de vieux politiques, d'anciens ministres du roi constitutionnel, ont parlé comme les Évêques: aucun fonctionnaire en exercice ne s'est laissé entraîner par MM. Limayrac et Grandguillot. On a même vu la loyauté militaire protester assez directement contre des idées qui ne sont rien moins que françaises; et M. le général de Goyon, offrant ses vœux à Pie IX, Pontife et Roi, a parlé comme s'il n'avait jamais lu le Constitutionnel ni la Patrie. Il y a autre chose dans le monde que M. Havin et M. About! La célèbre brochure n'exprimait donc qu'une opinion, et ceux mêmes qui la craignaient le plus s'attendaient, qu'on nous passe l'expression, a un rabais considérable sur ses conclusions, d'ailleurs si faiblement motivées.

Quel que soit l'auteur de cet épouvantail, et quelles qu'aient été ses intentions ou ses instructions, choses difficiles à démêler dans le mystère qui l'entoure, la lettre impériale du 31 décembre a bien fait voir qu'il n'avait pas livré le dernier mot de la politique. Cette lettre, où sont exprimées des vues si capables d'émouvoir douloureusement les cœurs catholiques, reste cependant bien en deçà des conclusions radicales de la brochure, et n'est encore elle-même qu'un conseil respectueux, et non un ultimatum. L'Empereur se borne à dire qu'il croit que le Saint-Père aurait pu tout arranger en constituant les Romagnes sous un gouvernement séparé, qui serait resté tributaire de l'Église.

Le Saint-Père n'acceptant pas cette opinion, par motif de conscience, dans la conviction que la foi catholique est

intéressée à la conservation intégrale des États de l'Église, il nous semble que la question est résolue. Devant un droit de cette nature, et devant une telle résolution de le maintenir, il paraît hors de doute qu'une simple opinion, qui ne pourrait plus prévaloir que par la force, doit être abandonnée.

Faire la guerre au Saint-Père pour lui ravir ses provinces et les constituer en état de rébellion définitive, ou les donner à un autre maître, est certainement impossible. L'empêcher de se défendre, l'est également. Le livrer à la Révolution dans sa propre capitale, sans lui donner le temps d'appeler un autre secours, est une extrémité du même genre, qui ne peut même être examinée dans les conseils du souverain de la généreuse et catholique France. Que faire done? Reconnaître le fait accompli de l'existence du gouvernement temporel, tel que les siècles l'ont constitué.

Le premier meurtrier, entendant Dieu lui demander ce qu'il avait fait de son frère, lui jetait cette réponse: Me l'avez-vous donné en garde? Et cette réponse ne le mit pas à l'abri de la malédiction... Quelle est la nation catholique qui voudra s'exposer à ce que Dieu lui demande : Qu'as-tu fait de ton père? Et quelle nation moins que la France aurait droit de faire la réponse de Caïn: Me l'avezvous donné à garder?

On a cru qu'on pourrait, sans grave inconvénient, arracher une pierre du temple pour bâtir un autre édifice, et que le gardien même du temple y consentirait. Du moment qu'il refuse, il n'y a plus rien à faire, et la question, réduite à ce terme, se pose ainsi devant l'Europe: Ou Pie IX, ou Garibaldi.

Qui peut douter du choix de la France?

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Il vient de paraître une brochure pour appuyer les conclusions de la Brochure. C'est la seconde de ce genre (à notre connaissance) sur une centaine d'autres qui ont paru depuis un mois. Elle fait la paire avec un écrit signé un Romain, qui demande que Rome même ne soit pas laissée au Pape, parce que si le Pape est souverain de Rome, cette illustre cité ne sera jamais, quoi qu'on fasse, une ville civilisée, c'est-à-dire pourvue en suffisance des lieux où l'enfant d'une société libre et civilisée peut trouver les satisfactions de son esprit et de son cœur. Ce Romain est fort sérieux, et il atteste, suivant l'usage, qu'il est bon catholique. Il aime, il honore, il vénère la religion; seulement il voudrait la pratiquer dans un phalanstère, et il voit la civilisation sous la figure d'un café chantant, avec tous les établissements et séminaires qui en dépendent. Tel doit être, selon lui, le prix des victoires de Magenta et de Solferino. Jusqu'à cette conquête, le noble sang de la France aura été inutilement répandu, et l'on n'aura pas résolu la véritable question romaine.

La seconde brochure, celle que nous avons en ce moment sous les yeux, n'entre pas dans ces détails et ne formule pas ces vœux; mais elle se distingue par un autre côté. Elle est l'œuvre d'un prêtre, qui l'a signée.

Il commence par de courtes considérations politiques, historiques et morales, qui seraient sans doute plus longues si le Siècle, l'Opinion nationale, la Patrie, le Journal des Débats, la Brochure et M. About lui avaient laissé quelque chose à dire; néanmoins ses propres sentiments pour la Cour romaine et pour le sacerdoce percent assez. Ensuite, ce prêtre propose une solution «<extrêmement simple, » dit-il. On voit pourtant qu'il sent en lui-même que le génie de Colomb n'est pas de trop pour trouver ces simplicités-là. Voici ce que

c'est :

« D'accord avec Pie IX régnant, » la « diplomatie européenne » nommerait un vice-roi de Rome qui serait le chef temporel responsable du gouvernement romain, complétement indépendant vis-à-vis de la « papauté spirituelle,» laquelle serait complétement indépendante de lui. Le vice-roi serait nommé à vie par un conclave d'ambassadeurs, toujours d'accord avec le Pontife régnant. A côté du Vatican et de la Cour ecclésiastique, il aurait son palais et sa cour laïque. Il gouvernerait avec « une Chambre représentative, » il aurait son armée, sa marine, ses finances, « en un mot, tout ce gouver<< nement moderne que demandent impérieusement les << Italiens. >>>

L'auteur, craignant de n'être pas compris, a recours à une comparaison «< pour mieux faire ressortir les avantages que la combinaison renferme. >>

« Que, par hypothèse, l'Archevêque de Paris soit tout à coup le Pape de la catholicité; qu'il ait délégué au chef du gouverne

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