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LOUIS XI.

par consequent ce qu'ils font est nul; qui est peril pour le salut des ames, et de ceux qui reçoivent ordre ab eis.

(72) Item. Et pour obvier aux autres inconveniens dessusdits, furent advisées les constitutions et decrets; et iceux casser n'est autre chose que donner cours à ladite evacuation de pecunes: et par experience, « quæ est rerum magistra », soit advisé et consideré à l'evacuation qui a esté si excessive depuis la cassation de ladite pragmatique, que par experience l'on cognoisse et appare comment ce royaume est presque tary, d'or principalement. Et ce peut estre assez cogneu en ce que paravant ladite rompture n'y avoit estal de changes sur le pont des changeurs à Paris qui ne fust hanté de changeurs, et tous trouvoient assez à gaigner à bailler la monnoye pour l'or. Mais depuis ce que, la banque a tiré et succé des bourses des subjets l'or tellement qu'il n'est demouré que monnoye. Pource est-ce que l'on ne va comme point au change demander la monnoye pour de l'or, et ès lieux sur ledit pont où souloient les changeurs habiter, ne habite que chapeliers et faiseurs de poupées.

(73) Item. Et pour particulierement monstrer ladite evacuadu temps que, tion qui a esté esdites trois années, est à considérer dudit pape Pius (1), ont vacqué plus de vingt acheveschez et eveschez de ce royaume, pour le vacant desquelles, et aussi pour les propines et autres frais, a esté porté en cour de Rome pour chacune bulle, l'une portant l'autre, six mil escus. Somme six vingts mil escus.

(74) Item. Et aussi ont vacqué cependant plusieurs grosses abbayes de ce royaume, jusqu'au nombre de soixante ou plus; pour chacune desquelles, l'une portant l'autre, a esté payé, et porté hors de ce royaume en cour de Rome, comprins les frais, deux mil escus. Somme six vingts mil escus.

(75) Item. Et pareillement durant le temps dessusdit ont vacqué plusieurs gros prieurez, doyennez, provostez, commanderies, et autres dignitez electives sans crosse, jusqu'au nombre de deux cens et plus pour chacun desquels ont esté portez en cour de Rome cinq cens escus l'un portant l'autre. Somme cent mil

escus.

(1) On voit ici la preuve que les remontrances du parlement sont postérieures de plusieurs années à la loi de Louis XI, puisqu'on y parle du temps où Pie II vivait, et que ce pape, comme nous l'avons dit, ne mourut qu'en 1464. V. aussi Le § 48. (Pastoret.)

(76) Item. Touchant les benefices collatifs, on trouve qu'au royaume a pour le moins cent mil paroisses habitées. Et durant ledit temps n'y a eu celle l'une portant l'autre, dont il n'y ait eu une personne qui n'ait levé une grace expectative à quelque benefice, laquelle grace a cousté, l'une portant l'autre, vingt-cinq escus, tant pour le voyage de ceux qui ont été ou envoyé à Rome pour l'expedition desdites bulles ou graces, nonobstant les prérogatives, ancellations, et autres clauses especiales y comprinses, que pour les procès exécutiaux faits sur icelles. Somme deux millions et cinq cens mil escus.

(77) Item. Et est à considerer que combien que les exactions fussent grandes, tant en vacans qu'autrement, au temps que lesdites constitutions furent faites, toutesfois, depuis la cassation d'icelles tempore Pii, et de présent sont plus excessives de la moitié; car lors les vacans ne se payoient que ad valorem taxa, reduite ad mediam taxæ. Et toutesfois, depuis ladite cassation, communement les vacans ont esté exigés plus grands que toute la taxe, voire que la valeur d'une année, voire de deux des benefices: et tellement que d'aucuns, comme l'abbaye de Bernay, furent laissées les bulles à la banque, pour ce qu'on demandoit deux cens ducats, et l'abbaye n'en vaut pas deux cens ; Sainct-Pharon de Meaux à neuf cens: et aussi des graces expectatives prenoit les deux parts ou le tiers, et plus qu'on ne vouloit.

(8) Item. Et ne pourra dire nostre sainct pere que, cessans lesdites reservations et graces expectatives, il n'ait par chacun an grand profit et emolument du royaume de France, plus que de deux autres meilleurs des chrestiens: car, sans ce que dict est, il prend tant à cause des vacations des archeveschez, eveschez, abbayes, et autres dignitez et beneficcs electifs à lui subjets nuement et sans moyen, dont il en y a grand nombre et des meillears, que des devolutions des autres prelatures et dignitez, des preventions des benefices qu'il baille en commande, ou à pension, de ceux qui sont vacans en cour de Rome par mort, resignacion ou autrement, et qui decedent à deux journées de ladite cour, des dispenses à deux ou trois benefices, ou quatre incompatibles, des graces à visiter par procureur, des legitimations et dispenses sur le défaut d'âge, et d'estre bien né, du fait de la penancerie, des privileges, des exemptions, des autels portatifs, d'elire confesseur, de graces de si neutri, et per inde volere, des dispenses sur vices corporels, de toutes irregularitez, de

contract des mariages en cas défendus, d'infractions de vœux de pelerinages, de vœuz de religion, d'absolucions des cas reservez au Pape, protonotariats, et de promotions de chapelains, et de leurs semblables; et de l'octroy de pardons et indulgences, et autres plusieurs, qui montent trop plus de deux cens mil escus par an.

(79) Item. Outre ce que dit est, sont portez en cour de Rome des deniers de ce royaume, tant d'archeveschez, eveschez, abbayes, grosses priorez, et autres benefices de ce royaume, aux residens en cour de Rome, qui nontent bien chacun an cens mil escus.

(80) Item. Somme de l'évacuation qui a esté de l'or du royaume, comprins lesdicts trois cens mil escus qui y vont, cessans lesdites exactions et reservations, deux millions et huict cens mil escus.

(81) Item. Et quant au quart inconvenient, qui est de la desolation et ruine des eglises, il s'ensuit des articles precedens: car clairement quand les beneficiers seront absens comme dit est, l'argent qui se devroit convertir ès reparations, sera porté hors du royaume; et les résidens auront assez à faire à eux rembourser des vacans qu'ils auront payez. Ainsi demourent les maisons des eglises en ruine, et les revenus en non valoir, et par conséquent le service divin demourra, ou grand detriment du salut des ames des vivans et des defuncts; et aussi le menu peuple qui a accoustumé de vivre sous les gens d'eglise, sera par pauvreté contraint de laisser le pays, et tout abandonner.

(82) Item. Ainsi au moyen desdites reservations pullulent commandes, qui sont l'extreme desolation des eglises. Et pour ce fut statué et ordonné dès long-temps, que nul de quelque estat qu'il fust ne peut tenir abbaye ou autre benefice electif en commande; et l'on voit de present, et depuis ladite cassation, qu'il n'y a guieres notable benefice, abbaye ou prieuré, qu'il ne soit en commande. Comme en l'evesché de Paris, la plus notable abbaye, et où est la sepulture des roys très chrestiens, baillé en commande; et l'argent à Rome porté : aussi, l'abbaye de Sainct-Magloire, de Sainct-Martin-des-champs, le prieuré de Sainct-Eloy, et autres plusieurs.

(83) Item. En la province de Rouen, la plus notable abbaye de Sainct-Ouen en commande, le Mont-Sainct-Michel, Jumieges, Montebourg, Fescamp, Lyre, Sainct-Sauveur d'Yve, Saincte-Catherine, le prieuré de Grammont, et autres plusieurs

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eveschez de ce royaume; et qui plus est, indifferemment quasi de present out baillé benefices reguliers, qui est grand esclandre in Ecclesia Dei.

(84) Item. L'evesché d'Angiers, les abbayes de Sainct-Aubin, Sainct-Nicolas, Sainct-Serge, Sainct-Florent, Ferriere, Bourgueil, le prieuré de Cunault et de plusieurs autres; et ailleurs, l'abbaye de Clugny, la Chase-Dieu, Yssoire, Compiegne, LisleBarbe, Sainct-Bertin, Sainct-Jean-de-Laon, Vendosme et plusieurs autres abbayes, Sainct-Jean d'Angely, Sainct-Supplice de Bourges, Sainct-Vincent, et la Cousture près le Mans, SainctMartin d'Autun, et plusieurs autres abbayes, prieurez, archidiaconez et eglises parrochiales.

(85) Item. Et à cause desdites commandes, mesmement des cardinaux, iceuz notables benefices sont perpetuellement affectez en cour de Rome, pour ce qu'ils vacquent communement en cour de Rome : les revenus des benefices portez hors le royaume, les benefices vont à ruine, cesse toute discipline reguliere ès monasteres, le service divin maint deuement fait et sans devotion, qui au préjudice des fondateurs, et substraction des suffrages qu'esperent les ames des bienfaicteurs desdits monasteres, et les edifices materiels vont à ruine, aussi vont les edifices spirituels qui sont communs des religieux, qui, par faute de discipline et de pasteurs, desmarchent chacun jour de la discipline reguliere, et s'habituent in latiorem regulam, et souvent apostatent par faute de pasteur et de conduite, et sunt sicut oves errantes sine pastore; tellement que quand les benefices reviendront à pasteur regulier, il serait comme impossible de réduire et relever la ruine spirituelle de l'édifice regulier, et aussi la ruine materielle de l'edifice materiel:et est aujourd'hui la confusion telle, que non differt regularis à seculari; omnia sunt irregularia. Et semble aujourd'huy (dout est pitié) que tenir une abbaye est comme tenir une seigneurie prophane à vie, pour ouyr le compte d'un receveur, et prendre le reliqua s'il y en a; et qu'on en peut autant tenir comme on en peut demander.

(86) Item. Et combien que quand les decrets furent faicts à Constances etiam tempore Martini y eust grand desordre, toutesfois n'estoit si excessive que de présent, et se contentoit un cardinal d'une abbaye; et à autre n'estoit baillé commande. Mais aujourd'huy ctiam à simples gens et personnes qui n'ont prelature ne dignité, sont baillées abbayes regulieres en co.u

416 mande, et prieurez conventuels de Sainct-Benoist; etiam hospitaux de Sainct-Antoine à seculiers.

(87) Item. Et par ce que dict est, appert clairemeut qu'en gardant les décrets et constitutions dessusdites, est donné remede et obvié ausdits inconveniens; et qu'en soy departant desdits saincts decrets et constitutions reales, est ouvrir la voye et le chemin aux maux et inconveniens irreparables cy-dessus touchez, dont se pourroit ensuir la totale destruction du royaume : si une fois l'ordre de hierarchie de l'eglise est confondu, l'on peut juger clairement de la ruine totale de l'eglise de Dieu.

car,

(88) Item. Et par ce que dict est, semble à la cour que le roy nostre sire, en observant les saincts decrets et constitutions des saincts conciles et saincts Peres dessusdits, tant en elections, collations, qu'autres choses contenues en iceux, ne peut estre notté de desobeyssance; quelque scrupule de conscience, imò faire le contraire (sous correction), seroit grand'charge de conscience, actendu l'authorité et saincteté de ceux qui les saincts decrets ont ordonné, et qui le temps passé en grande tranquillité et prosperité de l'eglise en ont usé, comme le sainct college des apostres, les saincts conciles in Spiritu Sancto assemblez, c'est à savoir, Antioche, Carthage, Constantinople, Sainct-Jean de Latran et autres plusieurs, et les saincts Peres qui les ont approuvez comme Pius martyr, Leo confessor, beatus Gregorius, et autres plusieurs.

(89) Item. Et ainsi le roy notre sire, en faisant edits et ordonnances conformes à iceux decrets, et par icelles ordonnances empescher le cours de toutes reservations et graces qui seroient prejudiciables à iceux decrets, ne peut estre argué de desobeyssance: consideré que si vertueuses et sainctes personnes les roys très-chrestiens et leurs predecesseurs en ont usé, comme Clovis premier roi très-chrestien, sainct Charlemaigne, Philippes Dieudonné dict conquerant, sainct Loys, Philippes-le-Bel, LoysHutin, et autres rois très-chrestiens, sous lesquels le royaume a fleury et prosperé (1).

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(1) Les principes énoncés dans les remontrances du parlement de Paris ne cessèrent jamais d'être ceux de nos magistrats et de nos jurisconsultes les plus éclairés. Il est même assez remarquable que plus de trois siècles après, en 1789, la demande du rétablissement de la pragmatique sanction se trouve plusieurs fois dans les instructions données par les bailliages aux députés des diffé

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