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» toute la cérémonie, toutes les révérences, tout le » manége demeurant arrêté, il fallut les arracher » de force, et le plus fort l'emporta.

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Madame de Montespan avait imaginé la robe battante, cette immense rotonde d'étoffe déployée à la circonférence de la femme, comme une extension de sa personne dans l'espace. Il y avait à la cour un homme de rien, dit Saint-Simon, appelé Langlée, qui tenait la banque du jeu, et, de temps à autre, faisait des cadeaux aux dames et servait des diners aux maris.

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Langlée, ajoute madame de Sévigné, a donné à » madame de Montespan une robe d'or sur or, re» brodée d'or, rebordée d'or et par dessus un or frisé, >> rebrochée d'un or mèlé avec un certain or, qui fait » la plus divine étoffe qui ait été imaginée. Ce sont les » fées qui ont fait cet ouvrage en secret. »

Et ainsi Louis XIV, à l'aide de la pompe aspirante et foulante de sa politique, enrichissait à la fois et appauvrissait la noblesse. Il faisait descendre le gentilhomme du rang de patricien au rang de client; il le forçait à venir chaque matin, à la porte de sa chambre à coucher, tendre la main à l'aumône. Il avait enfin réalisé à Versailles le chef-d'œuvre du despotisme : le dépôt de mendicité de l'aristocratie.

<«< Ce qui soutient le plus l'autorité en France, disait » d'Argenson, c'est la ruine des grands et les effets du » luxe. Plus on est grand plus on est ruiné, incom>> modé et obéré : chacun espère aux bonnes grâces » de la cour: de là vient cette servitude et cette obéis

»sance à la tyrannie du gouvernement, quelque » mauvais qu'il soit, de là l'impunité de cette tyran>> nie. >>

Partout où le despotisme commande, il prend le luxe pour premier ministre.

V

LA GALANTERIE.

Après le jeu, venait l'amour; autre jeu à vrai dire, et nouvel exercice au talent de tricher.

Il Y avait, chaque soir, à Versailles, appartement, grand appartement, petit appartement, bal, ballet, concert, comédie; mais, en fait de comédie, Louis XIV préférait au génie de Molière la farce italienne assaisonnée de pantomime. Il avait enrôlé Scaramouche à son service, et négocié avec le duc de Parme l'acquisition de Dominique.

Il tenait à mêler les sexes pour les enchaîner l'un par l'autre à sa personne, et, par cette raison, il multipliait les occasions de rapprochement entre eux les fètes, les feux d'artifice, les nuits aux flambeaux dans les allées du parc, les promenades vénitiennes en barque, aux rayons de la lune, sur les eaux du grand

canal, dans les brises d'été chargées de parfums et de soupirs de hautbois.

La langue du temps appelait cette promiscuité nobiliaire du nom poli de galanterie.

Louis XIV d'ailleurs inclinait à la galanterie par tempérament autant que par système. « Le roi était » galant, dit la princesse palatine, mais souvent dé>> bauché tout lui était bon, en fait de femmes, » paysannes, femmes de jardinier, dames de qualité, » pourvu qu'elles fissent semblant d'être amou

>> reuses. >>>

A peine sorti de tutelle, au lendemain même de son mariage, il courait de nuit sur les combles du palais, au risque de précipiter la monarchie d'un quatrième étage, et il entrait par la fenêtre dans la chambre d'une fille d'honneur de la reine, mademoiselle Lamothe-Houdancourt. Une duègne respectable, la duchesse de Navailles, chargée de la garde du troupeau, crut devoir griller le passage pour intercepter ce manége aérien sur les gouttières. Le roi vit dans ce grillage un attentat contre la royauté il chassa la duchesse.

Mais si madame de Navailles grillait la vertu de mademoiselle Lamothe, en revanche la maréchale de Lamothe pressait vivement sa fille de répondre à l'appel du monarque; l'infortunée, hélas! aimait le marquis de Richelieu; elle marchandait encore sa défaite, que le roi avait déjà changé de caprice : mademoiselle de Lamothe en épousa de dépit un duc et

pair bossu, un monstre de laideur, du nom de Ventadour. Tant mieux si elle aime celui-là, cria l'abbé

de la Victoire, elle aimera bien un autre !

Et, en effet, madame de Ventadour réalisa complément la prophétie.

Le roi, pendant ce temps-là, dérobait madame de Monaco au duc de Lauzun. Chaque soir, un valet de confiance conduisait la duchesse, enveloppée d'une cape, par un escalier dérobé, et la coulait silencieusement dans le cabinet de Sa Majesté par une porte de derrière. Un jour cependant Lauzun ferma la porte à double tour dans un accès de jalousie, et jeta la clef au fond d'une oubliette. La princesse arrive à l'heure du mystère; elle cherche la clef dans l'ombre personne; elle frappe: personne encore; elle frappe de nouveau le roi accourt enfin au signal de détresse, et le rendez-vous manqué finit de force par une scène de désespoir à travers le trou de la serrure.

Le jour suivant, madame de Monaco faisait la conversation dans le salon de mademoiselle de Montpensier, le corps à moitié renversé sur le carreau, et le bras étendu sur le parquet; Lauzun approche gravement de sa maîtresse, lui met le talon de botte dans la main et fait la pirouette; madame de Monaco releva héroïquement sa main broyée sans pousser un cri de douleur.

Louis XIV émigra de madame de Monaco à mademoiselle Lavallière. Lorsqu'un particulier séduit une femme, il la déshonore; lorsqu'un roi la débauche,

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