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château d'Aunay, le château de la Celle, Brimborionsous-Bellevue, la terre de Marigny, la terre de SaintRemy, un hôtel à Compiègne, un hôtel à Versailles, le château de Bellevue, la terre de Ménars, l'hôtel d'Évreux, l'Élysée-Bourbon, un hermitage à Versailles, à Fontainebleau, etc.

Elle a rédigé de sa main la note de ses dépenses pendant les dix-neuf années de son règne, pour répéter sa propre expression. La somme monte au chiffre de 36,327,668 livres tournois.

La marquise reconnaît avoir dépensé 3,504,800 livres pour sa bouche et pour la bouche de ses amis. Elle a consacré une somme de 1,338,867 livres à ses menus plaisirs, en se satisfaisant, ajoute-t-elle avec naïveté.

Le chapitre des voyages et des opéras figure dans ce budjet pour une somme de 4,005,900 livres, sans compter les frais de bougie.

Le fourrage et la nourriture des chevaux, forment une addition de 1,300,000 livres.

Les belles juments, les voitures, les chaises à porteurs et les chevaux de selle montent à la bagatelle de 1,800,000 livres, quoiqu'en ait dit le gazetier d'Utrecht, ajoute la marquise.

Le linge de Crécy représente une somme de 400,000 livres, tandis que la bibliothèque de la marquise tient une place de 12,000 livres seulement dans son inventaire.

Elle poussa enfin la générosité jusqu'à faire une

pension de 4,000 livres à un carossier nommé Lafontaine, pour une berline; et une autre pension de 3,000 livres à un ébéniste nommé Migeon, pour une chaise percée.

Et pour payer tout cela, que faisait Louis XV? Il spéculait à la Bourse du temps et à coup sûr, car il tenait dans sa main le cours du marché. Bien plus, il jouait à la hausse du blé, et comme il faisait la hausse à volonté, et il la faisait toujours, ce fut là ce qu'on appela le pacte de famine. Un secrétaire de l'ordre du clergé, Le Prévost de Beaumont dénonça cet acte de brigandage. Il disparut. On le retrouve vingt ans après à la Bastille. Une émeute éclate un jour, dans Paris, contre la cherté du pain :

Tirez sur le peuple, dit Louis XV au maréchal de Noailles.

XXVI

L'OEIL-DE-BOEUF.

Le duc de Laforce avait un fils perdu de réputation, le marquis de Caumont, colonel de cavalerie. Il obligea ce jeune homme, à vendre le brevet de son régiment, et à chercher un refuge dans une terre du Languedoc. La marquise de Caumont avait appris à connaître son mari; elle refusa de l'accompagner dans son exil.

Adieu, monsieur, lui dit-elle au moment du départ; mûrissez ou pourrissez.

le

Pourrissez

voilà le mot d'ordre de la noblesse au dix-huitième siècle. Elle portait la corruption dans sang comme une seconde hérédité. Elle sortait à peine de l'enfance qu'elle avait déjà tourné la derpage du vice.

nière

- A treize ans, dit la mère du régent, mon fils

était un homme; une dame de qualité l'avait instruit.

Un menin du roi, le duc de La Trémouille, débaucha son maître à l'heure de l'adolescence; on maria ce professeur précoce pour l'écarter de sa victime. Le duc d'Épernon reprit la leçon interrompue. Il fallut encore le chasser de la cour. L'enfant royal, initié de bonne heure à la dissimulation, disait d'un air sournois « C'est bien fait, » et le lendemain il avait oublié son menin.

Une nuit, au clair de lune, la police secrète du château surprit, dans l'ombre d'un bosquet, je ne sais quelle débauche, entre cinq ou six Alcibiades de la Régence; le marquis d'Alincourt, le comte de Ligny, le marquis de Rambure, le marquis de Meuse, le duc de Retz et le duc de Boufflers. Ces jeunes raffinés étaient mariés de la veille et âgés de seize à vingt ans.

Le scandale criait si haut que le maréchal de Villeroi crut devoir sévir. Il exila le marquis de Meuse en Lorraine, le marquis d'Alincourt à Joigny, le duc de Retzen Picardie. Le marquis de Rambure eut l'effronterie de reparaître à la cour, en habit de gala; on le mit à la Bastille.

Quand le roi demanda pourquoi on avait éloigné ces jeunes seigneurs :

--Parce qu'ils ont arraché les palissades du jardin, répondit son gouverneur.

Depuis lors on appelait les mignons de l'OEil-deBoeuf des arracheurs de palissades.

Il y a longtemps que ce vice règne dans ce pays-ci, au grand dépit des femmes de la cour, dit le journal de Barbier.

On arrêta cependant à Paris un courtier de Sodome, appelé Deschauffour, répandu dans le grand monde, ajoute Barbier; car ce genre de commerce n'est pas un amusement du petit bourgeois. On expédia le jugement de Deschauffour en une matinée, et le soir même on le brûlait en place de Grève, après l'avoir étranglé par charité.

Le parlement grillait le vice roturier; il respectait le vice gentilhomme. Le duc de Gesvres n'avait pu être mari, il voulut être femme. Il portait du rouge et jouait de l'éventail avec les minauderies d'une coquette de profession. Lorsqu'il faisait les grands remèdes à son château de Saint-Ouen, il recevait la fleur du royaume, couché dans un lit garni de rubans et de dentelles, les rideaux relevés et des fleurs répandues sur la couverture.

Il avait établi dans son château une riche garde-robe d'habits verts pour les complaisants admis à l'honneur de son privé; car on ne pouvait entrer dans sa familiarité qu'en habit, chaussure et chapeau, couleur de perruche. Et lui-même, lorsqu'il jouissait d'une bonne santé, nonchalamment renversé sur une duchesse d'étoffe verte, un chapeau vert sur la tête et un plumet vert sur son chapeau, tenait majestueusement sa cour, un bouquet à la boutonnière, en brodant des manchettes ou bien en taillant des noeuds de ruban.

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