صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Lettrés,ou de

La troisième fecte doit fon origine au Phi- De celle des lofophe dont je retrace en cet inftant les Confucius. maximes religieufes. Elle eft la plus fage & la plus répandue : tous les Lettrés l'ont adoptée. Elle feule a des études réglées & certaines ; elle feule mène aux dignités de l'Empire par les talens qu'elle perfectionne & les connoiffancés dont elle eft la fource (245).

l'existence

On est peu d'accord, relativement à cette Admet-elle fede, fur le point fondamental de toutes les d'un Dieu religions; je veux parler de l'existence d'un Etre fuprême. Quelques Ecrivains l'accufent d'athéifme, & plufieurs autres effayent de la juftifier de ce reproche. Suivant Freret (246),

de Lao-Kiun; quant à celle de Foë, j'ai cru pouvoir
n'en pas dire davantage. Je ne veux, ni ne dois m'oc-
cuper ici que de Confucins. On peut, pour les dé-
tails, confulter l'Ouvrage intitulé Scientia Sinenfis,
pag. 24 & fuivantes des obfervations préliminaires;
Duhalde, t. 3, p. 16 & fuiv.; Kircher, China illuf-
trata, part. 3, ch. 1, p. 131 & fuiv., & les differ-
tations de M. de Guignes, Mémoires de l'Acadé-
mie, t.
38
, p. 292 & fuiv. & t. 40, pag. 251 &
fuivantes. 19

1

(245) Scientia Sinenfis, obfervations préliminaires p. 34 & fuiv. Kircher, dicto loco, p. 131, & part. 4, ch. 2, p. 166.

(246) Mém. de l'Acad. t. 6, p. 632.

le nient. Sur

fondent.

la langue chinoife n'a pas de terme qui réAuteurs qui ponde à l'idée de Dieu. Quand elle exprime quoi ils fele Ciel, même le Roi du Ciel, elle n'y attache pas d'autre idée que les matérialistes ou les idolâtres, « Les premiers, dit-il, attribuent les événemens à l'action du Ciel, mais à une action deftituée de connoiffance & de volonté; action pareille à celle que nos Aftrologues donnent aux influences des aftres. Le Roi du Ciel des idolâtres agit, à la vérité, avec connoiffance & à la manière des hommes mais ce n'eft qu'une fubftance particulière; c'est comme l'ame du Ciel, & une ame non diftinguée du Ciel matériel, parce que, fuivant les idées des idolâtres, la matière eft auffi capable de penfée & de fentiment, que de mouvement. Mais ces idées font profcrites par les meilleurs Philofophes Chinois, qui rejettent tout ce qui pourroit mener à la connoiffance d'un être intelligent diftingué de l'Univers, & qui témoignent un grand mépris pour cette opinion ». Ils connoiffent à peine une fubflance, fubftance unique, univerfelle, effentiellement inaltérable, dont nous faifons tous partie; & les deux termes de la vie, la naiffance & la mort ne font à leurs yeux que des propriétés particulières

qui commencent à fe montrer, ou ceffent d'être connues. Deviennent-elles fenfibles? l'être eft produit; il eft détruit, fi on ne les aperçoit plus. Ce n'eft pas dans lui, c'est dans nous que le changement s'opère. Il en eft de cela, comme d'un objet qu'on n'envifage plus, après avoir long-temps tourné fur lui fes regards. Ainfi, point de créateur, point de confervateur fuprême, point de Dieu par conféquent, fi ce n'eft qu'on donne ce nom à la fubftance éternelle; & ce feroit alors un Dieu matériel (247).

[ocr errors]

(247) Mém. de l'Acad. t. 6, p. 631 & 632. VuenVuelery, ou toutes chofes font un, ne font qu'une même chofe, eft un des axiomes les plus célèbres de la Chine. Longobardi, t. 4 des Œuvres de Léibnitz, p. 112. Il n'eft pas difficile de s'apercevoir que ce fyftême d'une fubftance univerfelle eft le même qu'a foutenu enfuite Spinofa, & qu'il avoit pris, en grande partie, dans les Ouvrages des Philofophes Grecs. Je në fais même fi on ne foutiendroit pas avec avantage que Cicéron & Manilius l'ont connu quand ils ont dit, le premier: «Omnium autem rerum quæ naturâ ad>> miniftrantur, feminator, & fator, & parens, ut ita » dicam, atque educator & altor eft mundus, omnia» que, ficut membra & paftes fuas nutricatur & >> continet ». De naturâ deorum, livre A; & le fecond, Aftronom. liv. I.

2

2.

t. 3, P. 292

[ocr errors]

v.

507 & suiv.

1

Le nom de Freret rend ce fyftême impofant. Peu de Savans ont pouffé auffi loin que lui la fagacité de l'efprit, la fineffe des aperçus, l'art de la difcuffion, & la profondeur des connoiffances. Ce fyftême a d'ailleurs d'autres partifans d'un mérite reconnu; & on peut dire qu'ils ont été nombreux. On en trouve fur-tout de bien recommandables, parmi ces Miffionnaires à qui l'Europe, la religion, la littérature, toutes les fciences & tous les arts doivent une reconnoiffance éternelle, Une grande difpute s'eft anciennement élevée entre eux fur cet objet. Plufieurs ont foutenu que les príncipes de la philofophie chinoife n'adinetent point de fubftance fpirituelle, diftincte de la matière, comme nous le fefons, & qu'ils admettent au contraire l'athéifie (248). Il

At manet incolumis mundus, fuaque omnià servat;
Quæ nec longa dies auget, minuitve fenectus.

Deus eft, qui non mutatur in ævo.

(248) Voyez le Traité fur quelques points de la religion des Chinois par Longobardi, t. 4 des Œuvres de Léibnitz, P. 93,& p. 135 & fuiv. Voyez dans le même volume, p. 211 & fuivantes, l'opinion conforme

[ocr errors]

n'eft point de mon fujet de trop m'appefantir fur les raifons qu'ils apportent en faveur de leur fentiment. Cependant, comme je dois expofer les dogmes principaux, reçus par Confucius, ou qu'il s'eft, pour ainfi dire, appropriés, foit en les éclairciffant, foit en y rapportant fes principes & ses leçons; comme l'idée de l'exiftence d'un Dieu par la vénération & tous les fentimens qu'elle infpire, fe répand fur le culte entier dont elle est ordinairement la bafe immuable (249); je rappellerai les raifons principales de ceux qui fuppofent aux Lettrés la croyance d'un Etre fuprême.

Ils nient d'abord que leur langue n'en rende Auteurs &

raifons en faveur de l'opinion con

pas l'idée. Chang-Ti, felon eux, exprime
le fouverain Seigneur, le maître de tout ce traire.
qui exifte (250). C'eft, entre autres, l'opi-

de plufieurs Miffionnaires cités par La Crozë, qui eft du même avis.

(249) Voyez, pour les raifons fur lesquelles ils fe fondent, le même Ouvrage, p. 98 & fuivantes, 135 & fuivantes.

(250) Ou le Roi d'en haut, fuivant quelques autres. Ils lui donnent tous les attributs que nous donnons à Dieu, dit M. de Guignes, dans le difcours préliminaire du. Chou-King, p. 51. Ailleurs il décompofe le mot

1

« السابقةمتابعة »