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de nos représentants ne vous plaise pas toujours; mais la nation les a rassemblés pour arranger ses affaires et non les vôtres. Et puis avez-vous oublié à quelles conditions nous vous avons gardé sur le trône?... C'est la maison de Bourbon qui nous doit tout: nous avons fait bien des ingrats, n'importe !... Pour en finir, nous vous dirons que si la constitution est pour vous, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen est pour nous. L'une vous donne le droit de veto, l'autre nous donne celui de la résistance à l'oppression (art. 11). Or, encore un veto de l'espèce de vos deux premiers, et il y a évidemment oppression de votre part. Vous appelez sur nous la guerre civile et religieuse, donc vous nous placez dans le cas de l'art. 11 de la déclaration acceptée par vous. Prenez-y garde; nous vous laissons y penser: examinez! Nous vous ajouterons seulement que nos frères des quatre-vingt-trois départements pensent absolument comme nous et agiront de même, quand Votre Majesté aura examiné (1).

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Telles sont les vociférations menaçantes de la presse révolutionnaire contre un roi qui veut soutenir la justice et la liberté, conformément à la constitution jurée. Chose étrange, on poursuit les prêtres comme ennemis de la constitution, et on attaque le roi pour vouloir s'y conformer! Rien n'est plus frappant que ces sortes de contradictions, que plus d'une fois encore nous aurons lieu de remarquer.

La loi du 29 novembre 1791, n'ayant pas été sanctionnée par le roi, n'avait aucune valeur légale; elle était comme non avenue: car le roi avait le droit de

(1) Hist. parlem., t. XII, p. 262.

suspendre toute loi qui ne convenait pas à son gouvernement. Il n'était done pas permis de mettre le nouveau décret à exécution. C'est ce que comprenaient les directoires de tous les départements où l'on avait conservé la saine raison, le respect pour l'autorité royale, ou une idée de tolérance et de liberté. Malgré les réclamations des sections et des clubs, le directoire de Paris maintint son arrêté en faveur de la liberté des cultes. Bien des églises, fermées précédemment par ordre de la municipalité, étaient rendues aux catholiques. On y faisait l'office, et les fidèles y accouraient en foule. Le peuple commençait à s'habituer à cet ordre de choses. Les familles riches qui se rendaient aux églises, et que l'on appelait aristocrates, étaient encore obligées d'entendre par-ci par-là des insultes ; mais du moins il n'y eut pas d'excès commis. La bourgeoisie était intervenue entre les riches et les pauvres, en disant qu'il fallait ménager les riches, et ne pas les forcer à porter leur argent hors de France. Ces sortes de propos faisaient impression sur le peuple, et le rendirent plus calme. Paris jouit donc pendant plusieurs mois de la liberté des cultes, grâce à la fermeté du directoire, à laquelle tous les honnêtes gens avaient applaudi. Le directoire de Paris trouva des imitateurs en province. Celui de la Rochelle fit exécuter son arrêté qu'il avait fait à Saintes le 27 octobre (1791), d'après celui de Paris; il est conçu dans les mêmes termes.

Le Moniteur fait l'éloge de ce dernier arrêté, et exprime le désir de le voir exécuté dans tous les départements. Les directoires de bien des départements firent, en effet, des arrêtés semblables. L'expérience a démontré que les communes où on les exécutait étaient les plus

tranquilles, les plus exactes à payer leurs impôts. Mais, comme nous le verrons, les directoires se trouveront souvent en contradiction avec certaines municipalités, avec le peuple, et dans l'impossibilité de faire exécuter leurs arrêtés : de là, il y aura troubles, meurtres et incendies. D'autres directoires, au nombre de quarantetrois, ne furent pas aussi sages. Ils fermèrent arbitrairement les églises au culte catholique, et firent exécuter la loi du 29 novembre, nonobstant la négative royale qui lui avait ôté sa valeur légale. Ils allèrent même au delà des termes de la loi, et firent usage d'une autorité arbitraire révoltante. Ils se trouvaient appuyés par la populace des villes, et en contradiction avec les municipalités et les populations chrétiennes de la campagne. De là aussi des troubles, et souvent la guerre civile; c'est le premier effet de la loi.

De tous les directoires, le plus acharné contre les prêtres fidèles était celui du Finistère. Il agissait sous l'influence d'Expilly, évêque constitutionnel, et de son grand vicaire Gomaire, qui était encore pire que lui. Tous deux faisaient partie du directoire. Gomaire en était le président depuis le 16 novembre 1791. Il sortait du diocèse de Vannes, où il avait été interdit; ce qui fut une recommandation pour Expilly. Il contracta plus tard deux ou trois unions civiles, et donna tant de scandale qu'il devint un sujet de mépris général. Il est aujourd'hui grand vicaire et président du directoire du Finistère. Le clergé catholique ne fut pas longtemps sans se ressentir de l'autorité que lui donnaient ces fonctions. La loi du 29 novembre 1791 n'était encore qu'à l'état de projet, lorsque le directoire du Finistère la mit à exécution avec une rigueur qui n'était pas dans

les termes de la loi. Le 25 novembre, trois jours avant que la loi fût rendue, il prit un arrêté qui ordonnait de rechercher et de conduire au château de Brest tous les prêtres non assermentés. Dès lors la persécution devint générale, et tous les ecclésiastiques qui étaient restés fidèles à leur foi furent poursuivis une seconde fois comme des malfaiteurs. La loi du 29 novembre étant rendue, le directoire ne mit plus de bornes à la persécution. Il s'inquiétait peu du veto; il lui suffisait d'avoir l'assentiment de l'Assemblée. C'est à elle qu'il adressa ses dénonciations contre les prêtres, auxquels il attribuait les troubles que causaient ses cruels arrêtés. Dans la séance du 5 décembre 1791 de l'Assemblée législative, on lut l'adresse suivante venant de ce département :

« Les prêtres coupables, et trop longtemps impunis, portent la désolation dans notre département. Le désordre s'accroît, les malheurs se succèdent, le sang coule. M. de la Marche, ci-devant évêque de Léon, profite de l'instant où l'impôt allait se recouvrer, pour jeter au sein des campagnes le brandon de la guerre civile. Le peuple séduit a perdu son caractère naturel, se livre aux derniers excès; et déjà le patriote Fagot, électeur du département, est expiré victime de son civisme (1). Déjà les curés placés par la constitution sont contraints, par écrit, de renoncer à leurs fonctions; les prêtres non assermentés prêchent ouvertement la révolte; ils égarent les citoyens en comparant les nouvelles impositions aux anciennes, et en

(1) Il n'est pas certain que le citoyen Fagot soit mort à cause de son civisme.

passant sous silence l'énormité des impôts indirects. L'agitation des paroisses (causée par l'arrété) nous donne les inquiétudes les plus vives les unes demandent des diminutions d'impôts, les autres la conservation de leurs anciens curés; elles s'assemblent, hommes, femmes et enfants; elles accablent les directoires de leurs pétitions. Nous avons pris une délibération pour faire arrêter les perturbateurs ecclésiastiques, laïques ou séculiers; cette mesure était devenue nécessaire, et nous espérons que vous voudrez bien l'approuver (1). »

Le secrétaire de l'Assemblée commença la lecture de la lettre pastorale de l'évêque de Léon; mais des murmures l'interrompirent, et elle ne fut point achevée (2). Nous regrettons cette interruption, qui a causé la perte d'une lettre portant probablement avec elle sa justification. Mais remarquez l'insigne mauvaise foi des administrateurs! Ils font des arrêtés qui jettent le trouble dans les paroisses et inspirent aux peuples une telle aversion pour le nouveau régime, qu'ils ne veulent plus y contribuer par l'impôt; et quand le mal est fait, ils s'en prennent à la prédication des prêtres et à la lettre pastorale de leur évêque.

L'Assemblée approuva, du moins par son silence, la conduite du directoire. Il ne lui en fallait pas davantage pour continuer la persécution. Les prêtres fidèles furent poursuivis pendant tout le mois de décembre. Les uns parvinrent à se cacher; les autres se réfugièrent jusque dans les forêts, où ils étaient exposés à l'intempérie des

(1) Moniteur, séance du 5 décembre 1791. (2) Ibid.

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