صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

coupable. Soumettez ce citoyen à la surveillance particulière de la police; mais ne lui imposez pas des peines sous le prétexte qu'il ne fait pas ce que la constitution ne lui ordonne pas. S'ils troublent l'ordre public, j'aggraverai, s'il le faut, les lois pénales que vous ferez contre eux. Ma tolérance n'est pas celle des crimes; mais grâce, grâce à l'insermenté auquel on ne peut reprocher que son rabat et son scrupule! Il a refusé le serment, la loi l'a condamné à une honteuse inaction. Pourquoi encore le rechercher? Pourquoi présenter à sa stupidité la même amorce à laquelle il s'est laissé déjà prendre?

« Vous craignez les efforts des prêtres factieux; cesserez-vous donc d'être justes, à force d'être pusillanimes? Ne serait-il pas indigne que les législateurs fissent naître l'occasion d'un délit, pour avoir le plaisir de le punir? Où serait donc la prudence de l'Assemblée? Elle affamerait une masse d'hommes, imposante par le nombre, répandue sur toute la surface du royaume, tenant dans ses mains une foule de familles. Au lieu de détruire les factions, ne rendez-vous pas plutôt factieux ceux qui ne le sont pas encore? Votre loi enfantera le désespoir, portera le fanatisme au délire, et, par conséquent, prolongera les troubles au lieu de les arrêter.

<«< Je lis dans la constitution que le traitement de tous les ministres, pensionnés ou salariés en vertu d'une loi antérieure, est une dette de la nation. Peut-on ajouter des conditions à l'acquit d'une dette nationale reconnue par la constitution, sans aucune condition? Aucun subterfuge ne justifiera cette violation manifeste de la loi constitutionnelle et de vos engagements. Votre

force est dans l'opinion publique, mais seulement lorsque vous savez maîtriser cette opinion par la sagesse de vos lois. L'opinion a des accès fébriles, sur lesquels le législateur ne doit pas se régler. Soyons justes, soyons modérés. (On murmure.) Que de moyens de rétablir la tranquillité publique n'avez-vous pas à mettre en œuvre avant d'être injustes! Avec trois millions de bras armés pour le maintien de la loi, quelle masse de factieux ne peut-on pas écraser? S'il est des municipalités faibles ou coupables, ne doivent-elles pas se coaliser et faire marcher la force armée, pour éteindre les premières étincelles de la guerre civile?

<< A tant de moyens puissants j'en ajoute un dernier, le grand calmant des troubles publics, la tolérance indéfinie. Quelle est la cause réelle ou factice des troubles qu'excitent les prêtres ? Ce sont les obstacles qu'ils éprouvent dans l'exercice de leur culte. Eh bien! ôtezleur tout prétexte, accordez-leur une liberté indéfinie (On murmure); déconcertez les factieux par une tolérance inattendue; que le sort du prêtre factieux ne soit plus confondu avec celui de la religion, et la source des troubles est tarie (1).

[ocr errors]

Les impressions que pouvait avoir laissées le discours de Torné furent effacées par de nouvelles adresses. Des troubles avaient éclaté dans le département de la Vendée : les prêtres n'en sont pas coupables, aussi n'en sont-ils pas accusés; mais, comme à l'ordinaire, c'est contre eux qu'on provoque des mesures de rigueur. Voici comme s'exprime, relativement à ces troubles, Gensonné:

(1) Moniteur, 18 novembre 1791.

« Ce serait bien vainement, dit-il, que vous prendriez des mesures de répression contre les prêtres perturbateurs, si les agents des administrations ont la bassesse d'être de connivence avec eux. Des avis sûrs m'ont annoncé que les troubles qui ont infecté le département de la Vendée étaient près de recommencer avec une nouvelle énergie. Déjà, dans plusieurs paroisses, les paysans ont désarmé la garde nationale et attaqué les prêtres constitutionnels. Dans celle de Montaigu, la municipalité entière a donné sa démission la veille du jour où le curé constitutionnel devait être installé; et lorsque après cette installation les assemblées des citoyens actifs se sont formées pour la réélection des officiers municipaux, on a renommé ceux qui avaient donné leur démission, et, le croiriez-vous? ils ont accepté. >>

Gensonné demande donc que si ces officiers ne sont pas cités à la barre, on force le district à envoyer le procès-verbal de cette nomination. Il ne réclame aucune mesure contre le clergé, qui, au reste, est étranger à la conduite des officiers municipaux. Le récit ne prouve qu'une seule chose: c'est que la municipalité de Montaigu n'a pas voulu participer à l'installation d'un prêtre apostat.

Coupilleau, député de Montaigu, confirme ces faits, et demande la destitution des officiers municipaux; mais il veut, avant tout, qu'on ait la justice de les entendre, de leur permettre de rendre compte de leur conduite. Il ne demande pas la même faveur pour les prêtres. Pour ceux-là, la justice n'exige pas qu'on les entende; on les dénonce, on les déclare perturbateurs et criminels, sans leur donner la faculté

de rendre compte de leur conduite. L'orateur suit cette marche dans le même discours: ainsi, il annonce qu'à l'occasion d'un renouvellement de municipalité, les prêtres réfractaires ont soulevé les habitants de la campagne du bois de Gené; que les gardes nationales et les troupes de ligne ont été désarmées par eux ; et il craint que, dans ce moment même, le sang ne coule à grands flots. Il conclut en pressant l'Assemblée de prendre un parti sévère; autrement, c'en est fait de la constitution et de la liberté dans la Vendée. (On applaudit.)

Un député se lève, et demande que le corps législatif ne prenne ce parti qu'après s'être fait instruire parfaitement des faits; c'est-à-dire, il demande qu'on fasse pour les prêtres ce que le préopinant avait demandé pour les officiers municipaux, qu'on ne les condamne pas sans les avoir entendus. Mais il est interrompu par de violents murmures. L'orateur s'en plaint:

C'est, dit-il, parce que je ne propose pas de suite un moyen violent, qu'on se permet de m'interrompre. » Les murmures redoublent alors, et couvrent entièrement sa voix.

Le lecteur me pardonnera ces détails, qui nous font voir que les membres de l'Assemblée reconnaissaient une loi de justice pour des officiers municipaux, et qu'ils n'en avaient point pour les prêtres appelés réfractaires.

Un prêtre constitutionnel, dont on ne dit pas le nom, vint envenimer les débats par la lecture d'une lettre du procureur syndic du district de Châlons, qui annon

(1) Moniteur, séance du 21 novembre 1791.

çait les mêmes malheurs excités par les mêmes causes le renouvellement des officiers municipaux, le désarmement des troupes de ligne, l'escalade des murs du presbytère pour assassiner le curé, dont l'absence a prévenu le crime. Il en conclut, comme on pouvait s'y attendre, qu'il était urgent de prendre un parti `vigoureux contre les prétres réfractaires.

On comprend facilement quelle influence devaient exercer ces dénonciations sur des esprits déjà prévenus et mal disposés contre le clergé catholique; aussi sortit-il de ces débats, prolongés pendant près de quinze jours, une loi odieuse, injuste et barbare; je vais en citer les principales dispositions avec quelques fragments du préambule.

<< Considérant, dit l'Assemblée, que le serment purement civique est la caution que tout citoyen doit donner de sa fidélité à la loi et de son attachement à la société...; que le ministre d'un culte, en refusant de reconnaître l'acte constitutionnel qui l'autorise à professer ses opinions religieuses sans lui imposer d'autre obligation que le respect pour l'ordre établi par la loi et pour la sûreté publique, annoncerait, par ce refus-là même, que son intention n'est pas de les respecter; qu'en ne voulant pas reconnaître la loi, il abdiquerait volontairement les avantages que cette loi seule peut lui garantir;

« Qu'en remontant à la source des désordres, elle a entendu la voix de tous les citoyens éclairés proclamer dans l'empire cette grande vérité, que la religion n'est, pour les ennemis de la constitution, qu'un prétexte dont ils osent se servir pour troubler la terre au nom du ciel;

« السابقةمتابعة »