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roi déclarerait que, conformément à la constitution, qui lui permettait de résider à vingt lieues de la capitale, il se rendait à Compiègne; quelques détachements de cavalerie préparés par le général, et postés autour de la salle, escorteraient le roi, et assureraient son départ. Arrivé à Compiègne, le roi serait gardé par des régiments de l'armée de la Fayette, ferait des représentations à l'Assemblée, et renouvellerait, libre et sans contrainte, ses serments à l'acte constitutionnel (1). L'exécution de ces plans n'était pas sans difficultés : il aurait fallu de la résolution et de l'énergie, qualités que le roi n'avait pas. Il ne manquait ni de courage ni de fermeté; mais il n'avait pas de conviction politique. Il ne pouvait se persuader que, dans ce moment critique, il s'agissait du salut de l'État, du salut de la France. S'il avait pu avoir cette conviction, il aurait résisté aux ennemis du trône, comme il avait résisté à ceux de l'autel. Il refusa donc les offres du général la Fayette, comme il refusera celles du duc de Liancourt, qui lui proposera, au sacrifice de sa fortune, un voyage en Normandie, où il se trouverait au milieu de ses fidèles sujets. De cette sorte, l'élan national fut comprimé, l'indignation se refroidit. Tout le résultat des adresses et des démarches fut la suspension du maire de Paris et du procureur de la commune, prononcée par le directoire : mais elle ne fut pas de longue durée, et tourna au reste, comme nous le verrons, au détriment de la royauté. Les crimes du 20 juin restèrent donc impunis.

Quelques essais furent faits en province pour se

(1) Bertrand de Molleville, Mémoires, t. II, p. 293.

couer l'intolérable joug des factieux; mais, n'étant soutenus par aucune autorité centrale, ils furent presque aussitôt réprimés. En Bretagne, un simple cultivateur, Allain Redeler, à la sortie de la messe, dans la paroisse de Fouestan, indiqua aux paysans, pour le lendemain 9 juillet, un rassemblement auprès de la petite chapelle de Kerbader. A l'heure dite, cinq cents hommes s'y trouvaient déjà réunis. Ce rassemblement, bien différent des rassemblements tumultueux de Paris, témoignait par son attitude le recueillement de ses pensées. Il mêlait à ses armes des signes religieux; la prière remplaçait la Carmagnole, le Ça ira! Le tocsin sonnait de cloche en cloche; la population des campagnes tout entière répondit à l'appel des cloches comme à la voix de Dieu lui-même. Aucun excès ne souilla ce soulèvement. La population debout attendait, et demandait la conservation de son roi et la liberté de son culte. Le directoire de Quimper se hâta de déployer le drapeau rouge, de faire marcher la garde nationale de Quimper, la troupe de ligne et un canon. Le choc fut sanglant, la victoire disputée; les paysans eurent enfin le dessous, mais pour se former plus tard en valeureux bataillons. C'est la première étincelle de la grande guerre de la Vendée. Aucun prêtre n'y avait figuré (1).

:

Une affaire plus sérieuse et plus sanglante eut lieu dans le Vivarais là, la fureur des révolutionnaires s'est abreuvée dans le sang. Le camp de Jalès, réduit à peu de chose, avait été pendant longtemps un épouvantail pour la révolution. Dans les derniers jours

(1) Hist. parlementaire, t. XV, p. 373.

de juin, lorsque l'asile de la majesté royale avait été violé, un généreux chevalier, nommé Dusaillant, chercha à lui donner plus de consistance: il se mit à la tête d'un rassemblement qui s'était formé à SaintSauveur, puis à Clusière, et avait mis le siége devant le château de Jalès, menaçant en même temps celui de Bannes. Sa troupe ne passa pas deux mille hommes. Les deux châteaux tombèrent en son pouvoir. Le département fit marcher contre lui une armée nombreuse, composée de la gendarmerie, de plusieurs compagnies de troupes de ligne, et de tous les gardes nationaux des villes voisines. Le village de Saint-André fut brûlé, Jalès repris. Dusaillant, craignant d'être cerné dans le château de Bannes, fit évacuer ce poste. Les paysans se dispersèrent dans les gorges de l'Ardèche. Ils y furent poursuivis et inhumainement massacrés. Le feu consuma les deux châteaux. Dusaillant se sauva, déguisé sous l'habit ecclésiastique; mais il fut reconnu par un soldat vétéran, à qui il offrit en vain, pour sa rançon, sa croix de Saint-Louis avec vingt-cinq louis en or. Le soldat refusa, et le fit conduire, lui et quatre de ses compagnons, à Chambonas, pour y être jugés. Mais, à leur entrée dans la ville, ils furent massacrés par le peuple. La révolution ne jugeait déjà plus, elle frappait. Plus de deux cents paysans eurent le même sort. L'Assemblée fut saisie d'horreur lorsqu'on lui annonça que la fureur de la garde nationale était telle, qu'il y avait à douter qu'elle en laissât un seul pour la haute cour (1). En effet, les révolutionnaires du Midi commirent les plus horribles excès, Tous ceux qui étaient

(1) Hist. parlem., t. XVI, p. 263-267.- Moniteur, séance des 8 et 18 juillet 1792.

soupçonnés d'avoir pris quelque part au camp de Jalès furent massacrés. Quand on eut fini avec les habitants, on se mit à la recherche des prêtres non assermentés. Un seul avait fait parler de lui à l'occasion de ce camp: c'était un ancien moine qui n'avait jamais été prêtre, et qui depuis longtemps s'était retiré en pays étranger. Il s'appelait Bastide : ce nom le fit confondre avec un prêtre homonyme, chanoine d'Uzès, qui ne s'était jamais mêlé du camp de Jalès. Il fut arrêté à Villefort, où il s'était retiré, et massacré avec deux autres prêtres innocents comme lui (1). Les prétendus gardes nationaux parcoururent ensuite tous les environs, pour rechercher les prêtres non assermentés. Vingt-cinq ou trente périrent par leurs mains. Un de ces prêtres portait aussi le nom de Bastide il était de Bérias, et vivait dans une métairie, chez son frère. Il fut conduit et traîné dans un sale ruisseau, et tué à coups de fusil. D'autres prêtres, contre lesquels il n'était pas possible d'élever le moindre soupçon d'une part quelconque au camp de Jalès, furent conduits dans les prisons des Vans, où on les réserva pour un grand holocauste dont nous aurons occasion de parler; car la ville des Vans aura, plus tôt que Paris, son mois de septembre.

Si le parti de l'ordre resta dans l'inaction, il n'en fut pas de même de celui du désordre, qui, étant une fois remis de sa frayeur, travailla avec passion et enthousiasme à la chute du trône, employant tour à tour le mensonge, la calomnie et même le crime. Il montra ce dont est capable un parti qui n'a plus la crainte

(1) Hist. parlem., t. XVI, p. 264. Nous ne voyons pas sur quel fondement M. de Lamartine fait figurer des prêtres dans l'armée de Jalès.

de Dieu. C'est pour cette raison que nous rapportons ces faits, qui semblent être étrangers à l'histoire ecclésiastique.

Les jacobins firent d'abord un appel à leurs associés tant en province qu'à Paris, pour stimuler leur zèle, et les engager à faire des adresses tant au roi qu'à l'Assemblée nationale. Ensuite, ils s'agitaient dans les clubs, faisaient des motions qu'ils portaient à l'Assemblée, où ils faisaient parler les orateurs de leur parti. Enfin, ils ne négligèrent aucun moyen de renverser le trône; ils poussèrent l'attention jusqu'à ôter un grain de sable qui pouvait mettre obstacle` à l'accomplissement de leurs desseins.

Le lendemain du 20 juin, lorsque la population était aux Tuileries, pleine d'émotion des événements de la veille, ils recommencèrent leurs manœuvres on lisait, sur les murs du faubourg Saint-Antoine, cette affiche insolente et audacieuse :

« Nous nous levons une seconde fois pour remplir le plus saint des devoirs. Les habitants des quatre faubourgs de Paris, les homines du 14 juillet, viennent vous dénoncer un roi faussaire, coupable de haute trahison, indigne d'occuper plus longtemps le trône. Nos soupçons sur sa conduite sont enfin vérifiés, et nous demandons que le glaive de la justice frappe sa téte, afin que la punition qu'il mérite serve d'exemple à tous les tyrans. Si vous vous refusez encore à nos vœux, nos bras sont levés, et nous frapperons les traîtres partout où nous les trouverons, même parmi vous. » L'adresse était pour l'Assemblée nationale. Elle attaquait la constitution par sa base, puisqu'elle menaçait d'anéantir l'inviolabilité et du roi et des mem

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