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DE

L'ÉGLISE DE FRANCE

PENDANT LA RÉVOLUTION.

LIVRE QUINZIÈME.

:

A l'époque où nous sommes arrivés (milieu d'octobre 1791), l'Église de France, autrefois si belle et si glorieuse, s'éteint de plus en plus. Les schismatiques, protégés par l'Assemblée nationale, sont en possession des presbytères, des écoles, des palais épiscopaux et des églises avec leurs ornements. Les prêtres catholiques, dépouillés de tout, sont obligés, s'ils veulent dire la messe, de se retirer dans des oratoires ou dans des chapelles particulières encore se trouveraient-ils fort heureux, s'ils pouvaient y être tranquilles. Mais la populace, excitée par les clubs, va porter le désordre dans les lieux où ils se réunissent avec les fidèles ; les prêtres sont chassés, et les femmes maltraitées avec une cruelle indécence. Les scènes scandaleuses que nous avons vues à Paris aux Théatins et au séminaire des Irlandais, se renouvellent au Val-de-Grâce et dans le quartier Saint-Jacques, où les fidèles avaient essayé

de se réunir. La municipalité, quoique peu favorable au culte catholique, fit de nouvelles affiches pour proclamer la liberté des cultes et exhorter le peuple à la tolérance. Mais elle eut l'infamie de mettre le culte catholique sous la direction et la surveillance des curés constitutionnels dans la paroisse desquels se trouveront les églises où le culte sera célébré; disposition vexatoire qui fut sévèrement critiquée (1). Quelques jours après, le directoire du département de Paris brisa ces entraves et rétablit la liberté des cultes, selon le sens de la loi du 7 mai dernier. Voici les termes de son arrêté :

« Nous arrêtons que tous citoyens, toutes sociétés, agrégations et communautés religieuses ou séculières, pourront ouvrir leurs églises, chapelles, temples et autres lieux qu'ils entendent destiner à l'exercice d'un culte religieux quelconque, sans être soumis à autre surveillance qu'à celle des officiers de police, auxquels il est enjoint de veiller à ce qu'il ne se passe dans ces lieux rien de contraire à l'ordre public (2). »

Cet arrêté, renouvelé et maintenu, produisit un bon effet; les catholiques purent enfin se réunir, et pendant plusieurs mois Paris fut tranquille sous le rapport religieux.

Mais le clergé officiel, qui, selon l'expression fastueuse des philosophes législateurs, devait ramener la splendeur de la primitive Église, se dégradait au dernier point. Il ne gardait plus aucune règle de discipline, ni aucune retenue. La loi du célibat

(1) Hist. parlem., t. VI, p. 179, édit. compacte.

(2) Moniteur, 23 octobre 1791. L'arrêté du directoire est du 19 octobre; celui de la municipalité, du 14.

ecclésiastiqué était mise au rebut. On voyait partout des exemples de prêtres constitutionnels qui contractaient mariage, au mépris de la loi ecclésiastique.

Un prêtre de Paris, l'abbé de Cournand, professeur de littérature au Collége royal, avait adressé une demande de mariage à la municipalité (1), et il paraît qu'il a obtenu ce qu'il désirait; car, le 24 septembre (1791), il déposa son acte de mariage entre les mains de la municipalité, en présence de cinq témoins, dont deux ecclésiastiques, devenus par là complices de son infraction à la loi religieuse (2). Les prêtres qui sont dans le ministère ne tarderont pas à donner le même exemple. L'Assemblée législative y encourageait. Le 19 octobre, on soumit à ses délibérations la question de savoir si on devait continuer la pension aux ecclésiastiques qui se marieraient. Ce qui y avait donné occasion, c'est un ci-devant bénéficier du département de Maine-et-Loire qui, s'étant marié, avait demandé qu'on lui continuât la pension, comme on le faisait aux religieuses depuis la loi du 10 septembre (1791). L'Assemblée déclara qu'aucune loi n'empêchant le mariage, la pension devait être continuée. Plusieurs députés profitèrent de la circonstance pour décrier le célibat ecclésiastique, comme contraire à la nature. Lecoz, évêque constitutionnel, s'éleva contre cette assertion, qu'il déclarait être une grande erreur. Il prouva combien l'infraction à cette règle était impolitique : « Vous vous occupez en ce moment, dit-il, d'éteindre ce feu qui consume l'empire; et, par l'impolitique motion qui

(1) Mémoires d'Auribeau, t. II, p. 471.

(2) Moniteur, 13 octobre 1791.

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