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l'exercice du saint ministère par des prêtres mariés depuis leur ordination; et spécialement contre l'institution canonique récemment accordée au sieur Aubert, comme contraire aux réglements apostoliques et à la discipline générale de l'Église; déclarant en conséquence que nous ne regarderons jamais le sieur Aubert, ni aucun autre prêtre qui, au préjudice de cette discipline, pourraient dans la suite être envoyés ou maintenus en l'exercice du saint ministère, comme nous étant associés dans le gouvernement pastoral; et que nous nous abstiendrons de communiquer avec eux en tout ce qui tient au spirituel, jusqu'à ce qu'ils aient dignement réparé le scandale dont ils se sont rendus ou se rendraient coupables.

Si le synode du diocèse était ou devait être prochainement assemblé, ce serait dans son sein que nous remettrions notre protestation, afin qu'elle y fût appuyée par l'adhésion de tout le presbytère, et que M. l'évêque lui-même, aidé, fortifié par le zèle et les lumières de ses coopérateurs dans le ministère pastoral, et agissant de concert avec eux dans un esprit de conciliation, de charité, de paix, pût plus efficacement corriger ce qui a été malheureusement fait contre les règles, et dont le scandale est un sujet de désolation, non-seulement pour le diocèse de Paris, mais aussi pour toute l'Église de France. Mais puisqu'il ne plaît pas encore à la divine Providence de nous accorder cette consolation et cette ressource, souffrez, monsieur l'évêque, que nous déposions en vos mains notre présente protestation, pour être un témoignage authentique de notre attachement aux règles de l'Église, servir au maintien de ces mêmes règles, et, en

temps et lieu, à la juste condamnation de ceux qui les ont si indignement méprisées (1). »

On pouvait leur dire qu'ils avaient eux-mêmes méprisé les premières lois de l'Église, et qu'ils n'avaient point de reproches à faire à ceux qui portaient le mépris plus loin. Enfin, le schisme est dans l'Église constitutionnelle sur un point capital, sur une question de vie et de mort. Qui va décider? Les curés de Paris s'adressent à tous les évêques de France. Mais quel droit ont-ils, ces évêques, de censurer la conduite de l'évêque de Paris? Tenant tous leurs pouvoirs de l'autorité civile, pouvaient-ils condamner un évêque qui avait l'autorité pour lui? D'ailleurs, ils ne sont pas d'accord entre eux. Fauchet interdit le mariage par un mandement; Torné y invite et y encourage; d'autres se marieront eux-mêmes. Tel est l'état de l'Église constitutionnelle. Elle compte à peine un an d'existence, et déjà elle est déchirée jusque dans ses entrailles. Nous y voyons des fidèles contre leurs pasteurs, les évêques et les prêtres divisés entre eux, des curés dénonçant leur évêque comme infracteur des règles ecclésiastiques; enfin, déchirements, scandales dans les diocèses, dans les paroisses. Quel en est le remède? Il n'y en a point, depuis qu'on s'est séparé du centre de l'unité.

(1) Réclamation des curés de Paris, adressée à tous les évéques de France.

LIVRE SEIZIÈME.

L'Assemblée nationale, pressée par le ministre Roland, ne différa pas de s'occuper des nouvelles mesures qu'on se proposait de prendre contre les prêtres réfractaires. Le moyen qui se présentait à l'esprit de tous pour s'en défaire complétement, était la déportation. La presse révolutionnaire avait proposé une autre mesure : c'est qu'on les traitât en parias, et qu'on les soumit (la plume hésite à décrire de pareilles infamies) aux réglements promulgués le 8 août 1347, par la reine Jeanne de Naples, contre les prostituées d'Avignon, c'est-à-dire qu'on les parquât dans des cloîtres, séparés du reste des habitations humaines, et d'où ils ne pourraient sortir, sous peine du fouet et de l'interdiction (1).

L'Assemblée nationale ne voulait pas un tel moyen, qui aurait d'ailleurs entraîné trop de dépenses. Il lui paraissait plus simple de les envoyer en pays étranger, et de leur laisser le soin de s'en tirer comme ils pourraient. Cela ne coûtait rien à l'État, et on en était débarrassé. La déportation était donc le moyen qui réunissait le plus de suffrages. On ne s'occupait plus que de lui donner une apparence d'équité. Cela eût été

(1) Les Révolutions de Paris, no 149, p. 297.

bien difficile pour des législateurs autres que ceux de l'Assemblée législative; car les prêtres fidèles avaient constamment protesté de leur innocence. Leurs principes, leur intérêt et les faits venaient à leur appui, Sur cinquante mille ecclésiastiques accusés, pas un seul n'a pu être convaincu de crime : c'est un ministre du roi qui l'avait dit à la tribune. Mais les législateurs ne sont point embarrassés : ne pouvant pas prouver la culpabilité, ils la supposent, et se jettent sur ces déclamations banales que nous avons vues répétées sans cesse. Ainsi Isnard, en ouvrant la discussion, prononça ces paroles :

<«< La première cause se trouve dans les manoeuvres des prêtres fanatiques, et nous devons nous attendre à toutes les horreurs qu'ils commettent; car rien n'égale l'iniquité de la théocratie qu'on irrite. Le père, l'ami, le consolateur du genre humain, c'est Dieu; le persécuteur, l'ennemi, le bourreau de l'homme, c'est le prêtre fanatique (1), » Ce sont là de grands mots, des accusations vagues sans aucun fait.

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Le lendemain, Lecointre-Puyraveau avoua en quelque sorte qu'il était impossible de produire des preuves, parce qu'ils ourdissaient leurs crimes dans les ténèbres et qu'ils complotaient au confessionnal. « Il est certain, dit-il, que c'est du confessionnal que sortent tous les poisons dont s'alimentent les contre-révolutionnaires, et que cette boîte, plus funeste que celle de Pandore, est pour eux un moyen infaillible d'échapper à la loi. Il est démontré, ajouta-t-il, que vous ne pouvez rien contre le prêtre, qui abuse du confes

(1) Moniteur, séance du 15 mai 1792.

par le

sionnal pour détruire la constitution. » C'est pourquoi il demanda la déportation de tous indistinctement, à moins qu'ils n'aient donné des garanties à l'État serment (1). Ainsi, la déportation est demandée pour des crimes invisibles qui échappent à la loi, et qui se commettent dans les ténèbres et surtout au confessionnal. On a pitié d'une Assemblée qui établit une loi sur de pareils considérants. Les prêtres sont coupables, parce qu'ils confessent: voilà tout leur crime. Aucune voix ne s'éleva en leur faveur, tous les membres de l'Assemblée les regardaient comme criminels : aussi étaient-ils tous d'accord sur la peine de déportation; mais ils se divisaient sur les détails, et chacun présenta son projet de loi.

Isnard, Puyraveau et Vergniaud, revenant à la loi du 29 novembre, proposèrent le serment civique, et la déportation contre tous ceux qui ne le prêteraient pas. D'autres, comme M. de Moy, curé de Saint-Laurent, repoussaient le serment; mais ils voulaient qu'on bannît du royaume tout prêtre convaincu d'avoir professé ou prêché des maximes contraires à la constitution. Ramond, député de Paris, imbu des principes de tolérance du directoire du département, réclama la liberté entière des cultes, comme le seul moyen d'éteindre le feu de la discorde et de rétablir la tranquillité. Ce moyen était loin de convenir à la majorité de l'Assemblée, qui avait pour but de détruire le christianisme et de se débarrasser de tous les prêtres.

On en était là lorsque Chabot, grand vicaire de l'évêque intrus de Blois, émit une idée perfide qui n'é

(1) Moniteur, séance du 16 mai 1792.

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