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tres adressaient aux fidèles, concernant ces objets (1). De l'autre, il protestait de son innocence en s'appuyant sur des faits positifs et incontestables : « Vous nous accusez, disaient-ils, d'être les auteurs de tous les genres de troubles qui agitent le royaume; vous nous accusez du défaut de payement des impôts, de la résistance des peuples à la libre circulation des grains; vous nous accusez d'être d'intelligence avec l'ennemi de la patrie, d'appeler la guerre de tous nos voeux... Comment se fait-il donc que, sur un si grand nombre de prêtres accusés, vous n'ayez pas trouvé un seul coupable?

<< Vous avez cinquante mille corps administratifs en fonctions, disaient-ils, trois millions de gardes nationaux sur pied, plus de dix mille clubs qui veillent nuit et jour à la défense de la constitution, qui percent sans cesse de leurs regards ceux qu'ils appellent de mauvais citoyens, qui devinent leurs pensées, interceptent leurs lettres, et font des irruptions inopinées dans leurs domiciles; et sur cinquante mille prêtres non assermentés, accusés de factions, de conjuration et de meurtre, vous n'avez pas encore pu surprendre un seul coupable! Comment ne vous apercevez-vous pas qu'en multipliant ainsi les chefs d'accusation sur les mêmes individus, sans en donner des preuves, vous montrez, aux yeux de la nation et aux yeux de toute l'Europe, leur innocence, et l'injuste malveillance que vous leur portez (2)? »

Ils en appelaient ensuite à leur foi, qu'ils avaient

(1) Nouveau compte rendu au Roi, annonces, p. 32. (2) Ibid., p. 3.

toujours professée et pour laquelle ils avaient tout sacrifié, comme garantie de leur innocence. Ils envoyaient des déclarations tantôt à l'Assemblée nationale, qui les mettait au rebut sans en parler, tantôt au roi, qu'ils honoraient d'autant plus qu'il était plus humilié. Voici ce que nous lisons dans une de ces déclarations :

« Nous déclarons à Votre Majesté que nous sommes soumis à toutes les autorités publiques et à toutes les lois actuellement existantes dans le royaume. Nous sommes soumis; et si une loi en exigeait le serment, nous serions prêts à le faire. Quiconque est soumis ne se révolte pas; il ne travaille pas à détruire l'autorité; il ne provoque pas des mouvements contre elle; il n'entre pas en intelligence avec des forces étrangères. Voilà quelle a été notre conduite jusqu'à cette heure, et quelle elle sera jusqu'à la fin; elle a pour principe une loi, un ordre de choses qui ne craignent pas les révolutions humaines, la loi et l'ordre même de Dieu.

<< Nous déclarons qu'à l'exemple de Jésus-Christ, payant le tribut à César, faisant même un miracle pour mettre les apôtres en état de le payer, nous mettons au nombre de nos devoirs d'acquitter nos impôts personnels, et d'exhorter les fidèles à les acquitter aussi.

« Nous déclarons que nous nous regarderions comme transgresseurs de la loi divine, comme complices de tous les maux qui pourraient résulter du défaut de subsistances, si nous pouvions être assez perdus de principes, de conscience et d'humanité, pour concourir, même par les oppositions les plus légères, à traverser leur libre circulation.

« Nous déclarons que la grandeur des maux faits à

la religion par les lois nouvelles, et les vexations personnelles sous lesquelles nous gémissons, loin d'allumer dans nos cœurs le sentiment de la vengeance, ne servent qu'à nous rendre plus présent ce commandement très-exprès de notre premier maître : Rendez le bien pour le mal, aimez ceux qui vous haïssent, faites du bien à ceux qui vous maltraitent; et si vous ne pouvez pas pour eux autre chose, priez toujours Celui qui tient dans sa main tous les cœurs, afin qu'il daigne les toucher et les ramener à lui.

« Nous déclarons à Votre Majesté que les plus constants et les plus ardents de nos vœux ont pour objet la conservation de vos jours précieux, et le retour de la paix dans l'Église et dans l'État; que nous détournons nos regards et nos espérances de tous les préparatifs hostiles, pour désirer et demander avec instance au ciel que le calme et la prospérité rentrent dans le royaume..... Toute notre résistance se borne à croire fermement que le culte constitutionnel n'est pas le culte catholique, et à enseigner qu'il ne l'est pas. Cette résistance est invincible; elle sera plus forte que la mort, parce qu'elle a pour base notre foi, et pour prix notre salut. Si nous étions idolâtres, la constitution nous permettrait d'enseigner que Jupiter est Dieu, et que JésusChrist ne l'est pas. Comment devenons-nous ennemis de la constitution en enseignant que la hiérarchie constitutionnelle est une hiérarchie toute civile, comme l'autorité à qui elle doit, sous tous les rapports, son existence et sa discipline; et non une hiérarchie catholique, apostolique et romaine, qui doit tenir la sienne de l'Église seulement?... Ce seul point excepté, nous sommes intacts dans notre soumission à l'ordre civil,

et dès lors nous sommes innocents non-seulement aux yeux de Dieu, mais aux yeux même de la loi (1). »

Le roi n'avait pas besoin de ces sortes d'adresses pour savoir à quoi s'en tenir relativement aux plaintes qu'on élevait contre le clergé : son innocence lui était bien connue; aussi fût-ce par un sentiment de justice qu'il s'était opposé à l'exécution de la loi du 29 novembre 1791. Il désirait ardemment maintenir la liberté du culte catholique, qu'il regardait comme le dernier boulevard de la société et du trône. Il avait envoyé en province nombre de proclamations pour recommander de laisser les cultes libres. Ses ministres, tant qu'il conservait un reste d'autorité sur eux, l'aidaient de tout leur pouvoir, et envoyaient des circulaires aux directoires des départements et aux commissaires du roi auprès des tribunaux, pour les engager à maintenir la liberté du culte catholique et à protéger ses ministres.

Ces circulaires et ces proclamations produisaient un bon effet dans les départements où l'autorité royale était encore respectée, et où les corps administratifs et judiciaires étaient composés de personnes honnêtes; mais ils ne produisaient que du mécontentement dans ceux où le parti révolutionnaire était dominant. Ainsi, nous voyons arriver à l'Assemblée législative une députation de la Nièvre, se plaignant d'une proclamation du roi qui mettait obstacle à l'exécution de leurs arrê– tés contre les prêtres réfractaires. Le vicaire épiscopal se joint à la députation pour représenter les prêtres comme séditieux, perturbateurs du repos public, et

(1) Nouveau compte rendu au Roi, p. 4-12.

ennemis jurés de la constitution: il prétend que rien n'est plus opposé à l'intérêt du département que la proclamation du roi (1). On voit par cet exemple, auquel il serait facile d'en ajouter d'autres, que les circulaires des ministres et les proclamations du roi en faveur de la liberté religieuse n'étaient pas du goût des révolutionnaires de certains départements; elles n'étaient pas non plus du goût de l'Assemblée nationale, qui avait émis des vœux si opposés dans la loi du 29 novembre; chaque proclamation en faveur de la liberté était regardée par elle comme une insulte à son honneur et à ses lumières, et excitait la fureur de ses membres, comme de tous ceux de leur parti. Fauchet, l'évêque intrus du Calvados, qui avait été si cruellement flagellé par un de ses collègues dans la discussion de la loi du 29 novembre, ne pouvait pardonner au ministre Delessart les circulaires qu'il avait adressées au directoire du Calvados, et l'ordre qu'il avait donné de payer la pension des prêtres non assermentés. Il attaqua ce ministre en pleine tribune à ce sujet, et lui fit un crime d'avoir dit, dans une de ses circulaires : « Le décret du 29 novembre est incompatible avec les mours françaises et les principes d'une constitution libre (2).

Le ministre n'eut pas de peine à confondre l'évêque intrus; mais la protection qu'il accordait aux prêtres catholiques n'en déplaisait pas moins à l'Assemblée, et c'est de là que date la haine qu'on lui porte et qui le mènera à sa perte.

(1) Moniteur, séance du 10 mai 1792. (2) Ibid., séance du 3 décembre 1791.

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