صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

des vérités importantes de la religion, tandis qu'on accordait une si grande liberté aux clubs, aux orateurs des bornes, à qui on laissait enseigner les doctrines, je ne dis pas les plus anarchiques, mais les plus sanguinaires les prêtres sont poursuivis, condamnés pour avoir dit la messe, tandis qu'on a une entière indulgence pour les malfaiteurs, les incendiaires, et les perturbateurs de l'ordre public.

:

Pour empêcher les prêtres de dire la messe, on avait grand soin, dans les expéditions qu'on faisait, d'enlever les ornements sacerdotaux, et surtout les calices; on allait jusque dans les maisons religieuses pour s'en emparer. Dans le diocèse d'Évreux, un curé, celui de Saint-Michel, nommé Bessin, eut un sort bien malheureux, pour n'avoir pas livré à l'intrus les ornements et les vases sacrés de l'église. Il avait pris soin de les soustraire et de les cacher, selon la règle suivie dans les premiers siècles du christianisme. De là de grandes clameurs contre le curé, qu'on accusait de larcin; il fut arrêté, traduit devant les officiers municipaux. Il répondit avec fermeté qu'il a voulu, non s'attribuer à lui les vases sacrés, mais seulement les soustraire à la profanation, selon l'ancienne discipline de l'Église. Cependant, comme il était calomnié, il indiqua l'endroit. où le dépôt sacré était caché. Mais la multitude n'était point satisfaite, elle voulait se porter aux derniers excès. Le maire eut beau la conjurer d'attendre la sentence du tribunal, et de ne pas se déshonorer par un lâche assassinat; ce fut en vain. Le curé fut arraché de la prison, traîné le long des rues, et percé de mille coups. On détacha la tête et les bras, qu'on jeta dans la rivière, après les avoir portés en triomphe. Le reste

du corps fut traîné devant le cimetière, où il resta plusieurs jours sans sépulture (1). C'est là que tendait la haine qu'on nourrissait contre les ecclésiastiques; elle ne pouvait être satisfaite que par l'extermination.

Ce qu'il y a de triste à voir, c'est que le clergé constitutionnel et schismatique n'est point étranger à ces persécutions: c'est lui, au contraire, qui en donne l'impulsion. Ce malheureux clergé devait, dans l'opinion des législateurs, rappeler par la pureté de ses mœurs la primitive Église, et, dans le fait, il ne rappelait que les persécuteurs de cette Église. Choisi parmi les prêtres qui étaient entrés dans l'état ecclésiastique sans vocation, et qui depuis longtemps avaient rompu avec leur conscience, il était furieux de se voir abandonné des chrétiens et des honnêtes gens; car, malgré tous ses efforts et ses persécutions, ses églises restaient désertes. Ses partisans, sans religion et sans mœurs, ne les fréquentaient guère; les chrétiens les fuyaient, et allaient quelquefois bien loin pour trouver un prêtre fidèle. Que firent les curés constitutionnels? Ils cherchèrent d'abord à détruire la confiance qu'inspirait l'ancien clergé. Ils se permettaient en chaire toutes les diatribes, toutes les invectives débitées au seizième siècle contre le clergé. Ils représentaient ce clergé comme rebelle, comme traître à la patrie, et digne de l'animadversion publique. Ils allaient si loin, que leurs propres partisans étaient scandalisés de leurs propos et de leurs déclamations furieuses. A Paris, un vicaire intrus de l'abbaye de Saint-Germain ne cessant de déclamer contre les prétendus incendiaires, on lui annonça

(1) Barruel, Hist. du Clergé, t. I, p. 191-192.

qu'on ne lui permettrait plus de prêcher, s'il n'adoptait un autre genre de prônes. A Gondreville, en Lorraine, toute une paroisse adressa une requête au département de la Meurthe, pour se plaindre des violentes récriminations du curé constitutionnel contre l'ancien clergé (1).

Ainsi, en décriant les autres, ils se décriaient euxmêmes, et inspiraient aux peuples un profond dégoût et une invincible répugnance. Ils avaient mis l'espérance de leurs succès dans l'éloignement des anciens prêtres; ils s'étaient imaginé que leurs paroissiens, une fois séparés de leurs pasteurs, iraient à l'église constitutionnelle, et s'attacheraient au nouveau clergé : mais les fidèles avaient trop de lumières pour ne point distinguer entre l'un et l'autre culte. Bien des fois les curés constitutionnels, entrant en controverse avec eux, furent confondus, et réduits à ne pouvoir répondre. On traitait ces catholiques d'ignorants sans doute, comme nous le voyons par les discours et les pamphlets de l'époque. La science consistait alors à se croire peuple souverain, à se persuader qu'on pouvait se passer de religion, mépriser la loi, l'autorité, même celle du roi. C'était là le résumé clair et net de toutes les grandes lumières du siècle. Les vrais chrétiens étaient étrangers à cette science; mais ils en avaient une autre qui était plus précieuse, et qui leur faisait repousser le schisme. On avait beau éloigner, chasser, emprisonner les anciens prêtres; le culte officiel n'en allait pas mieux. Les églises demeuraient toujours désertes, du moins à la campagne. Les constitutionnels résolurent alors de se

(1) Barruel, Hist. du Clergé, t. I, p. 186.

faire des prosélytes à tout prix, d'ajouter la violence à la prédication. Mais quand on est entré une fois dans cette voie, on va loin, et l'on ne sait plus où il faudra s'arrêter. La persécution a commencé par les prêtres, elle va s'étendre aux religieuses et même aux laïques, pour envelopper plus tard tous les catholiques, et même les persécuteurs.

Déjà, sous l'Assemblée constituante, les évêques constitutionnels avaient fait de grands efforts pour attacher à leurs principes les communautés religieuses; mais ils y avaient échoué complétement. Ils ne furent pas plus heureux sous l'Assemblée législative. Les religieuses présentèrent partout une courageuse résistance dès lors la destruction de leurs communautés fut résolue. En attendant qu'on y fût autorisé par une disposition législative, on exerça envers ces pauvres filles toutes sortes de vexations. Les officiers municipaux violaient leur clôture, soit en entrant chez elles à toute heure, soit en les forçant de sortir pour déposer devant les tribunaux, ou pour avoir leur certificat de vie et être en droit de toucher leur pension. Quand on vit que rien ne pouvait les ébranler, on les priva de leurs aumôniers, et on leur envoya des prêtres jureurs pour leur dire la messe. Mais elles n'y assistaient point, et cherchaient à y suppléer par d'autres exercices de piété. La violence fut alors employée, mais sans succès, comme nous le voyons par des milliers d'exemples que nous fournit l'histoire de cette époque. Ce qu'il y a de plus étrange, c'est que le peuple servit d'instrument à l'exécution de ces odieux projets. Il attaquait les saintes filles qui le soignaient dans ses maladies, qui ramassaient ses enfants abandonnés, et les instrui

saient avec la tendresse d'une mère. Déjà, à cette époque, les filles de Saint-Vincent de Paul, entièrement consacrées au service des pauvres, avaient été obligées d'abandonner plus de cinquante maisons, n'ayant pu résister à l'outrage, aux mauvais traitements de la multitude. Les municipalités, au lieu de les protéger, ajoutaient aux vexations (1). A Langres, des rassemblements d'hommes et de femmes armés forcèrent pendant trois jours les portes des monastères, renversèrent les grilles, commirent toutes sortes de profanations sous les yeux des religieuses réunies autour des saints autels, s'encourageant à mourir ensemble. Ils les dispersèrent, les accablèrent de coups, tout en les menaçant de ce genre d'insulte qui fait demander avec instance, à des vierges consacrées à Dieu, la mort, et la mort la plus affreuse, comme une grâce (2). L'autorité de la ville ferma les yeux; mais un prêtre surpris à dire la messe ne reçut pas la même indulgence: il fut puni par la prison (3). A la Rochelle, une cohorte se répandit dans les couvents, brisa les portes, somma les religieuses de faire serment de fidélité à l'intrus. Sur leur refus, on fit succéder les verges et les outrages les plus atroces à la sommation. Elles refusèrent encore; de là un redoublement de fureur et de mauvais traitements. Mais, efforts inutiles! les religieuses demeurèrent inébranlables; elles prièrent pour leurs bourreaux, tout en remerciant Dieu de leur avoir donné la force de confesser leur foi (4).

(1) Nouveau compte rendu au Roi, p. 19. (2) Ibid., p. 21.

(3) Ibid.

(4) Barruel, Hist. du Clergé, t. I, p. 188.

« السابقةمتابعة »