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contre les décrets et la conduite de l'Assemblée ? La cause du clergé, déférée à leur tribunal, ne devait pas souffrir un instant de délibération. Cependant Voidel, l'organe et le rapporteur des comités réunis, apporta à l'Assemblée un projet de loi qui enjoignait aux évêques et aux prêtres de prêter serment à la constitution civile du clergé, sous peine d'être déclarés démissionnaires, et d'être remplacés suivant la forme prescrite par la constitution (1).

Voidel commence par un brillant éloge de la religion, pour faire mieux ressortir les vices qu'il reproche à ses ministres.

<< La religion, dit-il, est la base de la moralité de nos actions essentiellement bienfaisante et juste, elle offre à l'homme vertueux les plus touchantes consolations dans le malheur; elle oppose au méchant un frein redoutable, mais salutaire; c'est dans le cœur de l'un et dans la conscience de l'autre qu'elle place son tribunal et qu'elle exerce son empire; indépendante des hommes, des temps et des lieux, éternelle comme son divin auteur, elle triomphe de toutes les passions, elle dompte tous les préjugés : la superstition, le fanatisme peuvent bien l'obscurcir, la dénaturer même; ils ne la changent jamais.

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Après cet éloge hypocrite de la religion, il fait le procès au clergé, et prétend que son autorité spirituelle ne s'est étendue qu'à l'aide de l'ignorance et de la superstition. Il lui reproche d'avoir été la cause des schismes et des hérésies qui se sont élevés dans l'Église. Puis, passant à l'époque actuelle, il accuse le clergé de rébellion.

(1) Moniteur du 28 novembre 1790, p. 1372, col. 2.

« Une ligue, dit-il, s'est formée contre l'État et contre la religion, entre quelques évêques, quelques chapitres et quelques curés. La religion en est le prétexte; l'intérêt et l'ambition en sont le motif. Montrer au peuple, par une résistance combinée, qu'on peut impunément braver les lois; lui apprendre à les mépriser, le façonner à la révolte; dissoudre tous les liens du contrat social, exciter la guerre voilà les moyens, et les faits vont le prouver.

« Ce plan se trouve tracé dans une lettre du cidevant évêque de Tréguier (son évêché se trouvait supprimé) aux curés de ce diocèse. Après avoir déclaré qu'il regardera personnellement comme intrus les évêques et curés qui seraient reconnus suivant la nouvelle forme, il proteste qu'il ne communiquera pas avec eux in divinis. Il cite ensuite un fragment d'une prétendue lettre du pontife de Rome à l'évêque de Saint-Léon. « Dans tous les temps, et principale<<ment dans celui-ci, dit l'évêque, il est nécessaire que << nous soyons unis, et que notre conduite soit uni« forme. Cette unité doit produire l'heureux effet que <«< nous nous proposons. » Et pour que leur conduite soit uniforme, il leur envoie un modèle de protestation que plusieurs ont signé, et qui exclut non-seulement le droit absolu, mais même le concours du souverain, dans la division des diocèses. Les autres évêques réfractaires ne s'expliquent pas, à la vérité, en termes aussi absolus. Plus réservés ou plus adroits, ceux de Soissons, de Dijon, de Verdun et de Nantes se bornent à protester contre l'incompétence du souverain, en déclarant qu'ils attendront, pour se décider, la réponse du souve

rain pontife à la lettre que le roi, dit-on, lui a écrite. <«< Vous allez voir, au surplus, que les rebelles, uniformes quant à la résistance, en varient les effets au gré de leurs diverses passions, de leurs craintes ou de leurs espérances. Ainsi M. l'évêque de Lyon, averti, par le département de Rhône-et-Loire, de se rendre dans son diocèse, où il n'a pas encore paru, au mépris de votre décret, des canons et de la discipline générale de l'Église, s'est tiré d'embarras en ne répondant pas. Ainsi M. l'évêque de Beauvais, membre de cette Assemblée, pressé par le directoire du département de l'Oise de donner les ordres pour la prompte éxécution dans son diocèse du décret sur la constitution civile du clergé, la formation de sa cathédrale en paroisse, la suppression et la réunion des cures, la nomination de ses vicaires, a répondu que, ne prévoyant pas le terme de votre session, il ne pouvait en assigner un à son retour. Mais, le 14 octobre, la cure de Puiseux a vaqué dans le district de Senlis; le 22, M. l'évêque de Beauvais y a nommé le sieur Guignon, qui en a pris possession le 27, suivant les anciennes formes. Ainsi M. l'évêque de Lisieux proteste que, jusqu'à la réponse du pontife de Rome au roi, il n'obéira pas au décret : le lien, dit-il, qui l'attache à ses diocésains ne peut être rompu que par un jugement canonique ou par la démission libre, et librement acceptée par le pape; que votre décret du 12 juillet est inconciliable avec les bases de la hiérarchie divine de l'Église. Ainsi M. l'évêque de Soissons assure que, hors le cas d'une absolue nécessité, il ne peut donner les mains à l'extension des limites de son diocèse,

sans commettre le crime d'intrusion; que quant au serment civique, il le réduira aux matières politiques seulement; et qu'il est d'autant plus fondé à faire cette réserve, qu'elle a été faite dans le sein de cette Assemblée sans exciter de réclamations. Ainsi M. l'évêque de Dijon annonce qu'il est dans l'intention d'exercer provisoirement la juridiction épiscopale sur les seules et mêmes lieux qui y ont été soumis jusqu'ici, sauf à s'expliquer de nouveau lorsqu'il sera instruit de la réponse du pape, qui a été consulté sur le projet de la nouvelle organisation du clergé. Ainsi M. l'évêque de Nantes, par une lettre datée de Paris le 18 octobre, et adressée au directoire de la Loire-Inférieure, après avoir annoncé qu'il a lu la signification du décret, qui lui a été faite le 5 à son palais, proteste contre la suppression du chapitre et de l'office canonial, l'érection de sa cathédrale en paroisse, et la réunion de plusieurs autres cures à celle-là; toutes ces opérations, dit-il, ne pouvant se faire que par la puissance ecclésiastique, suivant les formes canoniques. »>

L'orateur trouve étranges et déplacées ces réclamations, qui sont d'ailleurs si conformes à la constitution et à la discipline de l'Église. Il avoue que les évêques n'y parlent pas de l'aliénation des biens de l'Église; mais les chapitres n'ont pas été aussi réservés. Il expose, non sans des altérations notables, les protestations des chapitres de Lyon, de Saint-Brieuc, de Quimper, de Léon, de Laon, cherchant à démontrer qu'elles ont pour mobile l'intérêt personnel. Il cite l'exemple de plusieurs curés qui protestent publiquement en chaire contre les décrets de l'Assemblée, et il ajoute ces réflexions :

« Et c'est des tribunes sacrées, qui ne devraient

faire entendre que des paroles de paix, que l'amour de l'ordre, la charité, le respect des lois; c'est de ces tribunes que partent les anathèmes, les cris de guerre et de révolte! Et ce ne serait pas là le renversement de l'ordre social, et ce ne serait pas là une confédération contre la religion, que ces sacriléges excès déshonorent! >>

S'il blâme d'un côté, il loue de l'autre. Ainsi il donne des éloges à des chanoines, à des curés et vicaires qui ont refusé leur signature aux protestations ou donné leur adhésion aux nouvelles lois. Il décerne un témoignage éclatant aux administrateurs de plusieurs départements qui font exécuter la constitution. « Informations, ordonnances, adresses, proclamations, ils n'ont rien omis, dit-il, de tout ce qui pouvait procurer l'exécution de la loi : cependant ils accusent la lenteur de votre justice; ils appellent à grands cris la vengeance des lois sur la tête des coupables; ils vous disent qu'il faut des exemples, et que si vous voulez maintenir la constitution, vous devez, par une loi sévère, forcer les factieux à rentrer dans l'ordre, et les rebelles à l'obéissance. >>

C'était sonner le tocsin, et appeler la hache sur la tête du clergé.

L'orateur se permet de leur donner des conseils : « Ministres de la religion, dit-il, cessez de vous envelopper de vains prétextes; avouez votre faiblesse : vous regrettez votre ancienne opulence; vous regrettez ces prérogatives, ces marques de distinction et de prétendue prééminence, tous ces hochets de la vanité, qui dégradaient la maison du Seigneur. Songez que la révolution a fait de nous des hommes; que nous ne

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