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dans vos foyers; vous y obtiendrez les bénédictions du peuple, ou du moins le silence respectueux de la calomnie. >>

Les applaudissements s'étaient prolongés, et le projet fut adopté.

Le soir du même jour, il y eut, au club des Jacobins, une séance extrêmement agitée. On commença par dénoncer un membre qui avait tenu des propos injurieux contre Robespierre; et là-dessus de vifs débats, à tel point que le président fut obligé de se couvrir, pour obtenir un peu de calme. Après cet incident, Biauzat donna, d'une voix ferme, lecture du décret qui déclarait les cas de déchéance du roi, et renvoyait devant la haute cour Bouillé et ses complices; décret qui venait d'être rendu par l'Assemblée nationale, et qui déplaisait aux Jacobins. Ceux qui en étaient les plus fâchés en faisaient un objet de plaisanterie. Une voix dit, et plusieurs répétèrent, que sans doute l'Assemblée nationale allait nommer pour président l'abbé Maury. Danton proposa que la société envoyât des cartes d'entrée au club à Maury et à Cazalès. Toutefois l'embarras était visible, et la colère se peignait sur beaucoup de figures. Robespierre entra au club en même temps que Péthion et Roederer; des applaudissements redoublés se firent entendre. La présence de Robespierre rappelait une espérance. En effet, il commença par dire que l'Assemblée peut avoir eu l'intention de déclarer Louis XVI hors de cause, mais que son décret rendu ne déclarait pas cette intention; que par conséquent la position du roi était toujours incertaine, et que les questions qui le concernaient étaient encore à traiter. Cette considération, qui n'était qu'un

sophisme, exalta toutes les têtes. On prétendit que l'Assemblée avait différé de prononcer sur Louis XVI, parce que le vœu de la nation n'était pas encore exprimé. La conclusion sous-entendue était qu'il fallait demander à la nation l'expression de son vœu (1).

Laclos proposa aussitôt d'envoyer aux sociétés affiliées une pétition qu'elles feraient circuler dans toutes les communes de leur voisinage, en admettant à la signer les citoyens non actifs, les femmes et les mineurs cette pétition, couverte de huit millions de signatures, reviendrait éclairer l'Assemblée nationale. Biauzat combattit ces folies, et démontra que le décret de l'Assemblée nationale ne pouvait laisser de doute dans l'esprit de personne sur son intention, qui était évidemment de mettre le roi hors de cause. Il s'opposa donc à toute pétition, par obéissance à la loi et par amour de la paix. Danton soutint la proposition de Laclos. Le débat se prolongeait, la séance allait être levée sans qu'on eût rien décidé, lorsqu'un grand bruit se fit entendre au dehors. C'est qu'une agitation violente avait régné dans Paris pendant une grande partie de la journée. Les émissaires du club des Cordeliers avaient poussé un attroupement au Champ-deMars, pour y signer une pétition qui était destinée à l'Assemblée nationale, et qui demandait qu'on ne statuât rien sur le sort de Louis XVI avant qu'on eût connu le vœu bien prononcé de tout l'empire. L'Assemblée avait refusé de recevoir cette pétition, qui, au reste, était arrivée trop tard; son décret était déjà rendu (2)

(1) Hist. parlem., t. V, p. 469.

(2) Ibid., t. V, p. 408.-Moniteur, séance du 15 juillet 1791.

Le tumulte entendu à la porte des Jacobins venait d'une partie de cet attroupement, composé dé quatre à cinq mille personnes, dont une députation entra dans la salle. Celui qui porta la parole dit que le peuple venait demander à la société de se joindre à lui, le lendemain, pour aller au Champ-de-Mars jurer de ne plus reconnaître Louis XVI pour roi. Au milieu des applaudissements qu'obtint cette proposition, Laclos revint à son idée d'une pétition universelle; des commissaires furent nommés pour la rédiger. Brissot s'en chargea exclusivement; on décida qu'elle serait lue le lendemain, à onze heures, au club des Jacobins, et portée ensuite au Champ-de-Mars, pour recevoir les signatures du peuple. Il était minuit quand les jacobins levèrent la séance.

L'Assemblée nationale, qui n'était point républicaine, sentit, à l'aspect des dangers publics, la nécessité de se prononcer contre le parti révolutionnaire, ct de donner elle-même l'impulsion aux autorités chargées de faire exécuter ses décrets. Sur la proposition de M. Dandré (16 juillet), les ministres, les corps administratifs, les accusateurs publics du département de Paris furent mandés; ils parurent successivement à la barre, et reçurent du président l'injonction de déployer tous les moyens que la loi leur donnait pour déjouer les complots et maintenir la tranquillité publique. Pour lever les doutes que les agitateurs répandaient sur la position de Louis XVI, l'Assemblée décréta que le pouvoir royal resterait suspendu jusqu'à ce que la constitution fût achevée, et acceptée par lui (1).

(1) Moniteur, séance du 16 juillet.

L'Assemblée, voulant toujours conserver l'omnipotence, ne comprenait guère les conséquences de ce nouvel acte. Elle avait à combattre les idées républicaines; elle ne voyait pas combien la suspension du pouvoir royal, qui dura trois mois, devait contribuer à les répandre et à les rendre familières au peuple.

:

Ce même soir, les constitutionnels de l'Assemblée nationale et les membres modérés du club des Jacobins se séparèrent des têtes exaltées, des républicains qui ne voulaient plus de roi, pour former un club moins exalté, dit des Feuillants, parce qu'il se tenait au couvent de ce nom, attenant au Manége. Ce n'était pas une simple scission qu'ils avaient l'intention de faire ils voulaient transporter aux Feuillants le siége de la société dont ils étaient les fondateurs, et attirer à eux toutes les sociétés affiliées dont la France était couverte. On crut, pour un moment, qu'ils avaient réussi, et que c'en était fait du club des Jacobins; car, sur trente membres dont se composait le comité de correspondance, le plus important de tous, vingt-sept se transportèrent aux Feuillants, emportant avec eux les registres (1).

Comme il en était convenu, la pétition fut apportée au club des Jacobins, lue et approuvée. Louis XVI ne devait plus être reconnu pour roi; il était censé avoir abdiqué, par son manifeste et sa fuite à Varennes. On porta ensuite la pétition au Champ-de-Mars, où elle fut lue à haute voix, au milieu d'une foule immense qui s'y était rassemblée. Des membres du club des Corde

(1) Hist. parlem., t. V, p. 466. — Droz, Hist. du règne de Louis XVI, t. III, p. 459.

liers y étaient venus, portant une bannière avec l'inscription: La liberté, ou la mort! Mais les meneurs ne se trouvaient pas d'accord sur une phrase de la pétition. Il y était dit : « Les soussignés, membres du souverain....., demandent formellement et spécialement que l'Assemblée nationale ait à recevoir, au nom de la nation, l'abdication faite le 21 juin, par Louis XVI, de la couronne qui lui avait été déléguée, et à voir à son remplacement par tous les moyens constitutionnels. »

pour

Ces derniers mots donnèrent lieu à de longues discussions. Les républicains y voyaient un piége. Remplacer le roi par les moyens constitutionnels, c'était en donner un autre, son fils et un régent; ce qui ne convenait nullement aux républicains, qui n'en voulaient plus aucun. Pendant ces discussions, une partie du peuple, qui n'y entendait rien, se retira du Champ-deMars. Les meneurs, voyant qu'ils allaient rester seuls, convinrent d'effacer les mots qui avaient offusqué, et se séparèrent en indiquant pour le lendemain une réunion définitive. Le lendemain, 17, était un dimanche, où l'on pouvait compter sur un rassemblement plus considérable (1).

On s'occupa le soir, au club des Jacobins, des événements de la journée. La fermeté que montrait l'Assemblée nationale, la scission qui menaçait le crédit et même l'existence du club, modéraient tant soit peu l'exaltation des jacobins. La société, à une grande majorité, s'opposa au changement qu'on voulait faire dans la pétition, et que ses commissaires avaient ac

(1) Hist. parlem., t. V, p. 414.

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