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actions qui en sont l'objet. Défiez-vous de ces faux prophètes qui viennent à vous sous l'habit de brebis innocentes, et qui ne sont au fond que des loups ravisseurs; méprisez ces láches déserteurs de nos autels qui damnent impitoyablement des citoyens patriotes, des prêtres vertueux et soumis aux aux lois; méconnaissez-les à ce défaut de charité. Dieu, qui est la charité même, est bien plus indulgent: il veut le salut de tous. Repoussez ces ministres criminels qui abusent de la pieuse crédulité d'un sexe faible pour le plonger dans les inquiétudes les plus déchirantes et les plus mal fondées apprenez aux pasteurs prévaricateurs que vous êtes plus instruits qu'eux, que vous savez distinguer la discipline ecclésiastique extérieure de la discipline ecclésiastique intérieure, à laquelle la constitution civile du clergé ne porte aucune atteinte; reprochez-leur, en refusant de les écouter, le scandale affreux dont ils se rendent coupables en abandonnant leurs fonctions, et en courant par là le risque de laisser la religion sans ministres, s'il ne s'en trouvait de plus fermes qu'eux dans la foi. Dites-leur, pour les confondre: Vous ne voulez donc écouter que la voix de vos ci-devant évêques, intéressés à voir revivre les anciens abus; et vous abandonnez JésusChrist dans son propre sanctuaire (1)? »

Les nouveaux pasteurs ne se bornaient pas à des paroles, ils en venaient à l'action. Ne pouvant encore rien faire contre les prêtres à qui l'Assemblée nationale avait accordé la liberté de conscience, ils s'en prenaient aux fidèles qui ne venaient pas à l'office

(1) Tresvaux, Hist. de la Perséc. révol., t. I, p. 262.

constitutionnel. Dans le diocèse de Nantes, on livrait les catholiques aux outrages les plus sanglants. On les promenait à rebours sur des ânes, dont on leur mettait la queue à la main. A Vertou, le curé constitutionnel fut condamné à des dommages assez considérables envers une femme grièvement blessée en se défendant contre le curé et quelques-uns de ses adhérents, qui s'efforçaient de la faire monter sur l'âne. A Niort, une femme enceinte mourut à la suite d'une semblable violence. Le faux pasteur qui avait fait cet indigne outrage trouva moyen d'échapper à la punition qu'il avait méritée (1).

Les curés constitutionnels qui n'avaient pas le courage de se porter à de pareils excès excitaient le fanatisme de leurs prosélytes, et les engageaient à employer tous moyens pour forcer les catholiques à venir à leurs offices. Excités par eux, certains gardes nationaux des villes parcouraient la campagne, et poursuivaient les paisibles habitants qui refusaient d'aller à la messe des intrus. Les anciens prêtres, usant de la liberté qu'on leur avait accordée, disaient la messe dans des chapelles isolées, ou dans celles des châteaux. Les fidèles s'y rendaient en foule pour y entendre la messe, les portes fermées. Les gardes nationaux arrivaient, et malheur à ceux qu'ils trouvaient en prière ! ils les mettaient en fuite, et quelquefois à coups de fusil. Plusieurs paysans furent tués ou estropiés par eux, ou conduits en prison. L'intrus se trouvait quelquefois à la tête de la troupe. On dépouillait les chapelles de leurs ornements, on emportait les vases sacrés, on saccageait

(1) Tresvaux, Hist. de la Perséc. révol. en Bretagne, t. I, p. 264.

l'église, et quelquefois on allait jusqu'à la démolir. Les propriétaires étaient obligés de se taire; souvent ils essuyaient de la part de ces forcenés les insultes les plus graves, pour avoir laissé dire la messe dans leurs propriétés (1).

Ces désordres partiels, qui se renouvelaient souvent et sur divers points de la France, excitèrent l'attention des administrations départementales. Les directoires firent semblant de prendre des mesures pour empêcher ces faits de se reproduire. Mais quelles mesures? Au lieu de punir ces bandits qui parcouraient la campagne pour troubler le repos des habitants paisibles, et les priver de leur liberté de conscience accordée par les lois, ils s'en prirent aux prêtres, à qui ils attribuaient tous les maux, et les empêchèrent, par des mesures inhumaines, d'exercer leur ministère. Il arriva alors ce que l'abbé Maury avait prédit, en avertissant l'Assemblée de se tenir en garde contre l'ambition naissante des directoires. En effet, ces administrations s'élevèrent au-dessus de toutes les lois, et se constituèrent en corps législatifs. Les directoires d'Ille-etVilaine et du Finistère rendirent l'un et l'autre un arrêté qui éloignait à quatre lieues de leurs paroisses les curés non assermentés, le jour où les intrus viendraient à prendre possession de leurs églises.

Le directoire des Côtes-du-Nord surpassa tous les autres en fanatisme. Par un arrêté du 18 juin 1791, il éloignait les ecclésiastiques fidèles à six lieues de leur paroisse, dès le moment de l'apparition du prêtre constitutionnel dans la commune. Tous étaient soumis à

(1) Tresvaux, Hist. de la Persécution révol., t. I, p. 277.

cette loi, les vieux prêtres aussi bien que les jeunes; et l'on ne s'inquiétait pas de savoir s'ils avaient des ressources suffisantes pour se transporter hors de leur domicile et vivre ailleurs. Ils étaient tous, dans le lieu qu'ils allaient habiter, soumis à la surveillance de la municipalité, qui pouvait les envoyer plus loin lorsqu'elle le jugeait à propos. Par le même arrêté, tout prêtre catholique qui administrerait un sacrement devait subir six années d'emprisonnement; et le fidèle qui le recevrait pouvait être condamné à la même peine pour six mois. On y menaçait d'une longue captivité ceux qui feraient connaître les brefs du pape et les autres actes émanés du saint-siége contre la constitution civile du clergé, ou qui parleraient mal de cette constitution (1).

Ce dernier article était un développement d'un décret de l'Assemblée nationale rendu le 9 juin, qui défendait, sous peine de la dégradation civique, de publier ou de distribuer un bref du saint-siége dont la publication n'eût pas été autorisée par l'Assemblée nationale; mais sur tous les autres articles le directoire se trouvait en flagrante contradiction avec les décrets de l'Assemblée, et surtout avec celui du 7 mai dernier, qui avait laissé au prêtre non assermenté la liberté de dire la messe où il voudrait, même dans les églises affectées au culte officiel. Que va dire l'Assemblée nationale, elle qui était si jalouse de son autorité? Sans doute, sur tout autre point, elle se serait montrée chatouilleuse; elle aurait cassé l'arrêté du département des Côtes-du-Nord, en citant les administra

(1) Tresvaux, Hist. de la Pers. révol., t. I, p. 267, 271.

teurs à sa barre mais quand on prenait quelques mesures acerbes contre les prêtres appelés réfractaires, on était sûr de son approbation. En effet, le directoire semblait avoir prévenu les vœux de l'Assemblée. Le lendemain 19 juin (1), elle rendit, sur la demande de Treilhard, un décret qui ordonnait aux accusateurs publics de poursuivre, sous peine de forfaiture et de destitution, tous ceux des anciens fonctionnaires publics ecclésiastiques qui, depuis leur remplacement entièrement consommé par leurs successeurs, ou même la notification à eux faite de la nomination desdits sucauraient continué ou continueraient les mêmes fonctions publiques, et de requérir contre eux l'exécution des décrets du 27 novembre 1790 et du 4 avril suivant. Ce fut le signal de la persécution. Les curés légitimes ne pouvaient plus exercer leur ministère ni célébrer les mariages, qui, sans eux, étaient invalides, sans s'exposer aux poursuites des agents civils, comme perturbateurs du repos public. Par le même décret, on privait de leurs traitements et de leur pension tous les ecclésiastiques qui, ayant prêté le serment, se seraient rétractés, ou se rétracteraient à l'avenir (2).

Ce qui a engagé l'Assemblée à prendre cette dernière disposition, c'est qu'au milieu des tracasseries de tout genre qu'on suscitait aux catholiques, un nombre assez considérable de prêtres qui avaient eu la faiblesse de prêter le serment rentraient en eux-mêmes, et se rétractaient. L'indigne conduite de leurs évêques

(1) Moniteur, séance du 19 juin 1791. (2) Ibid.

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