صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

fi follement enorgueillis, nous n'avons pas pris, détruit ou coulé à fond une feule barque Françoife, & que nos vaiffeaux, d'après l'état de leurs mâts, de leurs vergues & de leurs voiles, n'ont pas pû pourfuivre l'efcadre Françoife, qui, au rapport de notre Amiral, avoit été fi bien battue. » Nos Miniftres, dit-on dans un autre, on montré tant de joie à l'arrivée du Capitaine Faulkener, qu'avant de fe donner le temps d'examiner la nature des dépêches de l'Amiral, ils ont envoyé des Exprès dans les différentes parties du Royaume, avec une relation de la victoire complette remportée fur les François. Un de ces Exprès fut expédié au Général Keppel, frere de l'Amiral, au camp de Coxheath, & tout auffi-tôt on y les plus grandes réjouiffances; mais ces tranfports, cette ivreffe, ne durèrent qu'un moment. Le public fut bien déconcerté en voyant dans la Gazette de la Cour, la perte confidérable que nous avions faite, & quand il fut que toute l'efcadre Françoise étoit rentrée à Breft fans en excepter un feul vaiffeau, & que probablement cette efcadre n'avoit pas été plus battue que la nôtre. En effet, tout homme qui a des yeux voit dans cette affaire tout autant de sujet de s'attrif ter que de le réjouir «.

fit

L'efpérance de la Nation eft actuellement que PAmiral Keppel prendra fa revanche; on affure que s'il y parvient par un fuccès marqué, il fera fait Pair du Royaume, & nommé à une des places de Lord de l'Amirauté; on dit qu'il est bien réfolu de mériter au plutôt ces diftinctions; tous nos papiers ne parlent depuis quelque-temps que des foins qu'il fe donne pour réparer fa flotte; ils avoient même annoncé qu'elle mettroit à la voile le 14 de ce mois; mais vraisemblablement ils n'étoient pas inftruits du véritable état de fes vaiffeaux, dont la plupart ayant perdu leurs mâts de hune, & fouffert beaucoup dans leurs agrêts & dans leurs voiles, ont exigé des réparations confidérables, des remplacemens à neuf, qui

ont demandé plus de temps. Ce qu'il y a de sûr, c'eft que cette flotte étoit encore en rade hier dans la baye de Cauzan, devant le port de Portfmonth. On fait feulement que quelques vaiffeaux font partis fucceffivement pour croifer dans différens endroits, ou épier les mouvemens de la flotte Françoise, & nos fpéculatifs fe font empreffés d'imaginer & de publier que la flotte mettroit en mer en détail pour en im pofer aux ennemis, & les furprendre s'il eft poffible.

Au milieu de tout ces préparatifs de guerre, on ne ceffe pas cependant de parler de paix ; on continue d'affurer que le Marquis d'Almodovar y travaille avec beaucoup d'ardeur; mais il ne tranfpire rien du réfultat de fes négociations; on remarque qu'il ne fe preffe pas de faire mettre fon hôtel dans un état qui pourroit indiquer qu'il fera un long féjour ici; on connoît l'état de la marine de l'Espagne; elle a déja 29 vaiffeaux de ligne, & dans peu de femaines elle en aura 40; on ne peut pas fe flatter qu'elle employe ces forces à notre fervice; & on ne doute point, fi les négociations échouent, que S. M. C., croyant avoir affez fait pour l'amour de la paix, ne diffère plus à remplir les engagemens qu'elle a pris par le pacte de famille. » Quoique la flotte du Mexique foit arrivée, difent nos Politiques, celle qu'on appelle proprement la flotte des gallions ne l'eft pas encore, & fa cargaifon monte à environ 11 ou 12 millions de piaftres fortes. Cette circonstance peut donner la clef du langage pacifique qu'a tenu jusqu'à préfent l'Ambaffadeur d'Efpagne. Il eft poffible que l'arrivée de ces gallions faffe changer de ton à ce Miniftre. C'est au moins une chofe qui mérite toute l'attention du Gouvernement, d'autant mieux qu'à en juger par les difcours de fes Gazetiers, il ne fait pas un mot de cette feconde flotte qu'attendent les ELpagnols «.

Plufieurs papiers répèrent les mêmes obfervations & y ajoutent: felon queiques-uns, la Cour a réfolu

de rappeller le Comte de Grantham, & le Marquis d'Almodovar eft de fon côté fur fon départ. Selon d'autres, le Comte d'Aranda a reçu à Paris un Courier de Madrid, chargé de la copie d'un traité de commerce entre l'Espagne & l'Amérique, & nouvelle de l'arrivée heureuse à leur deftination des 4 millions que fa Cour a envoyés aux Etat-Unis. Si ces papiers femblent ôter toute efpérance de paix, il y en a d'autres qui font des efforts pour en donner; mais la manière dont ils s'y prennent n'eft pas propre à infpirer beaucoup de confiance. » Le 25 du mois dernier, lit-on dans un, il eft arrivé ici de Paris un François de diftinction. Il loge dans Suffolck-Street Charing Croff; il s'eft promené quelquefois avec Mylord North, & Mylord Sandwich; il paffe en général pour un chargé des affaires à la mode du temps, qui a apporté quelques réponses officielles, à quelques propofitions officielles, faites par notre Ministère à celui de France «.

Du côté de l'Amérique, ce que l'on avoit prévu eft arrivé; on n'a plus aucune espérance de la voir rentrer dans la dépendance, & on fe voit dans l'impoffi bilité de l'y forcer; il s'agit à préfent de reconnoître les Etats-Unis pour des Etats libres ; & on prétend que daus trois semaines le Parlement fera aflemblé pour autorifer le Roi à donner à fes Commilfaires les inftructions néceffaires en conféquence. Cette démarche, dont on fent la néceffité, 1 n'eft pas vue de bon œil. » Elle prouve, difent nos Politiques, l'aveuglement de nos Miniftres, qui n'ont jamais voulu voir jufqu'a préfent qu'ils y feroient réduits. Le Duc de Richemond l'avoit prévu & dit, dans la Chambre-Haute, il y a 6 mois. Lorsqu'il propofa un bill comme le feul moyen de rétablir l'honneur de la patrie & de la fanver, on lui répondit par un éclat de rire général, & le Lord Lyttleton, à la tête des partifans du Ministère, avança que ce projet étoit chimérique & deshonorant pour l'Angleterre.

Aujourd'hui l'on eft obligé de l'adopter, dans des circonftances où nous avons été devancés par nos ennemis naturels, & après avoir dépensé quelques millions de plus. On a refufé de traiter avec l'Amérique, parce que la dignité de la Métropole ne lui permettoit pas de traiter avec des rebelles; où eft à préfent cette dignité qui eft forcée de reconnoître L'indépendance de ces rebelles? Cette guerre n'a été occafionnée que par nos fottifes, & nous l'avons foutenue avec auffi peu de fageffe que nous l'avons commencée. En 1776, quelques Membres du Parlement prévirent que la France profiteroit infailliblement de nos querelles avec l'Amérique. Le Lord North déclara qu'une pareille idée étoit extravagante, & que nous ne devions point entrer en guerre avec nos amis fans motifs, fi nous ne voulions pas avoir toute l'Europe fur les bras. Le Lord North avoit raifon; nous avons fait la guerre à l'Amérique fans fujet, & elle s'est déja fait tant d'amis, fans ceux qu'elle attirera encore à fon parti, que fi nous vou lons nous battre avec tous les alliés, nous aurons pour ennemis à peu près tous les peuples de la

terre «

[ocr errors]

On débite comme une chofe sûre, que le dernier vaiffeau parti pour l'Amérique, a porté au Général Clinton l'ordre d'évacuer New-Yorck; on effayera de garder, fi l'on peut, Rhode-Island & Halifax, qui feront les deux feules places d'armes que nous aurons en Amérique, & que nous ne pouvons pas nous flatter de conferver. Le Général Clinton embarquera toutes les troupes qui reviendront en Angleterre, où elles font devenues néceffaires. On ne manque pas de donner dans les papiers Royaliftes un état exagéré de nos forces en Amérique. S'il faut les en croire, elles montent à 559 bâtimens armés de toute gran deur, ayant à bord 6541 marins, & à 36,000 frommes de troupes de terre. Mais dans ces états, on compte l'efcadre de l'Amiral Byron, qui n'est pas

arrivée à fa deftination, & dont les vaiffeaux dif perfés ne pourront fe réunir que tard à Halifax, où ils ne trouveront pas les mâts dont ils ont befoin.

La crainte d'une invafion de la part de la France n'a pas peu contribué a faire rappeller nos forces qui font en Amérique, & les précautions qu'on a prifes ne raffurent pas en attendant leur arrivée. Cette crainte, bien ou mal fondée, a donné lieu à une multitude de farcasmes contre le Gouvernement. Les François font trop bons politiques, dit-on, pour penfer à une invafion chez nous. Ils favent qu'une defcente ruineroit immédiatement le crédit public, & qu'une banqueroute nationale en feroit la conféquence; ils nous haïffent trop pour nous débarrasser tout de fuite d'une dette de 150 millions fterl. que nous devons à nos Miniftres, qui fe conduifent comme s'ils nous avoient été donnés par la France même «<. Dans d'autres papiers on combat ainfi cette terreur. On dit que le parti Ministériel débité férieufement qu'il s'attend à une invafion, & que le Roi lui-même regarde cet évènement comme une chofe qui ne peut manquer d'arriver; mais c'est pour cette raifon que beaucoup de gens fenfés n'en croyent rien. On doit toujours prendre l'inverfe des difcours de nos Miniftres, pour en trouver le véritable fens. Le Roi croit ce que les Miniftres lui difent ; ceux-ci ne s'attachent qu'à le tromper; c'eft ce qui faute aux yeux de tout le monde, & qui n'échappe qu'aux fiens. En conféquence, tout le monde doit refufer fa confiance aux Miniftres; tant qu'ils ont gardé le filence, j'ai eu quelque peur d'une invafion; à présent qu'ils en parlent, je ceffe de la craindre «

On parle toujours d'un traité conclu entre la Grande-Bretagne, la Ruffie & la Pruffe, & dont l'effet doit durer dix ans à compter de fa date qu'on n'indique pas. Cependant, felon plufieurs papiers, il ne paroît pas que ce traité exifte, ou du moins que l'on compte beaucoup fur les fecours de la Pruffe.

« السابقةمتابعة »