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tersbourg, qui, toutes deux, s'honoraient de l'admettre dans leur sein; il n'était pas venu en Chine pour conquérir une gloire mondaine, il ne songeait qu'à instruire les pauvres et les ignorants. Le 26 novembre 1728, écrivant de Péking au Père Étienne Souciet, Gaubil révèle dans la simplicité de ses ambitions le fruit qu'il espère de ses travaux littéraires : « Je sais, dit-il à Souciet, que Votre Révérence est pleine de zèle, et les objets n'en manquent pas. Je vous prie d'envisager en particulier la bonne œuvre des petits enfants exposés d'ici et de Canton. Rien de plus beau, et je m'estimerais bien heureux si, par ce que je vous envoie, vous pouviez avoir occasion de faire bien connaître à des gens puissants l'importance de la bonne œuvre. J'en ai écrit à bien des personnes, et je ne sais si cela a été avec succès. >>

Parrenin, qui exerçait les fonctions de grand-mandarin, et qui, médiateur entre les Russes et les Chinois, se voyait comblé des faveurs de Pierre-le-Grand; Bouvet, le géographe impérial, rivalisaient de zèle avec le Père Gaubi!: comme lui, ils faisaient servir la science à capter les bonnes grâces du Prince. La faveur, si dignement acquise, tournait au profit de l'humanité; ils s'échappaient du palais pour visiter les indigents et pour secourir l'enfance. La charité était la plus chère de leurs occupations; la gloire scientifique, qui leur venait de surcroît, ne les touchait qu'au point de vue de leurs bonnes œuvres. Cependant, s'il faut en croire Abel de Rémusat, juge compétent en pareille matière, cette gloire retentit au loin. << Envoyé à la Chine en 1723, Gaubil, ainsi parle l'orientaliste1, se mit dès lors à étudier les langues chinoise et mandchoue. Il y fit de si grands progrès que, suivant le Père Amiot, les docteurs chinois eux-mêmes trouvaient à s'instruire avec lui. Ces graves et orgueilleux lettrés étaient dans le plus grand étonnement de voir cet homme, venu de l'extrémité du monde, leur développer les endroits les plus difficiles des King, leur faire le parallèle de la doctrine des anciens avec celle des temps postérieurs... et cela avec une clarté, une aisance, une facilité qui les contraignaient d'avouer que la science chinoise de ce docteur européen surpassait de beaucoup la leur. Ces Biographie universelle, article Gaubil.

études, qu'on croit capables d'absorber la vie d'un homme, ne suffisaient pas encore à l'esprit infatigable du Missionnaire. Les devoirs de son état, qu'il remplissait avec ardeur et constance, les sciences et principalement l'astronomie, dont il s'occupa toujours avec prédilection, partageaient son application sans l'affaiblir.

» Gaubil fut bientôt distingué et nommé par l'Empereur interprète des Européens que la cour chinoise consentait à recevoir comme artistes et mathématiciens, tout en les repoussant ou en les persécutant comme Missionnaires. Le Père Parrenin, qui avait la direction du collège des jeunes Mandchoux, étant venu à mourir, le Père Gaubil fut choisi pour lui succéder. Il fut de plus interprète pour le latin et le tartare, charge que les relations établies entre la Russie et la Chine ont rendue très-importante. Traduire du latin en mandchou, du mandchou ou du chinois en latin; faire concorder les idiomes les plus disparates que l'esprit humain ait créés; écrire, parler, composer, rédiger, au milieu des hommes les plus amis de l'exactitude et les plus attachés aux minuties de leur langue et de leur écriture; s'acquitter de tous ces devoirs, à toute heure, sans préparation, devant les ministres, devant l'Empereur lui-même; demeurer exposé aux malentendus qui ne peuvent manquer d'avoir lieu entre les Russes et les Chinois, surmonter toutes ces difficultés pendant plus de trente années, et mériter de toutes parts l'estime et l'admiration les mieux fondées, voilà l'un des titres du Père Gaubil à la gloire. Cet illustre Missionnaire nous en présente bien d'autres encore. On a peine à concevoir où il pouvait trouver le temps que doit lui avoir demandé la composition de ses ouvrages, presque tous complets et profonds, et roulant sur les matières les plus épineuses1. »>

Les travaux des Jésuites étaient immenses, les Académies d'Europe s'en emparaient; on arrêtait leurs idées et leurs découvertes au passage, on se les appropriait, et l'on n'honorait

1 Le Père Gaubil a publié un Trailé historique et critique de l'astronomie chinoise, la traduction de Chou-King, l'ouvrage qui, selon Abel de Rémusat, fait le plus d'honneur au Père. L'Histoire de Gentchiscan et de toute la dynastie des Mongoux est encore, d'après Rémusat, un ouvrage qui eût suffi à la réputation d'un autre écrivain.

même pas d'un souvenir de reconnaissance le Missionnaire obscur qui consacrait sa vie à glorifier la charité et la science. Ils savaient que tel était le prix réservé à leurs labeurs; ils les continuaient néanmoins, et Gaubil écrivait encore au Père Souciet : «Dans les circonstances, c'est beaucoup que messieurs de l'Observatoire vous aient aidé dans la fabrique et l'épreuve des réticules, micromètres, lunettes, etc., qu'ils aient examiné les observations, qu'ils pensent à en profiter. Je ne m'embarrasse nullement qu'ils me nomment ou non, mais je souhaite qu'on sache que cela vient des Jésuites français que le Roi entretient à la Chine. Cela est du reste pour le bien commun, et je ne fais nul cas du petit honneur qui pourrait m'en revenir. De tous les Missionnaires, je suis celui qui mérite le moins d'être honoré. »

Ces sentiments sont ceux de tous les Pères; Dieu et l'humanité passent bien avant la science, mais déjà ils comprennent que leur œuvre est condamnée à la stérilité. Pensant que les controverses sur les cérémonies chinoises avaient frappé le Christianisme au cœur, ils cherchèrent seulement à éloigner sa chute. Dans cette intention, ils se rendirent plus indispensables que jamais. La mort de Yong-Tching et l'avénement de KhiangLoung au trône n'affaiblirent point la puissance qu'ils s'étaient créée. On les repoussait comme prêtres catholiques, ils se faisaient accepter comme astronomes, mathématiciens, annalistes, géographes, médecins, peintres et horlogers. En 1737, dans la seconde année du règne de Khiang-Loung, les Jésuites ont sauvé un grand nombre d'enfants exposés. Le tribunal des crimes est saisi de cette accusation; il punit ces coupables de bienfaisance. Les Pères Kogler et Parrenin interviennent, leurs sollicitations restent sans effet; celles du frère Castiglione, peintre, dont l'Empereur aime le talent, furent plus heureuses. Mais, le 27 septembre 1741, Parrenin mourut, et treize jours après, le Père Chalier, écrivant au Père Verchère, Provincial de Lyon, déplorait en ces termes le nouveau malheur des Chrétientés chinoises: « Cette Mission vient de faire une perte qui nous est et nous sera long-temps infiniment sensible. La mort nous a enlevé le Père Parrenin dans la soixante-dix-septième année de son âge et dans la cinquante-septième depuis

son entrée dans la Compagnie. Il semble que, par une providence particulière, Dieu l'avait formé pour être dans des temps très-difficiles le soutien et l'âme de cette Mission; il avait réuni dans sa personne les qualités de corps et d'esprit, dont l'assemblage a fait un des plus zélés et des plus infatigables ouvriers que notre Compagnie ait jamais donnés à la Chine: une constitution robuste, un corps grand et bien fait, un port majestueux, un air vénérable et prévenant, une facilité étonnante à s'énoncer dans les différentes langues qu'il avait apprises, une mémoire heureuse, un esprit vif, juste, pénétrant, une multiplicité de connaissances que les voyages qu'il a faits et les occupations qu'il a eues semblent ne pouvoir permettre de trouver réunies dans un même sujet.

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Cependant, Benoît XIV avait senti la nécessité de mettre un terme aux querelles sur les cérémonies chinoises et les rites malabares. Le 11 juillet 1742 et le 12 septembre 1744, le Pape, par ses bulles Ex quo singulari et Omnium sollicitudinum, résolvait tous les doutes, tranchait toutes les difficultés et sacrifiait l'incertain au certain, les espérances de l'avenir aux réalités du présent. Les Jésuites du Maduré n'avaient pas attendu la bulle de Benoît XIV pour obéir au SaintSiége, et, le 22 décembre 1735, les Pères Legac, de Montalembert, Turpin et Vicary remirent à Dumas, gouverneur de Pondichéry, une adhésion ainsi conçue: « Nous soussignés déclarons que nous recevons très-volontiers le décret de Notre Saint Père Clément XII, que nous le garderons purement et simplement et que nous le ferons observer dans nos Missions. >> En 1741, les Jésuites de la Chine et des Indes avaient fait séparément la même déclaration; mais la distance des lieux et la difficulté des communications retardèrent l'arrivée de ces lettres à Rome, et Benoît XIV leur adressa ces reproches :

Après la bulle Ex illa die, par laquelle Clément XI croyait avoir mis fin aux disputes, il semblait juste et convenable que ceux qui font profession spéciale d'obéissance au Saint-Siége se soumissent avec humilité et simplicité à cet arrêt solennel, et l'on ne devait pas s'attendre à les voir créer de nouveaux obstacles. Cependant des hommes désobéissants et pointilleux pensèren1 pouvoir éluder les prescriptions de la bulle, par

cette raison qu'elle portait en titre le mot de précepte1, et qu'elle n'avait point, par conséquent, la force d'une loi immuable, mais seulement d'un précepte positif ecclésiastique, ou bien encore parce qu'elle aurait été infirmée par certaines permissions qu'aurait données le Patriarche d'Alexandrie, Ambroise Mezzabarba, lorsqu'il remplissait, dans ce pays, les fonctions et de commissaire et de visiteur apostolique. »

En face de cette sentence qui, à mots couverts, ne les ménageait pas, les Jésuites ne firent entendre aucune plainte; ils se soumirent, sans distinction, sans réserves aucunes, et de l'A sie ainsi que de l'Europe il ne s'éleva qu'un cri d'obéissance. Quelques Pères avaient pu jusqu'alors s'attacher à leurs idées. et se faire une arme de l'hésitation du Saint-Siége à condamner leurs doctrines; le bien relatif de l'Église amnistiait à leurs yeux une résistance conditionnelle. La Chaire apostolique avait parlé ; de Péking et de Macao, de Su-Cheu et de Méliapour, du Maduré et de la côte de la Pêcherie, de la Cochinchine et de Siam, du Malabar et de Goa, tous acceptèrent la décision pontificale comme règle de leur foi et de leur conduite; du fond des déserts et des forêts, du haut des montagnes les plus inaccessibles, ils adhérèrent de cœur et d'esprit aux décrets de Benoît XIV. Ils avaient combattu tant que le champ-clos leur avait été ouvert le Saint-Siége blâmait et réprouvait cette lutte si sainte même dans ses coupables rébellions; les Jésuites déposèrent les armes, ils ne les reprirent jamais.

Ainsi qu'ils l'avaient prévu, leur déférence au jugement pontifical fut le signal de la chute du Christianisme sur les bords du fleuve Jaune et du Gange. Les Missionnaires furent emprisonnés, proscrits ou voués à la mort. La persécution commença dans le Fo - Kien; les Pères Hervieu, Chalier, Beuth et de Saint-André en furent les premières victimes; elle s'étendit comme un vaste incendie; bientôt les Pères Dugad et Des Roberts dans le Hou-Kang, le Père Neuviale dans les montagnes, Tristan de Athémis et Joseph Henriquez à SouTcheou-Fou périssent dans les supplices ou cachés dans les

On peut se dispenser d'un précepte positif ecclésiastique quand il y a danger de la vie, de l'honneur, ou perte de la fortune, pourvu qu'il n'y ait pas mépris du précepte On ne se dispense jamais d'une loi immuable parce qu'elle défend des

choses mauvaises en soi,

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