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spectacle qu'offrait alors le clergé de France par son inébranlable fidélité à l'Église ; mais cette commission, qui eut pour président le savant cardinal Gerdil et pour secrétaire un prêtre français, l'abbé d'Auribeau, vicaire général de Digne, n'est point parvenue, malgré ses soins, à la connaissance de tous les monuments historiques. Son recueil, publié par ordre du pape, est resté incomplet et même inachevé. Nous avons cherché à le compléter, et, suivant le plan du pontife, nous avons embrassé l'histoire de la chute du trône et de l'autel. Pour cet effet, nous sommes remonté à la source, et nous avons exposé les doctrines des philosophes et les luttes parlementaires; car la révolution irréligieuse, préparée par la philosophie, s'est consommée à la tribune des orateurs. C'est de là que sont partis les dénonciations calomnieuses contre le clergé, les discours impies, les décrets iniques, les mesures odieuses de proscription, qui se sont traduits dans la rue par des scènes sanglantes et hideuses que notre plume aurait hésité à décrire, si, à côté de cette profonde dépravation ou de cette cruelle barbarie, nous n'avions pas eu lieu d'admirer la fidélité des confesseurs de la foi et la constance des martyrs, qui, selon les paroles de Pie VII, ont élevé l'Église gallicane à ce degré éminent qu'elle occupait dans les anciens temps.

- Le lecteur trouvera donc dans cet ouvrage,

et surtout dans le premier volume, beaucoup de discours, de rapports et de discussions. Nous savons qu'ils coupent le fil de la narration; mais il est impossible de comprendre les faits, d'avoir une idée nette de la persécution que nous avons à décrire, sans prendre connaissance de ce qui s'est dit et fait à la tribune. C'est au reste la méthode de tous les historiens de la révolution française. Nous avons été forcé de la suivre pour les affaires ecclésiastiques; autrement notre histoire eût été mutilée, incomplète, et souvent inintelligible.

Celui qui voudra étudier l'histoire avec quelque profondeur ne lira pas sans intérêt ces graves et solennels débats, où il s'agissait, non de la discussion de telle ou telle loi, mais du sort de la religion, de l'existence de ses ministres, du salut de la monarchie et de toute la France. Les efforts héroïques qu'ont faits, dans ces circonstances, les membres éminents du clergé et d'honnêtes laïques, font partie de l'histoire ecclésiastique, et ne méritent pas de rester dans l'oubli. Nous avons donné un résumé exact de leurs discours, en mettant en regard le langage impie et violent de leurs adversaires.

Nous nous sommes attaché surtout à la question du pouvoir, question aussi religieuse que politique, et qui, embrouillée par les philosophes, a été si mal comprise par nos corps législatifs. Le pouvoir tient au coeur de la société; son

affaiblissement graduel, conséquence de la philosophie irréligieuse, est, depuis soixante ans, une des causes principales de nos troubles. Plus la religion s'affaiblit chez un peuple, plus le pouvoir a besoin de vigueur et de force. Nos premières assemblées ont agi en sens inverse; elles ont désarmé et enchaîné le pouvoir, dans le même temps qu'elles détruisaient l'empire de la religion. L'édifice social n'ayant plus de bases devait s'écrouler. Nos récentes assemblées n'ont guère été plus sages: à force de restreindre le pouvoir et de le livrer à la fureur des partis, elles l'ont anéanti, et deux monarchies ont été renversées. De nouvelles assemblées, suivant le même système, allaient nous amener de nouvelles révolutions, sans un coup providentiel qui est venu leur opposer une digue. Si l'on veut rendre à la France son repos et sa prospérité, il faut placer le pouvoir dans son état normal, le mettre au-dessus de l'atteinte des assemblées législatives et de la presse, de manière qu'il ne puisse être attaqué ni directement ni indirectement par elles; ensuite lui faire un rempart dans le cœur et la conscience des peuples, par la puissance de la religion et la sagesse du gouvernement. C'est une œuvre qui demande une main ferme et vigoureuse, et qui couvrira de gloire celui qui saura l'accomplir.

DE

L'ÉGLISE DE FRANCE

PENDANT LA RÉVOLUTION.

INTRODUCTION.

L'Allemagne et la Toscane avaient failli devenir le premier théâtre de la révolution irréligieuse qui éclata en France. Heureusement les souverains avaient ouvert les yeux, et s'étaient arrêtés devant l'abîme creusé sous leurs pas. Les peuples, dont la conscience avait été blessée et alarmée par de scandaleuses divisions, se calmèrent peu à peu, et finirent par rendre à leurs souverains leur première fidélité. Les philosophes, qui se croyaient déjà au comble de leurs vœux, furent obligés de se taire; et la société, raffermie sur ses bases, jouit encore, du moins pendant quelque temps, de son repos et de son bonheur. Il n'en fut pas de même en France, où la philosophie avait pénétré non-seulement dans la haute classe, mais encore dans les derniers rangs de la société, grâce à cette foule d'écrivains qui avaient su prendre tous les tons pour répandre leurs doctrines em

poisonnées, d'où est sortie cette révolution terrible qui, selon le jugement d'un philosophe chrétien, a dépassé bien loin toutes les craintes et toutes les espérances. « Assemblage inouï, dit-il, de faiblesse et de force, d'opprobre et de grandeur, de délire et de raison, de crimes et même de vertus; la tête dans les cieux et les pieds dans les enfers, elle a atteint les deux points extrêmes de la ligne qu'il a été donné à l'homme de parcourir, et elle a offert à l'Europe, dans tous les genres, des scandales ou des modèles qui ne seront jamais surpassés (1). »

Ce grand événement était une conséquence nécessaire et inévitable de tant de doctrines perverses prêchées par les philosophes du dix-huitième siècle, à la tête desquels se trouvaient deux hommes d'une puissance colossale, Voltaire et Rousseau. Je ne parlerai pas de leur mérite littéraire, ni de leur prodigieuse fécondité : ces sortes de sujets ont été épuisés dans les chaires publiques. Je me bornerai à dépeindre leur génie destructeur; car tous deux ont consacré une partie de leur vie à détruire, quoique marchant dans des voies différentes.

Voltaire semblait être né avec la haine du christianisme. Il était encore à l'école des Jésuites, lorsqu'un des pères, remarquant ses dispositions précoces, lui prédit avec douleur qu'il serait un jour l'étendard du déisme en France (2). Le P. Jésuite l'avait bien jugé : Voltaire laissa voir dans ses premiers écrits le mépris qu'il faisait de la religion. Plus tard,

(1) De Bonald, Législat. primitive, t. I, p. 128. (2) Biograph. univers., art. Voltaire.

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