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en pleine insurrection, et ils croyaient que l'eau verséc sur la tête dans le baptême causait une mort inévitable. Les Espagnols leur étaient encore moins odieux. que les Jésuites. Les Jésuites cependant s'avancent vers Arauco pour apaiser cette population révoltée. Le Père Martin d'Aranda les harangue; il leur fait espérer justice.

Au Chili, les Jésuites affranchissaient les esclaves qu'on donnait à leur Collége de Saint-Jacques, et les Araucaniens se plaignaient d'être réduits en servitude. Aranda n'eut pas de peine à leur persuader que le Christianisme brisait les fers de l'homme au lieu de les forger, et, malgré les marchands espagnols, il parvint, à l'aide de cette parole, à dominer la foule. Les Araucaniens se soumirent ; mais il fallut garantir leur indépendance. Les Jésuites s'y engagèrent; ils réussirent. Cet exemple d'affranchissement détruisait les calculs et la fortune de quelques Européens; l'ambition trompée fit éclater contre les Pères des haines qui se traduisirent en outrages de toute nature. Le Père Valdiva se décide à porter au pied du trône de Philippe II la question de l'esclavage. Le roi d'Espagne comprend et approuve les raisons que Valdiva lui fait valoir. Le Jésuite triomphe et la liberté avec lui; il retourne au Chili et, là, les peuples reconnaissants se précipitaient à ses genoux. Tous demandaient à marcher sous la bannière de la Croix, devenue pour eux un indice de salut, un gage de sécurité.

Les Chrétiens étaient assurés d'être libres; trois femmes d'un chef chilien nommé Agananon s'évadent de sa demeure, elles vont demander le baptême aux Espagnols; le baptême leur est accordé. Agananon les réclame, ces femmes refusent de rentrer sous son joug; le chef contient sa fureur, et, comme les autres, il signe la paix que Valdiva leur a fait conclure avec le vice-roi. A quelques jours de là, Agananon apprend que les Pères

d'Aranda et Vecchi, avec le frère coadjuteur Diégo Montalban, se rendent dans l'intérieur des terres. Escorté de deux cents cavaliers, le Chilien les suit à la piste. Il fond sur eux au moment où ils distribuaient la parole de Dieu à des peuplades qui ne l'avaient pas encore reçue : les trois Jésuites expirent sous ses coups. Cette triple mort réveilla les préjugés et les spéculations : les Jésuites avaient tout entrepris pour rendre libres les Chiliens, et les Jésuites tombaient victimes de ce sentiment d'humanité. Il fallait les venger en laissant aux Espagnols le droit de trafiquer de leurs semblables; mais Valdiva s'oppose à un pareil projet. Ce n'est pas ainsi que la Compagnie de Jésus tire satisfaction du trépas de ses Pères. Valdiva presse plus que jamais la conclusion de la paix entre la couronne d'Espagne et les différents chefs, il la fait signer; il l'offre aux Guaguas à la même condition, les Guaguas l'acceptent. Quatre nouvelles maisons s'élèvent au Chili pour les Jésuites.

Le principe de liberté que d'Aranda, Vecchi et Montalban avaient scellé de leur sang s'implantait encore au Brésil. Dans cet empire les Pères obtenaient les mêmes succès qu'au Pérou. Joseph Anchieta était mort en 1597; la même année, comme pour honorer ce grand homme apostolique, le Roi d'Espagne défendait de faire des esclaves au Brésil; il n'y voulait voir que des Chrétiens. Anchieta et ses collègues avaient si bien consolidé leur œuvre que, huit ans après, la Société de Jésus y possédait un grand nombre de maisons et de résidences. A Bahia on comptait cinquante-six Pères; à Rio-Janeiro et à Fernambouc il s'en trouvait soixante-deux: quarante séjournaient dans les villes voisines, toujours prêts à porter secours aux missions et aux colléges. Ils avaient à lutter contre les convoitises des Espagnols et contre les instincts sauvages de ces Barbares, qui, chrétiens de la veille, ne

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HISTOIRE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS. cherchaient souvent qu'un prétexte pour rompre avec la civilisation. Ils surent résister à la cupidité des uns et à la férocité des autres.

Cette multiplicité de missions n'effrayait point le courage de la Compagnie; elle se sentait assez de vie pour affronter sans cesse des périls renaissants, et, au moment où elle jetait ses Pères dans les archipels du Nouveau Monde, d'autres s'avançaient en Pannonie et en Valachie.

Le duc de Mercœur, l'un des plus vaillants chefs de la Ligue, a fait sa paix avec Henri IV; en 1601, l'Empereur Rodolphe lui offre le commandement de ses armées contre le Turc, Mercœur accepte, mais il veut des Jésuites comme auxiliaires : les Jésuites le précèdent en Hongrie. Ils assistent à la bataille de Stuhl; ils bénissent la victoire que les Chrétiens viennent de remporter sous les murs de cette ville; puis, le Turc chassé de ces provinces, les Jésuites poursuivent leur carrière de missionnaires. En 1603, le Père François Zgoda rencontre à Kamenitz un ambassadeur que le grand Kan de Tatarie envoie au Roi de Pologne. Il lui demande s'il est possible de s'introduire dans sa patrie : l'ambassadeur répond qu'il faut avoir un firman du sultan ou y entrer comme prisonnier. Zgoda se laisse prendre par les Tatares; l'ambassadeur qu'il a vu à Kamenitz le rachète, il le présente à ses concitoyens comme un docteur de la loi catholique. Le Jésuite est au comble de ses voeux; il s'établit non loin de Théodosia ou de Caffa, sur une baie de la Mer Noire. Du consentement des indigènes, il commence à prêcher l'Evangile; ses fatigues ne sont pas infructueuses, et bientôt il fonde une chrétienté nouvelle.

FIN DU DEUXIÈME VOLUME.

TABLE DES MATIÈRES.

Portrait de SAINT FRANÇOIS DE BORGIA, en tête du volume.

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CHAPITRE PREMIER.

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Portrait de François de Borgia. Son discours à la Congrégation assemblée. Il est élu général de la Compagnie par la Congrégation. — Décrets qu'elle promulgue. Jésuites envoyés à l'île de Malte, assiégée par Soliman. — Dénombrement des Jésuites et de leurs maisons. Christophe Rodriguez en Calabre. - Élection du pape Pie V. Son caractère. Le nouveau pape et François de Borgia. · Salmeron et Tolet, prédicateurs du Saint-Siége.— Ma'adie contagieuse à Rome.-Dévouement des Jésuites. Les Jésuites nommés visiteurs dans les diocèses d'Italie. -Travaux de Borgia. Pie V reprend le projet de Paul IV. - Il veut forcer la Compagnie à faire les offices du chœur. Question des vœux simples. Mémoire présenté au Pape. Le travail et la prière. Le Pape désire de former une croisade contre les Turcs. Le cardinal Commendon, légat du Saint-Siége, et le Père Tolet. Le cardinal Alexandrini et François de Borgia. Canisius en Allemagne. La chasteté des Jésuites calomniće par les sectaires, qui ne peuvent expliquer la pudeur des scolastiques. Le Père Canisius, légat près des cours germaniques. Il fait proclamer le Concile de Trente. Ses Voyages. -Il est à la diète d'Augsbourg. -Politique des protestants. Portrait de Frédéric III.-Ses utopies de réforme. Canisius, Natal et Ledesma concilient les deux partis. Nouveaux colléges à Olmutz, à Wurzbourg et à Vilna. - · Stanislas de Kotska. -Sa mort. Apostasie du Père Adam Heller. Les Centuries d'Illiricus.- But et esprit de cet ouvrage. Canisius est chargé d'y répondre. — On l'accuse d'avoir renié sa foi. Le Père Maggio en Pologne. -II empêche le roi Sigismond de répudier la reine sa femme. — Progrès de la Compagnie en Allemagne. Résultats de la légation de Commendon et de Tolet. Les Jésuites Blyssem et Warsevicz. Élection du duc d'Anjou roi de Pologne.

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Fac-simile de SAINT FRANÇOIS de Borgia.

CHAPITRE II.

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Le cardinal Alexandrini, légat du Pape, et Borgia partent pour l'Espagne. des Jésuites dans la Péninsule. Révolte des Maures de Grenade. Les Jésuites en sont les premières victimes. La flotte de don Juan d'Autriche et les Pères.— Christophe Rodriguez et les condamnés aux galères. · La peste à Salamanque, à Alcala, à Séville, à Tolède, à Cadix. - - Charité des Jésuites. - François d'Espagna et sa mère. Les Jésuites interdits à Alcala pour cause de captation.— Le cardinal Alexandrini et Borgia à Barcelone.-L'inquisition fait publier les opuscules ascétiques de François de Borgia. Entrevue du Père et de Philippe II. · Borgia décide le roi d'Espagne à entrer dans la coalition contre le Turc. Bataille de Lépante. Borgia en Portugal. Les Jésuites précepteurs du roi don Sébastien, Pasquier et le Catéchisme des Jésuites. Accusations portées contre les Pères. Ils ont voulu être rois de Portugal. Ils ont empêché don Sébastien de se maIls ont semé la discorde dans la famille royale.Portrait de don Sébastien. Le Jésuite Louis-Gonsalves de Camara, son précep

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teur. - De Thou et l'historien génois Conestaggio, Lettre du Père Gonsalves au Général des Jésuites sur le mariage de don Sébastien. Politique du Pape par rapport au Portugal. La reine Catherine d'Autriche. -Lettre du Père Maggio à François de Borgia sur les affaires de Portugal. Le Père Gonsalves écrit au cardinal Rusticucci. Caractère des Portugais. Les historiens portugais en désaccord avec Euenne Pasquier. - Première expédition de don Sébastien chez les Maures. Gonsalvé lui écrit. Sa lettre le fait renoncer à ses projets. Mort de Gonsalves. Les Jésuites disgraciés. - Causes de leur disgrâce. — Intrigues à la cour de Portugal.

Douleur du roi.

Les Jésuites, confesseurs du roi, de la

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reine-mère et du cardinal Henri, ont-ils conspiré pour perdre la famille royale?
-Divulgation des secrets de la confession. - Mort de Sébastien. Le cardinal
roi. Conduite des Jésuites dans les intrigues pour la succession. Leur politi-
que dans les îles Açores. - L'avocat Pasquier et l'avocat Linguet. — François de
Borgia arrive en France. - Possevin à Bayonne. Le chancelier de L'Hôpital écrit
en faveur des Jésuites. Lutte de l'Université et des Calvinistes.-L'Université de
Paris demande le concours des Protestants contre les Jésuites.-Ramus et Galland.
-Plaidoyers de Pasquier et de Versoris. — Le connétable Anue de Montmorency
et les Jésuites.-Le Père Perpinien et l'Université de Paris. — Conspiration des Cal-
vinistes découverte à Paris par le Jésuite Olivier Manare.-Complot des Protestants
dirigé contre Lyon.-Le Père Auger le fait avorter.-Bataille de Jarnac.- Le duc
d'Anjou et le Père Auger. Auger à Toulouse. Son sucre spirituel. - La ville
d'Avignon et Possevin.
- L'inquisition et les Jésuites. - Auger à Avignon.
toire de Moncontour. Les Jésuites à Dieppe, Rouen, Auch, Poitiers et Verdun.
Portrait de Charles IX. François de Borgia à Blois. La Saint-Barthélemy.
Causes de ce crime. Le Père Maldonat et le roi de Navarre. Insurrection
des Pays-Bas. Les Gueux.. Le cardinal de Granvelle. Les Calvinistes fran-
çais et le prince d'Orange préparent une république universelle. Le duc d'Albe à
Bruxelles. Les Jésuites réintégrés à Tournai et à Anvers. - Leurs différends
avec l'Université de Douai, qui les agrège. Le butin de Malines. Mort de
François de Borgia.

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Vic-

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Ce que François de Borgia a fait pour les missions.- Mission du Brésil,— La peste à
San-Spiritu. Divisions entre les Portugais apaisées par le Père Grana. · Le Père
Azevedo, visiteur de la province du Brésil.— il retourne en Europe.-Ce qu'il fait à
Rome. Son retour au Brésil, - Le corsaire calviniste Jacques Sourie. — Martyre
de quarante Jésuites. Mort d'Azevedo. Le corsaire calviniste Capdeville et les
Jésuites. Le Père Joseph Anchieta et les sauvages. Mort du Père Martinez sur

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les côtes de la Floride.

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Les Jésuites en Floride. Caractère et mœurs des Flo-
ridiens. Les Jésuites au Pérou. -Barthélemy de Las Casas et les Espagnols.-
Le Père Portillo au Pérou. Succès des missionnaires Le Mexique et les Jé-
suites. Les Jésuites aux Moluques.

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Polanque, Vicaire-général, — Congrégation générale. —Le Pape demande qu'elle

choisisse un Général qui ne soit pas Espagnol. Motifs de cette demande. Pré-

ventions des Espagnols. Evérard Mercurian est élu.- Décrets rendus par la Con-

grégation. Pourquoi les Jésuites se mêlent des affaires politiques. Les Protes-

tants d'Allemagne les attaquent dans leur enseignement.- Le Père Canisius, Nonce

du Pape en Autriche et en Bavière. Le Pape veut le nommer Cardinal. — Il

prend la fuite, 11 va fonder le Collège de Fribourg. - Révolution en Belgique,

Guillaume de Nassau et don Juan d'Autriche. Siége du Collège d'Anvers.

Le Père Baudouin de l'Ange conseille la douceur à don Juan, - Bataille de Gem-

bloux. Les Jésuites refusent le serment exigé par les États. Ils sont chassés

d'Anvers. Peste de Louvain, Mort de don Juan, -On accuse Élisabeth d'An-

gleterre de cette mort. — Le duc de Parme. Baïus et Bellarmin, Affaire du

baïanisme. -Le Père Tolet. - Le Père Warsevicz en Suède, Portrait du roi

Jean III. Position religieuse de la Suède, — Warsevicz caché à la cour. —

Étienne Bathori, roi de Pologne, écrit aux Jésuites, Les Protestants conseillent

à Jean I le fratricide. Le Père Nicolaï. Pontus de La Gardie, ambassadeur

de Suède auprès du Saint-Sége. Le Père Possevin, légat en Suède, Incerti-

tudes de Jean III.— II abjure le lutheranisme entre les mains de Possevin.- Con-

ditions qu'il met au rétablissement du Catholicisme dans son royaume.

Possevin

retourne à Rome pour les discuter. — Elles sont refusées. Biens ecclésiastiques
toujours abandonnés par le Pape. Nouveau voyage de Possevin à Stockholm. -
Superstitions protestantes, Retour de Jean III au lutheranisine, - Intrigues des

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