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tout, qui, par-dessus tout, était la glorification de sa personne et l'abaissement du pouvoir de Rome.

La nouvelle Diète d'Augsbourg offrait à ce caractère toujours versatile dans sa Foi, mais permanent dans ses vanités, une occasion de parler et d'écrire ; il la saisit. Les politiques qui intriguaient sous son égide lui avaient démontré qu'il était éloquent et qu'un mot tombé de sa bouche ou de sa plume produirait un effet irrésistible. La conciliation universelle ne dépendait que d'un de ses gestes; elle allait s'opérer par un de ses regards. Tant d'adulations intéressées séduisirent Frédéric, et lui, Souverain, il accepta, il publia, sous la garantie de son nom, un pamphlet contre l'autorité des Rois et contre l'infaillibilité de l'Église.

Canisius fut désigné par l'Empereur et par les princes allemands pour répondre à cet ouvrage. L'homme de vanité avait voulu tout briser afin d'élever un autel à son amour-propre; l'homme d'humilité reconstruisit tout pour écraser ses sophismes.

La Diète d'Augsbourg était convoquée dans le but de fournir à l'Empereur les moyens de préserver les frontières de l'Allemagne de l'invasion mahométane. Espérant se concilier les deux partis belligérants, Maximilien avait désiré de garder une neutralité coupable; il les ménageait tous. Ces ménagements les éloignaient encore davantage. La paix de Passau, conclue en 1555 entre Charles Quint et les Protestants, les clauses mal interprétées de ce traité, rendaient la position bien difficile. Les esprits s'agitaient dans la confusion, lorsque le Cardinal-Légat et les Jésuites orateurs du Saint-Siége prennent la résolution de sauver le pays sans compromettre les intérêts confiés à leur prudence. Par le fait seul de l'ostentation de Frédéric, les Protestants se

voyaient compromis; ils s'étaient d'abord montrés d'une telle exigence qu'il devenait impossible de leur accorder même ce qui paraîtrait juste. Les Hérétiques prévoyants faisaient inutilement aux autres ce calcul. Le cardinal Commendon et Canisius avaient lu au fond de la pensée des Sectaires; ils offrirent à la Diète un atermoiement, qui, en laissant les choses religieuses dans l'état où elles se trouvaient avant le Colloque d'Augsbourg, permettrait à chaque Prince de prendre en considération les dangers de l'Allemagne. Canisius, Natal et Ledesma jouissaient de la confiance la plus illimitée des Électeurs de Trèves, de Mayence, et du duc de Bavière; ils agirent auprès d'eux de telle façon que ces trois Princes furent les premiers à appuyer l'idée de pacification intérieure que les Jésuites suggéraient. On ajourna les discussions religieuses à des temps plus favorables, et les Électeurs de l'Empire accordèrent à Maximilien les subsides dont il avait besoin.

Le Souverain Pontife ne devait rien à l'Empereur; mais ses irrésolutions n'avaient pas échappé à Canisius. Le Jésuite conseilla au légat d'offrir au nom du Pape cinquante mille écus d'or pour la guerre; Commendon agréa le conseil. Au lieu de promettre cette somme, il la donna sur-le-champ, car il n'ignorait point qu'aucun sacrifice ne coûterait à Pie V pour préserver l'Occident de la fureur des barbares d'Orient.

Natal, Canisius et Ledesma venaient de combattre en faveur de l'Église : ils se dispersèrent afin de chercher d'autres adversaires. De nouveaux Colléges furent fondés à Olmutz, en Moravie, à Wurzbourg et à Vilna. Là, selon la parole du peuple, les Jésuites, qui ne suivaient pas l'exemple des Pharisiens, enseignaient ce qu'ils faisaient et faisaient ce qu'ils enseignaient. A Prague, à

Vienne, leur succès était le même. Canisius ramenait à la Religion Catholique le comte Ulric de Helfestein et ses vassaux qu'il avait entraînés dans l'Hérésie; à Prague, le baron Joachim de Kolowrat rentrait dans le giron de l'Église. Beaucoup de Luthériens suivaient cet exemple, d'autres envoyaient leurs enfants étudier dans les maisons de la Compagnie. Pour les novateurs, cette confiance accordée aux Jésuites était un acheminement vers les doctrines d'unité. L'Hérésie essaya de perdre les Pères dans l'esprit de Maximilien: on les accusa d'exciter une sédition contre lui.

Ce fut alors que Canisius, de retour à Dillingen de sa pérégrination apostolique, rencontra au Collége des Jésuites une consolation inattendue. Persécuté par son frère aîné, qui s'opposait à ses penchants religieux, un jeune gentilhomme polonais sollicitait la grâce d'être reçu dans la Compagnie. Stanislas de Kotska avait seize ans à peine, et, pour réaliser son pieux désir, il venait d'entreprendre à pied un voyage aussi long que pénible. La vocation de Stanislas était marquée par des signes si visibles que Canisius ne balança point à le recommander au Général. Le jeune Polonais arrive à Rome, il est reçu au noviciat de Saint-André; mais l'ange devait bientôt remonter au ciel, sa patrie. Stanislas de Kotska mourut le jour de l'Assomption de la Vierge (15 août 1568).

Les Jésuites d'Allemagne gagnaient un bienheureux au ciel; par l'apostasie du père Adam Heller la Société de Jésus et l'Église se voyaient délivrées d'un homme dont le caractère instable les compromettait. Heller était recteur du Collége de Prague. Secrètement lié au Protestantisme, il devenait un sujet de soupçon et de scandale pour ses frères, lorsque tout à coup il trahit son Ordre, ses vœux et le sacerdoce. Heller ne se contente pas

de se

faire hérétique, il se marie et est reçu ministre luthérien.

La peste sévissait alors dans le College de Prague; l'Archevêque, le vice-roi, le chancelier, les provinciaux des Dominicains et des Franciscains, portaient aux Jésuites les secours de la charité et de la fraternité cléricale.

Dans ce dévouement de tous, Adam Heller seul cède à la peur. Le lâche abdique ses titres en présence du danger que des princes et des rivaux de la Compagnie de Jésus affrontaient avec tant de généreuse audace. Il va mendier un asile chez des ennemis. Cet asile lui est accordé; mais ce qui sera une honte pour le Protestantisme, c'est que de ce lâche il ait fait un de ses Pasteurs. Heller avait fui la peste : la peste, qui épargnait la ville de Prague, atteignit l'apostat; elle le tua avec la femme qui avait eu le triste courage d'associer sa destinée à la sienne.

Ces événements se passaient en 1569. La même année Pie V ordonna à Canisius de répondre aux Centuries d'Illiricus et des autres ministres de Magdebourg. Les Centuries' étaient de gigantesques pamphlets historiques dans le goût du siècle, nourris de science et d'âcreté et cachant la calomnie contre l'Église sous le sel d'une mordante satire. C'est la dialectique de Pascal

Mathias Flach Francovitz, théologien protestant, plus connu sous le nom de Flaccus liricus, parce qu'il était né en Illyrie, a été le principal collaborateur de l'histoire qui prit le titre de Centuries de Magdebourg ou d'Illiricus.

Les trois premières Centuries parurent en 1559. On les réimprima avec des additions en 1562. Les autres Centuries parurent successivement jusqu'en 1574 que fut publiée la treizième et dernière, se terminant à l'an 1300, parce qu'ainsi que le titre l'indique, chaque centurie embrassait un siècle. L'édition la plus complète est celle de Bâle, de 1644.

Les Centuriateurs de Magdebourg, dans cet énorme pamphlet sur l'histoire de l'Église, prirent à partie le Catholicisme et s'acharnèrent à présenter tous les faits sous le jour le plus favorable aux Protestants.

Les principaux collaborateurs d'Illiricus, qui coordonna le travail, sont Jean Wigaud, Matthieu Judex, Basile Faber, André Corvin, Thomas Holzhuter, Marc Wagner et d'autres théologiens de l'École d'Iéna, Le cardinal Baronius continua la tâche du Jésuite et opposa aux Centuries les Annales ecclésiastiques en 12 volumes in-folio. Le premier parut à Rome en 1588, et l'ouvrage valut à son auteur le titre de Père des Annales ecclésiastiques.

unie à l'esprit sarcastique et à la mauvaise foi de Voltaire. Le libelle in-folio, tour à tour profond et moqueur, ne respectait rien et prenait à tâche de saper tous les principes. Il frondait la puissance du Saint-Siége, il attaquait celle des monarques, il dénaturait les faits pour les arranger au gré de ses haines, il ravivait les fables des premiers persécuteurs du Christianisme, il en inventait de nouvelles, et, appelant les hommes à l'indépendance, il jetait dans les âmes d'éternels ferments de révolte.

Le Pape Pie V savait qu'il n'y a pas de meilleur remède contre la publicité que la publicité elle-même; il résolut de réparer par la plume le mal que la plume enfantait. Un écrivain concis dans son audace et versé dans la polémique était nécessaire à ses projets. Canisius avait le fardeau spirituel de l'Allemagne ; le Souverain Pontife prie François de Borgia de décharger le Père de tout autre soin et de lui enjoindre de s'occuper spécialement de l'œuvre dont la Cour Romaine sentait l'urgence. Canisius répond à l'ordre de son Général : « Quelque indigne que je sois de l'honneur que Sa Sainteté m'a fait en songeant à moi pour un si grand dessein, j'espère trouver dans l'obéissance, dans les prières de mes Frères et surtout dans la bénédiction de Sa Sainteté la force de suppléer à mon insuffisance. »

Il entreprit la réfutation des erreurs accumulées dans les Centuries; mais il est bien difficile à un homme grave de répliquer avec succès à des attaques qui, dans la même page, procèdent par le raisonnement et par l'ironie, et qui, sans se préoccuper de la vérité des faits ou de la logique des démonstrations, s'acharnent sur leur victime avec toute sorte d'armes. Un de ces brûlots littéraires, qu'à des temps donnés la malice humaine lance dans le monde, et qui, par son originalité causti

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