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Canisius était à cette époque l'un des personnages plus considérés de l'Allemagne. Conseiller des Rois, favori des peuples, estimé par les riches, respecté et aimé par les pauvres, il exerçait une autorité que tout le monde se faisait un devoir d'honorer; cette autorité ne relevait que de sa Foi et de son talent. Pie IV désirait ardemment de mettre le sceau aux actes émanés du Concile de Trente. Afin de disposer les princes de l'Empire Germanique à accepter les décisions du Synode, il importait d'envoyer dans chaque cour un homme éminent et qui, Nonce du Saint-Siége, pourrait négocier au nom de Rome et traiter avec les Rois. Canisius fut choisi par le Souverain Pontife. Le Jésuite devenait Légat; la volonté du Pape était absolue: Canisius ne songea point à s'y soustraire. Il se mit en route dès le mois de janvier 1565. Le Jésuite faisait toujours à pied ses longs voyages à travers l'Allemagne, accompagné d'un seul Frère de son Ordre; le Légat ne veut pas d'autre suite, pas plus de luxe autour de sa personne qu'auparavant.

quod ab suo Monachiensi Collegio prodiisse flagitium ferebatur. Ergo inquirendum sedulo sique fraus deprehendatur, graviter vindicaudam, sin minus abolendam ignominiam statuit, Quod testatior foret res, dat operam ut puer una cum parentibus ad se perducatur : qui cum sedulo ab Hæreticis custodiretur, tamen callide ab conquisitoribus ab Duce missis in currum abreptus Monachium deportatur. Tum Albertus ingentem medicorum numerum indidem Monachio, Augusta, Salisburgo, Ratisbona convocat: eosque ipsos chirurgos, qui factam puero injuriam contestati erant. In veteri aula Principum spectante simul principis, simul Civitatis Senatu, permultisque primariis viris, statuitur puer in medio nudus. Nulla apparebat cicatrix, vestigium nullum injuriæ. At nec virilitas cernebatur. Verum haud multis interrogationibus versatus, quanquam callidus adolescens, jam veritatis prodebat indicia, cum ab Ducis Chirurgo, sagacis ingenii homine, continere spiritum, ac ventrem inflare jussus, id, quod calumniatores querebantur exemptum, palam in conspectum dedit! Pueri quoque parentes dederunt gloriam Deo, fassique rite sunt, et suum illum esse gnatum, ac re vera integrum interrogatique qui contra ea testimonium tulerant chirurgi, idemne il'e esset puer, quem ante pronuntiaverant castratum, itemque num profiterentur inviolatum postea compertum; quanquam non sine rubore, uotaque levitatis, utrumque contestati sunt, Conficiuntur ejus rei quam accuratissime testes literæ, medicorumque et chirurgorum subscriptæ manu: quocumque præcesserant mendaces libelli dimittuntur. Addidit et litteras suas Bavarus Princeps, quæ et typis excusæ sunt. Cumulatior in auctores redit infamia. »

(Sacchini, Historia Societatis Jesu, liber 1, page 32 (édit, de Rome, 1640).

Il visite ainsi les principales cours du Nord, s'arrête dans les cités les plus hostiles à l'Église: il prêche les monarques et les sujets, il évangélise les enfants, il partage avec les indigents l'hospitalité que la bienfaisance publique accorde au dénûment. Ici, il parle au nom de Dieu; là, au nom de la Foi catholique et comme le délégué du Saint-Siége. Partout il est accueilli avec vénération; partout sa présence et ses paroles obtiennent d'heureux résultats. Sa nonciature était brillante, elle réalisait de grandes choses pour la Catholicité, et voici en quels termes Canisius en rendit compte au Général des Jésuites:

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« J'ai vu, lui écrivait-il, les Électeurs de Trèves et de Mayence, les Évêques de Wurzbourg et d'Osnabruck, et j'ai eu la consolation de laisser ces princes dans les meilleures dispositions à l'égard du Saint-Siége. Je leur ai spécialement recommandé la publication du Concile de Trente et l'exécution de ses décrets. Dans l'état actuel de l'Allemagne, je leur ai suggéré les moyens que je regardais comme les plus capables d'y conserver et d'y augmenter la Religion. Je puis assurer qu'ils ont reçu tout ce que j'ai pris la liberté de leur dire non-seulement avec bienveillance, mais encore avec respect. Pour des motifs particuliers, j'ai entretenu les autres par correspondance.

» Durant le cours de mon voyage j'ai prêché souvent en allemand, souvent aussi en latin. Si le Seigneur m'a donné une petite part à ses souffrances dans les incommodités des routes et de la saison, sa bonté a bien voulu me les adoucir et me protéger au milieu des dangers que j'ai courus. La Providence nous a encore de temps à autre ménagé d'excellents amis. A leur considération, les Sectaires qui nous étaient les plus opposés nous écoutaient

sans peine lorsque nous leur révélions les mystères de notre Foi. »

Quand cet homme d'une activité si surprenante a visité les cercles de l'Allemagne, a proclamé partout les décrets du Concile, il arrive à Mayence, et, exténué de fatigue, il écrit à François de Borgia: « Je vois bien que mes forces s'affaiblissent et que je n'ai plus la même vigueur. Que la volonté du Seigneur se fasse en nous cependant, et qu'il nous donne la grâce d'être les enfants de la sainte obéissance et durant la vie et à la mort. »

Puis tout à coup, croyant avoir péché par faiblesse, il ajoute : « Je conjure très-humblement Votre Paternité d'etre bien persuadée que je recevrai volontiers la pénitence qu'il lui plaira de m'imposer pour ces fautes, afin d'être par là plus en état de me concilier la miséricorde de Notre-Seigneur.

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Dans ces lettres, dont Canisius ne prévoyait guère que l'histoire s'emparerait un jour, il y a un tel parfum de courage et d'humilité que l'orgueil de l'homme se sent anéanti. Le Pape Pie V conçut la même pensée. A peine assis sur le trône de l'Église, il maintint le Jésuite dans les honneurs de la nonciature; mais, sur la demande du cardinal Othon Truschez, Pie V charge Canisius d'aller soutenir les droits de la catholicité à la Diète d'Augsbourg. Le Père était épuisé; pourtant, en apprenant sa nouvelle destination, il se résigne au travail; il part de Mayence, et, à la fin de février 1566, il est à Augsbourg. Natal et Ledesma lui étaient adjoints; il les retrouve dans cette ville.

Cette Diète de 1566, si célèbre dans les annales ecclésiastiques, semblait devoir être décisive pour les Protestants, qui espéraient avoir capté les bonnes grâces

de l'Empereur Maximilien. Le cardinal Commendon la présidait en qualité de Légat. Les Hérétiques, forts de la protection présumée de Maximilien, ne tendaient à rien moins qu'à l'anéantissement du Catholicisme. Ils demandaient l'abolition de la réserve ecclésiastique, qui, au dire de l'historien Robertson, fut l'un des plus invincibles obstacles à la propagation de l'hérésie. Les Sectaires avaient, en 1530, consenti à ce que les biens du clergé apostat fissent retour à l'Église; en 1566, ils exigeaient que les prêtres restassent propriétaires ou au moins viagers des revenus qu'ils posséderaient au moment de leur changement de religion.

Dans les Diètes précédentes, ainsi qu'au Colloque de Poissy, ils avaient vu qu'il était difficile à leurs chefs de lutter contre les Jésuites; ils aspiraient donc à éloigner les Pères de toute assemblée. En conséquence, ils proposèrent d'établir une conférence libre entre les princes séculiers de l'un et de l'autre parti. La pluralité des voix devait trancher les questions.

Ces mesures ne leur paraissant pas encore assez efficaces, ils en appelèrent du Concile OEcuménique à un Synode national. Là, disaient-ils, seraient résolues les contestations entre le Saint-Siége et l'Empire Germanique. Leur quatrième proposition consistait à rechercher les moyens de concilier et de rapprocher les deux, cultes, la vérité et l'erreur.

Ce n'était pas pour faire triompher des utopies que le Souverain Pontife avait accepté la Diète, mais pour sauver l'Allemagne du fer ottoman; car les Turcs menaçaient encore l'Empire. Comme tous les hommes qui s'attachent à une réforme impossible afin de ne pas attrister leurs regards par le spectacle des maux présents, les Sectaires de 1566 ne se montraient pas touchés des

calamités dont l'Église et les Monarchies allaient devenir la proie. Ils croyaient qu'une satisfaction était due à leur orgueil; cette satisfaction passait avant les besoins de l'Europe civilisée. Ils avaient annoncé qu'ils voulaient réformer: la réforme était pour eux l'arme avec laquelle on surmonterait tous les périls. Le Turc apparaissait aux frontières, il fallait le repousser sous peine de voir l'Europe envahie par les Barbares. Ces sophistes, n'entrevoyant que le coin d'une idée, opposaient à l'Église universelle un Colloque particulier, d'où, ainsi que leurs devanciers ou leurs successeurs en révolution, ils excluaient leurs adversaires. Dès ce temps-là commençait la guerre de la chose irréalisable contre le possible; le rêve se substituait à la raison.

Frédéric III, Électeur palatin, était un prince à l'imagination vagabonde. Sa haute stature, la beauté mâle de sa physionomie et son bouillant courage semblaient accuser un caractère prononcé; mais, trop faible d'esprit pour comprendre qu'il y a des époques où il est utile d'avoir des ennemis, cet homme se créait un besoin de popularité. Il était tourmenté de l'amour du bruit; il avait soif des louanges et des applaudissements de la foule; pour les obtenir il aurait vendu sa couronne. Les Protestants lui persuadèrent qu'il serait glorieux, à lui Electeur palatin, de se mettre au service d'une idée révolutionnaire; la popularité lui était promise à ce prix : presque toujours n'est-ce pas par le mensonge ou par l'erreur qu'elle arrive? Frédéric se laissa gagner. De Catholique il se fit Luthérien, de Luthérien il devint Calviniste; puis, après avoir passé par toutes les phases de l'Hérésie, il s'avoua que son individualité devait être un principe. Ce principe se résumait en une réforme mal définie, plus mal comprise, mais qui, avant

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