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sur quelques points, écarté des doctrines catholiques. Sa conquête importait tant au Luthéranisme qu'il devenait très-difficile de signaler à un homme toujours adulé la route périlleuse dans laquelle il s'engageait. Delrio s'en chargea. Juste Lipse fut assez grand pour reconnaître son erreur, et c'est dans une de ses lettres au Jésuite que nous en trouvons l'aveu: « Notre ancienne et véritable amitié, lui écrit-il de Mayence en 1591, ne peut permettre que je te cache le crime que j'ai commis. Par la bonté de Dieu, je me suis délivré des filets auxquels je m'étais laissé prendre et j'ai pu parvenir à me rendre en Allemagne auprès des Pères de ta Compagnie. Accordemoi le secours de tes prières; car, après avoir reçu tes lettres salutaires, que le Ciel soit encore irrité contre moi si j'ai pu goûter un instant de repos. Grâces soient rendues à Dieu, qui, malgré moi, malgré tous mes efforts, m'a tiré du danger que je courais et m'a placé dans un lieu où je puis être utile à l'Église et à l'État, ce que j'espère faire sérieusement avec son secours. Réjouistoi, mon frère, puisque tu as réellement sauvé ton frère et ton ami, et pardonne-moi tout le passé. Ma femme, mes enfants et mes meubles sont encore en Hollande. Je les en ferai bientôt sortir, et me réunirai aux bons Catholiques.

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Juste Lipse était digne de l'amitié du Père Delrio. Il persévéra dans ses nobles sentiments, et, après avoir fui la Hollande, sa patrie, qui lui offrait la fortune et la gloire pour prix de son apostasie, il s'établit à Louvain, où les Jésuites lui firent recouvrer, par la protection de Philippe II et de l'Archiduc Albert, tout ce qu'il avait sacrifié à sa foi.

CHAPITRE VII.

Principe et causes de la Ligue.

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Traité

Formation de ce grand mouvement catholique. Serment des Ligueurs. Leur but. Henri II et le duc de Guise. - Création de l'Ordre du Saint-Esprit. Le Père Auger en rédige les statuts et le serment.— Les Jésuites dans la Ligue. Les Pères Sammier et Claude Matthieu. Sammier négocie à l'étranger en faveur de la Ligue. - Matthieu à Rome. · avec l'Espagne. - · Henri III se plaint au Pape et au Général de la Compagnie. Il demande que les Jésuites français soient seuls aptes à exercer en France les fonctions de supérieur ou de recteur. — Accusation portée contre le Père Auger.Le Père Matthieu exilé à Pont-à-Mousson. Henri III veut élever au Cardinalat le Père Auger. — Aquaviva demande au Pape Sixte-Quint de ne pas employer les Jésuites au service de la Ligue.- Le Pape refuse. Mission de l'évêque de Paris à Rome. — Aquaviva se tient éloigné de toute affaire politique. Le Père Auger forcé de se retirer de la cour. ·A Lyon il prêche contre la Ligue. On le menace de le jeter dans le Rhône. Il est chassé de la ville.· Sa mort. - Henri de Valois et Henri de Bourbon. cades. Le duc de Guise tué. Billet des Seize. - Doctrine du régicide ou du tyrannicide. — Examen de cette question. — Accusation dirigée contre les Jésuites par l'Université à propos de cette doctrine. — Quels sont ceux qui les premiers l'ont soutenue? Saint Thomas et le chancelier Gerson. Les docteurs de Sorbonne. La Sorbonne excommunie Henri III.- Elle menace le Cardinal de Gondi. Fureur du peuple provoquée par ce décret. — L'Université glorifie Jacques Clément, Guillaume Roze est élu conservateur de l'Université. Décret de la Sorbonne contre Henri IV. · Premières écritures du Parlement contre Henri III. Arrêt du Parlement de Toulouse. Quinze présidents du Parlement et les procureurs et avocats-généraux dans le Conseil des Quarante. Charles Dumoulin et Jean Bodin, célèbres jurisconsultes, soutiennent la doctrine du régicide. - Tyran d'usurpation, tyran d'administration. Les Jésuites régicides. Leur doctrine. - Le Père Mariana,

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Le

Sa condamnation par le Général de l'Ordre. Les Protestants régicides.· Père Odon Pigénat au Conseil des Seize. - Blocus de Paris. Procession de la Ligue. Le Cardinal Cajetano légat du Pape. Le Père Tyrius et le prévôt

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des marchands. Le Père Bellarmin décide que, sans encourir l'excommunication, les Parisiens peuvent se rendre à Henri IV. Les Jésuites repoussent les soldats d'Henri IV qui avaient pénétré dans le faubourg Saint-Jacques. Les États assemblés par la Ligue refusent pour Roi de France un Autrichien et une Espagnole. Position du Saint-Siége. Abjuration d'Henri IV. Mission du duc de Nevers à Rome. Le Père Possevin, chargé par le Pape de le prévenir de l'inutilité de son ambassade, encourt la colère du Pape et des Espagnols pour s'être montré favorable à la France. Possevin est obligé de fuir. Le Cardinal-Jésuite Tolet prend en main la cause d'Henri IV. - Témoignage du Cardinal d'Ossat. Le Père Commolet, l'un des plus fougueux Ligueurs, s'occupe de l'absolution du Roi, -Tolet triomphe des derniers scrupules de Clément VIII et réconcilie Henri IV avec l'Église. — Mort de Tolet. Services funèbres que Henri ordonne par toute la France. - Tentative d'assassinat de Barrière sur la personne du Roi. - Les Jésuites accusés de régicide. —L'Université, après avoir fait amende honorable au Roi, reprend son procès contre les Jésuites. – Elle s'appuie sur les Protestants. Les Jésuites refusent de prêter serment à Henri IV jusqu'au mo

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ment où il sera absous. Le recteur de l'Université, Jacques d'Amboise, dit qu'il procède avec les quatre Facultés. Elles protestent.

Antoine Arnauld et Louis Dollé portent la parole contre les Jésuites. Antoine Séguier, avocat-général, conclut en leur faveur. —Outrages de l'Université contre les Séguier. —Le cours d'éloquence de Jean Passerat.-Jean Chastel blesse Henri IV. — Les Jésuites Guéret et Guignard compromis dans l'attentat.— Guignard et Guéret à la torture. Guignard est pendu en place de Grève. Les Jésuites sont bannis du royaume. Le chancelier de Chiverny et le Parlement, Accusations du chancelier contre les juges. Le Parlement se partage les dépouilles de ses victimes. - Position des Ligueurs, des Protestants et d'Henri IV.

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Le principe de la Ligue fut salutaire et légitime. Il fit passer les intérêts de Dieu avant les intérêts humains; il sauvegarda la foi des peuples; il leur apprit que la conscience religieuse a quelque chose de plus immuable que la conscience politique. Le Luthéranisme, le Calvinisme et toutes les Sectes nées à l'ombre de ces deux grandes hérésies, appelaient l'homme à la révolte intellectuelle pour le jeter dans les bras de l'insurrection armée. Elles foulaient aux pieds l'autorité chrétienne, afin d'arriver au renversement de l'autorité monarchique. Quelques princes, peu confiants dans la sainteté de leur cause ou saisis de ce fatal vertige qui pousse les rois à leur perte, fermaient les yeux sur des projets dont les Dévoyés de l'Église ne faisaient plus mystère. Ils n'osaient pas croire, eux, les dépositaires du pouvoir, à l'espèce d'infaillibilité que les multitudes s'empressent toujours d'accorder à la force qui gouverne, infaillibilité qu'un Protestant, que M. Guizot lui attribue avec tant de logique.

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Quand on a voulu, dit-il', fonder la souveraineté des rois, on a dit que les rois sont l'image de Dieu sur la terre; quand on a voulu fonder la souveraineté du peuple, on a dit que la voix du peuple est la voix de Dieu donc Dieu seul est souverain. Dieu est souverain parce qu'il est infaillible, parce que sa volonté, comme

Traité de philosophie politique, par M. Guizot. Livre de la Souveraineté. Globe du 25 novembre 1826.

sa pensée, est la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.

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Voici donc l'alternative où sont placés tous les souverains de la terre, quels que soient leur forme ou leur nom: il faut qu'ils se disent infaillibles ou qu'ils cessent de se prétendre souverains; autrement ils seraient contraints de dire que la souveraineté, j'entends la souveraineté de droit, peut appartenir à l'erreur, au mal, à une volonté qui ignore ou repousse la justice, la vérité, la raison. C'est ce que nul n'a encore osé dire. »

Dans la crise que le Protestantisme évoquait, peu de rois eurent l'audace d'accepter le rôle qu'un Calviniste vient de leur tracer; ils tremblèrent en face de la situation. A force de génie, ils ne la conjurèrent pas; dans un courageux élan de Foi catholique, ils ne surent même pas s'associer aux inspirations des masses. Cet état d'anéantissement, auquel la royauté se condamnait, portait une grave atteinte à l'Église et à la fidélité des peuples. Les peuples avaient une Foi plus vive qu'éclairée; il leur répugnait de la soumettre à des Prédicants qui proclamaient la liberté le fer à la main, l'outrage à la bouche. Les peuples, la France surtout, s'inquiétaient de cette prostration morale qui livrait les empires à des commotions sans cesse renaissantes. Lorsqu'ils virent que les souverains n'avaient pas dans leur cœur ou dans leur tête l'énergie de l'infaillibilité, ils se l'accordèrent à euxmêmes. La voix de Dieu ne retentissait plus à l'oreille du roi, le peuple la comprit; il l'interpréta, et la Ligue fut fondée.

Telle fut l'origine de cette Sainte-Union. Née presque à la même heure et du même besoin, au pied du trône comme dans le fond des provinces, elle eut bientôt orga nisé divers centres d'action. Elle fut la force ainsi que déjà elle était la Religion Catholique; mais la force dissé

minée et n'opposant qu'une résistance partielle aux ravages du Calvinisme. Les coalisés prêtaient un serment conçu en ces termes :

« Je jure Dieu le Créateur, et sur peine d'anathématisation et damnation éternelle, que j'ai entré en cette sainte association catholique, selon la forme du traité qui m'y a été lu présentement, loyaument et sincèrement, soit pour commander ou y obéir et servir, et promets, sous ma vie et mon honneur, de m'y conserver jusqu'à la dernière goutte de mon sang, sans y contrevenir ou me retirer pour quelque mandement, prétexte, excuse ni occasion que ce soit.

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La faiblesse d'Henri III était aussi évidente que le danger. Les Protestants avaient conspiré pour arracher des édits en faveur de l'Hérésie; les Catholiques se liguèrent pour empêcher le Roi de compromettre leur religion et le sort de la monarchie. Il y avait accord chez les Hugue nots, accord dans la pensée, dans les moyens, dans le but. Les hommes qui tendent à détruire savent merveilleusement se discipliner, et ajourner au lendemain de la victoire leurs divisions intérieures. Par une exception peutêtre unique dans l'histoire, le parti qui voulait conserver se révéla puissant et uni dans le même vou, lorsqu'il ne s'était pas encore entendu sur les points particuliers. La Ligue était partout, ainsi que la Confédération protestante; mais elle n'avait pas de chef, pas d'ensemble dans les opérations: elle devait donc craindre de consumer son dévouement en tentatives infructueuses.

En 1577, Henri, duc de Guise, surnommé le Balafré, et fils de celui que ie Calviniste Poltrot avait assassiné, fut reconnu général suprême de cette association qui couvrait la France. Guise était Catholique par conviction; il

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