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RELIGIEUSE, POLITIQUE ET LITTÉRAIRE

DE LA

COMPAGNIE DE JÉSUS

COMPOSÉE

SUR LES DOCUMENTS INÉDITS ET AUTHENTIQUES

PAR J. CRÉTINEAU-JOLY.

OUVRAGE ORNÉ DE PORTRAITS ET DE FAC-SIMILE

TOME DEUXIÈME.

+

PARIS,

PAUL MELLIER, ÉDITEUR,

PLACE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, 11;

ET A LYON,

CHEZ GUYOT, LIBRAIRE,
GRANDE RUE MERCIÈRE, 39.

BX 3706 .C92

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Son caractère.

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— Jésuites envoyés à l'île de Malte, assiégée par Soliman. — Dénombrement des Jésuites et de leurs maisons. Christophe Rodriguez en Calabre. - Élection du pape Pie V.. Le nouveau pape et François de Borgia. - Salmeron et Tolet, prédicateurs du Saint-Siége.—Ma'adie contagieuse à Rome.— Dévouement des Jésuites. - Les Jésuites nommés visiteurs dans les diocèses d'Italie. -Travaux de Borgia. - Pie V reprend le projet de Paul IV. — Il veut forcer la Compagnie à faire les offices du chœur.

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Question des vœux simples. - Mémoire présenté au Pape. Le travail et la prière. Le Pape désire de former une croisade contre les Turcs. Le cardinal Commendon, légat du Saint-Siége, et le Père Tolet. Le cardinal Alexandrini et François de Borgia. Canisius en Allemagne. La chasteté des Jésuites calomniée par les sectaires, qui ne peuvent expliquer la pudeur des scolastiques. Le Père Canisius, légat près des cours germaniques. Il fait proclamer le Concile de Trente. - Il est à la diète d'Augsbourg.-Politique des protestants.· ric III.-Ses utopies de réforme. - Canisius, Natal et Ledesma concilient les deux Nouveaux colléges à Olmutz, à Wurzbourg et à Vilna.

partis. Kotska.

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-

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Stanislas de -Sa mort, Apostasie du Père Adam Heller. Les Centuries d'Illri cus. But et esprit de cet ouvrage. Canisius est chargé d'y répondre. On l'accuse d'avoir renié sa foi. Le Père Maggio en Pologne. - Il empêche le roi Sigismond de répudier la reine sa femme, — Progrès de la Compagnie en Allemagne. Résultats de la légation de Commendon et de Tolet. Les Jésuites Blyssem et Warsevicz. Élection du duc d'Anjou roi de Pologne.

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François de Borgia, à qui Laynès mourant avait semblé, dans un dernier témoignage de confiance, résigner les pouvoirs de Général de la Compagnie de Jésus, était un homme exceptionnel. Grand par la naissance, par le courage et par l'honneur, il s'était réfugié dans l'humilité. On l'avait vu se détacher des affections terrestres pour vivre plus intimement avec Dieu. Son histoire fut

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un prodige continu d'obéissance et d'abnégation. L'ami de Charles-Quint et de Philippe II, l'allié de toutes les têtes couronnées de l'Europe, avait, dans la force de l'âge, répudié l'éclat et les richesses. Celui qui était né pour commander aux autres n'aspirait plus qu'à obéir.

Afin d'embrasser l'Institut des Jésuites, il se dépouilla de tout sentiment humain; afin de rester fidèle à l'obscurité qu'il conquérait, il rejeta loin de lui les honneurs de la pourpre romaine, qui, à cinq reprises différentes, vinrent le chercher dans sa cellule. La sublimité de ce sacrifice incessant de l'orgueil de l'homme immolant, au pied de la croix, ses passions et ses désirs les plus naturels, n'a point échappé aux écrivains protestants. Babington Macaulay rend au Père François de Borgia cette justice'. « Il n'est pas un saint dans le calendrier de Rome qui ait abdiqué ou détourné de lui plus de dignités humaines et plus de bonheur domestique; il n'en est pas un qui se soit voué à la pauvreté, aux souffrances physiques en les acceptant sous des dehors plus sordides ou avec des supplices plus révoltants. C'est faire pénitence avec lui que de prêter l'oreille aux récits de ses flagellations, des maladies qui en avaient été la suite, et des pratiques douloureuses par lesquelles, à chaque instant du jour, il tâchait de dompter ses sens. Sa vie est plus éloquente que toutes les homélies de saint Chrysostome. Elle démontre mieux que cent prédicateurs ne l'auraient pu faire à ses contemporains étonnés l'auguste pouvoir des principes qui le faisaient agir.»

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Né en 1510, le Père François de Borgia n'était âgé que de cinquante-cinq ans à la mort de Laynès; mais

↑ Revue d'Édimbourg. LES PREMIERS JESUITES, par Babington Macaulay, ancien ministre de la guerre en Angleterre.

les austérités volontaires, les fatigues de toute sorte avaient tellement consumé sa vie qu'il ne lui restait plus de force que dans le cœur et dans la tête. Le brillant compagnon d'armes de Charles-Quint, dont la taille élancée, le front majestueux et le beau visage rehaussaient si bien la noblesse, a disparu. Ce n'est déjà plus qu'un vieillard; ses joues pâles sont sillonnées de rides, chaque mouvement de son corps atteste une souffrance. Il est languissant, débile même; mais cette santé si frêle n'óte rien à l'énergie morale qui étincelle dans ses yeux bleus. Il a brisé tous les liens de la chair, repoussé toutes les grandeurs, et le trépas inattendu de Laynès va encore une fois mettre sa modestie aux prises avec les dignités.

Caractère concentré, esprit qui avait besoin de recevoir l'impulsion, mais qui, après l'avoir reçue, ne s'arrêtait devant aucun obstacle, Borgia était admirablement formé pour développer les plans d'Ignace de Loyola et de Laynès. Il n'avait ni l'immensité des conceptions du fondateur, ni l'ardente initiative et le rare ensemble de talents que vient de déployer le second Général de l'Ordre; cependant, au contact de ces deux hommes qui ont exercé une si puissante influence sur lui, Borgia a inspiré de toute leur vigueur sa faiblesse maladive. D'un tempérament mélancolique, il aurait, aux agitations de l'existence du missionnaire, préféré les calmes délectations de la vie contemplative. Ignace l'arracha au repos de la solitude qu'il ambitionnait. Laynès le jeta dans les travaux de l'apostolat; il le prépara par de difficiles épreuves à accepter son héritage. Les Jésuites allaient réaliser cette pensée.

Le lendemain de la mort du Général, les Profès résidant à Rome se réunissent et choisissent pour vicaire, pendant la vacance, le Père François de Borgia, un des

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