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Chrétiens étaient bien jeunes dans la Foi; mais en apprenant que leur liberté religieuse est menacée, ils font le sacrifice de leurs biens et de leur patrie; puis, heureux de donner à l'Église un témoignage aussi éclatant de leur fidélité, ils vont sous d'autres cieux chercher un asile catholique. Le Père Torrez, le compagnon de Xavier, les fait recevoir dans le royaume de Cocinoxu.

Les Jésuites se rendaient si populaires au Japon que, dès qu'un navire européen en laissait un sur cette partie du globe, c'était une fête pour tout le littoral. En 1568, le Père Valla aborde dans cet archipel; il y est accueilli avec les démonstrations de joie qu'un monarque bien-aimé soulève à son passage. Le peuple, les grands se précipitent à sa rencontre. Il y a des cris de bonheur, des chants d'allégresse; chacun comprend que c'est un père qui lui arrive. A peine débarqué, et comme porté par l'enthousiasme universel, Valla passe dans l'île de Xiqui, où résidait le vieux Torrez. Valla tombe à ses genoux, il supplie le compagnon de François Xavier de bénir ses premiers pas sur cette terre, où il a fait germer la parole de Dieu. Torrez, mettant à profit l'arrivée du Jésuite, réunit en synode provincial les missionnaires, et, après avoir réglé en commun les affaires de ces Chrétientés, il distribue à chacun le poste qu'il doit occuper. Valla et Jean Gonzalès sont envoyés dans le Gotto, Del Monte à Cocinoxu, Melchior Figuérido à Funai, Balthazar Acosta à Firando, Villéla à Fucundo, et Alméida part pour Nangasaki. En 1569, Alméida se décide à introduire la Foi dans la partie de l'île de Xiqui que les Japonais nomment Amacusa. Le Tono de ce district reçoit au baptême le nom de Léon; ses subordonnés l'imitent. Léon, quoique chrétien, était homme et soldat; le martyre n'effraie pas son courage, mais il l'attendra les ar

mes à la main, ne pensant pas qu'il soit de l'intérêt de la religion d'abandonner aux injustices des Bonzes les hommes qui, avec lui, ont accepté la loi nouvelle. Léon prend ses précautions, car il connaît la faiblesse du roi; il sait que ce prince, pour acheter quelques heures de repos, sacrifiera aux prêtres des fausses divinités ses meilleurs amis et son propre honneur. Léon avait bien calculé. Le roi laisse les Bonzes arbitres de sa vie ; mais les Bonzes n'osent l'attaquer à main armée. Ils députent au Tono chrétien un des leurs qui, au nom du roi, lui signifie qu'il n'a plus qu'à se tuer s'il désire d'échapper à une mort infamante.

Tibère et Néron permettaient aux sénateurs romains de s'ouvrir, dans un bain chaud, les quatre veines. Les monarques du Japon accordaient aux seigneurs condamnés à mort le droit de se fendre le ventre. Ce privilége les arrachait à la hache du licteur ou au fer du bourreau. Léon ne crut pas devoir accepter l'alternative; il résista. De prière en prière, de concession en concession, les Bonzes descendent jusqu'à faire de son exil volontaire un cas de guerre ou de paix. Le vieux soldat refuse encore, et cependant l'émeute soulevée par les Bonzes grondait à la porte des néophytes. Le Père Alméida interpose enfin son autorité. Le roi n'avait rien pu gagner : le Jésuite fut plus heureux. Il apprit à ce vaillant général que la douceur chrétienne est préférable à la force. Léon consentit à un exil que ses ennemis mêmes n'osaient lui infliger; la tranquillité fut ainsi rétablie.

La révolution qui chassa de Meaco Villéla et Froës, se terminait par le triomphe de la légitimité, que des genéraux fidèles avaient préparé de longue main. Vatandono et Nobunanga, roi d'Oaris, formèrent le projet de restituer la couronne au frère du Cubo-Sama détrôné,

Ils réussirent; et Vatandono, qui n'était pas encore baptisé, demanda pour toute récompense de voir le sort du Christianisme assuré à Meaco. Son veeu fut exaucé; le Père Froës revint auprès de ses catéchumènes; mais, ainsi que le disait le Jésuite Laurent à Nobunanga : « La bonne semence ne commence pas encore à naître, qu'elle est déjà étouffée par les épines.

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Froës était rappelé par le monarque. Ce rappel méme formait une des principales conditions de son rétablissement sur le trône. Cependant, à l'exemple passé on futur de toutes les dynasties restaurées, le Cubo-Sama s'occupa beaucoup plus de plaire aux anciens factieux que de contenter ses défenseurs. Il ne doutait pas de la sincérité de leur dévouement, il les laissa de côté pour tenter des conquêtes dans le camp ennemi. Nichiso Xonin, chef des Bonzes, s'était montré le plus ardent dans ses hostilités contre lui : ce fut Nichiso-Xonin qui eut la confiance et les faveurs du prince. Cette trahison faite à son parti était une lâcheté; car les rois, qui ne doivent jamais redouter leurs adversaires, sont, pour l'honneur du trône, obligés d'aimer leurs amis. Le Cubo-Sama ne s'arrêta pas à de stériles démonstrations. Le Bonze, son favori de l'opposition, avait été vaincu en sa présence dans une lutte où Froës et lui s'étaient constitués les champions des deux cultes. Il y avait un si grand nombre de catéchumènes dans le royaume que le Cubo-Sama ne put se décider à formuler un ordre d'exil contre le Père; mais sa colère retomba sur celui qui s'était sacrifié pour sa cause. Vatandono fut dépouillé de ses biens et de ses titres.

Cette même année 1571, le Père François Cabral, succédant à Torrez dans la charge de supérieur des

'Ce Jésuite, l'ancien compagnon de saint François Xavier, mourut au Japon quel ques jours avant de s'embarquer pour l'Europe.

missions, débarquait à l'île de Xiqui, et, accompagné d'Alméida, il entreprenait la visite des chrétientés du Japon. Elles prospéraient; mais, aux yeux de cet homme rigide, il n'en était pas ainsi de l'observance de la pauvreté évangélique. Quelques Missionnaires avaient cru, sans l'enfreindre, pouvoir suivre l'usage du pays et se vêtir d'habits de soie comme les indigènes. Ils pensaient par là relever la dignité du caractère sacerdotal et donner aux Japonais une plus haute idée de la Religion Catholique. Cabral ne se contenta pas des raisons alléguées; les Jésuites se soumirent à l'ordre qu'il puisait dans les splendeurs de la pauvreté et dans la majesté de l'obéissance religieuse; puis en 1572, quand il dut se présenter à la cour du Cubo-Sama de Meaco, il refusa de se départir de la modestie dans les vêtements qu'il avait si fortement recommandée.

Tandis que Cabral poursuivait ses visites, le frère Laurent portait les premières semences de la Foi dans le royaume de Tambah, et les habitants d'Ingéli désiraient si vivement l'arrivée des Missionnaires que, pour l'accélérer, ils se mirent, tout païens qu'ils étaient, à construire des églises. A Ormura, Barthélemy Sumitanda, roi de la contrée, s'était depuis long-temps déclaré chrétien. C'était, comme les princes de Bungo, le disciple le plus fidèle, l'allié le plus constant des Jésuites. Il les couvrait de sa protection; eux apprenaient à ses peuples à honorer la loi de Dien et à respecter celle du monarque.

Polanque, Vicaire-général,

CHAPITRE IV.

Congrégation générale. · Le Pape demande qu'elle choisisse un Général qui ne soit pas Espagnol. Motifs de cette demande. - Préventions des Espagnols. · · Evérard Mercurian est élu.- Décrets rendus par la Congrégation. — Pourquoi les Jésuites se mêlent des affaires politiques. - Les Protestants d'Allemagne les attaquent dans leur enseignement. Le Père Canisius, Nonce du Pape en Autriche et en Bavière. · Le Pape veut le nommer Cardinal. — II prend la fuite. -11 va fonder le Collège de Fribourg. - Révolution en Belgique, Guillaume de Nassau et don Juan d'Autriche. — Siége du Collège d'Anvers. · Le Père Baudonin de l'Ange conseille la douceur à don Juan. · Bataille de Gembloux. Les Jésuites refusent le serment exigé par les États. — Ils sont chassés d'Anvers. Peste de Louvain, ― Mort de don Juan. — On accuse Élisabeth d'AnBaïus et Bellarmin. — Affaire du Le Père Warsevicz en Suède. - Portrait du roi

gleterre de cette mort. Le duc de Parme. baïanisme. Le Père Tolet.

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de Suède auprès du Saint-Siége.

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Jean III. Position religieuse de la Suède. Warsevicz caché à la cour. Étienne Bathori, roi de Pologne, écrit aux Jésuites. Les Protestants conseillent à Jean I le fratricide, Le Père Nicolaï. Pontus de La Gardie, ambassadeur Le Père Possevin, légat en Suède. - Incertitudes de Jean III. — Il abjure le lutheranisme entre les mains de Possevin.— Conditions qu'il met au rétablissement du Catholicisme dans son royaume. Possevin retourne à Rome pour les discuter. Elles sont refusées. Biens ecclésiastiques toujours abandonnés par le Pape. Superstitions protestantes.

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- Nouveau voyage de Possevin à Stockholm. Retour de Jean III au lutheranisme. — Intrigues des Protestants et de La Gardie. Possevin à la diète de Wadstena, Mort de Charles IX. Les Jésuites à Bordeaux, à Bourges et à Pont-à-Mousson, donat et l'Université de Paris. Le Cardinal de Gondi et sa sentence sur la question de l'Immaculée Conception, — L'Université en appelle de la décision de l'Évêque de Paris au Parlement, Le Père Auger, confesseur du roi. Lyon et à Avignon. Jean de Montluc converti par le Père Granjean. suites en Aunis et en Saintonge. - Henri III veut faire le Père Auger Cardinal. Auger à Dôle et à Dijon. Le Président de Goudran fonde un collége de Jésuites Les Jésuites à la tête de l'université de Pont-à-Mousson. Maison professe à Paris, fondée par le Cardinal de Bourbon,

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et les Jésuites. Commencement des dissensions intérieures de la Compaguie en Espagne. Les Jésuites à Milan. - Ils renoncent.au séminaire. Les Jésuites et saint Charles Borromée. Accusation contre eux. Le Père Mazarini s'emporte en chaire contre le Cardinal. - Sa mort. Mort du Général de la Compagnie. Le Père Manare, Vicaire-Général, accusé de captation. L'accusation est déférée aux Profès. - Situation de la Compagnie. — Jugement qui intervient. — Manare se retire de l'élection. Le Père Claude Aquaviva est élu, Décrets rendus dans cette Congrégation, - Portrait d'Aquaviva,

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L'année 1573 commença dans la Société de Jésus par la réunion des Congrégations provinciales qui devaient choisir les députés chargés d'assister à la Congrégation générale, où le successeur de François de Borgia serait

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