صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

CHAPITRE III.

Ce que François de Borgia a fait pour les missions.- Mission du Brésil.— La peste à San-Spiritu. Divisions entre les Portugais apaisées par le Père Grana. -Le Père Azevedo, visiteur de la province du Brésil.— retourne en Europe.-Ce qu'il fait à Rome. Son retour au Brésil, Le corsaire calviniste Jacques Sourie. Martyre de quarante Jésuites, Mort d'Azevedo. Le corsaire calviniste Capdeville et les Le Père Joseph Anchieta et les sauvages. Mort du Père Martinez sur

Jésuites.

[ocr errors]
[merged small][merged small][ocr errors]

Caractère et mœurs des FloBarthélemy de Las Casas et les Espagnols, — Succès des missionnaires

ridiens. Les Jésuites au Pérou. Le Père Portillo au Pérou.

[ocr errors]

suites. Les Jésuites aux Moluques.

[ocr errors]

Le Mexique et les JéLe Père Lopez dans l'archipel d'Amboine. Le Père Mascaregnas et les royaumes de Sionis et de Manade. — Les Jésuites au Japon. — Parallèle des missions catholiques et protestantes.

Mennais. Les Pères Villela et Froës.

Macaulay et La Révolution à Méaco.- Le Père Almeida - ContreLe néophyte Léon et les bonzes. - Reconnaissance des rois. Le Père Cabral, visiteur de la Progrès du Christianisme et de la civilisation dans cet

à Goto et à Xiqui. — Le Père Valla.
révolution à Méaco.
province du Japon.
empire.

[ocr errors]

A voir ces sept années du généralat de François de Borgia, on pourrait croire que ses jours ne suffisaient pas pour tant d'oeuvres menées à bien; cependant ce n'était pas sur les seuls besoins moraux de l'Europe que son zèle veillait. En dehors de la direction à imprimer à chaque Jésuite répandu dans les royaumes catholiques et combattant dans les villes menacées ou infectées d'hérésie, le Père François s'était imposé d'aut es occupations. Son ardeur ne se renfermait pas dans les bornes du continent, trop étroites pour l'enthousiasme de ses frères. Il y en avait des milliers tout prêts à enseigner, tout disposés à aller affronter les périls que faisaient naître sur leurs pas les Luthériens et les Calvinistes; on en trouvait encore pour s'élancer à la conquête des terres infidèles. Ignace de Loyola et Laynès avaient développé au coeur des Jésuites la passion du salut des âmes

chez les nations barbares; Borgia maintint ce que ses prédécesseurs avaient fait; il l'agrandit en ouvrant de nouvelles Missions à la Floride, au Pérou et au Mexique. Celle du Brésil, fondée sous Laynès, était en voie de progrès; c'est par elle que nous commencerons les travaux évangéliques de la Compagnie pendant le généralat de Borgia.

Les fondateurs de la Mission du Brésil s'étaient placés au centre de cette contrée; ils avaient divisé leurs catéchumènes par quartier ou par peuplade, que les Pères administraient sous le rapport spirituel. Des Colléges, des Maisons s'élevaient ailleurs. Le Jésuite Anchieta, dans une de ses lettres, nous apprend ce qu'au Brésil on décorait du titre d'habitation.

« Nous nous sommes, écrivait-il, rencontrés quelquefois plus de vingt-six personnes dans cette Maison, composée d'un assemblage de longues perches qui, au moyen d'une terre détrempée dans les temps de pluie, forme nos gros murs et toutes nos cloisons; des faisceaux de chaume ou des herbes sèches nous tiennent lieu de toiture. La plus belle pièce, qui a quatorze pieds de longueur sur dix de largeur, nous sert de classe, de réfectoire et de dortoir; mais tous nos Frères en sont enchantés. Ils ne changeraient pas cette cabane pour le palais le plus magnifique; ils ont toujours présent à la pensée que le Fils de Dieu naquit dans une crèche plus incommode que l'endroit où nous demeurons, et qu'il expira pour nous sur une croix moins supportable encore. Voilà ce qui fait disparaître tous les petits inconvénients de l'habitation dans laquelle les intérêts de sa gloire nous rassemblent. »

A force de charité et de patience, les Missionnaires étaient parvenus à dominer les anthropophages. Pour

leur faire accepter le joug de l'humanité, il avait fallu tout d'abord les soumettre à celui de l'Evangile, et ils avaient réussi. La Compagnie de Jésus prenait, dans ces contrées, un rapide accroissement. Au Collège de SanSalvador, on commençait à traiter les questions relatives aux vertus et aux vices; mais ce n'étaient pas seulement les indigènes qui avaient besoin de l'intervention des Pères. A la résidence de San-Spiritu, la peste sévit pendant les chaleurs de l'année 1565. Jacques Jacobeo et Pierre Gonzalès étaient à la tête de cette Mission. Ils soignent les corps, ils veillent au salut des âmes, ils ensevelissent, ils enterrent les cadavres; car les Brésiliens, frappés de stupeur à la vue de ce mal inconnu, n'osaient pas jeter un dernier regard à leurs parents que le fléau emportait. La civilisation s'offrait à eux avec un cortége de douleurs qui les effrayait : la contagion n'avait pas encore cessé ses ravages qu'ils voulurent retourner dans les bois et y reprendre leur vie sauvage. Jacobeo et Gonzalès venaient d'acquérir des titres à leur confiance: ils les détournent d'un projet semblable. Peu de jours après les deux Jésuites meurent de ce mal dont ils ont pris le germe en soignant les Brésiliens.

A San-Salvador, ce n'est plus à ces derniers qu'il faut rappeler les leçons de la morale, mais aux Portugais. La division s'était glissée parmi eux, ils se partageaient en petites factions; ils se faisaient une guerre sourde, tantót par des calomnies, tantôt par des spoliations détournées. Cet état de choses déconsidérait l'autorité, qu'à une si grande distance de la métropole il était indispensable de conserver dans toute sa vigueur, comme une garantie de sécurité pour les Européens, comme un attrait et un frein pour les naturels du pays. Les conseils, les menaces des officiers portugais ne pouvaient calmer ces dissen

sions, s'envenimant chaque jour davantage. Le provincial Louis de Grana fut plus heureux.

Dans ce temps-là (1566), Ignace d'Azevedo, nommé par Borgia visiteur de la province du Brésil, arriva à sa destination. Ce Jésuite était issu d'une des familles les plus distinguées du Portugal, et son frère avait long-temps gouverné les Indes en qualité de vice-roi. Mais les talents et les vertus effaçaient complétement ce prestige de la naissance, dont Azevedo ne s'était occupé que pour être plus pauvre et plus humble. A peine débarqué, il part avec Louis Grana pour San-Vicente, sur la flottille que le gouverneur-général Mendez Sa faisait croiser vers RioJaneiro, menacé par les sauvages. Ces sauvages avaient pour alliés des Calvinistes français et gènevois. Les Jésuites s'enfonçaient dans les forêts, ils affrontaient toutes les souffrances et toutes les morts pour amener par la croix les Barbares à la civilisation, et sur la route du martyre ils rencontraient encore des Hérétiques. Les Hérétiques persuadaient aux Brésiliens que leur état primitif était plus doux que celui dans lequel les missionnaires les engageaient. En haine du Catholicisme, ils repoussaient ces colonies nouvelles dans leur ignorance native, ils les guidaient au combat afin de les anir par le sang contre la Religion.

Deux années s'écoulèrent pour Azevedo dans les travaux de l'apostolat et de l'administration. Il fonda le collége de Rio-Janeiro; il établit un noviciat à San-Salvador; il régularisa les études; il tint à Bahia une Congrégation provinciale. Mais sa qualité de visiteur ne lui accordait pas le droit de la convoquer. Elle n'avait pris que de sages mesures, elle n'avait adopté que d'utiles décrets. Cependant c'était outrepasser les pouvoirs du visiteur. Les Pères de Rome crurent qu'il ne fallait pas

laisser tant de latitude même à ceux que les mers sépa raient du centre commun, et la Congrégation fut blâmée, moins pour ce qu'elle avait fait que pour son mode de procéder. Ainsi cette Compagnie, déjà si puissante, entretenait partout dans l'esprit de ses membres le respect dù aux Constitutions.

Azevedo aurait pu déléguer un Jésuite en Europe, afin de réclamer des secours à la couronne de Portugal et au Saint-Siége; mais à la vue des dangers qui sur les côtes attendent un missionnaire, il prend le parti de sacrifier son existence à la propagation de la Foi dans le Nouveau-Monde. Il se décide à repasser en Europe; il veut briguer la permission de se dévouer pour ces peuplades. Il arrive à Lisbonne. Il parle des tribulations qui assiégent, au Brésil, ceux qui combattent sous la bannière de la Croix. Ses discours enflamment le zèle des jeunes gens. Tous sont jaloux de partir; tous sollicitent la faveur de suivre Azevedo. A Rome, où il parvint au mois de juillet 1569, l'enthousiasme est le même que celui provoqué par ses récits dans les villes portugaises. Azevedo a obtenu du Souverain Pontife et du Général de la Compagnie les grâces dont il a besoin pour faire fructifier les chrétientés du Brésil. Il va s'embarquer à Oporto sur le navire le Saint-Jacques. Quarante Jésuites le suivent. D'autres, conduits par le Père Diaz et par le Père François de Castro, prennent passage sur le vaisseau amiral de Vasconcellos ou sur la galère des Orphelins, ainsi nommée parce qu'elle portait plusieurs enfants que la peste de Lisbonne laissait sans famille.

Des accidents de mer et des tempêtes séparent le Saint-Jacques des bâtiments avec lesquels il naviguait de conserve. Il touche à Palma, lorsque cinq vaisseaux sont signalés. C'était Jacques Sourie, corsaire de Dieppe, qui,

« السابقةمتابعة »