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vre ces triomphes et d'en finir avec les Calvinistes plutôt par la victoire que par le crime.

Charles IX ne comprit pas ainsi la position qui lui était faite et que les Jésuites avaient conseillée au duc d'Anjou. La paix fut conclue le 15 août 1570, paix boiteuse, ainsi que le peuple la nomma, et où tous les articles sont favorables aux vaincus. Cette paix cachait un piége. Coligny, que la perte de quatre batailles n'avait rendu que plus intraitable, alla en Languedoc rejoindre le comte de Montgommery. Les Catholiques de ces contrées, dévastées chaque jour par les Huguenots, n'avaient aucun chef capable de tenir la campagne contre l'amiral; ils opposent à ses armes la parole du Père Auger.

En 1570, le Jésuite Louis Coudret défendait la Foi dans les chaires d'Aix; le Père Annibal Coudret évangélisait la ville d'Auch; Possevin se faisait entendre à Tours, à Paris, à Rouen, à Dieppe. Claude de la Baume, archevêque de Besançon, le priait d'assister à son Synode provincial. Dans cette assemblée où se trouvèrent les Évêques de la province, les Docteurs de l'Académie de Dole, et plus de treize cents ecclésiastiques, Possevin, avec la supériorité de son talent, expliqua les décrets du Concile de Trente; le Synode les adopta.

Auger concourait à l'établissement de l'Hôpital général de Lyon; il était à Reims, à Metz, à Bordeaux, faisant partout entendre sa voix, partout entraînant les populations. Les troupes pontificales rentraient dans leur. patrie, victorieuses, mais dénuées de tout. Les Jésuites de Lyon acquittèrent à leurs frais la dette que la France catholique avait contractée envers ses alliés. Ils les habillèrent; ils se chargèrent de leur entretien pendant la route. Le Père Maldonat abandonnait sa chaire de Paris, et, sur l'ordre du Roi, il partait avec cinq Jésuites

pour

une mission dans le Poitou. Les uns annonçaient la

pa

role de Dieu à Saint-Maixent, les autres à Niort; Maldonat s'était réservé la ville de Poitiers. Afin de ne pas effaroucher les Huguenots, il tint d'abord ses conférences dans un lieu profane; mais quand il eut subjugué son auditoire par le charme de son élocution, le Père voulut continuer son apostolat dans la cathédrale de Saint-Pierre. Les Calvinistes l'y suivirent, et plus de quatre cents d'entre eux, en abjurant l'Hérésie, témoignèrent de l'impression que Maldonat avait faite sur leurs cœurs. A Verdun, pendant le carême de 1571, Olivier Manare, par une ingénieuse adresse, chargeait les enfants du rôle de missionnaires. Formés en congrégation, ils se partageaient les divers quartiers de la ville, et ils devaient empêcher, par leurs prières ou par leurs remontrances, les disputes et les blasphèmes. Partout ils recrutaient pieusement pour le tribunal de la pénitence; et il n'était pas rare de voir ces jeunes gens rentrer au collége, conduisant, chacun sous la garde de sa charité, cinquante ou soixante individus de tout âge, ouvriers ou soldats, qu'ils présentaient au confessionnal.

Dans la cour de Charles IX, où sous le voile de l'intrigue et du plaisir s'agitaient des pensées de vengeance et de meurtre, l'arrivée du Général des Jésuites produisit une vive impression. Ils avaient rendu à la Monarchie et à la Catholicité tant de services signalés, qu'en dehors même des vertus personnelles de Borgia, tous les seigneurs cherchaient, par de respectueux hommages, à lui marquer leur gratitude. Mais lorsqu'il parla de l'objet spécial de la légation du cardinal Alexandrini et du mariage désiré par le Pape, on lui exposa que ce double projet était impraticable. La situation du royaume telle qu'il fallait d'un côté contenir les Protestants et de

était

l'autre leur offrir des garanties. Il devenait donc impossible de disposer d'une partie de l'armée pour des conquêtes sur le Croissant, et l'union de Marguerite avec Henri de Béarn était résolue, comme un gage de paix accordé aux deux partis.

Ces raisons étaient plausibles; le cardinal Alexandrini et le Père François furent obligés de s'en contenter. Ils ne prévoyaient pas que sous ces démonstrations de paix, que sous ce langage de conciliation, on pût cacher la pensée de la Saint-Barthélemy. Le cardinal était Italien, le Jésuite avait été le sujet, l'ami de Charles-Quint et de Philippe II. Ils furent tous deux trompés par la duplicité de Catherine de Médicis. Le cardinal fut rappelé en toute hâte à Rome afin de recevoir le dernier soupir de son oncle Pie V. François de Borgia, agonisant, se mit en route pour mourir, comme ses deux prédécesseurs, au siége même de l'Église ; et ces deux hommes que la nature de leur caractère ou de leur talent portait à la réflexion, ne purent rien saisir de la trame qui, au rapport des historiens, s'ourdissait déjà, trame qui aboutit à un attentat! « Nous ne devons pas oublier, dit l'écrivain anglican Macaulay' en parlant de Borgia, que, malgré ses rapports assez intimes avec Charles IX et Catherine de Médicis et bien qu'il fût en haute faveur auprès d'eux, on n'a aucun motif de supposer qu'il eut reçu la confidence de leur odieux projet. Nous ne devons pas oublier non plus que, durant son séjour sur les domaines de l'Inquisition, il refusa constamment de prêter l'autorité de son nom à ce tribunal sanguinaire. »

Le 24 août 1572, Catherine de Médicis et Charles IX, son fils, rachetaient dans le sang des Huguenots les con

Revue d'Edimbourg, 1842; les Premiers Jésuites,

cessions qu'ils avaient eu la faiblesse de leur faire. Triste rachat, qui ne compensait pas les fautes commises et qui jetait à leurs noms une exécration que la partialité des Protestants et la pusillanimité des historiens catholiques laissèrent peser plutôt sur la royauté que sur les personnes.

Il ne nous convient pas plus d'amoindrir le crime des uns que de glorifier les erreurs dont les autres tombèrent victimes. Ces événements sont loin de nous, qui en avons vu bien d'autres et de plus cruels encore. Les causes mêmes qui les produisirent ne sont plus que des points historiques. On peut donc faire à chacun la part qui lui revient. Les Dévoyés de l'Église étaient intolérants, comme toute secte en progrès. Ils persécutaient, ils étaient persécutés. Cet état de surexcitation leur inoculait une fièvre de prosélytisme et de martyre qui pouvait porter un coup mortel au Catholicisme. Trois ans auparavant, le 24 août encore, les Calvinistes avaient massacré à Pau un grand nombre de gentilshommes catholiques qui résidaient dans la ville sur la foi des traités.

Selon l'historien de la Navarre, « le roi avait résolu de faire une seconde Barthélemy, en expiation de la première, comme mémoratif encore, ajoute le vieux chroniqueur, des seigneurs dagués de sang-froid en Béarn par Montgommery, lequel pompeusement se pennadoit à Paris. Toutes ces choses firent résoudre le roi à faire une saignée et à ôter par icelle toutes les humeurs corrompues de partie du corps de la France'. »

Charles IX, jeune homme voluptueux et colère; Catherine, plus calme, plus profonde dans ses calculs, montraient peu d'empressement, parfois même de la tiédeur, à défendre les droits de la Religion. Ce qu'ils

Histoire de Navarre, liv. XIV,

accordaient d'une main, ils le retiraient de l'autre; mais lorsque, après la conclusion de la paix, le Roi, par les grands officiers et par les ministres de la couronne, fut enfin mis au courant des projets de l'Hérésie; lorsqu'il vit qu'elle ne tendait pas seulement à la destruction du culte catholique, mais encore au renversement du trône; lorsque l'alliance des sectaires de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas avec ceux de France ne fut plus pour lui un mystère, Charles IX et sa mère changèrent de plan. On se détermina à faire main basse sur les chefs du Protestantisme, bien persuadés qu'une fois privé de sa tête, ce parti se dissoudrait par la force même des choses.

Après avoir étudié les historiens du Calvinisme, contemporains des événements, telle est l'opinion que nous nous sommes faite sur la pensée première de la SaintBarthélemy. La Religion ne s'y associa d'abord sous aucune forme. Au moment de l'exécution, elle ne fut même pas appelée à sanctionner le forfait. Dans le conseil qui, au Louvre, précéda le massacre, on voit bien figurer les sommités du parti militaire : Henri, duc d'Anjou, Catherine, le duc de Nevers, le comte d'Angoulême, le chancelier Birague, les maréchaux de Retz et de Tavannes, mais il ne s'y rencontre aucun cardinal, aucun évêque, aucun prêtre, pas même un religieux. C'est la vengeance, l'intérêt personnel, la sûreté mal comprise de l'Etat, celle du Roi peut-être, qui poussent ces gentilshommes à de nouvelles Vêpres-Siciliennes. Ils égorgent parce qu'ils craignent d'être égorgés, parce que, affirme-t-on, les Sectaires ont projeté le même coup pour les premiers jours de septembre.

Charles IX avait été chauffé dans un bain de sang. On attentait à son trône, il attenta à la vie de ses sujets. Les Parisiens ne furent pas consultés, mais on était bien sûr

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