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eu avis de ce deffein tragique, il n'y apporta pour tout remede, qu'une loi, qui régloit les dépenfes des feftins & des noces, usant d'une fi grande modération, à caufe de la forte confidération qu'on avoit pour un fi grand homme.

Il eft vrai, que, quand il s'agit de mettre en exécution un deffein contre une République, les difficultés & les rifques même, fe trouvent en plus grand nombre qu'en toute autre occafion, parce qu'il eft très-rare qu'on ait affez de forces pour accabler tout d'un coup une fi grande quantité de gens; & tout le monde ne fe trouve pas le maître d'une armée, comme Céfar, Agatocles, Cléomenes, & d'autres, qui ont tout d'un coup foumis leur patrie par la force ouverte. Mais les dangers qu'entraîne la tyrannie font terribles. Quand on a réuffi à réduire fa patrie en esclavage, on s'eft fait autant d'ennemis que de fujets, & il n'eft pas poffible de contenir dans la fervitude des hommes nés libres. Cette feule pensée suffit pour retenir les citoyens ambitieux & téméraires qui oferoient afpirer à la Souveraineté.

Un Prince doit regarder toute efpece de conjuration contre fa perfonne comme un des plus grands malheurs qui puiffent lui arriver. Sitôt qu'il y en a une formée contre lui, elle le perd, ou elle le déshonore : car fi elle réuffit, le Prince en perd la vie; fi elle fe découvre, & qu'on faffe mourir les conjurés, l'on ne manque pas de dire, que ce Prince a pris ce prétexte pour fatisfaire fa cruauté & fon avarice, en ôtant les biens & la vie à ces malheureux. C'eft ce qui m'oblige à avertir les Princes & les Républiques, contre qui on aura tramé quelque conjuration, de prendre bien garde, dans la découverte qu'on en aura faite, à la nature du complot, & de bien examiner l'état des conjurés, & celui où l'on fe trouve foi-même, afin de ne rien publier, que lorsqu'on fera affez préparé, & affez puiffant, pour se rendre maître, & accabler entiérement les Rebelles; car fi l'on prend une autre méthode, l'on s'expofe à périr. Il faut donc diffimuler dans une conjoncture fi délicate, de peur que les conjurés, se voyant découverts, ne viennent à faire quelque coup de désespoir devant que l'on fe foit mis en état de leur en ôter les moyens.

Les Romains ont donné un bel exemple de cette prudente diffimulation dans l'affaire de Capouë, dont nous avons dejà parlé; car les Officiers de deux Légions, que la République avoit mifes dans Capouë, pour la garder contre les Samnites, ayant complotté de fe rendre maîtres euxmêmes de la Ville, le Sénat ordonna à Rutilius, nouveau Conful, de prévenir cet attentat; ce qu'il voulut faire, en publiant que la République continuoit l'ordre aux Légions, qui étoient à Capoue, d'y demeurer en garnifon. Cette publication endormit les Officiers, qui, croyant avoir du temps affez pour exécuter leur deffein, n'uferent d'aucune diligence, & demeurerent les bras croifés, jufqu'à ce qu'ils s'apperçurent que le Conful les féparoit, les éloignoit les uns des autres; ce qui leur ayant donné

du foupçon, ils leverent le mafque, & exécuterent leur entrepriseCet exemple eft extrêmement remarquable, de quelque côté qu'on le regarde. Car, d'une part, l'on voit combien les hommes font lents à l'exécution, lorfqu'ils croient avoir du temps; & auffi, combien ils font prompts, lorfque la néceffité les preffe. D'autre côté, un Prince, ou une République, qui voudront prendre. leur avantage devant que de donner à connoître qu'on leur a découvert une Conjuration, ne peuvent pas ufer d'un meilleur artifice, que de faire naître l'apparence d'une belle occafion, qui trompe les conjurés, & leur faffe croire que rien ne les preffe; car cela les endort, & donne le temps de difpofer toutes chofes pour les punir.

Ceux qui n'ont pas fuivi cette méthode, fe font perdus eux-mêmes comme il est arrivé au Duc d'Athenes, & à Guillaume de Pazzi; car, le premier étant devenu le Tyran de Florence, & apprenant qu'il s'étoit fait une Conjuration contre lui, il eut l'imprudence de faire arrêter un des conjurés, ce qui mit les autres dans la néceffité de courir aux armes & de dépouiller le Duc de fon autorité. D'autre côté, Guillaume de Pazzi étant Commiffaire au Val de Quiane, en mil cinq cent un, & ayant appris qu'il y avoit une conjuration dans Arezzo en faveur des Vitelli, il prit le parti de porter tout d'un coup fes armes de ce côté-là, fans examiner, ni fes forces, ni celles des conjurés; &, fuivant le confeil de l'Evêque, qui étoit fon fils, il fit arrêter un des complices; ce qui mettant les autres dans l'abfolue néceffité de prendre les armes, ils détacherent cette Ville de la domination des Florentins, & Pazzi lui-même de commiffaire devint prifonnier.

Mais, lorfqu'un parti de conjurés eft foible, il ne faut pas différer d'un moment à l'accabler. Il faut auffi éviter deux fautes, qu'on fait quelquefois, quoiqu'elles foient de fort différente nature. L'une fut faite par le Duc d'Athenes, qui, voulant faire croire qu'il étoit affuré de la bienveillance du peuple de Florence, fit mourir un délateur qui lui découvroit une Conjuration qu'on tramoit contre lui. Dion de Siracufe commit l'autre faute dont je veux parler; car, ayant eu deffein de pénétrer la pensée d'un homme qui lui étoit fufpect, il porta Calippe, en qui il fe fioit, à feindre d'être mécontent, & de vouloir conjurer avec lui contre le Tyran. Ces ftratagêmes réuffirent fort mal, & au Duc d'Athenes, & à Dion; car le premier épouvanta tous les accufateurs, qui auroient eu envie de l'inftruire des mauvais deffeins qu'on auroit contre lui; &, par conféquent il donna le courage à bien des gens de tramer fa ruine. L'autre fut l'au teur de fa propre perte, & comme le chef de la Conspiration qui le fit périr; parce que Calippe, pouvant, fans aucun danger, complotter contre lui, vint à bout, par fes menées, de dépouiller ce Prince imprudent, & de l'état, & de la vie.

CONNAUGHT, CONAGHT OU CONAGHTY,

CETTE

Grande Province d'Irlande.

ETTE Province eut jadis fes Rois particuliers, lefquels cédant à la force des armes de Henri II, le plus puiffant des Rois qu'aient eu les Anglois jufqu'à George II, finirent dans le douzieme fiecle, ou du moins devinrent tributaires de leur conquérant. Ses bornes font l'Océan & la province d'Ulfter à l'oueft, au nord-oueft, & au nord; la province de Leinster, à l'orient, & celle de Munster, au fud & au fud-eft. On lui donne environ 130 milles du pays en longueur, & 84 en largeur. La grande riviere de Shannon l'arrofe en partie, & c'eft la feule qu'elle ait de remarquable: mais elle a des marais hériffés de bois, qui paffoient autrefois pour fort dangereux; c'étoient des lieux horribles, dont les fentiers n'étoient connus peut-être que de quelques brigands, & où le voyageur fans guide fe perdoit fans reflource. La fageffe du gouvernement Anglois a fait éclaircir ces bois & deffécher une partie de ces marais; & ce n'eft plus, comme dans les anciens temps, l'afyle de bien des criminels, ni le tombeau de bien des malheureux.

L'Océan forme fur les côtes de cette province plufieurs anfes & baies très-fûres & très-commodes; & la nature ne refufa point par-tout à fon fol, les avantages d'une fertilité défirable: le gros & le menu bétail y trouvent d'excellens pâturages; il y a du miel en abondance, du fauve, des faucons, & toutes fortes de gibier. L'on reproche à fes habitans un fond de pareffe, qui les tenant encore fort reculés dans l'art de l'agriculture, les fait affez honteufement contrafter avec le refte des Irlandois. L'on y compte un archevêché, cinq évêchés, fix comtés qui renferment chacun plufieurs baronnies, fept villes à marchés, huit places de commerce, dix bourgs qui députent au parlement, vingt-quatre vieux châteaux & quelques forts élevés depuis peu, trois cents trente paroiffes, & quarante-fept mille deux cents cinquante-fix maisons : la ville de Gallway en eft la capitale.

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CONNÉTABLE, GRAND CONNÉTABLE nom d'un ancien Officier de la Couronne, qui ne fubfifte plus ni en France ni en Angleterre.

LA

A fonction du Connétable d'Angleterre confiftoit à connoître & à juger des faits d'armes & des matieres de guerre. C'eft à la cour du Connétable & à celle des Maréchaux qu'appartenoit la connoiffance des contrats & des faits d'armes hors du Royaume, & des combats & des armoiries au-dedans.

Le premier Connétable d'Angleterre fut créé par Guillaume-le-Conquérant cette charge devint enfuite héréditaire jufqu'à la treizieme année du regne de Henri VIII qu'elle fut abolie, étant devenue fi puiffante, qu'elle en étoit infupportable au Roi. Depuis ce temps-là, les Connétables n'ont été créés que par occafion pour des causes importantes, & fupprimés aussitôt après la décifion de la cause.

Edouard I, créa dans la treizieme année de fon regne, par une ordonnance de Winchester, d'après ces Connétables d'Angleterre qui avoient été fi puiffans, d'autres Connétables inférieurs, que l'on appelle depuis Connétables des cantons; & ce Roi ordonna qu'il y auroit deux de ces Connétables dans chaque canton pour la conservation de la paix, & la révision des armes.

C'eft ceux-ci qu'ils appellent préfentement conftabularii capitales, ou principaux Connétables; parce que la fuite des temps & l'augmentation du peuple en ayant occafionné d'autres dans chaque ville d'une autorité inférieure, ils ont été appellés petits Connétables où fub conftabularii. La nomination du petit Connétable appartient aux Seigneurs, jure feudi.

Mais outre ceux-ci, il y en a encore qui tirent leurs noms de différentes places, comme le Connétable de la tour du château de Douvre, du château de Windfor, de celui de Caernarvan, & de beaucoup d'autres châteaux de la Province de Galles, que l'on prend pour autant de palais appartenans au Roi ou pour un fort: ainfi le château de Windfor n'eft qu'une maifon Royale, & le château de Douvre une fortereffe, de même que celui de Caernarvan. Leur charge eft la même que celle des châtelains ou gouverneurs des châteaux.

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En France, le Connétable devint infenfiblement le premier Officier de la Couronne. Il eft vrai que d'abord il n'étoit pas plus puiffant que le Grand-Chambellan & le Chancelier mais depuis que le Connétable eût été regardé comme le Général né des armées, fa dignité devint bien fupérieure. Il commandoit à tous les Généraux, même aux Princes du fang, & gardoit l'épée du Roi qu'il recevoit toute nue, & dont il faifoit hom

mage aux Princes. Cette charge n'étoit que perfonnelle, & non héréditaire, le Roi y nommant qui il lui plaifoit. Le Connétable régloit tout ce qui concerne le militaire; comme la punition des crimes, le partage du butin, la reddition des places, la marche des troupes, &c. Il avoit un Prévôt de la Connétablie, pour juger les délits commis par les foldats. Cette charge fut fupprimée par Louis XIII en 1627. Cependant au facre des Rois, un Seigneur de la premiere diftinction repréfente le Connétable, le Maréchal d'Etrées en fit les fonctions au facre de Louis XIV & le Maréchal de Villars à celui de Louis XV. Son autorité & jurifdiction particulieres font exercées par le corps des Maréchaux de France, fous le nom de tribunal de la Connétablie, qui fe tient à Paris fous le plus ancien des Maréchaux. Depuis la fuppreffion de la charge de Connétable, on a imaginé en France un nouveau titre militaire qui eft le MaréchalGénéral des camps & armées du Roi; mais il s'en faut beaucoup que l'autorité de cet Officier foit auffi étendue que l'étoit celle de l'ancien Connétable.

CONNÉTABLIE

O U

MARÉCHAUSSÉE DE FRANCE,

Jurifdiction du Connétable & des Maréchaux de France fur les gens de guerre, tant en matiere civile que criminelle.

N appelle cette jurifdiction Connétablie & maréchauffée, parce que quand il y avoit un Connétable, cet Officier & les Maréchaux de France ne faifoient qu'un corps dont le Connétable étoit le Chef, & rendoit avec eux la juftice dans cette jurifdiction.

Depuis la fuppreffion de l'office de Connétable cette jurisdiction a cependant toujours retenu le nom de Connétablie, & eft demeurée aux Maréchaux de France dont le premier, qui repréfente le Connétable pour tout le corps des Maréchaux de France, eft le Chef de cette jurisdiction,

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