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exigerent l'annate de tous les bénéfices auxquels on nommeroit. Quelques Papes ont même établi par leurs conftitutions la peine de l'excommunication, contre ceux qui ne payeroient pas au bout d'un certain temps (a). Que de voix fe font élevées contre les annates! Plufieurs écrivains (6) ont entrepris de faire voir qu'elles ne font pas légitimes, & que le Pape, prenant de l'argent pour une chofe fpirituelle, étoit fimoniaqué. Les François marquerent à Conftance un défir empreffé de l'abolition des annates; ils firent voir qu'elles étoient injuftes & contraires au défintéressement or donné par Jefus-Chrift aux Miniftres de la religion, & dirent que ce feroit peut-être une héréfie de foutenir opiniâtrement qu'on peut lever les annates (c). Le concile de Bafle les abolit, déclara fimoniaque quiconque en promettroit ou en exigeroit, & ordonna que le Pape qui tranfgrefferoit ce réglement, feroit déféré au concile général (d); l'affemblée de Bourges reçut ce décret & le modifia, en permettant au Pape Eugene de tirer la cinquieme partie des annates (e). C'étoit une grace qu'on accordoit perfonnellement à Eugene & non à fes fucceffeurs. Beaucoup d'auteurs eftiment que la levée des annates eft une vraie fimonie (f). Les Cardinaux & les Evêques qui compoferent un excellent avis (g) pour Paul III, y établiffent des principes qui condamnent les annates (h). Ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement, dit Jefus-Chrift. Lorsqu'une Eglife fe trouve réduite à une grande néceffité, les autres Eglifes doivent fe porter à lui communiquer fes biens temporels, rien n'eft fi conforme à l'efprit de la religion que cet acte volontaire de charité. Mais que l'Eglife de Rome dépouille les autres Eglifes & les dépouille par force, c'eft une vexation inconnue dans l'innocence des premiers fiecles de l'Eglife. Les Etats de Tours avoient fupplié le Roi de ne pas permettre qu'on introduisît les annates en France (i), & ceux d'Orléans le fupplierent de les abolir (k). C'eft le vœu de tous les gens de bien en qui l'amour de la religion eft éclairé.

(a) Bullaire, T. 1, p. 801.

(b) C'eft le deffein de l'Auteur d'un ancien Livre qui a pour titre : Aureum faculum Papa fafciculus temporum, p. 80, 82, 83, 84 & 89. Voyez auffi Martenne, Anecdot, T. 2, P. 1423.

(c) Preuves de Bourgeois, pag. 415, 454 & 463.

(d) Concil. T. 12, P. 552.

(e) Pragmat, Sanct. p. 466 & 474.

(f) Duarum de Sacr. Ecclef. min. p. 132; Jacques Capel. Voyez fon fentiment dans le Livre des Libertés de l'Eglife Gallicane; Guy Coquille, T. 1, p. 29.

a pour titre Concilium de lect. Cardinalium.

(h) Diximus non licere aliquo pacto in ufu clavium aliquid lucri utenti comparari. Eft in hac re firmum verbum Chrifti. Grátis accepiftis, gratis date. Richer, Hift. Concil. génér. Part. 2, L. 4, pag. 149.

(1) Preuves des Libertés de l'Eglife Gallicane.

(A) Mémoires pour le Concile de Trente.

GERMANIQUE.

AVAN

CONCORDAT

VANT le fecond fiecle de l'Ere chrétienne, les Empereurs avoient joui fans contradiction du droit de conférer les Evêchés. Les Evêques de Germanie & d'Italie ne pouvoient exercer leurs fonctions épifcopales, ni percevoir les fruits de leur temporel, s'ils n'avoient été agréés & confirmés par l'Empereur : ce qui s'appelloit Inveftir.

Les Églifes prioient ordinairement l'Empereur de leur accorder un tel pour Evêque, & il dépendoit du Monarque de l'accorder ou de le refuser. Mais fouvent l'Empereur nommoit d'autorité aux Evêchés vacaas. Aucun Métropolitain n'auroit ofé confacrer un Evêque, ou un Abbé élevé à cette dignité contre le confentement de l'Empereur, & avant qu'il eût reçu l'inveftiture de ce Monarque.

Cette inveftiture étoit de deux fortes; l'une fe faifoit par le bâton & l'anneau, l'autre par le fceptre. Par le bâton & l'anneau l'Elu recevoit le pouvoir d'exercer les fonctions fpirituelles de fa dignité; & par le fceptre, celui de percevoir les fruits du temporel.

Les Papes même n'étoient pas tout-à-fait exempts de cette fujettion, puifqu'après leur élection, ils étoient tenus de demander la confirmation de l'Empereur qui quelquefois la refufoit, & exigeoit qu'on procédât à l'élection d'un Pape qui lui fût agréable. Ainfi Henri III, fils de Conradle-Salique, fit élire Suidger, fous le nom de Clément II, à la place de Grégoire VI (a). Ce Pape étant mort, le même Empereur recommanda Brunon, Evêque de Toul, qui fut élû Pape (b). Après la mort de Brunon qui avoit pris le nom de Léon IX, les Romains envoyerent une députation à Henri, pour le prier de leur donner un Pape. L'Empereur leur envoya Gebhard, Evêque d'Aichftedt, qui fut reconnu Pape fous le nom de Victor II. Pour ne pas en rapporter d'autres exemples, en voici un d'une grande confidération. Hildebrand, Archidiacre de l'Eglife de Rome, ayant été élû Pape, après le décès d'Alexandre II, envoya (c) des Députés à l'Empereur Henri IV, avec des lettres fort foumifes, pour lui demander fa confirmation & fon agrément, l'affurant qu'il avoit été élû malgré lui, & que s'il plaifoit à l'Empereur, il fe démettroit de fa dignité en faveur d'un autre. C'eft que véritablement les Empereurs étoient alors en poffeffion de donner des Évêques au Siege de Rome. Il n'en faut point d'autre preuve

(a) Glaber Rodolph. Lib. 4. p. 5.

(b) Leo Oft. Chron. Caffinat. Cap. 79. (c) En 1073.

que la lettre des Romains au même Empereur fur l'élection de Nicolas II (a), & le Décret confiftorial du même Pape (b).

Lorfque Hildebrand envoya demander la confirmation de fon élection, plufieurs Prélats qui étoient auprès de l'Empereur, lui confeillerent de la refufer & de faire élire un autre Pape, prévoyant que de l'humeur dont étoit Hildebrand il donneroit bientôt fujet à Henri de fe repentir de fa complaifance. Mais le Monarque, charmé du ftile foumis dont le nouveau Pape lui avoit écrit, s'empreffa de confirmer le choix du peuple & du Clergé Romain. Il ne fut pas long-temps à s'appercevoir de la faute qu'il avoit faite.

Hildebrand commença fon Pontificat par défendre aux autres Evêques de fe qualifier Papes. Ce titre, auparavant affez commun parmi les Prélats, fut dès-lors affecté à celui de Rome. Enfuite Grégoire VII (c'eft le nom que Hildebrand avoit pris d'abord après fon élection) publia un bref, pour obliger tous les Eccléfiaftiques mariés à renvoyer leurs femmes, fous peine d'excommunication. Réfolu de fe rendre abfolument maître de tous les biens Eccléfiaftiques, il déclara excommuniés tous les Eccléfiaftiques qui recevroient l'inveftiture des Laïques, & les Laïques qui la donneroient aux Eccléfiaftiques.

Quelques Papes avant Grégoire avoient tenté de dépouiller les Empereurs du droit d'inveftir par la croffe & l'anneau ; mais les difficultés les avoient rebutés. Grégoire, d'une humeur plus propre à fe roidir par les obftacles, qu'à plier, ne ménagea rien, & fans produire d'autre titre que fa volonté, prétendit qu'on lui cédât une prérogative dont les Empereurs étoient fort jaloux.

Le premier Décret de Grégoire VII fur les inveftitures, fut dreffé dans un Concile tenu à Rome (c). Léon d'Oftie qui étoit préfent, dit positivement que tant celui qui donne que celui qui reçoit l'inveftiture y font condamnés à la même peine d'excommunication (d).

(a) Lambert & le Moine de Herfeld rapportent la fubftance de cette Lettre » Satis» factionem ad Regem mittunt, fe fcilicet fidem quam patri dixiffent, filio quoad poffent, fern vaturos, eoque animo, vocanti Romana Ecclefiæ Pontificem, ufque ad id tempus non fubrogale. Ejus magis fuper hoc expectare fententiam, orantque fedulò ut quem ipfe velit, tranf

nmittat. «

(b) Ce Décret fe trouve au long dans les Annales de Baronius, Tom. XI, à l'an 1059, pag. 257. On y lit ces paroles remarquables: » Eligatur (Pontifex) de ipfius Ecclefia gremio, fi reperitur idoneus, vel fi de ipfà non invenitur, ex aliâ afumatur, falvo debito honore & reverentia dilecti filii noftri Henrici, qui in præfentiarum Rex habetur, & futurus Imperator, Deo concedente, Speratur, &c. « Le Pape n'appelle ici Henri que Rex, C'est que dans ce temps-là les Empereurs étoient appellés Rois d'Allemagne, jufqu'à ce qu'ils euffent été couronnés à Rome avec les cérémonies accoutumées.

(c) En 1078.

Roi.

(d) In eadem Synodo conftituit, ut fi quis à Laico, Ecclefia inveftituram acciperet, dans & accipiens, anathemate plecterentur. Leo Oftien, Chron. Caflin. Lib. 3. Cap. 42.

1

L'Empereur continua d'ufer de fon droit, & à donner diverfes inveftitures d'Evêchés & d'autres Bénéfices. Le Pape lui écrivit diverfes lettres peu mefurées, & enfin il tint un nouveau Concile (a), où non-feulement il renouvella le Décret précédent, mais en ajouta de nouveaux (b).

Le prétexte dont il coloroit fes entreprises, étoit d'empêcher la fimonie, prétendant que les Rois & les Empereurs ne nommoient aux Béné fices que leurs créatures ou ceux qui leur donnoient de l'argent, fans avoir égard à la piété ni au mérite. Les Décrets de Grégoire VII furent le fignal de la difcorde & de la divifion. On vit alors le Sacerdoce aux prises avec l'Empire, & cette lutte cruelle dura plus de trois cents ans, avec des intervalles plus ou moins longs, felon que les Empereurs furent plus ou moins jaloux de leurs droits, hardis à les revendiquer & à méprifer des armes peu à craindre, lorfqu'elles font employées fans caufe légitime, mais que les conjonctures rendoient formidables.

Ce fut de ce célébre démêlé que nâquirent dans la fuite les deux fameufes factions des Guelphes & des Gibelins, qui défolerent fi long-temps l'Italie, & en firent un objet d'horreur & de compaffion, & peut-être eftce à la mémoire de ces faits que le Luthéranifme fut redevable des progrès rapides qu'il fit en Allemagne.

Henri réfolut de faire dépofer Grégoire. I affembla un Concile à Il Worms, qui déclara ce Pape indigne d'être affis fur le Siege de Rome, le qualifia de loup raviffant qui déchiroit le troupeau du Seigneur. Grégoire, de fon côté, excommunia & dépofa l'Empereur. On vit alors deux Empereurs & deux Papes.

Grégoire pouffa les chofes à une extrémité qui lui auroit été funefte, fi les autres Souverains avoient été auffi éclairés fur leurs intérêts que Henri. Le Pape ne fe contenta pas d'écrire & de publier que le Pontife Romain étoit maître de la dignité Impériale & de l'Empire. Il ajouta, fans aucun ménagement, que tous les Royaumes & Principautés lui appartenoient; qu'il en étoit le Seigneur direct & le difpenfateur; & qu'il pouvoit délier les fujets du ferment de fidélité fait au Souverain, en vertu du pouvoir que Saint Pierre lui avoit tranfmis.

(a) En 1080.

(b) Sequentes Statuta S. S. Patrum ficut in prioribus Conciliis, qua, Deo miferante, cele bravimus, de Ordinatione Ecclefiafticorum dignitatem, ftatuimus, ita & nunc; Apoftolica autoritate decernimus & confirmamus; ut fi quis deinceps Epifcopatum vel Abbatiam, de manu alicujus Laicæ perfona fufceperit, nullatenus inter Epifcopos vel Abbates habeatur; nec nulla ei, ut Epifcopo, feu Abbati, audientia concedatur. Infuper etiam ei gratiam S. Petri, & ind troitum Ecclefia, interdicimus, quo ufque locum, quem fub crimine tam ambitionis quam inobedientia, quod eft fcelus idololatria, cepit, refipifcendo non deferit. Similiter etiam de inferioribus Ecclefiafticis dignitatibus conftituimus. Item fi quis Imperatorum, Regum, Ducum, Mar chionum, Comitum, vel quilibet fecularium poteftatum, aut perfonarum, inveftituram Epifcopa tuum, vel alicujus Ecclefiæ dignitatis, dare prafumpferit, ejufdem fententia vinculo fe obftriétum effe fciat, &c. Vid. Epift. Greg. Pap. poft Ep. XIV. Baron. ad ann, 1080.

L'Empereur

L'Empereur fut le feul qui fe mit en devoir de s'oppofer à des prétentions inouies; & Grégoire auroit été la victime de fon reffentiment, s'il n'avoit trouvé de l'appui dans ceux mêmes qu'on auroit cru devoir contribuer à fa perte. Sur le point d'être pris dans le Château Saint-Ange, il eut recours à Robert Guifcard, Duc de Normandie, qui faifoit la guerre aux Grecs dans le Royaume de Naples. Ce fameux avanturier ce nouveau Prince, espérant de profiter des divifions du Pape & de l'Empereur, accourut au fecours de Grégoire, & obligea Henri à lever le fiège du Château Saint-Ange.

Le Pape, pour forcer l'Empereur à fortir de l'Italie, fit révolter une partie de l'Allemagne par fes anathêmes lancés coup fur coup, & excommunia le peu d'Evêques & de Princes, qui reconnoiffoient encore Henri pour leur Empereur.

Grégoire mourut, & Urbain II qui lui fuccéda, adopta fes vûes & fes deffeins. Il renouvella les excommunications lancées contre Henri & fes partifans.

L'ignorance & l'erreur des préjugés étoient telles, en en ces temps-là que les fujets croyoient faire une œuvre agréable à Dieu que de confpirer contre leur Souverain. L'Empereur, pour furcroît de chagrins, eut la douleur de voir fon propre fils révolté contre lui, devenir fon compétiteur & être couronné par un Evêque. Ce fils nommé Conrad, » vint faire » ferment de fidélité au Pape Urbain, promettant lui conferver la vie, » les membres & la dignité Pontificale. Le Pape, de fon côté, le reçut » pour fils de l'Eglife Romaine, & lui promit aide & confeil pour fe » maintenir dans le Royaume & acquérir la Couronne Impériale, à la

charge de renoncer aux inveftitures. Yves de Chartres, écrivant au » Pape, lui témoigne fa joie de la réduction du Royaume d'Italie à fon » obéiffance, & de la foumiffion du nouveau Roi (a). «

Conrad étant mort, le fecond fils de Henri, nommé Henri lui-même, fe révolta auffi contre fon pere, & lui fit éprouver une cruelle perfécution qu'un favant Cardinal appelle uvre divine, une action de grande piété, d'avoir été fi cruel à fon pere (b). Le fils porta en effet fa cruauté jufqu'à faire exhumer le corps de fon pere, & à le laiffer pendant cinq ans fans fépulture.

Mais ce même Prince qui, après la mort de fon pere, fut élevé au trône Impérial, fous le nom de Henri V, ne fut pas moins attentif à conferver fes droits , que l'avoit été Henri IV. En effet, voyant que Pafcal II, qui avoit fuccédé à Urbain, pourfuivoit le même projet, il partit pour l'Italie à la tête de trente mille hommes, & s'approcha de Ro

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