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Ces premiers befoins ont été fuivis de la néceffité d'un choix de perfonnes qui priffent le foin, ou de conftruire, ou de réparer ces fortes de lieux & commodités, & qui pourvuffent aux voies d'avoir les fonds des dépenfes. Ainfi les manieres de faire ce choix de perfonnes prépofées à ces fonctions, a fait une feconde forte d'affaires communes.

La néceffité des dépenfes pour ces premieres fortes d'affaires communes, a rendu néceffaires des impofitions fur les habitans, & des permiffions du Prince, pour les régler & pour les lever; & il a été néceffaire auffi d'impofer & lever les deniers du Prince pour les dépenfes de l'Etat ; & les impofitions & levées de ces deux natures de deniers ont rendu néceffaire la fonction de perfonnes qui en fuffent chargées, & auffi du recouvrement des revenus des biens communs des villes & autres lieux qui pourroient en avoir, & qu'on appelle deniers patrimoniaux, pour les diftinguer des deniers dont le Prince permet l'impofition, & qu'on appelle

deniers d'octroi.

Toutes ces premieres fortes d'affaires ont été fuivies d'autres différentes. Car il a fallu réprimer ceux qui entreprenoient fur les lieux publics, foit y ufurpant, y caufant quelque dommage, en empêchant l'ufage, ou le rendant incommode ou autrement; ce qui a demandé des réglemens de police pour y pourvoir : il a fallu contraindre ceux qui étoient appellés aux fonctions publiques, de les exercer, ou faire juger leurs excufes, s'ils en avoient, ouir les comptes de ceux qui ont fait la levée des deniers d'octroi & des autres revenus des villes, recouvrer les deniers dont ils feroient reliquataires, & les employer pour le bien public; il a fallu contraindre les particuliers au paiement des contributions, faire juger les exemptions & privileges de ceux qui en prétendroient fans de juftes titres, pourvoir aux autres affaires qui naiffent de ces premieres, choifir des perfonnes qui forment un confeil où toutes ces fortes d'affaires foient examinées, & où l'on délibere des moyens d'y maintenir l'intérêt public & ce confeil a été néceffaire auffi pour les autres affaires dont il fera parlé dans la fuite.

Outre les affaires ordinaires dont nous venons de parler, il en furvient d'extraordinaires; comme par exemple, une entrée dans une ville ou du Prince, ou d'un Gouverneur, un ordre de faire des feux de joie à cause de quelque heureux fuccès pour l'Etat, dont il eft utile pour le bien public que le peuple qui doit en fentir l'effet, fente cette joie qui lie les particuliers entr'eux, & les intéreffe à contribuer au bien de l'Etat; & il arrive auffi, au contraire, des occafions de pourvoir à la fureté des habitans dans des temps de guerre, de pefte, de famine & de difette, qui obligent à pourvoir, même par des impofitions, à faire fubfifter les pauvres; & il faut pourvoir auffi aux paffages & logemens des gens de guerre; de forte que ceux qui exercent cette fonction, obfervent que les habitans fujets à cette charge, la portent chacun à fon tour; & toutes ces fortes d'affaires Tome XIII.

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extraordinaires demandent la conduite de perfonnes qui foient prépofées pour en prendre le foin.

On peut encore mettre au nombre des affaires des Communautés, les établiffemens & l'adminiftration des hôpitaux de diverfes fortes, pour les fains & pour les malades, de l'un & de l'autre fexe, & le choix des perfonnes qui en aient la direction.

Le foin de l'inftruction de la jeuneffe dans les lettres & dans les bonnes mœurs, eft encore une efpece d'affaire des Communautés; & c'eft par cet ufage qu'on y établit des univerfités ou des colleges, & que dans les lieux qui ne pourroient pas porter la dépenfe d'un college, on appelle des précepteurs ou profeffeurs & des régens qu'on y attire par des gages & des privileges.

Il est auffi du bien commun des Communautés où il n'y auroit pas de médecins, d'y en attirer par diverfes fortes de privileges, comme d'être exempts de la contribution, & de la levée des deniers publics, ou d'autres pareilles charges, ou même par des gages ou falaires, fi le lieu peut en fournir.

C'eft pour ces différentes fortes d'affaires, & pour toutes autres, qu'on nomme dans les Communautés des perfonnes qui en prennent le foin; & on partage ces fonctions, qu'on appelle charges des Communautés, à diverfes fortes de perfonnes qu'on appelle Officiers; & on peut même, pour quelques-unes, commettre des perfonnes fous le fimple nom de Commiffaires, comme pour des fonctions de des fonctions de peu de temps.

COMMUNAUTÉ, réunion de plufieurs particuliers qui exercent un même art, ou un méme métier, fous certaines regles qui forment un corps politique.

LES Romains font le feul peuple qui nous fourniffe dans l'antiquité

l'exemple de ces fortes de corporations: l'origine en étoit due à la fage politique de Numa. Il les imagina, dit Plutarque, pour multiplier les intérêts particuliers dans une fociété compofée de deux nations, & pour détourner les efprits d'une partialité qui féparoit trop entr'eux les defcendans des Romains & des Sabins, devenus citoyens de la même ville. Ces Communautés étoient connues à Rome fous le nom de colleges. Ce mot s'eft long-temps confervé dans les villes Anféatiques, pour fignifier l'affemblée des marchands, & enfin le lieu où ils s'affemblent pour négocier entr'eux.

Il eft affez difficile de décider quelle a été l'origine du renouvellement des Communautés dans les Empires fondés par les barbares fur les ruines de celui des Romains: il eft vraisemblable que la tradition conferva le fouvenir de cet ufage des Romains, & que les Seigneurs particuliers le fi

rent revivre dans leurs diftricts par un motif différent. D'abord ce fut fans doute pour honorer les arts, & les encourager par des privileges ou des diftinctions. On en voit même encore quelques traces dans l'efprit actuel de ces diverses Communautés, qui fe difputent fans ceffe de prééminence, d'ancienneté, & qui cherchent à s'ifoler; à moins que ce ne foit l'idée générale de tout ce qui forme une fociété particuliere.

Ces corps politiques n'entrerent pas toujours dans les vues des légiflateurs, & dans les temps de troubles ils faciliterent quelquefois la rébellion. On les a vu à Gand s'armer contre leurs maîtres en 1301. Jacques d'Artevel, en 1336, de braffeur de bierre, devint le chef des Flamands par fon crédit parmi les Communautés en 1404, les ouvriers de Louvain égorgerent leurs Magiftrats.

Chez des peuples plus fideles, les Souverains en ont retiré d'affez grands fecours.

En Angleterre ces privileges forment une partie de la liberté politique. Ces corporations s'y appellent miftery, nom qui convient affez à leur efprit. Par-tout il s'y eft introduit des abus. En effet ces Communautés ont des loix particulieres, qui font prefque toutes oppofées au bien général & au vues du légiflateur. La premiere & la plus dangereufe, eft celle qui oppose des barrieres à l'industrie, en multipliant les frais & les formalités des réceptions. Dans quelques Communautés même où le nombre des membres eft limité, & dans celles où la faculté d'en être membre, eft restreinte aux fils des maîtres, on ne voit qu'un monopole contraire aux loix de la raifon & de l'Etat, une occafion prochaine de manquer à celles de la conscience & de la religion.

Le premier principe du commerce eft la concurrence; c'est par elle feule que les arts fe perfectionnent, que les denrées abondent, que l'Etat fe procure un grand fuperflu à exporter, qu'il obtient la préférence par le bon marché, enfin qu'il remplit fon objet immédiat d'occuper & de nourrir le plus grand nombre d'hommes qu'il lui eft poffible.

Il n'eft aucune exception à cette regle, pas même dans les Communautés où il fe préfente de grandes entreprises. Dans ces circonftances, les petites fortunes fe réuniffent pour former un capital considérable, les intérêts de la fociété en font plus mêlés : le crédit de ces fortunes divifées eft plus grand que s'il étoit réuni fur deux ou trois têtes; & dans le cas même où elles ne fe réuniroient pas, dès qu'il y a beaucoup d'argent dans une nation, il eft conftant qu'aucune entreprise lucrative ne manquera d'actionnaires. Les profits des particuliers diminueront, mais la mafie générale du gain fera augmentée; c'eft le but de l'Etat.

On ne peut citer dans ces matieres une autorité plus refpectable que celle du célébre Jean de Wit : voici ce qu'il dit au ch. x. de la premiere partie de fes mémoires.

Le gain affuré des corps de métiers ou de marchands, les rend in

» dolens & pareffeux, pendant qu'ils excluent des gens fort habiles, à » qui la néceffité donneroit de l'induftrie: car il eft conftant que la Hol» lande qui eft fi chargée, ne peut conferver l'avantage de tenir les au>> tres peuples hors du commerce, que par le travail, l'induftrie, la har» dieffe, le bon ménage, & la fobriété des habitans... Il eft certain que » les Hollandois n'ont jamais perdu aucun commerce en Europe par le trop grand transport des marchandifes, tant que le trafic a été libre à

» un chacun. «

Ce qu'a dit ce grand homme pour le commerce & les manufactures de fa patrie, peut être appliqué à tous les pays. L'expérience feule peut ajouter à l'évidence de fon principe comme de voir des Communautés dont les apprentifs ne peuvent être mariés; réglement deftructif de la population d'un Etat des métiers où il faut paffer fept années de fa vie en apprentiffage; ftatut qui décourage l'induftrie, qui diminue le nombre des artiftes, ou qui les fait paffer chez des peuples qui ne leur refusent pas un droit que mérite leur habileté.

Si les Communautés des marchands ou des artistes veulent fe diftinguer, ce doit être en concourant de tout leur pouvoir au bien général de la grande fociété elles demanderont la fuppreffion de ceux de leurs ftatuts qui ferment la porte à l'induftrie: elles diminueront leurs frais, leurs dettes, leurs revenus; revenus prefque toujours confommés en mauvais procès, en repas entre les jurés, ou en autres dépenfes inutiles; elles conferveront ceux qu'employent les occafions néceffitées, ou quelque chofe de plus pour récompenfer d'une main équitable, foit les découvertes utiles relatives à leur art, foit les ouvriers qui fe feront le plus diftingués chaque année par leurs ouvrages.

L'abus n'eft pas qu'il y ait des Communautés, puifqu'il faut une police; mais qu'elles foient indifférentes fur le progrès des arts mêmes dont elles s'occupent ; que l'intérêt particulier y abforbe l'intérêt public, c'est un inconvénient très-honteux pour elles.

COMMUNES (Chambre des ) Voyez CHAMBRE & ANGLETERRE.

CES

COMO R E. (Ifles de )

ES ifles de la mer des Indes font fituées dans le canal de Mozanıbique, entre la côte de Zanguebar & Madagascar. Elles font au nombre de cinq. La principale, qui a donné fon nom à ce petit Archipel, eft peu connue. Les Portugais, qui dans leurs premieres expéditions la découvrirent, y firent tellement détefter par leurs cruautés le nom des Européens, que tous ceux qui ont ofé s'y montrer depuis, ont été ou maffacrés, ou fort mal reçus, ce qui l'a fait perdre entiérement de vue.

Celles de Mayota, de Mohilla & d'Angajeza, ne font pas plus fréquentées, parce que les approches en font difficiles, & que le mouillage n'y est pas fûr. Les Anglois ne relâchent qu'à l'ifle de fainte Jeanne. C'est là que la nature dans une étendue de trente lieues de contour, étale toute fa richeffe avec toute fa fimplicité. Des côteaux toujours verds, des vallées toujours riantes, y forment par-tout des payfages variés & délicieux. Trente mille habitans diftribués en foixante treize villages, en partagent les productions. Leur langue est l'arabe, leur religion, un mahométifme fort corrompu. On leur trouve des principes de morale plus épurés qu'ils ne le font communément dans cette partie du globe. L'habitude qu'ils ont contractée de vivre de lait & de végétaux, leur a donné une averfion infurmontable pour le travail. De cette pareffe eft né un certain air de grandeur qui confifte pour les gens diftingués, à laiffer croître exceffivement leurs ongles. Pour fe faire une beauté de cette négligence, ils les teignent d'un rouge tirant fur le jaune, que leur fournit un arbrifleau. Ce peuple, né pour l'indolence, a perdu la liberté qu'il étoit fans doute venu chercher d'un continent voifin dont il doit être originaire. Un négociant Arabe, il n'y a pas un fiecle, ayant tué au Mozambique, un gentilhomme Portugais, fe jetta dans un bateau que le hafard conduifit à Johanna. Cet étranger fe fervit fi bien de la fupériorité de fes lumieres, du fecours de quelques-uns de fes compatriotes, qu'il s'empara d'une autorité abfolue que fon petit-fils exerce encore aujourd'hui. Cette révolution dans le gouvernement ne diminua rien de la liberté, de la fureté que trouvoient les Anglois qui abordoient dans l'ifle. Ils continuoient à mettre paisiblement leurs malades à terre, où la falubrité de l'air, l'excellence des fruits, des vivres & de l'eau les rétabliffoient bientôt. Seulement on fut réduit à payer plus cher les provifions dont on avoit befoin, & voici pourquoi.

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Les Arabes ont pris la route d'une ifle où régnoit un Arabe. Ils porté le goût des manufactures des Indes; & comme des cauris, des noix de coco & les autres denrées qu'ils y prenoient en échange ne fuffifoient pas pour payer ce luxe, les infulaires ont été réduits à exiger de l'argent pour leurs bœufs, leurs chevres, leurs volailles, qu'ils livroient auparavant pour des grains de verre & d'autres bagatelles d'un auffi vil prix. Cette nouveauté n'a pas cependant dégouté les Anglois de ce lieu de

relâche.

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