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contre le Territoire & le Pavillon Efpagnol malgré les proteftations les plus cordiales d'amitié & de Paix, ont égalé ou furpaffé celles qu'a effuyées la France.

XVII. L'exécution des ordres, qu'elle avoit fait paffer clandeftinement aux Indes.] Il ne fera pas étonnant; que le Ministère Britanique eft expédié, depuis le commencement de cette année, des ordres pour s'emparer des Isles Philippines, auffi clandeftins que ceux qu'il a fait paffer aux Indes-Orientales pour y occuper les Etablissemens François; & que les Commiffaires, qu'on a envoyés peu de tems après par la voye d'Alexandrie & de Suez, aient été porteurs de ces ordres. C'est ainfi, au moins, que l'ont cru & le croyent encore les Perfonnes de la Cour de Londres les plus fenfées & les mieux informées, Le tems dévoilera cet énigme; & tout le monde comprendra enfin la manière, dont le Cabinet Anglois a répondu aux foins que le Roi d'Espagne fe donnoit alors pour lui procurer une Paix qui pût lui faire honneur, & pour délivrer cette Nation des plus grands malheurs & calamités.

XVIII, Les Miniftres Anglois ne ceffoient de détatacher des Emiffaires pour fonder les difpofitions du Roi, tandis que le Roi d'Espagne continuoit de lui parler de Paix ] Le Roi Catholique avoit continué auprès de S. M. TrèsChrétienne fes offices de Paix, non-feulement parce que fon coeur bienfaisant & religieux, ainfi que l'amour qu'il a pour fes Sujets & pour l'Humanité en général, lui infpi roient ces fentimens; mais auffi parce que la Cour de Lon. dres faifoit toujours des infinuations fur un Accommodement avec la France. En effet, le Marquis d'Almodovar,

aufsi.

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auffi - tôt qu'il fut arrivé à Londres, écrivit en date du 14 Septembre 1778, qu'il venoit d'avoir une longue Confé„rence avec Vicomte Weymouth, & que ce Ministre avoit ,,terminé fon difcours, en difant: Que le Roi fon Maître „étoit convaincu des bonnes dispositions de S. M. Catholi„que; qu'il lui étoit fort obligé des preuves d'amitié qu'il ,,recevoit de fa part; qu'il fouhaiteroit très fincèrement de „mettre fin par fon moyen à la présente Guerre; & qu'il „ne doutoit point que dans cette affaire on ne tâchât de ne „pas bleffer l'honneur, qui eft dû à la Couronne de la „Grande-Bretagne, fans faire pourtant aucun préjudice à „celui qui étoit dû respectivement à la France Par un égard pour cet bonneur même le Vicomte Weymouth recommanda au Marquis d'Almodovar de ne point fe fervis dans fa Depêche, (car il ne s'en ferviroit pas non plus) de cette expreffion; demander la Médiation; mais de celle-ci: defirer la Médiation, & accepter celle que S. M Catholique interpoferoit. Les termes, dans lesquels le Baron de Grantham s'expliqua à Madrid, étoient les mêmes dans le fond; & le Roi Catholique, tout bien confidéré, ordonna de remettre, comme l'on remit effectivement à cet Ambassadeur le 28 du même mois de Septembre, une Note ou Mémoire, dont on envoya une Copie au Marquis d'Almodovar, pour qu'il en put inftruire le Gouvernement Anglois. On a cru néceffaire de tranferire ici la Réponse contenue dans ce Mé moire; car elle fournira un éclairciffement pour l'intelligence du progrès de cette Négociation. En voici les proprès mots.

,,Sa Majesté, après avoir vu ce qu'a écrit le Marquis d'Almodovar, fon Ambassadeur, pénétrée de fon amour

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pour l'Humanité, ainfi que de fon defir de conferver l'amitié avec les Reis de France & de la Grande-Bretagne, & afin qu'on ne puiffe jamais lui imputer qu'il a refufé de contribuer à la tranquillité de l'Europe en tout ce qui a été en fon pouvoir, a pris la résolution d'expofer aux deux Cours,,,que dans le cas qu'elles fouhaitent fincèrement d'en,,trer dans une Négociation d'Accommodement par l'entre,,mife de Sa Majefté, fans que l'honneur de l'une ou de ,,l'autre paroiffe être blessë par des avances faites par aucu,,ne d'entre elles, le moyen le plus raifonnable & le plus ,,décent fera que chacune de ces Cours adreffe au Roi fans „délai & dans un même tems les Points ou Articles, qu'elle ,,prétendra obtenir ou affurer par le Traité: Que Sa Maje ,,fté communiquera réciproquement à l'une des deux Cours ,,ce qui aura été exposé par l'autre, afin que celle- là puiffe ,,modifier, déclarer, ou contredire ce qu'elle jugera à pro„pos: Que Sa Majesté, tout bien examiné, propofera fon ,,Plan de Pacification, pour terminer l'Accommodement: ,,Que le moyen de s'accorder avec les Colonies doit faire '',,partie de la Négociation, puifque la tranquillité, a la,,quelle on aspire, se vérifiera jamais fans cette circonstance: ,,Et enfin que dans le même tems on traitera & l'on arrêtera entre l'Espagne & l'Angleterre les Points relatifs à l'intérêt ,,de ces deux Couronnes." Le Roi seroit bien fâché qu'on hefitât de fuivre ce Plan, ou que la Négociation ne fût pas fincèrement entamée, car Sa Majefté, malgré fon empreffement à procurer la Paix, prévoit que les circonftances de la présente Guerre la forceront de prendre un parti, en confi. dérant fur-tout les dommages & les dépenfes caufées par les Armemens, qui font devenus néceffaires pour faire re

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Specter

fpecter fon Pavillon & fes Droits, puifque ces mêmes Armemens n'ont point fuffi pour arrêter le progrès des infultes, que l'on réitère au préjudice de fes Sujets,

La conclufion de la Réponse précédente ne laiffa pas de caufer quelque inquiétude à la Cour de Londres. Cependant elle expédia une Frégate, qui entra le 10 Novenbre dans le Port de la Corogne, avec des Lettres pour le Baron de Grantham & la Réponse de la Cour d'Angleterre, que cet Ambassadeur préfenta le 14 du même mois de Novembre. Cette Réponse se réduisoit, à accepter avec té,,moignages de reconnoiffance la Médiation de S. M. Catho,,lique pour accommoder les différends, qui fubfiftoient ,,entre l'Angleterre & la France, en propofant que cette ,,dernière Puiffance retireroit les fecours qu'elle prétoit aux ,,Colonies." A l'égard des Points relatifs aux intérêts réci proques de la Grande - Brétagne & de l'Espagne, on déclaroit dans la dite Réponse,,,que S. M. Britanique étoit tou „jours prête & fouhaitoit d'entrer dans cette difcuffion avec »une entière difpofition à les arranger, en forte qu'ils puf,,fent confirmer une liaison avantageufe aux deux Royaumes." Le Roi Catholique, pour remplir ce qu'il avoit promis aux deux Cours, fit part à l'une & l'autre des prétentions & des propofitions ou ouvertures qu'elles faifoient respectivement. Sa Majesté eut recours à plufieurs raifonnemens pour les exhorter à chercher des moyens ou des tempéramens capables de produire une conciliation décente & fincère. On écrivit en même tems au Marquis d'Almodovar ce qui fuit.

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„Pour ce qui regarde l'arrangement de nos propres „intérêts, vous vous trouvez également autorifé à les con,,certer. Cette affaire importante exige les derniers efforts „de votre zèle; car l'Accommodement de tous ces différends ,,ne peut que faire le plus grand plaifir au Roi, qui ne de,,fire rien auffi fincèrement que le maintien de la Paix, ,,Pour cette fin vous devez rappeller au Miniftère Anglois le ,,foin attentif, avec lequel l'Espagne a fçu si bien garder son ,,impartialité dans une conjoncture auffi délicate que la pré,,fente: Mais il faut que vous faffiez sentir en même tems ,,le retour, dont la Marine Angloife nous a payés & nous „paye encore; ce qui n'est que trop prouvé par les infultes ,,prefque journalières, que nos Navigateurs effuyent dans ,,toutes les Mers & même dans les Ports & fur les Côtes de ,,ce Royaume. Le Cabinet Britanique doit bien connoître ,,que de tels faits si souvent réitérés & jamais punis font »perdre toute leur force aux plus grandes protestation d'a,,mitié; d'autant plus que depuis quelques années nous ne ,,ceffons d'exposer nos griefs dans les termes les plus fincè,,res & les plus modérés.

,,Vous n'ignorez pas ce qui eft arrêté par l'Article ,,XVI des Préliminaires du Traité de Paris de l'année 1763 „à l'égard des Etablissemens Anglois dans la Baye d'Hondu„ras & autres lieux adjacens. On y a stipulé en termes ex„près, qu'on démoliroit fur le champ toutes les Fortifica„tions qu'on y auroit bâties, & que l'on permettroit feule„ment aux Anglois quelques Maisons & Magafins, fans les ,,moletter dans leur occupation de couper & transporter le „Bois de feinture dans les endroits, où ils jouiffoient déjà

,,de

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