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fon defir d'en perpétuër la durée: Toutes applaudirent à des dispofitions aufli heureuses: Le Roi d'Angleterre en particulier en témoigna fa fatisfaction, & donna à S M. les af furances les plus expreffives d'une fincère amitié, Cette réciprocité de fentimens autorifoit le Roi à croire, que la Cour de Londres étoit enfin dispofée à fuivre une marche plus jufte & plus amicale que celle qu'elle avoit tenuë depuis la Paix concluë en 1763; & qu'elle mettroit un terme aux procédés arbitraires que les Sujets du Roi avoient éprou vés de fa part, depuis cette époque, dans les quatre parties du Monde. Sa Majesté se persuadoit, qu'Elle pouvoit d'autant plus compter fur la vérité des proteftations du Roi d'Angleterre, que le germe de la Révolution, que l'Amérique vient d'éprouver, commençoit à se développer de la manière la plus alarmante pour la Grande-Bretagne, Mais la Cour de Londres, prenant pour crainte ou pour foiblesse ce qui n'étoit que l'effet de dispofitions pacifiques du Roi, demeura fidèle à fon ancien système; elle continua fes vexations & fes actes de violence contre le Commerce & la Navigation des Sujets de Sa Majefté.

Le Roi, jugeant le Roi d'Angleterre d'aprés fes propres fentimens, lui déféra avec la plus grande franchise tous fes griefs; & il en attendoit avec confiance le redreffement: Пly a plus; Sa Majefté, inftruite des embarras que caufoient. à la Cour de Londres les affaires de l'Amérique - Septentrionale, évita de les augmenter en infiftant trop vivement fur des réparations, que le Ministère Anglois ne ceffoit de promettre & d'éluder

Telle

A

Telle étoit la pofition des deux Cours, lorsque les procédés de celle de Londres forcèrent fes anciennes Colonies de recourir à la voye des armes pour maintenir leurs Droits, leurs Privileges & leur Liberté. Tout le monde connoît l'époque où cet évènement éclata; les démarches multipliées & infructueufes des Américains pour rentrer dans le fein de leur Mère- Patrie; la manière dont l'Angleterre les repouffa; enfin l'acte de l'Indépendance, qui en fut, & qui dut en être le résultat.

L'état de Guerre, où les Etats-Unis de l'AmériqueSeptentrionale fe trouvèrent néceffairement à l'égard de l'Angleterre, les força de sa frayer un chemin pour arriver jusqu'aux autres Puiffances de l'Europe & pour ouvrir un Commerce direct avec elles: Le Roi auroit trahi les intérêts les plus effentiels de fon Royaume, s'il eût refufé de les admettre dans fes Ports, & de les faire participer aux avan tages dont jouiffent toutes les autres Nations.

Cette conduite jufte, fage, & fuivie par la plupart des autres Etats commerçans de l'Europe, engagea la Cour de Londres à fe permettre les plaintes & les repréfentations les plus amères: Elle s'étoit perfuadée fans doute, qu'il lui fuffiroit d'employer le langage de fon ambition & de fa bauteur, pour obtenir de la France des preuves d'une déféren ce fans bornes: Mais aux propos & aux démarches les moins mefurés le Roi n'oppofa conftamment que le calme de la justice & de la raison: Sa Majefté fit connoître fans détour au Roi d'Angleterre, „,qu'Elle n'étoit ni prétendoit être le ,,Juge de fa querelle avec fes anciennes Colonies, & que ce ,,n'étoit point à Elle à la venger; que par conféquent rien

„ne

,,ne lui impofoit l'obligation de traiter les Américaine ,,comme des Rebelles, de leur fermer les Ports de fon Ro „yaume, & encore moins d'interdire à ses Sujets tout Com ,,merce & toute espèce de liaison avec eux." Cependant le Roi voulut bien mettre les entraves, qui pouvoient dépen. dre de lui, à l'exportation des Armes & des Munitions de guerre; & il donna même l'assurance la plus pofitive, que non-feulement il ne protégeroit point ce Commerce, mais auffi qu'il laifferoit, à l'Angleterre une entière liberté de réprimer, felon les règles préfcrites par les Traités, & felon les loix & ufages de la Mer, tous ceux de fes Sujets, qui feroient trouvés en contravention à fes défenses. Le Roi alla plus loin encore: 11 fe fit un devoir fcrupuleux d'exécuter les ftipulations du Traité de Commerce figné à Utrecht, quoique l'Angleterre eût refufé, dans le tems, de le ratifier dans toutes fes parties, & que la Cour de Londres y contrevint journellement, Sa Majefté défendit en confequence aux Corfaires Américains d'armer dans fes Ports, d'y vendre leurs Prises, & d'y féjourner au-delà du tems porté par le Traité, qui vient d'être cité: Elle défendit même à fes Sujets de faire l'achat de ces Prifes, & les menaça de confiscation dans le cas où ils transgrefferoient fes ordres; ce qui a eu fon effet. Mais tous ces actes d'une complaifance auffi marquée, tant de fidélité à remplir un Traité l'on auroit été autorisé à regarder comme nonexistant, étoient bien loin de satisfaire la Cour de Londres: Elle prétendoit rendre le Roi responsable de toutes les transgreffions, tandis que le Roi d'Angleterre ne pouvoit pas lui-même, malgré un Acte formel du Acte formel du Parlement, empêcher fes propres Négocians de fournir des Mar

que

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Dritte Lieferung.

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chandifes & même des Munitions de guerre aux Colonies.

Il est aisé de comprendre, combien le refus de fe prêter aux prétentions arbitraires de l'Angleterre dut blesser l'amour propre de cette Puiffance, & reveiller fon ancienne animofité contre la France: Elle s'irrita d'autant plus qu'Elle commençoit à éprouver des revers en Amérique; que tout lui pronostiquoit la féparation irrevocable de fes anciens Colons & les pertes qui devoient en être la fuite inévitable; & qu'Elle voyoit la France profiter d'une partie d'un Commerce, qu'elle avoit repouffé d'une main indiferète, & s'occuper des moyens de faire refpe&ter fon Pavillon,

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Ce font toutes ces caufes réunies, qui augmentèrent le desespoir de la Cour de Londres, & qui la portèrent à couvrir les Mers d'Armateurs munis de Lettres de marque d'une teneur vraiment offenfive; à violer fans ménagement la foi des Traités; à troubler, fous les prétextes les plus frivoles & les plus abfurdes, le Commerce & la Navigation des Sujets du Roi; à s'arroger un Empire tyrannique en pleine Mer; à préferire des Loix arbitraires, inconnuës & inadmiffibles; à infulter, en plus d'une occafion, le Pavil Ion de Sa Majefté; enfin à violer fon Territoire, tant en Europe qu'en Amérique, de la manière la plus caracterisée & la plus infultante.

Si le Roi eût moins respecté les droits de l'Humanité; s'il eût été moins avare du fang de fes Sujets: enfin fi, au lieu de fuivre l'impulfion de fon propre caractère, il n'eût pris confeil que de fa dignité bleffée, il n'auroit point hélité un inftant à ufer de Repréfaillés, & à repouffer l'in

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fulte par la force de fes Armés. Mais S. M. fit taire fon jufte reffentiment: Elle voulut combler la mesure des bons procédés, parce qu'Elle avoit encore affez d'opinion de fes Ennemis pour fe flatter qu'à force de modération & de représentations amicales, Elle réuffiroit enfin à les ramener dans la voye de la conciliation que leur propre intérêt leur confeilloit.

C'est par une fuite de ces confidérations, que le Roi déféra à la Cour de Londres tous fes griefs. Sa Majesté les fit accompagner de représentations les plus ferieufes, parce qu'Elle ne vouloit point laiffer le Roi d'Angleterre dans l'incertitude fur la dispofition ferme où Elle étoit de maintenir fa Dignité, de protéger les Droits & les Interêts de fes Sujets, & de faire refpecter fon Pavillon. Mais la Cour de Londres affecta de garder un filence offenfant fur la plupart des offices de l'Ambaffadeur du Roi; &, lorsqu'elle fe détermina à répondre, il ne lui en coûta rien de nier les faits les mieux prouvés, d'avancer des principes contraires au Droit des Gens, aux Traités & aux Loix de la Mer, & d'encourager des Jugemens & des Confifcations de l'injustice la plus revoltante, en excluant jusqu'aux moyens d'appel,

que

Tandis la Cour de Londres mettoit à une fi forte épreuve la modération & la longanimité du Roi, elle faifoit dans fes Ports des préparatifs & des armemens, qui ne pouvoient avoir l'Amérique pour objet. Leur but étoit par conféquent trop déterminé pour que le Roi pût s'y méprendre; & dès lors il devint d'un devoir rigoureux pour Sa Majesté, de faire des dispofitions capables de pré

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