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teux, véritable représentant d'une fête où, de la part du peuple, tout est joie et loyauté, où, de la part de la cour, tout est tristesse et feinte, Talleyrand monte à l'autel au milieu de deux cents prêtres ceints de ceintures tricolores et vêtus d'aubes blanches.

Mais le ciel est implacable; jamais l'eau n'est tombée si pressée.

Plus de cent milles femmes vêtues de robes blanches sont trempées de pluie. La pluie déforme tout: chapeaux, plumes, cheveux; n'importe ! pas une ne se retire.

Ce jour-là, les femmes consentent à être moins jolies, pourvu qu'elles voient et qu'elles écoutent ce qui va se passer.

D'ailleurs, les parapluies sont là; des fenêtres de l'École militaire, on ne voit qu'un immense dôme de soie de toutes couleurs; aussitôt que la pluie cesse pendant une seconde, les parapluies se referment.

Douze cents musiciens jouent, mais on ne les entend bas; le canon tonne, et l'on écoute.

Il donne le signal du service divin.

La messe commence et s'achève au milieu du silence d'un demi-million d'hommes.

C'est la Fayette qui, le premier, doit prononcer le serment.

Il monte les marches de l'autel l'épée à la main, en appuie la pointe contre le tabernacle, et, à haute voix :

Nous jurons, dit-il, d'être à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi;

» De maintenir de tout notre pouvoir la constitution

décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi;

» De protéger, conformément aux lois, la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la perception des contributions publiques, sous quelque forme qu'elles existent;

» De demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité. »

A ces dernières paroles, le drapeau tricolore est agité sur l'autel; les salves d'artillerie éclatent, les cris prolongés de « Vive le roi! vive la nation!» leur répondent; le signal de la confédération universelle est donné. Alors, le président de l'Assemblée nationale se lève à son tour.

Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi; de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi.

Le bruit du canon et les acclamations de la foule accueillent ce second serment à l'égal du premier; tout ce qu'il y a de vieux soldats parmi les fédérés, tire l'épée, et vient, par un seul mouvement, répéter le serment l'épée étendue vers l'autel de la Patrie.

C'est le tour du roi. Il jurera de sa place, il ne jurera pas sur l'autel de la Patrie. C'est un chemin de traverse qui lui est ouvert, au cas où il voudrait manquer à son

serment.

Jurez haut, bien haut, sire! Au moins que tout le monde vous entende!

Sire, prenez garde, les nuages viennent de s'ouvrir, un rayon de soleil a passé par cette déchirure, Dieu vous regarde, Dieu vous écoute; il vous en coûtera cher si vous manquez à votre serment: quelque part que vous ayez juré, son autel à lui est partout.

Le roi étend la main et dit :

Moi, roi des Français, je jure d'employer tout le pouvoir qui m'est délégué par la loi constitutionnelle de l'État, à maintenir la constitution décretée par l'Assemblé nationale et acceptée par moi, à faire exécuter les lois.

Cette fois, tout le monde se penche : on dirait un vaste champ de blé courbé par le vent; cette fois, tout le monde écoute; cette fois, tous les cœurs battent.

Puis, quand la voix a cessé, une immense acclamation se fait entendre; le drapeau tricolore s'agite de nouveau, le canon retentit, les tambours battent; des cris s'élancent de toutes les bouches; les épées s'agitent; les bonnets des grenadiers se lèvent au bout des baïonnettes; toutes les mains se cherchent, se serrent.

Il y a là un demi-million d'hommes : en ce moment, pas un ne refuserait de mourir pour le roi qui vient de jurer la constitution.

O roi! de ton côté, la main sur le cœur, es-tu prêt à mourir pour ton peuple?

A ce spectacle, une lueur fauve passa dans les beaux yeux de la reine.

Voyez-vous la magicienne! s'écrie le comte de Virieu, député de la noblesse du Dauphiné en la montrant du doigt.

De toute cette grande époque de la Révolution, un seul monument est resté.

Le Champ de Mars!

Ces grands niveleurs qui, pendant six ans, ont été à l'œuvre, n'ont rien bâti de visible. Leur monument à eux devait grandir tout seul et dans l'avenir.

Le Champ de Mars seul est visible: souvenir gigantesque de ce que peuvent, lorsqu'ils sont réunis, les bras et le cœur d'un peuple.

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- Le passage.

Fermentation.

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· Émigration. — Léo

Les régiments du

Roi, de Mestre-de-camp et de Châteauvieux. Le décompte.

Les Suisses. Le fouet.

semblée.

Suisses. niers. soldats.

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La réparation.

La députation.

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Le décret. - M. de Noue. - Pommier. - Les deux - Les congés. - Les officiers prisonDécret de l'Assemblee. - La Fayette. Craintes des L'arrestation. Bailly. — MM. de MalÉvénements. Rumeurs publiques.

Le voyage. saigne et Cérisier.

M. de Bouillé.

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Le jeune Désilles. La défaite. Le sup

plíce. Conduite de l'Assemblée et du roi,

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Passons par-dessus les événements secondaires, et, parmi ces événements secondaires, chose étrange! nous rangeons la retraite ou plutôt la fuite de M. Necker.

M. Necker, dont la retraite a fait une révolution en

1789, il y a un an à peine, M. Necker, que tout un peuple a redemandé à grands cris, M. Necker s'est usé, annihilé, perdu au milieu des grands événements qui se succèdent tous les jours le banquier, l'agioteur, l'homme de bourse est resté, mais l'homme politique a disparu.

Il donne sa démission, et sa démission est reçue avec froideur par l'Assemblée, avec insouciance par le public, avec joie par le parti patriote et par le parti de la cour. De tout son ministère, un seul ministre reste debout: M. de Montmorin.

M. de la Luzerne est remplacé par Fleuriau;

M. de Champion de Cicé par Duport du Tertre ;

M. de la Tour du Pin, par Duportail;

M. de Saint-Priest, par Delessart.

Arrêtons-nous un instant à l'affaire de Nancy et aux troubles du Midi.

Ils ont leur signification.

Voici l'affaire de Nancy :

Nous avons dit quelque part que les officiers de l'armée absorbaient quarante-quatre millions, et l'armée entière quarante-deux. Étrange répartition, comme on voit.

En février, l'Assemblée s'aperçut de cette injustice, et, timide encore, se contenta d'augmenter la solde du soldat de quelques deniers.

En mai, les soldats n'avaient rien reçu de cette augmentation.

En effet, on l'avait fait passer dans une prétendue amélioration du pain; les soldats avaient mangé le pain et ne s'étaient pas aperçus de l'amélioration.

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