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tiglione ct Attiret, peintres de l'empereur. Mort de Parrenin. Les Bulles de Benoît XIV mettent fin aux discussions. Soumission de tous les Jésuites. Décadence de la chré

tienté chinoise.

Les missions d'Orient n'offraient pas, comme celles des deux Amériques, l'attrait de la nouveauté et le contact de ces populations vierges que la voix des Jésuites entraînait de la barbarie à la civilisation. Dans le Levant, c'était un monde peu à peu dégradé qu'il fallait reconstituer; mais ce monde avait de vagues souvenirs de son ancienne splendeur, des préjugés enracinés, qui, pour lui, remplaçaient la liberté et le christianisme. Sous le sabre des Ottomans, il courbait la tête en essayant de se faire un bouclier de sa duplicité. Dans ce climat brûlant, où la peste et des fièvres pernicieuses semblaient se naturaliser, les Jésuites avaient poursuivi l'œuvre de réparation; leur sainte opiniâtreté triomphait à la fin de l'apathie des Grecs schismatiques et du fatalisme des Turcs. Souvent la mort interrompait leur carrière à peine commencée; ce trépas prématuré, loin de la patrie et de la famille, sur une terre désolée, fut un dernier stimulant pour les Pères. Dans l'année 1673, Nicolas de Caulmont et François Richard expirèrent pleins de jours, l'un à Saïde, l'autre à Négrepont. En 1684, Antoine Resteau, le missionnaire de la Palestine, périt au pied même du Calvaire, en se dévouant pour les pestiférés. Le marquis de Châteauneuf, ambassadeur de Louis XIV, a compris quel puissant levier la religion mettait aux mains de la France dans l'Orient dégénéré. Il veut le faire mouvoir, et les Jésuites, en 1680, fondent une mission à Andrinople, dans la résidence habituelle du Sultan.

des pauvres ou des esclaves eurent bientôt emporté les disciples de l'Institut de Loyola. Un seul survivait, c'était le père Pierre Bernard; il disparut à son tour. Les prêtres arméniens eurent des larmes et des prières à verser pendant sept jours sur ce tombeau, puis toute la nation écrivit (1) à ses frères de Constan. tinople :

<< Dieu soit béni, de ce qu'il a frappé notre tête et de ce qu'il nous a laissés sans yeux et sans lumière. Nous n'avions qu'un pasteur, et il a plu à Dieu de nous l'enlever; nous n'avions qu'un vigneron, et nous l'avons perdu. Nous sommes des orphelins abandonnés à la fureur des hérétiques, contre lesquels notre ange et notre apôtre, le feu père Bernard, nous défendait. Peut-être les eût-il convertis, s'il eût vécu plus longtemps, car nul de notre nation ne pouvait résister à la douceur et à la force de son zèle, qui le faisait travailler infatigablement pour nous; mais il est dans le ciel et il ne nous oubliera pas. »

Pierre Bernard ne fut pas le dernier jésuite martyr de sa charité dans le Levant (2). C'était un tribut que chaque année ils payaient à la mort; ce tribut n'arrêta jamais leur course. Il y avait au bagne du Grand-Seigneur de nombreux chrétiens dont il fallait soutenir la foi, afin de leur rendre moins affreuse leur misérable condition. Ce fut le privilége exclusif des Jésuites, celui qu'ils réclamèrent toujours avec

(1) Relation adressée au Clergé de France assemblé en 1695,

p. 105.

(2) Dans le cimetière public de Constantinople, sur la pierre tumulaire qui recouvre les restes des Pères de la Compagnie de Jésus morts au service des pestiférés, on lit l'inscription sui

les plus vives instances. Dans cette enceinte, où toutes les calamités découlaient de la servitude, la première de toutes, ils ne trouvaient à remplir que de pénibles devoirs; ils ne se mettaient en contact qu'avec les maux du corps et de l'âme. Ils se condamnaient à toutes les souffrances pour adoucir celles des esclaves; ils les suivaient dans leurs rudes travaux ou sur les galères ottomanes; ils mendiaient pour les soulager; ils mouraient pour les encourager à supporter la vie. Ce dévouement était de tous les jours et de toutes les heures; et, dans l'année 1707, le père Jacques Cachod, l'un de ces héros dont l'histoire dédaigne la sublimité ignorée, écrivait de Constantinople: « Maintenant je me suis mis au-dessus de toutes les craintes que donnent les maladies con

vante, qui serait beaucoup plus longue si on eût réuni dans la même tombe tous les missionnaires frappés par le fléau.

+ IHS

HIC IACENT

PATRES SOCIETATIS IESU
PESTE INTEREMPTI

P. LUDOVICUS CHIZOLA, MDLXXXV.
P. CAROLUS GOBIN, 1612.
P. LUDOVICUS GRANGIER, 1615.

P. FRANCISCUS MARTIN, 1662.

P. NICOLAUS DE STE-GENEVIEVE, 1680.
P. PETRUS BERNARD, 1685.

P. NICOLAUS VABOIS, 1686.

P. HENRICUS VANDERMAN, 1696.

P. FRANCISCUS RANGEART, 1719.

P. JACOBUS CACHOD, 1726.
P. MARCUS CHAROT, 1751.

P. ANSELMUS BAYLE, 1726.

P. PETRUS CLERGET, 1756.

tagieuses, et, s'il plaît à Dieu, je ne mourrai plus de ce mal après les hasards que je viens de courir. Je sors du bagne, où j'ai donné les derniers sacrements et fermé les yeux à quatre-vingt-dix personnes, les seules qui soient mortes en trois semaines dans ce lieu si décrié, pendant qu'à la ville et au grand air les hommes mouraient à milliers. Durant le jour, je n'étais, ce me semble, étonné de rien; il n'y avait que la nuit, pendant le peu de sommeil qu'on me laissait prendre, que je me sentais l'esprit tout rempli d'idées effrayantes. Le plus grand péril que j'aie couru et que je courrai peut-être de ma vie, a été à fond de cale d'une sultane de quatre-vingt-deux canons. Les esclaves, de concert avec les gardiens, m'y avaient fait entrer sur le soir pour les confesser toute la nuit et leur dire la messe de grand matin. Nous fumes enfermés à double cadenas, comme c'est la coutume. De cinquante-deux esclaves que je confessai et communiai, douze étaient malades et trois moururent avant que je fusse sorti. Jugez quel air je pouvais respirer dans ce lieu renfermé et sans la moindre ouverture, Dieu qui, par sa bonté, m'a sauvé de ce pas-là, me sauvera de bien d'autres. »

Douze ans plus tard, en 1719, Jacques Cachod, que les esclaves surnommaient leur père, périt au milieu de ces douleurs qu'il a tant de fois soulagées ; d'autres Jésuites lui succédèrent. A Scio, ils ont créé un collége où ils forment à la vertu et à l'étude des belles-lettres plus de trois cents élèves. La mission a tellement prospéré qu'en 1695 onze Jésuites indigènes gouvernent cette chrétienté dépassant le chiffre de quatre-vingt mille. Ils sont en butte aux avanies des Turcs, qu'alimentent les excitations des Grecs schismatiques; mais les Pères ne se décou

ragent pas ils savent que la persécution les attend dans le succès, ils marchent toujours. Scio est catholique, ils rêvent de pénétrer dans les îles de Metelin et de Samos. Les Musulmans détruisent le collége; un vice-consul français leur est donné comme protecteur. Les pères Albertin, Ottaviani et Gorré succombent dans la lutte : ils sont remplacés par deux autres Jésuites, Antoine Grimaldi et Stanislas d'Andria. Leur maison a été mise à sac, les pères en ouvrent deux autres où les enfants sont reçus sans distinction de culte et de patrie. Les uns travaillent à émanciper l'Orient par le christianisme, les autres, comme le père François Richard, s'élancent sur le mont Athos, tantôt pour y vérifier des observations scientifiques, tantôt pour étudier les vieux manuscrits ou appeler à l'unité les six mille moines qui, dans ces déserts, vivent de superstition et d'ignorance.

Sous la protection de Louis XIV, qui sait faire honorer le drapeau de la France à tous ces peuples, le père Braconnier a maintenu la Foi parmi les chrétiens de Constantinople; il a pu même ramener à l'Eglise catholique le fameux comte Eméric Tékéli, ce héros que le lutheranisme et l'ambition pousserent dans les rangs de l'armée ottomane (1). Braconnier était missionnaire avant tout; mais son apostolat ne l'empêchait pas de chercher à instruire l'Europe, tout en évangélisant les Orientaux. Il détermine la position de l'ancienne Philippes, capitale de la Macédoine; puis, sur les lieux mêmes, le 29 janvier 1706, il établit une résidence à Thessalonique. Deux Jésuites, Vincent Pipéri, l'accompagnent; pour les mettre à l'abri des insultes, le roi de France

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