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il léguait en même temps à son successeur le soin de renverser cette agrégation protestante. L'empereur Nicolas se montra fidèle à la dernière politique d'Alexandre et les Sociétés bibliques subirent le destin qu'elles avaient préparé à l'Institut de Loyola.

Tandis que les Jésuites servaient de mot de ralliement aux Hérétiques s'efforçant de tuer la Foi, l'Institut de Loyola, rétabli par le Souverain Pontife Pie VII, se livrait à Rome à un grand travail intérieur. Le Gésu et le Noviciat de Saint-André leur étaient rendus, ils y revenaient pleins de joie et d'espérance. Les Papes avaient voulu que la maison-mère fût conservée dans l'état où elle se trouvait au jour de l'arrestation du Père Ricci, La bibliothèque seule avait été vendue à l'encan par ordre des commissaires de Clément XIV. L'église du Gésu

" et que la paix de Notre-Seigneur Jésus-Christ demeure sur vous en tout "temps. " "C'est tout ce que je pus dire, parce que les larmes s'échappaient de mes yeux de tous côtés. S. M. me pressa contre son cœur ; après quoi, ému moi-même d'une manière inexprimable, je le serrai à mon tour contre mon sein palpitant.

» Notre entretien roula ensuite sur divers événements qu'il ne m'est pas permis de raconter ici, l'Empereur m'ayant imposé le silence en me les confiant. Je demeurai auprès de S. M. jusqu'à onze heures moins un quart. Comme mon cœur saigna lorsque j'appris sa mort deux ans après! Non, il ne se passe point de jour que je ne me sousienne de lui dans mes prières au Tout-Puissant."

Le cardinal Pacca, l'ami et le conseil du Pape Pie VII, fut un des princes du Sacré-Collége qui, dit-on, exercèrent le plus d'influence auprès du Pontife pour le déterminer à proclamer la résurrection de la Société de Jésus, résurrection à laquelle le cardinal Consalvi semblait s'opposer par des motifs politiques Dans le manuscrit inédit où Pacca raconte les événements de son second ministère, nous trouvons un passage qui laisse toute la gloire de l'initiative à Pie VII. Pacca s'exprime ainsi : « Une des premières operations que le Pape désira faire fut celle, si glorieuse pour lui, du rétablissement de la Compagnie de Jésus. Dans les entretiens que j'avais chaque jour avec lui, durant notre exil de Fontainebleau, nous avions souvent parlé des graves préjudices causés à l'Église et à la Société civile par la suppression de cet Ordre, aussi justement célèbre dans l'éducation de la jeunesse que dans les Missions apostoliques. J'avais donc lieu d'espérer que le Pape ne serait pas éloigné de songer un jour à ressusciter les Jésuites à Rome, ainsi que dans toutes les contrées qui, à l'exemple de l'empereur Paul de Russie et de Ferdinand IV, roi de Naples, les avaient réclamés pour leurs peuples. Arrivé à Ro.ne le 24 mai 1814, les entretiens de Fontainebleau se présentèrent tout à coup à mon esprit ; mais, suivant les vues de la politique humaine, cette opération me paraissait encore peu mûre, et, à cause des circonstances, je la regardais peut-être comme imprudente et très difficile. Nous étions à peine échappés aux tempêtes soulevées par la secte philosophique qui rugissait au seul nom des Jésuites, et nous ignorions ce que diraient les cours étrangères du rappel d'un Institut dont, peu d'années auparavant, tous les souverains catholiques avaient exigé l'entière suppression.

"Malgré ces motifs, vers la fin de juin, environ un mois après notre retour à Rome, je voulus faire une tentative sur l'esprit du Pape, et je lui dis un jour à l'audience: 66 Très-Saint Père, il faudra reprendre de nouveau notre conversation sur l'Ordre de Jésus, » et, sans que j'ajoutasse autre chose, le Pape répliqua : Nous pouvons rétablir la Compagnie à la prochaine fête de saint Ignace. Cette réponse spontanée et inattendue de Pie VII me surprit et me remplit de consolation."

était dépouillée de la statue en argent de saint Ignace et de plusieurs objets précieux qui ornaient le temple 1; mais, à part ce tribut payé à la révolution française, la maison n'avait subi aucun changement. Devenue communauté de Prêtres dont le savant Marchetti était le chef, elle fut presque entièrement composée d'anciens Jésuites. Ils y vivaient, ils y mouraient, ils y étaient ensevelis. On avait vu parmi ces vieillards les Pères Alberghini, Hervas, bibliothécaire du Pape, François de Sylva, Lascaris, Ximenès et Velasco y terminer une carrière que les travaux scientifiques illustrèrent beaucoup moins que les vertus sacerdotales. Tout était maintenu par eux dans la même régularité; ils n'avaient interrompu ni une cérémonie ni une instruction dans l'église. Muzarelli y avait même fondé l'exercice du Mois de Marie, que plus tard tous les diocèses de la Chrétienté adoptèrent.

Dans sa sollicitude pour l'accomplissement de ses vœux, Pie VII ne se déguisait point que l'éloignement du Général entraînait des retards inévitables et que son séjour en Russie ferait naître des difficultés pour l'exécution de la bulle de rétablissement. Au moment même où cette bulle fut publiée, le 7 août 1814, il désigna le Père Louis Panizzoni pour remplacer Bzrozowski dans les États Pontificaux, jusqu'à ce que le Général lui-même cût pris d'autres mesures. Le 21 décembre, Jean Perelli fut nommé Provincial de Rome et Vicaire-Général. Proscrits sur tous les points du globe, les Jésuites s'étaient réfugiés autour de la chaire de Saint-Pierre comme dans un asile ouvert à l'infortune. Il n'y eut pas de ville, pas de bourg en Romagne qui ne reçût quelque Père espagnol, portugais ou napolitain. Les Missionnaires du Paraguay, du Chili, du Pérou et du Brésil augmentèrent bientôt le nombre de ces exilés. Au milieu des travaux qu'ils s'imposaient pour le salut des âmes ou pour la gloire littéraire de leur patrie, ils conservèrent vivant le souvenir de l'ancienne Compagnie; ce Bélisaire collectif de l'Église qui, après avoir arraché la Catholicité aux étreintes du Protestantisme, était condamné par un Pape à l'inaction et à la

Ce fut le traité de Tolentino qui força Pie VI à ces déplorables spoliations. Bonaparte l'obligeait de payer à la France vingt-cinq millions. Rome était obérée, et au lieu de faire peser sur le peuple cet impôt d'une injuste conquête, le Pape aima mieux priver les églises de leurs richesses artistiques.

mort. En apprenant que la Société se reconstituait, ils accoururent à Rome. La liberté dont ils avaient joui ne servait qu'à leur faire mieux apprécier le bonheur de l'obéissance.

Quelques mois se sont à peine écoulés depuis le 7 août 1814, et déjà les Jésuites occupent les colléges de Terni, de Ferrare, d'Orvieto, de Viterbe, de Galloro, de Tivoli, d'Urbin, de Fano et de Ferentino. Par un décret en date du 16 octobre 1815, Ferdinand III, duc de Modène, les introduit dans ses États. L'Italie, dont les guerres de la Révolution et de l'Empire viennent de bouleverser les lois et de modifier les mœurs, est restée catholique tout en changeant de maîtres. Elle désire consacrer le principe que l'occupation ennemie n'a pu vaincre, elle demande des Jésuites. Afin de répondre à cette unanimité, les jeunes gens des meilleures familles, ceux qui donnent les plus heureuses espérances, se pressent pour entrer au Noviciat de Saint-André. Cette maison est spacieuse; elle ne peut plus contenir les postulants. En 1816, un second Noviciat se fonde à Reggio de Modène. L'année suivante, un troisième est créé à Gênes. On se précipitait dans les nouvelles Maisons de la Compagnie pour être admis au nombre de ses Profès; mais cet empressement, que l'on ne put régulariser dans les premières années, produisit des abus auxquels il importait de remédier. La confusion s'établissait à la place de l'ordre. Le bien se faisait au dehors, mais dans l'intérieur il n'en était pas ainsi. L'Institut ne parvenait point à s'asseoir sur ses vieilles bases et à retrouver son ancienne discipline. Il se voyait menacé de dissolution au moment même où l'existence lui était rendue.

Les Noviciats garantissaient une certitude d'avenir, mais ils ne satisfaisaient aucun besoin du présent. Il fallait y achever le temps des épreuves et des études, discerner la véritable vocation d'un premier enthousiasme et épurer l'alliage qui s'y était glissé. Les vieillards, dont une joie inespérée renouvelait la jeunesse comme celle de l'aigle, succombèrent en peu de temps aux labeurs que le courage ne trouva jamais au-dessus de ses forces. En moins de quatre ans, près de cinquante de ces vétérans moururent, léguant à leurs héritiers, comme tradition de famille, les anciens usages et l'esprit de l'Institut. Quelques-uns, tels qu'Andrès, Iturriaga et Doria, laissaient des titres savants

destinés à leur survivre, et le Père Louis Felici un renom de vertus que Rome conserve avec respect. Ces vertus étaient devenues populaires, parce que Felici s'était toujours mis en contact avec le peuple par les associations pieuses qu'il avait eu l'art de fonder et d'entretenir. En 1819 l'Ordre de Jésus perdait un de ses membres: celui-là avait été souverain, et il s'appelait dans l'histoire Charles-Emmanuel IV, roi de Sardaigne et de Piémont.

Au milieu des cruelles épreuves que la fin du dix-huitième siècle accumulait sur la tête des Monarques, Charles-Emmanuel, né en 1751, avait été réservé à deux bonheurs bien rares dans l'existence d'un prince. Son éducation fut confiée au cardinal Gerdil; il eut pour épouse Clotilde de France. Les calamités de l'Italie étaient à leur comble, lorsqu'en 1796 Charles-Emmanuel monta sur le trône. La résistance devenait impossible; le nouveau Roi, partant pour l'exil, accourut saluer à la Chartreuse de Florence le vieux Pontife Pie VI, traîné lui-même en captivité. Le 7 mars 1802, il perdit cette Clotilde, dont la sainteté est un des plus beaux fleurons des couronnes de France et de Sardaigne. Le 4 juin de la même année, il renonça, en faveur de son frère Victor-Emmanuel, à un diadème qu'il n'avait ceint que pour suivre le deuil de la Monarchie. Retiré à Rome, il ne voulut plus entendre parler que des choses du ciel. Le Père Pignatelli et les Religieux les plus illustres des différents Instituts devinrent ses amis et ses commensaux. Quand la Compagnie de Jésus se vit rappelée à l'existence, il témoigna le désir de lui consacrer ses derniers jours. Son vœu fut enfin exaucé, et, le 11 janvier 1815, il entra au Noviciat de Saint-André, sur le Quirinal. Il revêtit l'habit de la Société. Autant que ses infirmités le permirent, il s'astreignit de point en point à la règle; il pria, il médita, tandis que les autres Monarques couraient dans les Congrès à la poursuite de leurs royaumes morcelés par la Révolution. Calme et heureux dans sa cellule, il laissait ses derniers jours s'écouler au milieu des Novices, qu'il aimait comme un père, et à l'avenir desquels il s'intéressait avec un cœur de vieillard qui a vu gronder sur sa tête tous les orages. Le nouveau Jésuite ne vécut que quatre ans parmi les Frères qu'il s'était choisis. Il expira le 7 octobre 1819, et, comme il

l'avait demandé, on l'ensevelit avec le costume de la Compagnie '.

Le 6 décembre 1818, Louis Fortis succéda au Père Perelli dans la charge de Vicaire-Général. Ce dernier était accablé par l'age; et, dans la position des choses, l'on sentait plus que jamais le besoin de conserver le nerf de la discipline, ainsi que l'unité de gouvernement. Le Père Sinéo fut choisi pour Provincial; mais, le 5 février 1820, la mort de Thadée Bzrozowski mit un terme à une situation exceptionnelle. Il avait désigné pour Vicaire-Général le Père Mariano Pétrucci. Pétrucci s'em presse d'accourir à Rome, il désigne quatre Consulteurs pour suppléer à l'absence des assistants, et il fixe la Congrégation générale au 4 septembre. Des difficultés de plus d'un genre s'offraient dans l'application des règles à suivre pour élire un nouveau chef. Pie VII consentit, le 2 juin, à valider, par la plénitude de sa puissance, les formalités que les circonstances ne permettraient pas de remplir. Les provinces nommèrent leurs députés à la Congrégation; les uns franchissaient les Alpes, d'autres étaient déjà dans la ville pontificale. Tout se disposait pour l'ouverture de l'Assemblée, lorsque, le 1er août, le cardinal Annibal della Genga, vicaire du Pape, écrit, au nom de Pie VII, que les Jésuites polonais forment une partie notable de la Société, et qu'on ne doit pas tenir sans eux la Congrégation générale.

Un espace d'un mois et demi leur restait encore; les Pères ne tardèrent pas à deviner que cette note du cardinal della Genga cachait un piége; Mariano Pétrucci, sans consulter les Provinciaux et les Électeurs, enjoint à ceux qui sont en route de suspendre leur voyage. Cette démarche étonne et inquiète les Jésuites; ils prient le Vicaire-Général de sonder les intentions du Pape, le Vicaire refuse d'obtempérer à ce vœu. Rozaven alors se décide à presser le départ des Profès que la lettre de Pétrucci doit arrêter; il leur mande de ne point tenir compte des ordres contraires qu'ils pourraient recevoir. Accompagné

Les Ministres de Victor-Emmanuel, dominés par la sagesse du siècle, n'osè. rent pas apprécier cette gloire de l'humilité chrétienne et reconnaître le Jésuite dans le roi Charles-Emmanuel. Sur le mausolée qu'ils firent élever à la mémoire de ce Prince, ils inscrivirent tous ses titres souverains; ils oublierent comme à dessein celui qui lui fut le plus cher, puisqu'il était descendu volontairement du trône pour mourir sous l'habit de la Compagnie de Jésus.

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