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de chaque Français cette fameuse épée dont, selon M. Dupin, la poignée est à Rome et la pointe partout.

de privations afin d'augmenter le petit pécule dont ils comprenaient que leurs frères auraient besoin lorsque le Pape les rétablirait. Les vieux Pères qui résidaient dans le département du Nord avaient eu la même pensée. Ils s'étaient transmis de main en main une somme de 35,000 francs, fruit des épargnes et peut-être des souffrances d'un grand nombre d'années. Ce dépôt se trouvait en 1814 confié au Père Lépine, le dernier survivant. Il le légua à M. Legrand-Masse, habitant de Saint-Omer, avec prière de le remettre aux Jésuites, seuls propriétaires. Lépine mourut en 1821, et les Pères de la Compagnie déclarèrent qu'ils n'accepteraient cette restitution qu'à condition qu'il n'en résulterait aucun procès. La famille Lépine accéda d'abord à ce vou; mais c'était une occasion de faire du scandale avec une ombre de justice on pressa la famille de plaider contre le testament. L'affaire fut portée devant les magistrats. Le tribunal de Saint-Omer donna gain de cause à M Legrand-Masse, plaidant en dehors des Jésuites et malgré eux. Deux arrêts de la Cour royale de Douai prononcèrent en faveur des héritiers du Père Lépine. La Cour de cassation, saisie du pourvoi, maintint le double arrêt. Le Journal des Débats, alors passé à l'opposition révolutionnaire, et la Gazelle des Tribunaux rendirent un compte peu favorable aux Jésuites de ce procès, que M. Legrand-Masse soutenait pour l'acquit de sa conscience. M. Legrand-Masse expliqua par une lettre sa position et celle des Pères. Cette lettre ne faisait pas le compte du Journal des Débats; il lui ferma ses colonnes; c'était ainsi qu'alors la partialité procédait. La Gazelle des Tribunaux la reproduisit, et nous la citons textuellement :

« Monsieur, écrivait Legrand-Masse le 11 mai 1826, dans votre numéro du 7 avril 1826, vous avez entretenu vos lecteurs d'une affaire plaidée devant la Cour royale de Douai, et, en commentant votre article, on a cru pouvoir signaler un prétendu attentat sur le patrimoine des familles, en l'attribuant à messieurs de Saint-Acheul. Vous aimez à être l'organe de la vérité, je vais vous la dire tout entière, en vous priant de la consigner dans l'un de vos prochains numéros.

"Un ample détail de l'affaire justifiera pleinement les personnes qu'on prétend inculper; je me bornerai aux faits principaux.

"1o La personne que vous désignez par l'initiale L. n'est autre que moi-même, » 2o Je déclare qu'avant l'ouverture de la succession de M. Lépine, je n'avais jamais vu ni connu messieurs de Saint-Acheul, et que je n'avais jamais eu aucune correspondance avec eux.

"3 Je puis assurer encore, avec pleine certitude, que je n'ai jamais connti qu'aucune visite ait été faite par ces messieurs au sieur Lépine, et qu'il y ait eu autre correspondance que la lettre du 17 novembre 1818, rapportée en votre article, et à laquelle il aurait été répondů, ainsi qu'il appert de la mention au dos.

» 4° Institué légataire universel de M. Lépine, je fus aussi chargé par lui de remettre à messieurs de Saint-Acheul la somme portée au compte que je rendis pour satisfaire à l'arrêt de la Cour royale de Douai. Cette somme fut toujours considérée par moi comme un dépôt confié d'abord dans les mains de M. Lépine. Ses déclarations à cet égard et les notes et papiers trouvés lors de la succession et signés de lui en étaient d'ailleurs une preuve évidente. J'ai cru moi-même devoir communiquer ces papiers aux héritiers Lépine pour les empêcher d'entreprendre un procès injuste à mes yeux. Plaise à Dieu qu'ils n'aient jamais de regrets de l'usage qu'ils ont fait de mon extrême confiance!

"5° Lorsque j'offris et remis cette somme à messieurs de Saint-Acheul, ils me recommandèrent de m'entendre avec les héritiers, et surtout d'éviter toutes contestations judiciaires. Je le déclare, c'est malgré eux que je me suis déterminé à plaider, et cela par des motifs dont je n'ai à rougir ni devant Dieu ni devant les hommes.

"6° C'est enfin par les mêmes motifs, mais je le déclare hautement, sans la participation et à l'insu de messieurs de Saint-Acheul, que j'ai interjeté les ap. pels qui ont prolongé le procès, et le prolongent encore par mon pourvoi en cassation. Je croyais, et je crois encore, devoir à ma conscience d'épuiser tous les degrés de juridiction pour assurer, autant qu'il est en moi, l'exécution du mandat qui m'est confié. »

Le soldat qui assistait à la messe, le juge qui se confessait, l'administrateur qui communiait, le propriétaire qui entrait dans une église, l'ouvrier qui envoyait ses enfants au catéchisme ne furent plus désignés que sous le nom de Jésuites de robe courte. Ils devinrent Ultramontains sans avoir peut-être jamais entendu parler des doctrines gallicanes; ils furent convaincus d'obscurantisme, parce qu'ils n'allaient pas chercher les principes de leur Foi dans les pamphlets de Paul-Louis Courier ou dans les chansons de Béranger. On les soupçonna d'hypocrisie ambitieuse et de parjure, parce qu'ils ne craignaient pas de visiter le curé de leur paroisse. Une inquisition réelle s'établit dans chaque ville, afin de démasquer cette inquisition factice, dont les journaux ne parlaient qu'en tremblant et comme obsédés par le besoin de sauver la France en se sacrifiant pour elle.

Nous avons tous été témoins de ces faits; il n'y a pas un homme raisonnable qui ne puisse réduire tant d'iniquités calculées à leur juste valeur ; cependant l'histoire doit les apprécier en les racontant. Les registres de la Congrégation sont sous nos yeux nous pénétrons dans ses plus intimes rapports, et nous n'y découvrons rien de mystérieux, rien d'illégal, rien qui indique un but d'ambition et de propagande coupable. Tout s'y fait au grand jour, excepté les bonnes œuvres; on ne s'y occupe que de devoirs pieux et de philanthropie chrétienne; il n'y est question que de prières et jamais d'intrigues. Ce n'est pas à dire néanmoins que, sous les dehors de la piété et du repentir, il ne se soit jamais glissé parmi les Congréganistes des intrigants, des esprits jaloux, des corrupteurs et des hypocrites. La puissance attribuée à cette association dut nécessairement pousser vers elle ceux qui ont soif des honneurs, de la fortune ou de l'autorité. On la disait omnipotente. Comme toutes les institutions qui portent en elles un principe de force, elle a vu de cupides faiblesses chercher à s'abriter sous son ombre. Elle protégeait, elle adoptait les dévouements sincères. Nous croyons, et plus d'une preuve curieuse est entre nos mains, que souvent elle a entendu frapper à sa porte des clients dont le nom serait aujourd'hui une révélation. Elle a eu de nombreux adversaires, elle a compté de plus nombreux solliciteurs. Elle a été souvent

calomniée, plus souvent encore elle surprit quelques-uns de ses calomniateurs se recommandant à elle et implorant son appui.

Sans doute des abus, inséparables de toute création humaine, ont pu s'introduire dans son sein. Contre le gré de ses chefs, elle a peut-être servi de marchepied à quelques ambitieux de bas étage, inquiété certains agents du pouvoir et trouvé dans la fraternité établie au fond du sanctuaire des protecteurs qui n'ont pas été assez éclairés, des amis ou des affiliés dont la prudence ne fut pas toujours égale au zèle. Ces cas sont exceptionnels; mais ce qu'il faut dire comme le témoignage de notre conviction, c'est que les Congréganistes, en tant que Congréganistes, n'ont jamais eu action, même indirecte, sur les affaires ou sur le choix des fonctionnaires publics 1.

I Dans l'Histoire de la Restauration par un homme d'Etat, M. Capefigue, abusant d'un procédé qui décèle une grande habileté de mains ou une ignorance encore plus réelle, confond à plaisir des choses et des établissements parfaitement distincts. Il voit comme Congréganistes le duc de Doudeauville, l'Evêque d'Hermopolis, MM. de Villèle, Corbière et beaucoup d'autres qui ne firent jamais partie de ces réunions. Il avance que les célèbres conférences de Saint-Sulpice, où tous les hommes de mérite, où tous les jeunes gens des écoles accouraient entendre l'abbé Frayssinous, se tenaient dans la petite chapelle supérieure de l'église des MissionsEtrangères. A propos de jeux innocents, de billard surtout, il prend la Société des Bonnes-Etudes pour la Congrégation. Il parle de tout cela sans connaissance de cause, et il dit à la page 100 du quatrième volume:

"La première organisation du parti se rattachait aux Congrégations religieuses. A Paris, et sous la présidence du vicomte Mathieu de Montmorency, du duc de la Rochefoucauld-Doudeauville, se forma un centre de Congrégation dont les statuts, simples d'abord, avaient pour objet la propagation des opinions religieuses et monarchiques. La Congrégation recevait tout Catholique qui se faisait présenter par deux de ses membres : elle devait s'étendre aux écoles, aux institutions, s'emparer de la jeunesse surtout. Lorsqu'un jeune homme voulait entrer dans cette association, on demandait à ses cautions l'influence qu'il pouvait exercer : s'il était professeur, membre d'un Collége, on lui imposait les conditions de propager les bons principes parmi ses élèves; s'il avait de la fortune, une position élevée, il s'engageait également à les employer à la défense de la Religion et de la Monarchie. On se réunissait deux fois par semaine pour la prière, les jeux innocents, le billard surtout, et pour rendre compte des progrès de l'association. Tous les dimanches l'abbé Frayssinous prêchait devant un nombreux auditoire, et, dans ses conférences composées avec élégance, il combattait la philosophie et le siècle : c'était contre Gibbon et Voltaire que s'élevait M. de Frayssinous avec plus d'emphase que d'esprit, et il ne manquait jamais une occasion de rapprocher le temps où l'on vivait, de faire sentir l'influence bienfaisante du Clergé et de la Religion, le besoin de fortifier l'autel et le trône.

"Ses conférences étaient suivies ; les hommes politiques du parti royaliste, quelques-uns épicuriens et sans croyance, y assistaient assidûment. C'était une bonne note. On y voyait MM. de Villèle, de Corbière, de Bonald, Salaberry, Pardessus, de Bouville, Clausel de Coussergues. On aurait dit une espèce de succursale de la Chambre des députés.

"Cette Congrégation avait des ramifications en province. Dans chaque cheflieu, il y avait une ou deux réunions, sous un prêtre, correspondant avec la Société-Mère à Paris. On y assemblait les vieux Royalistes, les jeunes hommes chez qui on devait faire germer les bons principes. C'était alors une espèce de

Il existait sous le gouvernement de Louis XVIII, ainsi que sous celui de Charles X, des administrateurs de tout rang qui n'avaient aucun point de contact avec la Congrégation ; ils s'élevaient en lui tenant rigueur ou en vivant à l'écart de ses exercices. D'autres lui étaient franchement hostiles; leur avancement n'en souffrit jamais. Il vint même un temps où le titre de Congréganiste fut aux yeux du ministère Villèle une espèce de brevet d'incapacité ou d'exclusion. Il suffisait alors d'être soupçonné d'appartenir à cette association pour n'avoir aucun droit aux faveurs ou à la justice. L'autorité s'effrayait du bruit que le Libéralisme faisait autour d'elle. Le Libéralisme l'accusait de jeter la France en pâture à la Congrégation, le pouvoir se révoltait contre cette idée; et, pour en démontrer la fausseté, il se faisait inique ou défiant.

Cette position d'un gouvernement, ainsi tiraillé et écartant ses amis pour complaire à d'implacables ennemis, a quelque chose de singulièrement triste. Il savait à quoi s'en tenir sur la Congrégation; il était bien loin de croire à son existence officielle, à son action préméditée et produisant un effet systématique; mais, craignant de laisser trop de prise à ceux qui ébranlaient le trône, il sacrifiait la vérité timide aux outrages incessants de l'erreur. Les choses en arrivèrent au point qu'il ne fut plus possible de continuer l'œuvre qui s'était développée. Le Libéralisme se montrait absolu, car il n'ignorait pas que, plus il serait exigeant, plus il trouverait auprès du trône des hommes disposés par la peur à lui faire de honteuses avances. Il vociféra avec tant d'ensemble contre la Congrégation, il créa au père Ronsin un pouvoir si inconcevable, que l'autorité ecclésiastique elle-même, effrayée des clameurs, crut les apaiser en sollicitant sa retraite. C'était un désir né d'une pensée de conciliation le Jésuite s'y rendit à l'instant même. Dans les premiers jours de février 1828, il abandonna Paris.

:

La Congrégation était alors à son point le plus florissant; elle comptait près de douze cents noms inscrits sur ses registres. Dans la situation des esprits, il était impossible qu'un Père de

fureur pour se faire admettre dans la Congrégation. La raison en était simple; on n'avait de recommandations puissantes, de places lucratives que si l'on était ses affiliés ? "

l'Institut se chargeât de la diriger. L'abbé de Rohan et l'abbé Mathieu, tous deux plus tard Archevêques de Besançon, acceptèrent l'héritage de Ronsin. En 1830, cette Congrégation fut détruite avec la plupart des établissements dont elle était la mère et la nourrice.

Une association militaire fondée par Bertaut-Ducoin, capitaine au 2o de la garde royale, exista pendant quelque temps sous le titre de Congrégation de Notre-Dame-des-Victoires. Elle avait son règlement particulier, et, vivant en dehors de celle du Père Ronsin, elle se composait d'officiers des régiments de la garde. Plus tard, quelques généraux et un grand nombre d'officiers de la ligne y furent agrégés. C'était dans une chapelle de l'église de Saint-Thomas-d'Aquin que la Congrégation se réunissait. Bertaut-Ducoin étant mort en 1823, le duc de Rivière présida ces assemblées, où l'on priait en commun, où l'on cherchait à améliorer la destinée du soldat en le rappelant par l'éducation à ses devoirs envers Dieu. Dans la pensée des fondateurs, l'association militaire devait rester secrète. Des indiscrétions firent connaître le nom de ses membres. Quelquesuns sans doute avaient espéré que ce serait pour eux un titre à la faveur; la majorité n'y vit qu'un arrêt de proscription. Sans en être surpris, ces soldats entendirent le Dauphin déclarer qu'il ne recevrait jamais de Congréganistes chez lui. Le mal était sans remède; la presse battait en brèche cette pieuse société; elle en grossissait outre mesure l'importance; elle dénonçait avec acharnement ceux qui ne rougissaient pas de leur Foi; elle se faisait provocatrice, afin d'exciter dans l'armée des rivalités qui pouvaient amener de sanglants conflits. Les militaires résolurent de dissoudre leur Congrégation, et, au moment où le Père Ronsin cédait à l'orage, on les vit effectuer leur projet.

L'impiété, qui avait formé une indissoluble alliance avec le Libéralisme, triomphait des Congrégations; elle leur prêtait toutes les forces vives du royaume, et elle venait de les vaincre par une calomnie sans cesse répétée à la foule. Le journalisme avait la mesure de la faiblesse des Bourbons; il connaissait leur désir de popularité. Le ministère Martignac se proposa de le satisfaire. L'opposition, enhardie par ces lâchetés officielles, parut immoler ses répugnances dynastiques au bonheur de la France.

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