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& de l'ame, & de l'action que les autres. corps exercent fur les corps animés ; action qui dépend elle-même de la conftitution immuable de l'univers, & des lois invariables que fon Auteur a établies. Enfin il fe contentera d'avoir tiré de la Philofophie toutes les lumieres qu'elle peut fournir fur ce fujet, & fe taira fur ce qu'il ne peut comprendre.

. VII.

MORALE.

L'Existence de l'Être fuprême étant

fois reconnue, nous conduit

à chercher le culte que nous devons lui rendre. Mais quoique la Philofophie nous inftruise jusqu'à un certain point fur ce grand objet, cependant les lumieres qu'elle nous donne font trèsimparfaites. Le Créateur nous en a avertis lui-même, en nous prefcrivant par une révélation particuliere la maniere dont il veut être honoré, & que tous les efforts de la raison n'auroient pu nous faire découvrir. Ainfi la Religion, qui n'est autre chofe que le culte

que nous devons à l'intelligence fouveraine, ne doit point entrer dans des élémens de Philofophie; la Religion naturelle ne doit même y paroître que pour nous avertir qu'elle ne fuffit pas.

Mais ce qui appartient effentiellement & uniquement à la raison, & ce qui en conféquence eft uniforme chez tous les Peuples, ce font les devoirs dont nous fommes tenus envers nos femblables. La connoiffance de ces devoirs eft ce qu'on appelle Morale, & l'un des plus importans fujets fur lefquels la raison puiffe s'exercer. On ne fait pas tant d'honneur à cette Science dans nos écoles. On la rejette pour l'ordinaire à la fin de toutes les autres parties de la Philofophie, apparemment comme la moins intéreffante ; & on la réduit à quelques pages, où l'on fe borne à agiter des queftions vuides & fcholaftiques, auffi peu propres à nous inftruire qu'à nous rendre meilleurs.

Connoiffons mieux l'étendue de la Morale, & le cas que nous devons en faire. Peu de Sciences ont un objet plus vafte, & des principes plus fufceptibles de preuves convaincantes. Tous ces principes aboutiffent à un point com

mun, fur lequel il eft difficile de fe faire illufion à foi-même; ils tendent à nous procurer le plus fûr moyen d'être heureux, en nous montrant la liaison intime de notre véritable intérêt avec l'accompliffement de nos devoirs.

La Morale eft une fuite néceffaire de l'établiffement des Sociétés, puifqu'elle a pour objet ce que nous devons aux autres hommes. Or l'établiffement des Sociétés eft dans les décrets du Créateur, qui a rendu les hommes néceffaires les uns aux autres; ainfi les principes moraux rentrent dans les décrets éternels. Il n'en faut pourtant pas conclure avec quelques Philofophes, que la connoiffance de ces principes fuppofe néceffairement la connoiffance de Dieu. Il s'enfuivroit de là, contrè le fentiment des Théologiens même que les Païens n'auroient eu aucune idée de vertu. La Religion fans doute épurè & fanctifie les motifs qui nous font pratiquer les vertus morales; mais Dieu fans fe faire connoître aux hommes a pu leur faire fentir, & leur a fait fentir en effet la néceffité de pratiquer ces vertus pour leur propre avantage. On a vu même par un effet de cette

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providence qui veille au maintien de la fociété, des fectes de Philofophes qui révoquoient en doute l'existence d'un premier être, profeffer dans la plus grande rigueur les vertus humaines. Zénon chef des Stoïciens, n'admettoit d'autre Dieu que l'univers, & fa morale eft la plus pure que la lumiere naturelle ait pu infpirer aux hommes.

C'est donc à des motifs purement humains que les Sociétés ont dû leur naiffance la Religion n'a eu aucune part à leur premiere formation; & quoiqu'elle foit deftinée à en ferrer le lien, cependant on peut dire qu'elle eft principalement faite pour l'homme confidéré en lui-même. Il fuffit pour s'en convaincre de faire attention aux maximes qu'elle nous infpire, à l'objet qu'elle nous propose, aux récompenfes & aux peines qu'elle nous promet. Le Philofophe ne fe charge que de placer l'homme dans la fociété & de l'y conduire; c'est au Miffionnaire à l'attirer enfuite aux pieds des autels.

La connoiffance des principes moraux qui précede la connoiffance de P'Être fuprême, eft elle-même précédée par d'autres connoiffances. C'est

par les fenò que nous apprenons quels font nos rapports avec les autres hommes & nos befoins réciproques; & c'eft par ces befoins réciproques que nous parvenons à connoître ce que nous devons à la fociété & ce qu'elle nous doit; il femble donc qu'on peut définir très-exactement l'injufte, ou ce qui revient au même le mal moral, ce qui tend à nuire à la fociété en troublant le bien-être phyfique de fes membres. En effet le mal phyfique eft la fuite ordinaire du mal moral; & comme nos fenfations fuffifent, fans aucune opération de notre efprit, pour nous donner l'idée du mal phyfique, il est évident que dans l'ordre de nos connoiffances, c'eft cette idée qui nous conduit à celle du mal moral, quoique l'une & l'autre soient de nature différente. Que ceux qui nieront cette vérité fuppofent l'homme impaffible, & qu'ils effayent de lui faire acquérir dans cette hypothese la notion de l'injufte.

Mais cette notion en fuppofe une autre, celle de la liberté; car fi l'homme n'étoit pas libre, toute idée de mal fe réduiroit au mal phyfique. C'est donc renverser l'ordre naturel des idées, que

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